Frankly Speaking : «Nous mettons en place un programme à grande échelle pour découvrir de plus en plus de ressources minérales», déclare le ministre saoudien de l’Industrie et des Minéraux

Le ministre saoudien de l'Industrie et des Minéraux Bandar Al Khorayef, lors d'une large interview sur « Frankly Speaking ». (Capture d'écran)
Le ministre saoudien de l'Industrie et des Minéraux Bandar Al Khorayef, lors d'une large interview sur « Frankly Speaking ». (Capture d'écran)
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Publié le Jeudi 31 mars 2022

Frankly Speaking : «Nous mettons en place un programme à grande échelle pour découvrir de plus en plus de ressources minérales», déclare le ministre saoudien de l’Industrie et des Minéraux

Le ministre saoudien de l'Industrie et des Minéraux Bandar Al Khorayef, lors d'une large interview sur « Frankly Speaking ». (Capture d'écran)
  • Selon Bandar Alkhorayef, l’industrie pétrolière peut être utilisée comme un tremplin vers la diversification et la transformation de l’économie saoudienne
  • La réaction à l'initiative «Made in Saudi» est extraordinaire, confie-t-il à «Frankly Speaking», une série d’entretiens vidéo qui met en vedette des décideurs politiques de premier plan

RIYAD : L'industrie pétrolière saoudienne domine toujours l'économie du pays, mais elle peut être utilisée comme un tremplin pour la diversification et la transformation, a déclaré le ministre de l'Industrie et des Minéraux à Arab News. 

Bandar Al Khorayef, qui supervise l'expansion de la base industrielle du Royaume et de ses vastes ressources minérales, a déclaré : « Il est certain qu'il (le pétrole) va aider le secteur industriel à développer ses capacités, pour s'assurer qu’il est structuré de manière à soutenir notre pétrole et notre gaz. 

« Il est important d'examiner les moyens d’utiliser cette ressource de pétrole et de gaz pour l'industrie en aval, et c'est une partie très importante de notre stratégie - comment augmenter et maximiser l'utilisation de nos ressources naturelles dans le pétrole et le gaz, mais aussi maintenant dans l'exploitation minière, parce que le développement minier va être de plus en plus (important) », a-t-il ajouté. 

Al Khorayef tenait ces propos dans le cadre d'une large interview sur « Frankly Speaking », la série d'interviews vidéo avec les principaux décideurs politiques dans les affaires et le gouvernement. Il a également évoqué les projets ambitieux du Royaume de devenir le premier centre économique et industriel du Moyen-Orient, l'énorme potentiel de ses ressources minérales naturelles et la nécessité de promouvoir la fabrication locale sous le label « Made in Saudi ». 

Au début de l'année, Al Khorayef a accueilli l'un des plus grands rassemblements d'entreprises que Riyad ait connus, avec le premier Forum des minéraux du futur, qui est appelé à devenir un événement annuel. Il est enthousiaste quant aux perspectives de l'industrie minière du Royaume. 

« Le secteur minier est vraiment très peu exploité jusqu'à présent en Arabie saoudite, mais ce que nous savons aujourd'hui, avec des chiffres prudents, c'est que nos ressources naturelles en matière de minéraux s'élèvent à environ 1 189 milliards d’euros, avec d'énormes réserves dans le Bouclier arabe », a-t-il déclaré. « Nous avons un programme conséquent qui vise à en découvrir toujours plus, en fournissant des données et en analysant les ressources du pays. » 

« Il est certain que nous avons de grandes quantités de minéraux très importants, comme l'or, le cuivre, le zinc et le phosphate. Je parle de quantités qui sont commercialement et économiquement viables, donc ces quantités sont déjà connues », a-t-il déclaré. 

Le ministre a révélé que le Royaume prévoit une série de ventes aux enchères mondiales d'actifs minéraux afin d'attirer des investissements internationaux dans ce secteur en plein essor. 

« Nous prévoyons une vente aux enchères qui aura lieu le mois prochain, tout près de Riyad. Il s'agit d'une ressource qui, selon nous, recèle près de 26 millions de tonnes de cuivre et de zinc - ces quantités sont très intéressantes pour les acteurs mondiaux qui souhaitent participer à ces enchères. Nous en prévoyons deux autres d'ici la fin de l'année », a-t-il déclaré. 

L'année dernière, Al Khorayef a lancé l'initiative « Made in Saudi » pour encourager la fabrication locale et inciter les consommateurs à acheter des produits locaux. La réponse a été « énorme », a-t-il déclaré. 

« C'est vraiment un sujet qui me tient à cœur : Le programme “Made in Saudi“ est quelque chose dont je suis fier en tant que Saoudien, avant d'être un officiel, et c'est vraiment un grand succès - depuis que nous avons lancé le programme, c'est un grand succès. L'engagement que nous avons constaté de la part du public est tout simplement extraordinaire, de même que celui des entreprises qui souhaitent participer au programme. Les chiffres sont très encourageants », a-t-il dit. 

Le programme national de développement industriel et de logistique, lancé en 2019 en vue de faire du Royaume une puissance industrielle et logistique, progresse selon le calendrier prévu. 

« Le programme tente simplement de relier quatre secteurs qui sont naturellement connectés les uns aux autres - l'industrie, les mines, l'énergie et la logistique. Ces secteurs doivent fonctionner en synchronisation afin de s'assurer que nous optimisons l'impact de ces secteurs sur l'économie et également sur la compétitivité de ces différents secteurs. 

« Jusqu'à présent, nous avons progressé comme vous pouvez l'imaginer - ces secteurs sont tous lourds lorsqu'il s'agit d'infrastructures, il y a donc beaucoup de projets d'infrastructure en cours en ce moment même dans les villes industrielles, notamment l'approvisionnement en gaz, les projets renouvelables et les solutions logistiques dans différents domaines », a-t-il déclaré. 

La stratégie du PNILD prévoit notamment la création de zones économiques et industrielles spéciales dans le Royaume. D'autres pays du golfe ont également utilisé avec succès les zones franches dans le cadre de leur stratégie de développement, mais Al Khorayef a précisé que l'Arabie saoudite disposait d'avantages naturels à cet égard. 

« En matière de développement économique, je pense que chaque pays est différent, mais il est certain que l'Arabie saoudite, de par sa taille, sa population et sa consommation locale, présente des caractéristiques différentes lorsqu'il s'agit de déterminer les différents outils permettant de faire progresser l'économie. Nous nous sommes donc attelés à construire une base industrielle solide, ce que nous avons fait, et nous pouvons constater aujourd'hui qu'elle nous donne vraiment un bon retour sur investissement. 

« Des villes comme Yanbu et Jubail, qui étaient des déserts il y a 50 ans, sont aujourd'hui des villes industrielles qui exportent dans le monde entier, notamment des produits pétrochimiques, c'est donc très important pour nous en Arabie saoudite. Cela a été le cas dans le passé, et cela continuera à l'être, pour développer nos capacités locales », a-t-il poursuivi. 

Quatre nouvelles zones économiques spéciales seront dévoilées « très prochainement », a-t-il ajouté. 

Son ministère collabore et coordonne des mégaprojets comme Neom et Al-Qiddiya, qui sont des initiatives phares de la stratégie Vision 2030 visant à transformer l'économie saoudienne, a-t-il déclaré. 

« Dans le cas de Neom ou Qidiyya, il y a une relation très étroite quand il s'agit des objectifs qu'ils doivent atteindre en matière de contenu local et ensuite aussi pour nous comment faire en sorte qu'ils soient en mesure d'atteindre ces objectifs à travers différents projets et les différents résultats de leur secteur », a déclaré Al Khorayef.

Vision 2030 cherche également à encourager les ressortissants saoudiens à rejoindre le secteur privé et à utiliser l'industrie locale dans la chaîne d'approvisionnement. « Je suis vraiment très optimiste par rapport à la production, d'autant plus que les progrès technologiques facilitent beaucoup plus qu'avant la qualification et l'apprentissage. Nous avons l'intention d'investir dans ces outils qui n'ont jamais existé auparavant pour nous assurer que notre main-d'œuvre soit remise à niveau beaucoup plus rapidement que jamais », a déclaré le ministre. 

L'année dernière, le Royaume s'est engagé à atteindre des objectifs ambitieux pour parvenir à des émissions nettes de carbone nulles d'ici 2060 et à éliminer progressivement le pétrole de sa production d'énergie domestique d'ici 2030, dans le cadre de l'Initiative verte saoudienne. Al Khorayef est convaincu que ces objectifs seront atteints. 

« Je pense que les objectifs sont très réalistes, et je cite le prince Abdul Aziz ben Salmane, le ministre de l'Énergie, qui a déclaré que si la technologie nous aide à aller plus vite, nous pourrions même atteindre ces objectifs beaucoup plus tôt que prévu », a-t-il ajouté. 

Al Khorayef a rejeté l'idée qu’il faudrait retirer des activités à d'autres centres régionaux pour que la stratégie industrielle de l'Arabie saoudite soit couronnée de succès. 

« C'est vraiment le contraire. Les gagnants d'aujourd'hui génèrent toujours d'autres gagnants. Notre point de vue est donc très simple. Aujourd'hui, nous avons l’occasion de travailler avec la région pour avoir un plus grand impact dans son ensemble », a-t-il déclaré. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


Les bénéfices du CAC 40 en baisse sur fond de guerre commerciale

Cette photographie montre les informations financières de l'indice CAC40 (en bas à gauche), l'indice français qui suit les 40 plus grandes valeurs françaises, affichées sur un immeuble de bureaux dans le quartier financier de La Défense à Paris, le 7 avril 2025. (AFP)
Cette photographie montre les informations financières de l'indice CAC40 (en bas à gauche), l'indice français qui suit les 40 plus grandes valeurs françaises, affichées sur un immeuble de bureaux dans le quartier financier de La Défense à Paris, le 7 avril 2025. (AFP)
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  • Les disparités sont fortes au premier semestre pour les entreprises du CAC 40, qui ont globalement vu leurs bénéfices nets reculer sur fond de guerre commerciale
  • Pour les 37 entreprises sur 40 qui ont publié leurs résultats semestriels jusqu'à jeudi soir inclus, le bénéfice net cumulé tombe à 45 milliards d'euros

PARIS: Automobile et luxe à la peine, aérien, défense et industrie en progression: les disparités sont fortes au premier semestre pour les entreprises du CAC 40, qui ont globalement vu leurs bénéfices nets reculer sur fond de guerre commerciale, d'après un décompte réalisé jeudi par l'AFP.

Pour les 37 entreprises sur 40 qui ont publié leurs résultats semestriels jusqu'à jeudi soir inclus, le bénéfice net cumulé tombe à 45 milliards d'euros, en baisse de 32% par rapport au premier semestre 2024 pour ces mêmes entreprises.

Cette somme des bénéfices nets part du groupe ne prend pas en compte d'éventuels résultats ajustés publiés par les entreprises et exclut Pernod Ricard, dont l'exercice comptable est décalé et donc pas comparable.

Le chiffre d'affaires cumulé est de 725 milliards d'euros, en légère baisse de près de 2%.

La première moitié de 2025 a été marquée par l'incertitude sur les droits de douane imposés par Donald Trump sur les produits européens, et a vu l'euro s'apprécier fortement par rapport à plusieurs devises, notamment face au dollar.

"C'est plutôt l'incertitude qui a pesé" avec le risque "qu'il y ait une guerre commerciale", souligne auprès de l'AFP Lionel Melka, gérant à Swann Capital.

Mais "globalement, (...) les résultats sont plutôt solides", avec, d'un côté, "les secteurs où les attentes étaient basses" comme le luxe ou la consommation, et, de l'autre, "les secteurs qui vont bien — défense, banque — là c'est bon comme prévu".

- Les banques résilientes -

Ce semestre "reste décevant", notamment en comparaison avec la situation américaine, juge pour sa part Christopher Dembik, conseiller en investissement pour Pictet AM: "il y a ce décrochage français et européen qui est perceptible".

D'autre part, "en début d'année, vous aviez un enthousiasme qui était indéniablement exagéré sur les actions européennes. (...) La réalité c'est qu'on n'est pas sur une période de résultats qui est mirobolante", ajoute-t-il.

Les entreprises de l'aérien et de la défense tirent leur épingle du jeu, portées par les tensions géopolitiques: Airbus a vu ses bénéfices bondir de 85%, Safran de 11%.

Les banques s'en sortent bien également et "sont sur des bonnes dynamiques depuis déjà deux, trois ans", relève Christopher Dembik.

Ensemble, BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale réalisent au total 13,5 milliards d'euros de bénéfices, une hausse de 12%.

En face, le secteur automobile se casse la figure. Renault, notamment, enregistre une lourde perte de plus de 11,2 milliards d'euros, due à l'évolution comptable du traitement de son partenaire japonais Nissan et ses mauvais résultats.

Son concurrent Stellantis a lui publié une lourde perte nette de 2,3 milliards d'euros au premier semestre et son nouveau directeur général, l'Italien Antonio Filosa, a prévenu qu'il faudrait prendre des "décisions difficiles" pour "accélérer" fin 2025.

Le luxe a également souffert, avec un bénéfice net en chute de 46% pour Kering (Gucci, Yves Saint Laurent, Balenciaga, ...) et de 22% pour LVMH (Louis Vuitton, Dior, Celine...).

Le plus gros bénéfice revient d'ailleurs à BNP Paribas, qui vole la vedette à TotalEnergies et LVMH, duo en tête au premier semestre 2024.

- Risque de taux de change -

L'incertitude reste forte pour les troisième et quatrième trimestres, en raison notamment de la force de l'euro qui devrait peser sur les entreprises françaises.

Christopher Dembik table plutôt sur "un risque de taux de change, qu'un risque de droits de douane", et cela "va beaucoup plus se matérialiser dans les résultats à venir", dans les investissements, les importations, etc.

Concernant les droits de douane, malgré les questions en suspens, les entreprises avaient anticipé, "on savait que ce serait un tarif douanier important, donc elles avaient quand même prévu les choses", ajoute l'analyste.

Le président américain Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont mis fin à l'attente dimanche, en annonçant un accord prévoyant que les produits européens exportés aux États-Unis soient taxés à 15%.


Le FMI relève ses prévisions de croissance pour l'Arabie saoudite en 2025 à 3,6 %

La croissance du Royaume devrait dépasser la moyenne mondiale de 3 % l'année prochaine et dépasser celle de la plupart des États voisins du Golfe. (Shutterstock)
La croissance du Royaume devrait dépasser la moyenne mondiale de 3 % l'année prochaine et dépasser celle de la plupart des États voisins du Golfe. (Shutterstock)
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  • Le Fonds monétaire international (FMI) a relevé sa prévision de croissance économique pour l’Arabie saoudite en 2025 à 3,6 %, contre 3 % en avril
  • Le FMI indique que cette révision reflète une expansion plus soutenue que prévu du secteur non pétrolier

RIYAD : Le Fonds monétaire international (FMI) a relevé sa prévision de croissance économique pour l’Arabie saoudite en 2025 à 3,6 %, contre 3 % en avril, soulignant la vigueur du secteur hors pétrole et la levée attendue des coupes de production de l’OPEP+.

Dans sa dernière mise à jour du World Economic Outlook, le FMI indique que cette révision reflète une expansion plus soutenue que prévu du secteur non pétrolier. La croissance du Royaume devrait ainsi dépasser la moyenne mondiale (3 %) l’an prochain, se hissant au-dessus de celle de la plupart des pays du Golfe voisins.

À moyen terme, le FMI anticipe une hausse de la croissance à 3,9 % en 2026, avant une stabilisation autour de 3,5 %.

Le PIB hors pétrole est estimé en croissance de 3,4 % en 2025, légèrement en retrait par rapport aux 4,2 % enregistrés en 2024. Toutefois, les perspectives à moyen terme restent solides, avec une progression approchant 4 % en 2027, pour atteindre environ 3,5 % à la fin de la décennie.

Les conditions sur le marché du travail se sont également améliorées : le taux de chômage des Saoudiens a atteint un niveau record de 7 % en 2024, selon le FMI.

L’inflation demeure maîtrisée—le taux global devrait rester proche de 2 %, grâce à l’ancrage au dollar et au cadre des subventions en vigueur.

Sur le plan budgétaire, le FMI estime que l’augmentation des dépenses publiques en 2025—entraînant un déficit plus élevé que prévu—reste justifiée. Il met en garde contre de nouvelles coupes liées à la baisse des prix du pétrole, qui risqueraient de peser sur la croissance en rendant la politique budgétaire procyclique.

Le Fonds recommande une consolidation budgétaire progressive à moyen terme, notamment via l’augmentation des recettes non pétrolières, la suppression progressive des subventions énergétiques et la rationalisation des dépenses publiques.

Malgré certaines pressions liées à la forte croissance du crédit et aux coûts de financement, le secteur bancaire saoudien demeure résilient, selon le FMI. La Banque centrale saoudienne a introduit un coussin de capital contracyclique et continue de renforcer le cadre réglementaire.

Le rapport souligne l’importance de poursuivre les réformes structurelles pour soutenir la diversification de l’économie hors pétrole. Il appelle à avancer sur la gouvernance, le développement du capital humain, l’accès aux services financiers, la numérisation et le développement des marchés de capitaux — indépendamment des fluctuations des prix du pétrole.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Déjà confronté à des "vents de face", le luxe affronte désormais les droits de douane américains

Le dirigeant du conglomérat de luxe LVMH Bernard Arnault prononce un discours lors de la présentation des résultats financiers 2024 du conglomérat de luxe français LVMH dans le cadre d'une assemblée générale des actionnaires à Paris, le 17 avril 2025. (AFP)
Le dirigeant du conglomérat de luxe LVMH Bernard Arnault prononce un discours lors de la présentation des résultats financiers 2024 du conglomérat de luxe français LVMH dans le cadre d'une assemblée générale des actionnaires à Paris, le 17 avril 2025. (AFP)
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  • Mauvaise passe pour le luxe: déjà confronté à une baisse de la consommation de sacs à mains chics, parfums et tenues de grandes marques, le secteur doit désormais faire face aux droits de douane sur ses exportations vers les Etats-Unis
  • Désormais se greffe aussi la question des droits de douane de 15% sur les exportations vers les Etats-Unis, selon un accord passé dimanche entre le président américain Donald Trump et la présidente de la Commission européenne

PARIS: Mauvaise passe pour le luxe: déjà confronté à une baisse de la consommation de sacs à mains chics, parfums et tenues de grandes marques, le secteur doit désormais faire face aux droits de douane sur ses exportations vers les Etats-Unis, un de ses principaux marchés.

"Nous affrontons des vents de face, avec les difficultés conjoncturelles de l'économie mondiale", a déclaré Bernard Arnault, le PDG du numéro un mondial LVMH. "S'ajoutent des difficultés géopolitiques et la diminution des voyages touristiques en Europe et aux États-Unis", a-t-il souligné.

Le bénéfice net de LVMH (Louis Vuitton, Dior, Celine...) a chuté au premier semestre de 22% à 5,7 milliards d'euros et les ventes ont reculé de 4% à 39,8 milliards.

Désormais se greffe aussi la question des droits de douane de 15% sur les exportations vers les Etats-Unis, selon un accord passé dimanche entre le président américain Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

Un accord pas "parfait" mais "nécessaire" dans le "contexte actuel", a défendu Bernard Arnault mardi. Donald Trump avait menacé l'UE de droits de douane de 30%.

Le marché américain représente 25% des ventes de LVMH, qui ouvrira aux Etats-Unis un nouvel atelier Louis Vuitton, sa marque phare, à Dallas fin 2026 ou début 2027. Le groupe possède déjà aux Etats-Unis trois ateliers Louis Vuitton.

Beaucoup de groupes de luxe considèrent que des droits de douane de 15% restent acceptables. C'est "gérable", selon le mot de Kering, qui malgré ses difficultés pour redresser sa marque phare Gucci estime pouvoir augmenter les prix sur "certaines marques" pour compenser, selon sa directrice financière Armelle Poulou.

- Baisse du dollar -

Contrairement à LVMH, le groupe de François-Henri Pinault, propriétaire de Gucci, Yves Saint Laurent, Balenciaga et Bottega Veneta, ne possède pas d'atelier en Amérique du Nord, où il réalise 24% de ses ventes.

"On vend de la culture française, on vend de la culture italienne. Ça n'aurait pas de sens pour moi d'avoir des sacs Gucci italiens fabriqués au Texas", estimait récemment François-Henri Pinault.

Prudent, le gérant de Hermès Axel Dumas préfère "attendre les règles du jeu précises". "Les dernières annonces ont besoin d'être affinées", a-t-il dit, soulignant que les droits de douane étaient à 4,7% en début d'année, auxquels se sont ajoutés en avril de nouveaux "frais d'approche" comme Hermès appelle la surtaxe de 10%.

"Si les 15% c'est les 10% plus les 5% qui existaient, il n'y a pas de raison d'augmenter les prix", estime Axel Dumas. A la suite des droits de douane de 10% imposés en avril, le groupe a relevé sa grille aux Etats-Unis de 5% ce qui n'a pas freiné ses ventes dans la zone "Amériques", en hausse de 6,3% au deuxième trimestre.

Hermès, qui lui semble ne pas rencontrer de "vents de face", a annoncé mercredi des ventes en hausse de 7,1% au premier semestre.

Le britannique Burberry ne se montre pas inquiet non plus. Au premier trimestre de son exercice décalé, il a vu ses ventes dans la région "Amériques" augmenter de 4%. La Grande-Bretagne a négocié des droits de douane de 10% pour les produits exportés aux Etats-Unis.

"Évidemment, 19% de notre chiffre d'affaires provient des États-Unis. Certes, cela représente toujours un obstacle, mais 81% de notre activité n'est pas touchée", a estimé lors d'un échange avec les analystes la directrice financière Kate Ferry.

Au-delà de l'impact comptable, les droits de douane pourraient aussi toucher "la confiance des consommateurs (de luxe) à l'échelle mondiale, en particulier dans les importants marchés chinois (environ un tiers des ventes) et américain (environ 25% des ventes)", estime la banque UBS dans une note.

Ils devraient aussi pousser les amateurs américains de luxe à acheter à l'étranger en raison des différences de prix selon les pays, qui peuvent être "de l'ordre de 10%, en plus du remboursement de la TVA en Europe", selon UBS.

La question des changes est majeure, soulignait Axel Dumas: "On a un dollar qui a beaucoup baissé, ça a autant d'impact, si ce n'est plus, que les droits de douane."