Le diamant, pierre angulaire des relations entre l'Inde et Israël

Ranjeet Barmecha, PDG du groupe NIRU, présente différents diamants lors d'un entretien avec l'AFP dans son bureau du Centre mondial du diamant d'Israël dans la ville de Ramat Gan, à la périphérie de Tel-Aviv, le 16 mai 2022. JACK GUEZ / AFP
Ranjeet Barmecha, PDG du groupe NIRU, présente différents diamants lors d'un entretien avec l'AFP dans son bureau du Centre mondial du diamant d'Israël dans la ville de Ramat Gan, à la périphérie de Tel-Aviv, le 16 mai 2022. JACK GUEZ / AFP
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Publié le Vendredi 03 juin 2022

Le diamant, pierre angulaire des relations entre l'Inde et Israël

  • Selon Pravin Kukadia, la Bourse des diamants israélienne abrite une trentaine de sociétés indiennes, faisant de l'Inde, plus important polisseur de diamants au monde, le pays étranger le plus représenté
  • Si l'Inde a reconnu Israël en 1950, elle a traditionnellement exprimé son soutien à la création d'un Etat palestinien et longtemps refusé d'établir des relations diplomatiques avec l'Etat hébreu, jusqu'en 1992

RAMAT GAN, Israël: Dans son petit bureau situé à la Bourse du diamant près de Tel-Aviv, Pravin Kukadia présente fièrement sa collection de pierres précieuses. Entre le pays du diamantaire, l'Inde, et son pays de résidence, Israël, les diamants sont un trait d'union diplomatique et économique.

Délicatement à l'aide d'une pince, le joaillier révèle une pierre rose particulièrement rare dit- il. A partir de 1996, Pravin Kukadia a effectué de régulières visites en Israël, en tant qu'acheteur pour l'entreprise familiale implantée dans la ville de Surate, dans l'ouest de l'Inde, un centre important de taille et de polissage.

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Pravin Kukadia, directeur d'Eminent Gems LTD, présente un diamant aux journalistes de l'AFP après avoir répondu à des questions sur le commerce du diamant entre Israël et l'Inde dans son bureau du Centre mondial du diamant d'Israël dans la ville israélienne de Ramat Gan, à la périphérie de Tel Aviv, le 16 mai 2022. JACK GUEZ / AFP

"A l'époque j'achetais des diamants bruts, petits et bon marché", ironise l'homme de 56 ans qui se spécialise aujourd'hui dans le commerce de grosses pierres.

En 2003, il s'installe avec sa femme et ses deux enfants en Israël pour développer son activité, le pays étant selon lui "un acteur majeur de l'industrie du diamant" et à la pointe de l'innovation dans le domaine.

Statut particulier

Selon Pravin Kukadia, la Bourse des diamants israélienne abrite une trentaine de sociétés indiennes, faisant de l'Inde, plus important polisseur de diamants au monde, le pays étranger le plus représenté.

La plupart des familles de diamantaires indiens, environ 80 personnes, vivent "dans les mêmes immeubles" près de la Bourse à Ramat Gan, ville de la banlieue est de Tel-Aviv, confie- t-il à l'AFP. "Nous formons une seule et même famille".

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Cette photo montre une partie du Centre mondial du diamant d'Israël dans la ville de Ramat Gan, à la périphérie de Tel Aviv, le 16 mai 2022. JACK GUEZ / AFP

Selon l'avocat israélien spécialisé dans les procédures d'immigration Joshua Pex, les diamantaires indiens jouissent d'un "statut particulier" en Israël, visant à favoriser les échanges avec l'Inde.

L'Etat hébreu facilite en outre l'obtention de permis de travail pour les diamantaires indiens, dit-il.

"Depuis 2018, ceux-ci peuvent travailler et vivre en Israël indéfiniment et faire venir leur famille. Ils doivent renouveler leurs visas tous les trois ans contre deux pour les diamantaires d'autres pays".

Autre fait notable, l'immense centre de négoce accueille la State Bank of India (SBI), seule banque étrangère à y être présente, aux côtés de deux banques israéliennes.

"Le commerce du diamant avec l'Inde s'élève à 1,5 milliard de dollars par an" (environ 1,4 milliard d'euros), indique à l'AFP le président de la Bourse israélienne, Boaz Moldawsky. "Nous exportons des pierres brutes et nous importons principalement des pierres polies", précise-t-il.

Selon lui, "le diamant a été l'un des premiers produits d'échange entre Israël et l'Inde au début des années 1970".

Si l'Inde a reconnu Israël en 1950, elle a traditionnellement exprimé son soutien à la création d'un Etat palestinien et longtemps refusé d'établir des relations diplomatiques avec l'Etat hébreu, jusqu'en 1992.

Le ministre israélien de la Défense Benny Gantz a d'ailleurs entamé une visite officielle jeudi en Inde dans le cadre du 30e anniversaire des relations entre les deux pays, y plaidant pour renforcer leur coopération "sécuritaire et économique", en alliant le savoir-faire technologique israélien aux "extraordinaires capacités de production" indiennes.

Libre-échange

Depuis l'arrivée au pouvoir en 2014 du Bharatiya Janata Party (BJP), la formation nationaliste hindoue de Narendra Modi qui avait déjà gouverné de 1998 à 2004, plusieurs gros contrats ont été conclus. Israël a surtout vendu à l'Inde du matériel militaire, évalué à environ un milliard de dollars par an, le ministre Gantz évoquant d'ailleurs des partenariats en matière d'armement de pointe et de drones.

Les relations en matière d'innovation et de technologie se sont resserrées, indique à l'AFP l'Autorité israélienne de l'innovation.

Un fonds d'innovation d'une valeur de 40 millions de dollars (37 millions d'euros) a été créé pour encourager les partenariats entre les deux pays qui ont annoncé en octobre qu'un accord de libre-échange serait finalisé courant 2022.

Dans la "tour des diamants", un des trois édifices qui composent le complexe boursier à Ramat Gan, Ranjeet Barmecha, un autre diamantaire indien, se réjouit de ce rapprochement.

L'homme de 72 ans originaire du Rajasthan dans le nord de l'Inde est un des premiers à s'être établi en Israël en 1979.

A l'époque, il n'y avait pas de représentation diplomatique. "L'ambassade (indienne) c'était quasiment chez moi", dit-il pour plaisanter. Depuis, cinq de ses six petits-enfants sont nés en Israël, dit l'homme qui parle hébreu, ajoutant s'y sentir "chez lui".


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.