Le ton monte suite à une résolution de l’AIEA rappelant Téhéran à l'ordre

Rafael Grossi, directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Photo, AFP).
Rafael Grossi, directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 09 juin 2022

Le ton monte suite à une résolution de l’AIEA rappelant Téhéran à l'ordre

  • La République islamique avait débranché un peu plus tôt des caméras de surveillance installées par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA)
  • D'après les dernières estimations de l'AIEA, l'Iran aura bientôt accumulé suffisamment d'uranium enrichi à 60% pour construire une bombe

TÉHÉRAN: Le ton monte dans le dossier nucléaire iranien: les Etats-Unis et les Européens ont fait adopter mercredi à l'AIEA une résolution rappelant formellement à l'ordre Téhéran, sur fond d'impasse des négociations pour sauver l'accord de 2015.

En guise de riposte, la République islamique avait débranché un peu plus tôt des caméras de surveillance installées par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

Washington a aussitôt prévenu que cette décision risquait de "compliquer encore davantage" les pourparlers de Vienne, déjà suspendus depuis mars.

Le texte déposé par les Etats-Unis et l'E3 (Royaume-Uni, France et Allemagne) est le premier blâme contre l'Iran à l'instance onusienne depuis juin 2020.

Dans un communiqué commun, les quatre pays ont "salué" les résultats du vote et exhorté l'Iran à "respecter ses obligations juridiques".

La résolution a été approuvée par 30 membres du Conseil des gouverneurs réuni à Vienne, seules la Russie et la Chine votant contre, selon deux diplomates interrogés par l'AFP. Trois pays se sont par ailleurs abstenus (Inde, Libye et Pakistan).

Le Premier ministre israélien Naftali Bennett s'est félicité d'une "décision majeure qui expose le véritable visage de l'Iran", voyant là "un signal d'avertissement".

Le document exhorte l'Iran à "coopérer" avec l'AIEA, qui a déploré dans un récent rapport l'absence de réponses "techniquement crédibles" concernant des traces d'uranium enrichi retrouvées sur trois sites non déclarés.

D'une portée symbolique à ce stade, la résolution peut être le prélude à une transmission du contentieux au Conseil de sécurité de l'ONU, habilité à prendre des sanctions.

«Regrettable»

"L'Iran n'a pas d'activités nucléaires cachées ni de sites non signalés", a  déclaré mercredi Mohammad Eslami, chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), accusant les Occidentaux de vouloir "maintenir une pression maximale" avec cette résolution "politique".

Avant même le vote, l'Iran avait déconnecté dans la journée "plusieurs caméras" sur des "sites nucléaires" du pays, selon un communiqué de l'OIEA.

"Aujourd'hui, les autorités compétentes ont reçu pour instruction de couper les moniteurs d'enrichissement en ligne (OLEM) et les caméras des débitmètres de l'agence", a-t-elle précisé.

L'organisation iranienne a cependant ajouté que "plus de 80% des caméras existantes de l'agence fonctionnent conformément à l'accord de sauvegarde et continueront à fonctionner comme avant".

Son porte-parole Behrouz Kamalvandi, qui s'est rendu sur un site pour constater l'arrêt de caméras, a averti que "d'autres mesures étaient envisagées".

Cet acte est "extrêmement regrettable" et "contre-productif", a réagi un porte-parole de la diplomatie américaine interrogé par l'AFP. "La réponse de l'Iran devrait être de coopérer pleinement" avec l'AIEA, "pas de développer encore plus ses activités nucléaires et réduire la transparence".

Depuis janvier 2016, le gendarme onusien vérifie et contrôle la mise en oeuvre des engagements pris par l'Iran dans le cadre de l'accord conclu l'année précédente à Vienne avec les grandes puissances.

«Pression maximale»

Le pacte, connu sous son acronyme anglais JCPOA, avait accordé à la République islamique un allègement des sanctions instaurées contre elle en échange de restrictions à son programme nucléaire.

Mais Washington s'est retiré de l'accord en 2018 sous la présidence de Donald Trump, jugeant le texte insuffisant, et a rétabli les sanctions économiques contre Téhéran, qui s'est en réaction progressivement affranchi de ses engagements.

L'actuel président américain, Joe Biden, étant lui favorable au JCPOA, des négociations ont démarré en avril 2021 à Vienne entre l'E3, la Russie et la Chine pour tenter de le relancer, mais semblent de plus en plus vouées à l'échec. Les Etats-Unis y participent de manière indirecte.

Au cours des débats devant le Conseil des gouverneurs, Londres, Paris et Berlin ont dénoncé "un programme nucléaire avancé comme jamais auparavant", et des activités "sans justification civile crédible".

D'après les dernières estimations de l'AIEA, l'Iran aura bientôt accumulé suffisamment d'uranium enrichi à 60% pour construire une bombe.

Et Téhéran, qui dément toute visée militaire, a informé l'agence de son intention d'étendre encore ses capacités d'enrichissement sur le site de Natanz (centre), selon des informations de l'AIEA présentées mercredi au Conseil.


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.


Frappe israélienne sur le sud du Liban: un mort 

Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
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  • Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé
  • Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal

BEYROUTH: Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre.

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban, affirmer viser la formation pro-iranienne.

Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé.

Israël n'a pas réagi dans l'immédiat.

Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

Le président Joseph Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Selon un bilan compilé par l'AFP à partir des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées depuis le début du mois.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Lors d'un entretien vendredi avec son homologue allemand Johann Wadephul, en visite à Beyrouth, le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Rajji lui a demandé "d'aider à faire pression sur Israël pour qu'il cesse ses agressions".

"Seule une solution diplomatique, et non militaire, peut assurer la stabilité et garantir le calme dans le sud", a assuré le ministre libanais, selon ses propos rapportés par l'Ani.

Il a assuré que "le gouvernement libanais poursuit la mise en œuvre progressive de sa décision de placer toutes les armes sous son contrôle".

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

 


Liban: le chef de l'Etat demande à l'armée de «s'opposer à toute incursion israélienne»

Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
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  • Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens"
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BERYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens".

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".