Les Houthis fustigés pour avoir ignoré les coupures de courant à Hodeida

Les silos à grains du port de Hodeida photographiés depuis un bidonville voisin, à Hodeida, au Yémen, le 16 juin 2018 (Photo, Reuters).
Les silos à grains du port de Hodeida photographiés depuis un bidonville voisin, à Hodeida, au Yémen, le 16 juin 2018 (Photo, Reuters).
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Publié le Jeudi 09 juin 2022

Les Houthis fustigés pour avoir ignoré les coupures de courant à Hodeida

  • Les Yéménites ont affirmé que les Houthis dépensaient peu ou pas d'argent pour faire face aux coupures de courant croissantes
  • les hashtags #Hodeidahisdying et #Hodeidah_is_disaster_city accompagnaient des images de personnes dormant à l’extérieur pour échapper à la chaleur

AL-MUKALLA: Des militants des droits humains, des représentants du gouvernement et d'autres personnes yéménites ont pris part à une campagne sur les réseaux sociaux pour attirer l'attention du monde sur la souffrance des habitants de Hodeida, tenue par les Houthis, qui connaît de longues pannes de courant alors que les températures sont en hausse.
Les Yéménites ont déclaré que les Houthis, qui ont généré des milliards de riyals yéménites (1 riyal yéménite = 0,0037 euro) de revenus grâce aux pétroliers entrant dans le port de Hodeida depuis le 2 avril, dépensaient peu ou pas d'argent pour faire face aux coupures de courant croissantes ou au manque d'autres services de base dans la ville.
En utilisant les hashtags #Hodeidahisdying et #Hodeidah_is_disaster_city, les gens ont posté des images d'hommes et d'enfants à moitié vêtus, dormant à l’extérieur ou sur les toits de leur maison pour échapper à la chaleur.
«Notre peuple oublié à Hodeida est la plus grande victime de l'arrogance des Houthis. La faim, la maladie et l'injustice. Ils ne bénéficient pas des droits les plus élémentaires car les richesses de leurs terres vont à d'autres», a tweeté le journaliste Akram Tawfeek.
Muneir Mohammed, un militant qui a été détenu dans une prison tenue par les Houthis à Hodeida, a raconté ses jours derrière les barreaux pendant l'été et a affirmé que cette saison dans la ville faisait «partie de l'enfer».
«Je suis resté plusieurs mois dans les prisons de la milice houthie à Hodeida, et ce furent les pires jours de ma vie. La chaleur ne brûle pas seulement la peau, mais fait fondre les os et les tripes», a affirmé Mohammed.
Les organisations d'aide internationale ont précisé qu'au moins 70% des marchandises du pays et 80% de l'aide humanitaire au Yémen passaient par les ports de la ville.
Fin 2018, le gouvernement et les Houthis ont signé l'accord de Stockholm négocié par l'ONU. Dans le cadre de cet accord, les Houthis avaient accepté de déposer les revenus issus des navires transportant du carburant et des marchandises à la Banque centrale de Hodeida.
Le produit serait utilisé pour payer les employés du gouvernement dans les zones contrôlées par les Houthis, en échange de l'arrêt par le gouvernement de l’offensive militaire sur Hodeida.
En juillet 2020, le gouvernement a accusé les Houthis d'avoir pillé près de 160 millions de dollars de la branche de la Banque centrale à Hodeida et d'avoir refusé de payer les salaires des employés du gouvernement.
Des habitants de Hodeida et des responsables ont déclaré que l'argent volé avait été transféré à Sanaa pour alimenter les opérations militaires des Houthis, laissant les habitants de Hodeida aux prises avec de longues coupures de courant pendant la saison chaude.
Waleed al-Qudaimi, vice-gouverneur de Hodeida, a déclaré que les Houthis avaient récemment pillé des milliards de riyals yéménites du Fonds de soutien à l'électricité de Hodeida et transféré ces sommes à Sanaa, ajoutant que le produit était censé servir à entretenir les réseaux électriques de la ville ou en acheter de nouveaux, pour répondre à la demande d'électricité pendant l'été. «Hodeida et ses habitants font face à la mort et à la douleur en raison du pillage continu de leurs revenus», a déclaré Al-Qudaimi.
Les habitants ont indiqué que l'électricité était disponible trois heures par jour et que les coupures généralisées avaient touché tous les secteurs, y compris les hôpitaux où les patients mouraient en raison du manque de climatisation.
«La situation à Hodeida est très difficile. Des patients meurent à cause des coupures de courant. Nous exigeons que l'ONU et son envoyé spécial forcent la partie qui contrôle Hodeida à résoudre le problème des coupures de courant», a déclaré à Arab News, sous couvert d’anonymat, un journaliste de Hodeida actuellement basé à Aden.
Depuis la ville contrôlée par les Houthis, où les manifestations sont brutalement réprimées, les gens ont protesté anonymement en ligne ou ont raconté leur calvaire à des amis ou des proches se trouvant à l'extérieur du pays.
«Mes enfants sont accablés par la chaleur de l’été. Leurs visages et leurs corps ont été déformés. Des milliers d'enfants à Hodeida souffrent. Leur peau est brûlée comme si vous versiez de l'acide dessus. Ils crient le jour et souffrent la nuit», lit-on dans un message d'un habitant de Hodeida largement diffusé sur les réseaux sociaux.


Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Centre de coordination militaro-civile pour Gaza: beaucoup de discussions, peu de résultats

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  • "Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore" ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés
  • "Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix"

JERUSALEM: Lancé par les Etats-Unis dans le sillage du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas pour surveiller la trêve et favoriser l'afflux d'aide humanitaire, le Centre de coordination militaro-civile (CMCC) pour Gaza peine à tenir ses promesses.

"Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix, il n'y a aucune autre initiative, c'est ça ou continuer à discuter dans le vent avec des Israéliens".

"Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore", ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés par la campagne militaire israélienne.

Le CMCC doit permettre d'amorcer la suite des étapes du plan de paix pour Gaza après plus de deux ans d'une guerre dévastatrice déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement palestinien Hamas sur Israël.

"Lorsque nous l'avons ouvert, nous avons clairement indiqué qu'il se concentrait sur deux choses: faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire, logistique et sécuritaire vers Gaza et aider à surveiller en temps réel la mise en oeuvre de l'accord", insiste le capitaine Tim Hawkins, porte-parole du Commandement militaire central américain (Centcom), couvrant notamment le Moyen-Orient.

L'initiative a été présentée aux acteurs (ONG, agences des Nations unies, diplomates...) comme un générateur d'idées totalement inédites.

Frustrés par leurs difficultés avec les autorités israéliennes, de nombreux pays et acteurs humanitaires disent s'être jetés dans le projet, impatients d'avoir un nouvel interlocuteur se disant enclin à trouver des solutions: les Etats-Unis.

"Rien n'a changé" 

"Au début, les Américains nous ont dit qu'ils découvraient qu'Israël interdisaient l'entrée de tout un tas de choses dans Gaza, la fameuse liste des biens à double usage, ils avaient l'air choqués et on se disait qu'enfin on allait franchir cet obstacle", raconte un ingénieur humanitaire, "mais force est de constater que strictement rien n'a changé".

Deux mois après l'ouverture, nombre d'humanitaires et diplomates contactés par l'AFP jugent, sous couvert de l'anonymat, que la capacité ou la volonté américaines à contraindre Israël est limitée.

Les visiteurs réguliers ou occasionnels des lieux ont décrit à l'AFP le grand hangar occupé par le CMCC à Kiryat Gat (sud d'Israël), comme un entrepôt où de nombreux militaires, israéliens et américains principalement, rencontrent des humanitaires, diplomates, et consultants.

Le premier des trois étages du bâtiment est réservé aux Israéliens, et le dernier aux troupes américaines. Tous deux sont interdits d'accès aux visiteurs.

Le deuxième, recouvert de gazon artificiel, sert d'espace de rencontres avec le monde extérieur.

"On dirait un espace de coworking, mais avec des gens en uniforme", s'amuse une diplomate qui raconte y croiser des "GIs qui boivent de la bière" au milieu d'une sorte d'open-space, avec des panneaux récapitulant les principaux points du plan Trump.

Plusieurs personnes ont dit à l'AFP avoir vu un tableau blanc barré de l'inscription "What is Hamas?" ("Qu'est-ce que le Hamas?") en lettres capitales, sans éléments de réponse.

"Il y a des tables rondes sur des sujets qui vont de la distribution d'eau ou de nourriture à la sécurité", raconte un humanitaire, "en gros on nous écoute décrire ce qu'on veut faire, et quels problèmes on a rencontrés depuis deux ans".

"Boussole du droit" 

Mais "ce n'est pas là que les décisions sont prises", tranche un diplomate qui cite des canaux de discussions parallèles, notamment une équipe supervisée par Arieh Lighstone, un collaborateur de l'émissaire américain Steve Witkoff, à Tel-Aviv.

Plusieurs diplomates regrettent l'absence d'officiels palestiniens dans les murs.

Un autre problème réside dans l'émergence de concepts largement rejetés par la communauté internationale, notamment celui des "Alternative Safe Communities" (ASC), visant à regrouper des civils "vérifiés", non affiliés au Hamas, dans des communautés créées ex nihilo dans une zone de la bande de Gaza sous contrôle militaire israélien, et où les services de base seraient dispensés.

"On a perdu la boussole du droit", commente une diplomate.

Mais le reproche qui revient le plus souvent est le fait que les questions politiques (gouvernance, maintien de l'ordre...) sont évacuées au profit de questions techniques.

"Ils discutent d'où mettre les stations d'épuration, pas de qui les exploitera ni de qui paiera les employés", résume un autre.

Concédant "certaines frictions", sans plus de détail, le capitaine Hawkins, du Centcom, met en avant certaines avancées comme l'ouverture de nouveaux points de passage pour l'aide à destination de Gaza. "Nous progressons, assure-t-il, tout en reconnaissant pleinement qu'il reste encore beaucoup à faire."


Le Congrès américain approuve la levée définitive des sanctions contre la Syrie

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
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  • Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar
  • Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis

WASIHNGTON: Le Congrès américain a approuvé mercredi la levée définitive des sanctions imposées par les Etats-Unis contre la Syrie du temps de Bachar al-Assad, devant permettre le retour d'investissements dans ce pays ravagé par des années de guerre civile.

L'abrogation d'une loi dite "Caesar", adoptée en 2019 lors du premier mandat de Donald Trump et qui imposait ces sanctions, figure en effet dans le texte sur la stratégie de défense (NDAA), que le Sénat américain a approuvé mercredi par 77 voix pour et 20 contre.

La Chambre des représentants s'était déjà prononcée la semaine dernière et le texte attend désormais d'être promulgué par le président américain.

Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar. Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, a salué sur Telegram le vote du Sénat comme "ouvrant de nouveaux horizons pour la coopération et le partenariat entre notre pays et le reste du monde".

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars.

Bien que son application soit suspendue, de nombreux responsables américains jugeaient qu'elle pouvait nuire à la confiance des investisseurs tant qu'elle n'était pas abrogée.

Le dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a été reçu le 10 novembre à la Maison Blanche par le président Trump, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Donald Trump l'avait déjà rencontré lors d'un voyage dans le Golfe en mai, annonçant alors la levée des sanctions américaines.

Après 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

"L'abrogation aujourd'hui de la loi Caesar est une étape décisive pour donner au peuple syrien une véritable chance de se reconstruire après des décennies de souffrances inimaginables", s'est félicité la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.


Les principales villes du Soudan privées de courant après des frappes de drones sur une centrale

Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
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  • Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale
  • Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des FSR

PORT-SOUDAN: Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP.

Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale.

Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le gouvernement de l’État du Nil a confirmé la mort des deux secouristes dans un communiqué officiel.

Cette station est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Merowe — la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays — avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également indiqué qu’aux alentours de 02H00 (minuit GMT), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus de la ville contrôlée par l'armée en guerre depuis avril 2023 contre les FSR.

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs États, notamment ceux du Nil, de la mer Rouge — où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement pro-armée — ainsi qu’à la capitale Khartoum, selon des témoins, l'incendie n'étant toujours pas maitrisé.

Les FSR n’ont jusqu'à présent pas commenté l'attaque.

Ces derniers mois, les FSR ont été accusées de lancer des attaques de drones sur de vastes zones contrôlées par l’armée, visant des infrastructures civiles et provoquant des coupures de courant affectant des millions de personnes.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", selon l'ONU.