YouGov: Les Arabes tiennent plus l’Otan que la Russie responsable de la guerre en Ukraine

Le Secrétaire-général de l'OTAN, Jens Stoltenberg (Photo, AFP).
Le Secrétaire-général de l'OTAN, Jens Stoltenberg (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 31 mai 2022

YouGov: Les Arabes tiennent plus l’Otan que la Russie responsable de la guerre en Ukraine

  • Le fait que le monde arabe considère l’Otan comme responsable du conflit fait écho au discours officiel du Kremlin
  • Dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, 13 % des sondés affirment que le président américain, Joe Biden, est responsable de la guerre

LONDRES: Dans le cadre d’un sondage spécial mené par Arab News et YouGov pour évaluer la position des Arabes au sujet du conflit ukrainien, la majorité des personnes interrogées dans quatorze pays, sauf un, pensent que la responsabilité de la guerre n’incombe pas à la Russie, mais à l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan).
La seule exception à cette règle est la Syrie, où le blâme est équitablement partagé.
Ces résultats mettent en évidence le gouffre qui existe entre le monde arabe et l’Europe. Un sondage similaire mené par YouGov dans les pays européens en avril dernier montre que «l’écrasante majorité des citoyens des pays de l’Union européenne (UE) attribuent la responsabilité de la situation en Ukraine à la Russie».
Ce sentiment est le plus fort en Finlande et en Suède; les deux pays craignent en effet une expansion russe au-delà de leurs frontières et ils envisagent sérieusement de rejoindre l’Otan.
En Suède, en Finlande, au Royaume-Uni, en Pologne et aux Pays-Bas, plus de 70 % des gens ont fermement rejeté la faute sur le Kremlin.
Parmi les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), du Levant et d’Afrique du Nord, bien que l’Otan soit plus souvent perçue comme la partie responsable du conflit, la répartition des responsabilités est plus équilibrée. Les habitants des États du Golfe, par exemple, ne rejettent que légèrement plus la faute sur l’Otan (23 %) par rapport à la Russie (19 %).
Le fait que le monde arabe considère l’Otan comme responsable du conflit fait écho au discours officiel du Kremlin. Eto Buziashvili, chercheuse associée au Digital Forensic Research Lab de l’Atlantic Council, pense que cette perception est largement attribuée à la campagne de désinformation numérique de la Russie.
«Les sources officielles du Kremlin inondent constamment les réseaux sociaux de messages de désinformation», déclare-t-elle. «Ils ont été bloqués sur des plates-formes comme YouTube, Facebook et Twitter, mais ils continuent de circuler activement sur Telegram.»
«J’ai remarqué, il y a quelques semaines, que les autorités russes ont commencé à investir dans du contenu vidéo qui met en scène la guerre en Ukraine. Elles ont créé des chaînes sur Telegram qui diffusent du contenu dans plus de dix-sept langues, dont le persan et l’arabe.»
«Cela fait partie des efforts de désinformation russes à plus grande échelle autour de la guerre. Blâmer l’Otan est le premier discours adopté par le Kremlin. Ce dernier affirme que l’Otan, qui soutient l’Ukraine, a provoqué le conflit.»
Tobias Borck, chargé de recherche en matière d’études sur la sécurité au Moyen-Orient au sein du groupe de réflexion Royal United Services Institute, sur la défense et la sécurité à Londres, affirme que cette situation reflète également une ambivalence régionale envers l’Otan en tant qu’instrument aux mains de l’Occident.
«Au Moyen-Orient, l’Otan – et par Otan, la plupart des gens entendent les États-Unis et l’Occident – fait ce que bon lui semble. Dans ce cas, on constate que la Russie fait également ce qu’elle veut et l’on se demande quelle est donc la grande différence.»
«L’Occident s’est comporté de la sorte pendant des années. À titre d’exemple, il a occupé l’Irak, et, désormais, la Russie fait la même chose en Ukraine. Certes, ce n’est certainement pas positif que la Russie le fasse, mais quelle est la différence, au fond? Donc, si les Russes déclarent que c’est parce que l’Otan ne cesse de s’étendre, alors c’est un récit qui fait écho au sentiment antioccidental et anti-impérialiste dans la région.»
Dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (Mena), 13 % des personnes ayant répondu au sondage de YouGov affirment que le président américain, Joe Biden, est responsable de la guerre, ce qui reflète peut-être l’inévitable fusion de l’Otan avec les États-Unis et la vision négative généralisée dans la région quant aux incursions militaires américaines au Moyen-Orient.
Cependant, dans l’ensemble, 42% des personnes interrogées ne savent pas sur qui rejeter la faute.
Parmi les sept mille huit cent trente-cinq personnes interrogées à travers la région Mena, il est largement admis que l’Ukraine elle-même ne peut être tenue responsable du conflit. Pas plus de 8 % des personnes interrogées dans n’importe quel pays, et seulement 5 % dans l’ensemble des États du CCG accusent l’Ukraine d’être à l’origine du conflit.


Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Vision 2030: le Cabinet remercie les agences impliquées

Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
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  • Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne
  • Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne

RIYAD: Le Conseil des ministres a salué les efforts des agences gouvernementales ayant contribué aux avancées réalisées dans le cadre de la Vision saoudienne 2030, alors que le Royaume se rapproche de l’atteinte de ses objectifs clés, a rapporté mardi l’Agence de presse saoudienne (SPA).

D’après le rapport annuel 2024 de la Vision, 93% des principaux indicateurs de performance ont été entièrement ou partiellement atteints depuis le lancement de l’initiative il y a neuf ans.

Le ministre des Médias, Salman al-Dosari, a précisé que le cabinet avait discuté de la troisième et dernière phase de la Vision 2030, qui débutera en 2026. Cette phase visera à pérenniser l’impact des transformations déjà engagées tout en exploitant de nouvelles opportunités de croissance.

Le Conseil des ministres a également salué le don généreux d’un milliard de riyals saoudiens (266,6 millions de dollars; 1 dollar = 0,88 euro) effectué par le prince héritier Mohammed ben Salmane, destiné à soutenir des projets de logement pour les bénéficiaires saoudiens éligibles et les familles dans le besoin.

Le cabinet a souligné que ce don illustre l’engagement constant du prince héritier à améliorer la qualité de vie des citoyens, ainsi que son intérêt soutenu pour le secteur du logement et les initiatives visant à offrir des logements décents aux familles méritantes à travers le Royaume.

Le prince Mohammed a également informé le Conseil de sa rencontre avec le roi Abdallah II de Jordanie, ainsi que de ses échanges avec le Premier ministre indien Narendra Modi.

Le cabinet a salué les résultats de la deuxième réunion du Conseil de partenariat stratégique saoudo-indien, soulignant le développement continu des relations économiques, commerciales et d’investissement entre les deux pays.

Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne, conformément aux résolutions de la légitimité internationale, à l'initiative de paix arabe et à la création d'un État palestinien indépendant le long des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne et a renouvelé son appel aux institutions financières régionales et internationales pour qu'elles reprennent et étendent leurs opérations dans le pays.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Arabie saoudite condamne les actions d'Israël à Gaza devant la CIJ

 Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
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  • Tel-Aviv "continue d'ignorer" les décisions de la Cour internationale de justice, déclare le représentant du Royaume
  • M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

DUBAI : L'Arabie saoudite a condamné mardi devant la Cour internationale de justice la campagne militaire israélienne en cours à Gaza, l'accusant de défier les décisions internationales et de commettre de graves violations des droits de l'homme.

S'exprimant devant la Cour, le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, a déclaré qu'Israël "continue d'ignorer les ordres de la Cour" et a insisté sur le fait que "rien ne justifie les violations commises par Israël à Gaza".

M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

Ses remarques ont été formulées au deuxième jour des audiences de la CIJ sur les obligations humanitaires d'Israël à l'égard des Palestiniens, qui se déroulent dans le cadre d'un blocus israélien total de l'aide à la bande de Gaza, qui dure depuis plus de 50 jours.

Ces audiences s'inscrivent dans le cadre d'efforts plus larges visant à déterminer si Israël a respecté les responsabilités juridiques internationales dans sa conduite lors de la guerre contre Gaza.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Syrie: neuf morts dans des affrontements entre forces de sécurité et combattants druzes près de Damas

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
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  • Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité "
  • "La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué

DAMAS: Neuf personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants de la minorité druze à Jaramana, dans la banlieue de Damas, sur fond de tension confessionnelle, selon un nouveau bilan mardi d'une ONG.

Ces violences interviennent un mois après des massacres qui ont visé la minorité alaouite, faisant des centaines de morts, dans le pays où la coalition islamiste qui a pris le pouvoir en décembre est scrutée par la communauté internationale.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "les forces de sécurité ont lancé un assaut" contre la banlieue à majorité druze de Jaramana, après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.

L'OSDH, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, a précisé que six combattants locaux de Jaramana et trois "assaillants" avaient été tués.

Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu des échanges de tirs dans la nuit.

"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", a affirmé Riham Waqaf, une employée d'une ONG terrée à la maison avec son mari et ses enfants.

"On devait emmener ma mère à l'hôpital pour un traitement, mais nous n'avons pas pu" sortir, a ajouté cette femme de 33 ans.

Des combattants locaux se sont déployés dans les rues et aux entrées de la localité, demandant aux habitants de rester chez eux, a dit à l'AFP l'un de ces hommes armés, Jamal, qui n'a pas donné son nom de famille.

"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est à la maison", a-t-il ajouté.

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants.

 "Respecter l'ordre public" 

Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité de ce qui s'est produit et de toute aggravation de la situation".

"La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué.

Il a dénoncé dans le même temps "toute atteinte au prophète Mahomet" et assuré que le message vocal était fabriqué "pour provoquer la sédition".

Le ministère de l'Intérieur a souligné mardi "l'importance de respecter l'ordre public et de ne pas se laisser entraîner dans des actions qui perturberaient l'ordre public".

Il a ajouté qu'il enquêtait sur le message "blasphématoire à l'égard du prophète" Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.

Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Depuis que la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh, qui a été proclamé président intérimaire, a pris le pouvoir, la communauté internationale multiplie les appels à protéger les minorités.

Début mars, les régions du littoral dans l'ouest de la Syrie ont été le théâtre de massacres qui ont fait plus de 1.700 tués civils, en grande majorité des alaouites, selon l'OSDH.