Une Pakistanaise combat les préjugés en devenant la première femme médecin sourde

La première femme médecin sourde du Baloutchistan, la Dr Mahwich Charif (Photo, AN).
La première femme médecin sourde du Baloutchistan, la Dr Mahwich Charif (Photo, AN).
Short Url
Publié le Mercredi 01 juin 2022

Une Pakistanaise combat les préjugés en devenant la première femme médecin sourde

  • La Dr Mahwich Charif a perdu l'ouïe à l'âge de 4 ans en raison d'une lésion du tympan
  • Elle espère inspirer les autres et souhaite que davantage de parents permettent à leurs enfants d'affronter les «défis du monde extérieur»

QUETTA: Lorsque la Dr Mahwich Charif entre dans le service de tuberculose de l'hôpital Fatima Jinnah des maladies de la Poitrine, dans le sud-ouest du Pakistan, elle touche ses oreilles pour s'assurer que son appareil auditif est en place.
Il s'agit d'un contrôle de routine pour Charif, la première femme médecin malentendante du Baloutchistan, qui a surmonté des années de préjugés pour terminer ses études de médecine et être nommée médecin à l'hôpital Fatima Jinnah des maladies de la Poitrine, le seul établissement de santé de la capitale provinciale, Quetta, pour le traitement des maladies respiratoires et virales.
Cette femme médecin de 29 ans est originaire d'un village reculé du district de Kachi, dans le centre du Baloutchistan. Enfant, elle rêvait de devenir médecin, même après avoir perdu l'ouïe à l'âge de 4 ans en raison d'une lésion du tympan.
«J'avais l'habitude d'agir comme un médecin lorsque je jouais avec mes frères quand j'étais petite fille», a déclaré Charif à Arab News dans son bureau, en souriant. «La blouse blanche que portent les médecins et les stéthoscopes m'ont toujours inspirée.»
Mais bien que sa famille l'ait soutenue, l'obtention de son diplôme du Collège médical de Bolan en 2021 est intervenue après de longues années de discrimination et de commentaires insensibles, notamment de la part des membres du corps enseignant.
«J'ai constaté que mes professeurs se plaignaient souvent de mon handicap auditif», a-t-elle révélé. «Même lors de mes derniers examens en médecine, ils ne m'ont pas permis d’utiliser des appareils auditifs car ils pensaient qu'il s'agissait d'écouteurs.»
Elle se souvient d'un autre cas de discrimination lorsqu'elle a dû présenter une lettre d'autorisation pour utiliser un appareil auditif lors d'un examen qu'elle avait passé à l'université du Baloutchistan.
«J'ai reçu la lettre et quand je suis allée voir le professeur, qui était également chef du département de chirurgie, il m'a vue et m'a demandé mon nom», a-t-elle expliqué. «Je lui ai dit mon nom et il a répondu “vous pouvez entendre donc, vous avez soumis une fausse lettre.”»
«Même après m'avoir posé toutes les questions, il m'a recalée aux examens de fin d’études», a précisé Charif.
Les expériences vécues par Charif ne sont pas rares dans un pays où les personnes handicapées doivent vivre avec des préjugés et un manque d'opportunités. En l'absence de données fiables, les estimations du nombre de personnes vivant avec un handicap au Pakistan varient de 3,3 millions à 27 millions, selon Human Rights Watch.
En janvier 2020, le Pakistan a adopté la loi sur les droits des personnes handicapées afin de fournir un cadre juridique complet pour protéger et promouvoir les droits des personnes handicapées.
En juillet de la même année, la Cour suprême du Pakistan a ordonné aux gouvernements fédéral et provinciaux d'appliquer la nouvelle loi qui exige que 2% des personnes employées par un établissement soient des personnes handicapées.
Mais malgré l'adoption de la loi et le soutien de la Cour suprême, les personnes handicapées restent sous-représentées dans l'enseignement supérieur et dans la population active au Pakistan.
Charif avait «travaillé très dur» pour surmonter tous les obstacles, a affirmé le Dr Sadiq Baloch, le directeur médical de l'hôpital, ajoutant qu'il n'avait jamais reçu de plaintes concernant Charif de la part de ses patients ou de leurs accompagnateurs.
«Mahwich est devenue un modèle pour notre société où les personnes handicapées sont même marginalisées par les membres de leur propre famille», a-t-il déclaré à Arab News. «Elle a créé un nouveau précédent en montrant que les personnes handicapées peuvent aussi réaliser leurs rêves.»
Haji Basit, qui avait amené sa mère à l'hôpital depuis le district de Harnai pour le traitement de la tuberculose, a indiqué n’avoir rencontré aucun problème de communication avec Charif. «Elle est très attentive et affectueuse avec ses patients et ma mère se sent plus à l'aise avec la Dr Mahwich qu'avec tout autre médecin», a-t-il signalé.
Pour le docteur Noor Qazi, directeur général du département provincial de la santé du Baloutchistan, Charif est une source d'inspiration.
«Alors que nous avons alloué un quota spécifique pour les personnes handicapées dans la profession médicale, la Dr Mahwich a réalisé son rêve d'obtenir ce poste avec mérite et a créé un nouveau précédent pour les autres», a-t-il estimé.
Elle envisage désormais de travailler pour obtenir l'égalité des personnes handicapées et souhaite que davantage de parents permettent à leurs enfants d'affronter «les défis du monde extérieur».
«Les parents devraient permettre à leurs enfants handicapés de développer d'autres compétences pour vivre une vie indépendante plutôt qu'une vie de dépendance», a-t-elle soutenu. «Je suis moi-même handicapé et je veux faire passer un message à toutes les personnes handicapées pour qu'elles ne perdent pas espoir, mais acceptent plutôt de relever le défi. La société ne nous laissera pas exceller tant que nous ne ferons pas d'efforts pour nous-mêmes.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com   


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Short Url
  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
Short Url
  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Frappes ukrainiennes sur les raffineries et forte demande: en Russie, l'essence devient chère

Début septembre, le prix de la tonne d'AI-95, l'un des carburants sans-plomb les plus populaires en Russie, s'est envolé pour atteindre plus de 82.000 roubles (environ 826 euros), tutoyant des records, selon les données de la bourse de Saint-Pétersbourg. (AFP)
Début septembre, le prix de la tonne d'AI-95, l'un des carburants sans-plomb les plus populaires en Russie, s'est envolé pour atteindre plus de 82.000 roubles (environ 826 euros), tutoyant des records, selon les données de la bourse de Saint-Pétersbourg. (AFP)
Short Url
  • Mercredi, le média Izvestia évoquait des "interruptions d'approvisionnement" dans "plus de dix régions" de Russie, l'un des principaux producteurs de pétrole au monde
  • A Moscou, vitrine de la Russie, pas de pénurie mais une hausse qui a propulsé le litre de sans-plomb 95 à plus de 66 roubles (0,67 euro)

MOSCOU: "Doucement mais sûrement": Oleg fait le plein d'essence à Moscou et vitupère contre la hausse des prix nourrie par une demande accrue et les frappes ukrainiennes contre les infrastructures pétrolières, secteur clé de l'économie russe que les Occidentaux veulent sanctionner.

"Tout le monde l'a remarqué", tonne Oleg, retraité de 62 ans: les prix des carburants vont crescendo à la pompe. Au 1er septembre, l'essence au détail coûtait 6,7% de plus que fin 2024, selon Rosstat, l'agence nationale des statistiques.

Ce renchérissement s'inscrit dans un contexte de hausse générale des prix, avec une inflation annuelle qui a été de 8,14% en août, à l'heure où la Russie intensifie l'offensive qu'elle a lancée en 2022 en Ukraine.

Début septembre, le prix de la tonne d'AI-95, l'un des carburants sans-plomb les plus populaires en Russie, s'est envolé pour atteindre plus de 82.000 roubles (environ 826 euros), tutoyant des records, selon les données de la bourse de Saint-Pétersbourg.

Et depuis le début de l'été, les réseaux sociaux sont saturés de vidéos montrant des files d'attente devant les stations-service de l'Extrême-Orient russe, en Crimée - région que la Russie a annexée au détriment de Kiev en 2014 -, et dans certaines régions du sud proches de l'Ukraine, pour cause de pénurie.

Mercredi, le média Izvestia évoquait des "interruptions d'approvisionnement" dans "plus de dix régions" de Russie, l'un des principaux producteurs de pétrole au monde.

Raffineries frappées 

A Moscou, vitrine de la Russie, pas de pénurie mais une hausse qui a propulsé le litre de sans-plomb 95 à plus de 66 roubles (0,67 euro). Ce prix, qui reste bien inférieur à ceux affichés dans de nombreux pays européens, surprend le consommateur russe, habitué à ne pas payer cher l'essence et au revenu moyen moindre.

Artiom, un Moscovite qui ne souhaite pas donner son nom de famille, observe cette augmentation "depuis le début de l'année". "Pour des personnes ordinaires, 300 ou 400 roubles en plus par plein (3 à 4 euros, ndlr), cela commence à être sensible", dit-il.

Sur le site Gazeta.ru, Igor Iouchkov, analyste au Fonds national de sécurité énergétique, met en avant l'augmentation d'"environ 16%" du droit d'accise (impôt indirect) depuis le 1er janvier et la baisse de subsides versés aux compagnies pétrolières.

Car, comme l'explique à l'AFP Sergueï Teriochkine, expert en questions énergétiques, "plus les subventions sont faibles, plus la rentabilité est faible", ce qui pousse les pétroliers à "répercuter" ces pertes sur les prix au détail.

La demande a, elle, été dopée par les départs en vacances et les engins agricoles.

Restent - surtout - les frappes contre les raffineries et dépôts de pétrole que l'Ukraine a multipliées afin de toucher Moscou au portefeuille et d'entraver sa capacité à financer son offensive.

"Les frappes ont ciblé de grandes raffineries dans la partie européenne de la Russie", notamment dans les régions de Samara, Riazan, Volgograd et Rostov, énumère Alexandre Kots, journaliste russe spécialiste des questions militaires, sur Telegram.

"Ce n'est rien!" 

L'une de ces attaques, à la mi-août, a touché la raffinerie de Syzran, dans la région de Samara, selon l'état-major ukrainien. Le complexe se trouve à plus de 800 km de la frontière ukrainienne. Il est présenté par Kiev comme le "plus important du système Rosneft", géant russe des hydrocarbures.

Moscou n'a pas quantifié l'impact de ces frappes, mais dans le journal Kommersant, l'analyste Maxime Diatchenko parle d'une baisse de la production "de près de 10%" depuis le début de l'année.

"C'est rien!", assure Alexandre, un homme d'affaires moscovite, après avoir rempli le réservoir de sa berline allemande. "Une frappe, deux frappes, trois frappes, ça n'est rien pour le marché en général ou pour les prix".

"Le pays a besoin d'argent. L'augmentation du prix de l'essence, c'est une façon d'augmenter le revenu de l'Etat", estime de son côté Vladimir, un Moscovite de 50 ans.

Pour tenter de stabiliser la situation, Moscou a prolongé une interdiction d'"exporter de l’essence pour les automobiles" jusque fin octobre.

La Russie reste par ailleurs un exportateur majeur de pétrole brut, des exportations que les Occidentaux entendent étouffer pour tarir une des principales sources de financement de l'offensive russe en Ukraine, pays qui compte l'Union européenne comme principale alliée.