Tourisme: Basmah Al-Mayman, représentante de l'OMT, optimiste pour l'avenir

Avec près de 19 ans d’expérience dans l’industrie du tourisme, Basmah Al-Mayman est une pionnière dans son domaine et la première ressortissante arabe du Golfe à représenter l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) au niveau régional. (Photo fournie)
Avec près de 19 ans d’expérience dans l’industrie du tourisme, Basmah Al-Mayman est une pionnière dans son domaine et la première ressortissante arabe du Golfe à représenter l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) au niveau régional. (Photo fournie)
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Publié le Samedi 24 octobre 2020

Tourisme: Basmah Al-Mayman, représentante de l'OMT, optimiste pour l'avenir

  • Le tourisme sortira plus fort que jamais de la crise de la pandémie, déclare Basmah Al-Mayman, directrice de l'OMT pour le Moyen-Orient
  • Des investissements d'une valeur de 810 milliards de dollars s'inscrivent dans un plan ambitieux visant à transformer l'Arabie saoudite en une destination majeure du tourisme de loisirs

RIYADH: Avec près de 19 ans d’expérience dans l’industrie du tourisme, Basmah Al-Mayman est une pionnière dans son domaine. La première ressortissante arabe du Golfe à représenter l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) au niveau régional envisage l’avenir du secteur au Moyen-Orient avec optimisme.

Le projet de l'OMT d'ouvrir un bureau régional à Riyad, le premier en dehors de son siège mondial en Espagne, montre qu'il y a une reconnaissance croissante du potentiel de la région MENA dans ce secteur lucratif, a déclaré Al-Mayman à Arab News dans une interview exclusive.

« Le choix de l'Arabie saoudite pour le bureau régional était une bonne décision, juste à côté des plus grands projets touristiques du monde, qui se préparent en Arabie saoudite », a-t-elle déclaré, faisant sans doute référence à AlUla, Diriyah, Qiddiya, Amaala, le projet de la mer rouge et la ville intelligente NEOM entre autres.

« C’est certainement un indicateur de l’amélioration du profil de l’Arabie saoudite au sein de l’OMT, en plus de refléter le développement du tourisme dans le cadre du plan de diversification économique du Royaume.

« La présence du tourisme dans le programme de la Vision 2030 et les plans de transformation économique reflète la prospérité croissante du Royaume dans le domaine du tourisme mondial »

 

Basmah Al-Mayman avec l'ambassadeur saoudien en Espagne à Madrid à l'occasion de la fête nationale saoudienne en 2019 (Photo fournie)

Des investissements d'une valeur de 810 milliards de dollars devraient transformer le royaume au cours de la prochaine décennie en l'un des plus grands marchés du tourisme de loisirs au monde, avec le Fonds d'investissement public du Royaume et de la Commission saoudienne du tourisme et du patrimoine national (CSTP) en tête.

Le tourisme religieux continuera également d’attirer des millions de pèlerins en Arabie saoudite chaque année pour le Hajj et la Omra, qui, ensemble, ajoutent environ 12 milliards de dollars au PIB du Royaume par année.

Le potentiel du secteur a été démontré à juste titre par une vague de tourisme intérieur pendant les mois d'été 2020, après que les mesures contre le coronavirus ont provoqué une forte baisse des voyages à l'étranger. Les voyages intérieurs ont augmenté de 31% cette année par rapport aux 12 mois précédents. Les vols locaux ont été doublés pour faire face à la demande croissante.

Par conséquent, les joyaux cachés du Royaume, comme la côte d'Umluj parsemée d'îles, les montagnes du sud d'Abha et la pittoresque province d'Asir, connue pour ses paysages à couper le souffle et son climat frais toute l'année, sont désormais de retour sur la carte touristique.

De son bureau à Madrid, la capitale espagnole, où elle a occupé le poste de directrice régionale du Moyen-Orient depuis 2018, Al-Mayman a consacré toute sa carrière au développement de l'industrie du tourisme, bien avant que l'Arabie saoudite ne commence à s'ouvrir au monde.

« Le tourisme saoudien et moi avons tous deux commencé ensemble », a-t-elle déclaré. « J'étais très jeune lorsque j'ai rejoint la Commission saoudienne du tourisme et du patrimoine national (CSTP) à ses débuts. Il n’y avait ni structure officielle pour l’organisation ni même pour l’industrie du tourisme ». Étant donné qu'il y avait très peu de femmes dans l'industrie du tourisme saoudienne à l'époque (« en fait moins de cinq »), Al-Mayman se dit satisfaite du virage qu'elle a pris depuis.

Pendant son séjour à la CSTP, où elle a siégé au conseil d'administration, Al-Mayman s'est battue pour obtenir que les précieux monuments historiques de l'Arabie saoudite, y compris les ruines impressionnantes d'AlUla et de Diriyah, soient inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO. Elle a rappelé ces premières luttes lors d'une récente réunion des ministres du tourisme du G20.

 

Basmah Al-Mayman avec le Secrétaire général de l'OMT lors de sa dernière visite à Aseer. (Photo fournie)

« Pour moi personnellement, le fait d'avoir ces sites sur la table du G20, m'a fait réaliser à quel point nous avons progressé et ce que nous avons réalisé dans ce secteur », a-t-elle affirmé.

Al-Mayman incarne une grande partie l'esprit qui conduit les changements sociaux qui se produisent au sein de la société saoudienne, y compris l'autonomisation des femmes. Elle est particulièrement reconnaissante à sa mère de l’avoir soutenu dans son éducation afin de réaliser son plein potentiel.

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12 milliards de dollars

La contribution annuelle du tourisme religieux au PIB de l’Ar. saoudite.

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« Depuis mon enfance, ma mère m'a encouragé à lire et elle était une très bonne lectrice. C’est elle qui m'a encouragé à sortir le meilleur de moi », a-t-elle déclaré. « Je suis la seule fille de la famille, mais je n'ai pas été élevée en tant que fille. J'ai été élevé de la même manière que mes frères ».

Faisant allusion aux paroles souvent citées du prince héritier Mohammed ben Salmane lors de la conférence de l'Initiative d'investissement futur en octobre 2018. « Le Moyen-Orient sera la nouvelle Europe » - a déclaré Al-Mayman: « C'est une ambition régionale. Je cite simplement le leader derrière cela. C'est vrai. Nous pouvons le voir se produire. Même maintenant, pendant la pandémie de la Covid-19, notre région est moins touchée et moins vulnérable pour de nombreuses raisons ».

Le succès d’Al-Mayman lui a permis de se classer 13e dans la « liste des femmes puissantes » 2020 de Forbes Moyen-Orient de 100 femmes d’affaires qui sont au sommet de leur performance. Elle était également la seule femme à représenter le tourisme dans le monde arabe. Mais, comme elle l’a souligné, les femmes fortes ont toujours été nombreuses dans la région ».

« Si nous parlons de cette terre, qui est aujourd'hui connue sous le nom d'Arabie saoudite, à Makkah, nous avons Sayidah Khadijah (l'épouse du prophète), a joué un rôle majeur dans sa société et son économie locale », a-t-elle déclaré.

« Si nous passons à l’histoire moderne, lorsque le Royaume a commencé, la princesse Nourah bint Abdulrahman, la sœur du fondateur, a joué un rôle majeur. Elle a représenté son frère, le roi Abdulaziz dans de nombreuses situations, où elle recevait des délégations internationales de femmes venant pour le Hajj ou pour d’autres raisons.

« De plus, nous avons tellement de femmes formidables dans les domaines de l'éducation et de la médecine. Les Saoudiennes n'ont jamais cessé de travailler, de contribuer à leur société et de contribuer à leur économie. Je me demande simplement pourquoi certains pays pensent que le rôle des femmes saoudiennes n'a commencé que maintenant.

En ce qui concerne l’industrie du tourisme au Moyen-Orient, Al-Mayman est convaincue que des jours encore meilleurs nous attendent. « Je suis très optimiste pour la région », a-t-elle déclaré. « Plusieurs de ses pays progressent dans le tourisme et dans la création des emplois pour les hommes et les femmes et même pour les jeunes ».

 

Basmah Al-Mayman avec le roi d'Espagne lors de la dernière édition du FITUR à Madrid en janvier 2020 (Photo fournie)

L'Arabie saoudite a lancé son nouveau programme de visa électronique en septembre 2019 pour attirer les touristes étrangers, mais a été contrainte de suspendre le service avec le début de la pandémie. Il reprendra certainement dès janvier 2021, a déclaré Ahmed Al-Khateeb, le ministre saoudien du Tourisme, à Bloomberg le mois dernier. Peut-être même plus tôt si un vaccin contre la Covid-19 est découvert.

Al-Mayman est convaincue que le tourisme rebondira beaucoup plus rapidement après la reprise économique dans le Golfe que dans les économies européennes et autres économies développées. « Nous prenons cette pandémie au sérieux », a-t-elle déclaré. « Par conséquent, les dégâts et les pertes ne sont pas d’une ampleur alarmante car nous avons des populations beaucoup plus petites et la plupart des pays de la région ont également des économies fortes ».

Al-Mayman estime qu'il est de la responsabilité de ces pays plus riches du Golfe de mettre leurs compétences et leur savoir-faire au service du développement international. « Je suis très ambitieuse et je souhaite voir plus d'Arabes et de représentants du CCG occuper davantage de postes de direction au sein des agences spécialisées des Nations Unies. Nous formons un seul monde que nous devons le servir en s’entraidant », a-t-elle déclaré.

« Il ne suffit pas d’être un contributeur financier. Nous avons également des personnes dotées de talents et de bonnes compétences qui peuvent également aider les autres régions du monde à faire notre planète un endroit meilleur » a-t-elle conclu.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


IA: pour la présidente de Microsoft France, il n'y a pas de «bulle»

 "Je ne crois pas du tout à la bulle" de l'intelligence artificielle (IA), assure lors d'un entretien à l'AFP Corine de Bilbao, présidente de Microsoft France, qui dit constater une diffusion rapide de l'IA chez les entreprises et les consommateurs. (AFP)
"Je ne crois pas du tout à la bulle" de l'intelligence artificielle (IA), assure lors d'un entretien à l'AFP Corine de Bilbao, présidente de Microsoft France, qui dit constater une diffusion rapide de l'IA chez les entreprises et les consommateurs. (AFP)
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  • Microsoft propose son propre assistant IA, baptisé Copilot, et contrôle 27% du capital de la start-up OpenAI, le créateur de ChatGPT, chatbot le plus utilisé au monde
  • En France, 40,9% des citoyens en âge de travailler ont adopté l'IA, assure Mme de Bilbao, contre 26,3% aux États-Unis, ce qui place la France à la cinquième place mondiale en termes d'adoption, selon une étude du Microsoft AI Economy Institute

PARIS: "Je ne crois pas du tout à la bulle" de l'intelligence artificielle (IA), assure lors d'un entretien à l'AFP Corine de Bilbao, présidente de Microsoft France, qui dit constater une diffusion rapide de l'IA chez les entreprises et les consommateurs.

Pour certains experts, les investissements colossaux dans l'IA semblent démesurés par rapport aux bénéfices générés, alimentant la peur d'une survalorisation du secteur.

Mais selon Corine de Bilbao, à la tête de la filiale française du géant américain des logiciels depuis 2021, "il y a des signes forts" de solidité comme le fait que cette technologie se diffuse "dans toutes les sphères de la société".

Microsoft propose son propre assistant IA, baptisé Copilot, et contrôle 27% du capital de la start-up OpenAI, le créateur de ChatGPT, chatbot le plus utilisé au monde, dans laquelle Microsoft a investi plus de 13 milliards de dollars.

En France, 40,9% des citoyens en âge de travailler ont adopté l'IA, assure Mme de Bilbao, contre 26,3% aux États-Unis, ce qui place la France à la cinquième place mondiale en termes d'adoption, selon une étude du Microsoft AI Economy Institute.

Un milliard d'agents IA

L'énergéticien français TotalEnergies utilise par exemple Copilot et des agents IA, capables de réaliser des tâches de façon autonome, à travers des cas d'usage "dans la maintenance, les achats, la sécurité", énumère la patronne.

Tandis que l'assureur italien Generali a "adopté massivement l'IA et automatisé plus d'un million d'opérations", ajoute-t-elle.

"Plus d'un milliard d'agents à l'échelle mondiale vont être diffusés dans les entreprises" d'ici 2028, s'enthousiasme Corine de Bilbao, citant une étude IDC pour Microsoft.

L'irruption de l'intelligence artificielle dans les entreprises peut toutefois se traduire par des vagues de licenciements comme chez Amazon, le groupe informatique HP ou encore l'assureur allemand Allianz Partners.

Microsoft France, qui compte près de 2.000 employés, a de son côté supprimé 10% de ses effectifs via un accord collectif de rupture conventionnelle sur la base du volontariat.  -

"C'est lié à la transformation de certains métiers, mais pas à l'IA", assure la dirigeante, ajoutant qu'en parallèle Microsoft est en train de recruter "des profils plus techniques", comme des "ingénieurs solutions", pour s'adapter aux demandes de ses clients.

"L'IA suscite beaucoup de peur", reconnaît Mme de Bilbao."On préfère parler de salariés augmentés" plutôt que d'emplois supprimés, poursuit-elle, beaucoup de tâches considérées comme rébarbatives pouvant être réalisées avec l'assistance de l'intelligence artificielle.

Selon elle, l'enjeu central est surtout celui de la formation des salariés à ces nouveaux outils.

"Nouvelle économie" 

"Il n'y aura pas de déploiement de l'IA s'il n'y a pas de valeur partagée, si l'ensemble des citoyens, des étudiants, des entreprises ne sont pas formés", souligne la patronne.

En France, le géant de Redmond (Etat de Washington) a déjà formé 250.000 personnes à l'IA sur un objectif d'un million d'ici 2027 et veut accompagner 2.500 start-up françaises.

"Un écosystème complet se développe entre les fournisseurs de modèles de langage, les infrastructures, on est en train de créer une nouvelle économie autour de cette IA", déclare Corine de Bilbao.

Microsoft a ainsi annoncé en 2024 un investissement de 4 milliards d'euros en France lors du sommet Choose France pour agrandir ses centres de données dans les régions de Paris et Marseille (sud), et construire un datacenter dans l'est de la France, près de Mulhouse.

"Ca avance très bien", explique-t-elle, sans donner de date à laquelle le centre sera opérationnel. "Cela ne pousse pas comme des champignons, ce sont des projets qui prennent quelques années en général", entre le dépôt de permis, de construction et l'accompagnement.

Pour 2026, le défi sera de passer d'une intelligence artificielle "expérimentale à une IA opérationnelle, qui délivre de la valeur pour les entreprises, à la fois sur leurs revenus, la productivité, et qui les aide à se transformer", conclut-elle.


Mercosur: Paris et Rome contrarient les plans de l'UE, ultimatum de Lula

Cette photographie montre des drapeaux européens flottant devant le bâtiment Berlaymont, siège de la Commission européenne à Bruxelles, le 2 décembre 2025. (AFP)
Cette photographie montre des drapeaux européens flottant devant le bâtiment Berlaymont, siège de la Commission européenne à Bruxelles, le 2 décembre 2025. (AFP)
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  • L’Italie rejoint la France pour demander un report de l’accord UE–Mercosur, menaçant la signature espérée par Ursula von der Leyen et ouvrant la voie à une minorité de blocage au sein des Vingt-Sept
  • Le Brésil met la pression, tandis que les divisions européennes persistent entre défense des agriculteurs et impératif économique face à la concurrence chinoise et américaine

BRUXELLES: L'Italie a rejoint la France mercredi pour réclamer un report de l'accord commercial entre l'Union européenne et le Mercosur, ce qui risque d'empêcher Ursula von der Leyen de parapher ce traité en fin de semaine, au grand dam du Brésil.

Une signature dans les prochains jours est "prématurée", a lâché Giorgia Meloni à la veille d'un sommet européen à Bruxelles.

La cheffe du gouvernement italien veut d'abord des garanties "suffisantes" pour le secteur agricole, et se dit "convaincue qu'au début de l'année prochaine, toutes ces conditions seront réunies".

Cette sortie est une douche froide pour la Commission européenne. Bruxelles n'a cessé de marteler ces derniers jours qu'une signature était indispensable avant la fin de l'année, pour la "crédibilité" de l'Union européenne et afin de ne pas contrarier les partenaires latino-américains.

Prudent, l'exécutif européen fait mine d'y croire encore. "Les chefs d'Etat et de gouvernement vont en discuter au sommet européen" ce jeudi, a dit à l'AFP Olof Gill, porte-parole de la Commission.

Au Brésil, le président Lula, qui avait appelé à la responsabilité Emmanuel Macron et Georgia Meloni, a posé une forme d'ultimatum.

"Si on ne le fait pas maintenant, le Brésil ne signera plus l'accord tant que je serai président", a-t-il menacé. "Si jamais ils disent non, nous serons désormais fermes avec eux, parce que nous avons cédé sur tout ce qu'il était possible de céder diplomatiquement".

- "Billet remboursable" -

La prise de position de Rome sur ce dossier est potentiellement décisive.

Avec la France, la Pologne et la Hongrie, l'Italie est en capacité de former une minorité de blocage au sein des Vingt-Sept, ce qui empêcherait un examen de l'accord durant la semaine.

"Ca risque d'être très chaud", convient un diplomate européen anonymement, alors que l'Allemagne comme l'Espagne insistent pour approuver ce traité de libre-échange le plus vite possible.

Le chancelier allemand, Friedrich Merz, a promis d'exercer une pression "intensive" sur ses partenaires européens mercredi soir et jeudi matin, en appelant à ne pas "chipoter" avec les grands traités commerciaux.

Emmanuel Macron a prévenu que "la France s'opposerait de manière très ferme" à un éventuel "passage en force" de l'Union européenne, a rapporté la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.

Paris ne considère pas encore comme "acquis" le report de la signature du traité, mais les déclarations de Giorgia Meloni sont la "preuve" que "la France n'est pas seule", a-t-elle ajouté.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, espérait parapher ce traité lors du sommet du Mercosur samedi dans la ville brésilienne de Foz do Iguaçu. Mais elle a besoin au préalable de l'aval d'une majorité qualifiée d'Etats membres à Bruxelles.

"J'espère qu'elle a un billet (d'avion) remboursable", glisse une source diplomatique européenne.

- Manifestation à Bruxelles -

Cet accord commercial avec l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay permettrait à l'UE d'exporter davantage de véhicules, de machines, de vins et de spiritueux, tout en facilitant l'entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel ou soja sud-américains, ce qui inquiète les filières concernées.

Les agriculteurs européens ne décolèrent pas et annoncent une dizaine de milliers de manifestants jeudi à Bruxelles contre ce traité.

Pour rassurer la profession, l'UE a ajouté des mesures de sauvegarde: un suivi des produits agricoles sensibles et une promesse d'intervention en cas de déstabilisation du marché.

Un compromis a été trouvé mercredi soir sur ce volet entre des eurodéputés et des représentants des États membres: les garanties pour les agriculteurs y sont supérieures à ce qu'avaient voté les Vingt-Sept en novembre, mais en deçà de la position adoptée par le Parlement européen mardi.

Elles ne devraient toutefois pas suffire à la France. Le bras de fer avec Bruxelles s'inscrit dans un contexte de vaste mobilisation agricole dans l'Hexagone contre la gestion par les autorités de l'épidémie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

Et au sein de l'Union européenne, une série d'États redoutent que Paris ne se contente pas d'un report du Mercosur mais essaye de faire échouer le traité, malgré plus de 25 ans de négociations.

Allemands, Espagnols et Scandinaves comptent quant à eux sur cet accord pour relancer une économie européenne à la peine face à la concurrence chinoise et aux taxes douanières des États-Unis.


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.