Prison avec sursis requise contre Platini et Blatter

Le parquet suisse a requis un an et huit mois de prison avec sursis contre Michel Platini et l'ex-président de la Fifa Sepp Blatter. (Photo, AFP)
Le parquet suisse a requis un an et huit mois de prison avec sursis contre Michel Platini et l'ex-président de la Fifa Sepp Blatter. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 15 juin 2022

Prison avec sursis requise contre Platini et Blatter

Le parquet suisse a requis un an et huit mois de prison avec sursis contre Michel Platini et l'ex-président de la Fifa Sepp Blatter. (Photo, AFP)
  • Implacable sur la «tromperie» prêtée aux accusés, le procureur Thomas Hildbrand s'est néanmoins abstenu de réclamer une peine ferme, alors que les anciens dirigeants encourent en principe cinq ans d'emprisonnement
  • Entamé mercredi dernier, le procès doit se poursuivre jusqu'au 22 juin avec les plaidoiries de la Fifa, partie civile, puis de la défense

BELLINZONE: Le parquet suisse a requis mercredi un an et huit mois de prison avec sursis contre Michel Platini et l'ex-président de la Fifa Sepp Blatter, les accusant d'avoir escroqué l'instance mondiale du football en obtenant un paiement injustifié. 

Implacable sur la « tromperie » prêtée aux accusés, le procureur Thomas Hildbrand s'est néanmoins abstenu de réclamer une peine ferme, alors que les anciens dirigeants, fixés sur leur sort le 8 juillet, encourent en principe cinq ans d'emprisonnement. 

Cinq heures durant, devant le Tribunal pénal fédéral de Bellinzone (sud-est), il s'est efforcé de démêler l'affaire à tiroirs qui a brisé en 2015 la carrière des ex-alliés au moment où Platini, alors président de l'UEFA, paraissait idéalement placé pour succéder à Blatter à la tête de la Fifa. 

« Seul compte leur comportement au regard du droit pénal », a d'emblée rappelé le procureur, laissant hors champ toute dimension politique pour se concentrer sur les 2 millions de francs suisses (1,8 million d'euros) accordés en 2011 par la Fifa à Michel Platini, avec l'aval de Sepp Blatter. 

Peu importe donc que ce dossier n'ait resurgi qu'en 2015 et propulsé à la tête du football mondial l'inattendu Gianni Infantino, bras droit de Michel Platini à l'UEFA, visé depuis 2020 par une procédure distincte pour trois rencontres secrètes avec le parquet. 

Blatter le « caméléon » 

Entendus jeudi dernier par le tribunal, le Français de 66 ans et le Suisse de 86 ans assurent avoir « oralement » décidé que Platini toucherait un million de francs suisses par an pour conseiller Blatter entre 1998 et 2002, juste après l'avoir aidé à accéder à la tête de la Fifa. 

Mais cet accord conclu sans témoins, contraire « aux usages commerciaux » et jamais provisionné dans les comptes de l'organisation, a été inventé après coup pour justifier la facture présentée en 2011 par le triple Ballon d'Or, a répliqué mercredi Thomas Hildbrand. 

Pour lui, le travail de Platini a été intégralement couvert par un contrat d'août 1999 prévoyant 300 000 francs suisses annuels, là où les deux hommes prétendent s'être mis d'accord pour verser « le reste plus tard », lorsque les finances de la Fifa le permettraient. 

Invraisemblable, a balayé le magistrat: même si l'instance avait payé un million de francs suisses à Platini dès 1999, elle aurait encore eu « plus de 21 millions de francs de trésorerie », des réserves montées à 327 millions en 2002. 

Or Sepp Blatter, entré en 1975 à la Fifa, « avait une connaissance parfaite » de sa solvabilité. « Quand un caméléon se sent menacé, il change de couleur: Blatter fait la même chose », a lancé Thomas Hildbrand, pour qui « il n'existe aucune raison pour laquelle la Fifa » aurait dû différer le paiement. 

L'ombre de la corruption  

Incohérence supplémentaire aux yeux du parquet, Platini a fini par réclamer début 2011, 500 000 francs annuels pour cette période, plutôt que 700 000, en expliquant après coup n'avoir jamais vérifié la somme qui lui avait été initialement versée. 

« Est-ce seulement au moment de la facture à la Fifa qu'il aurait perdu ses capacités mathématiques ? », a feint de s'interroger le magistrat, rappelant que le Français avait »passé sans problème un test de calcul » pendant son interrogatoire. 

Thomas Hildbrand a aussi souligné que Jérôme Valcke, secrétaire général de la Fifa en 2011, avait dit aux enquêteurs que Platini avait d'abord demandé 4 millions de francs, avant d'établir une facture deux fois moins élevée. 

« Si vous passez de quatre à deux, c'est qu'il y a eu négociation, entente entre les parties », a avancé le magistrat, faisant de cette somme la contrepartie »d'un service personnel » de Platini à Blatter. 

Mais lequel, alors qu'aucun mobile ne figure dans l'acte d'accusation ? Prudemment, le procureur a évoqué le soutien du Français et du comité exécutif de l'UEFA à la réélection de Blatter à un quatrième mandat, fin mai 2011. 

« La question de savoir si ce paiement est en relation avec l'élection doit rester ouverte, en l'absence de preuve convaincante », a reconnu Thomas Hildbrand, laissant planer dans le prétoire l'ombre de la corruption. 

Entamé mercredi dernier, le procès doit se poursuivre jusqu'au 22 juin avec les plaidoiries de la Fifa, partie civile, puis de la défense. 


La Chine affirme que le Hamas et le Fatah ont mené des discussions à Pékin

Des drapeaux du parti politique palestinien Fatah et une affiche de son futur dirigeant Yasser Arafat sont représentés placés dans les débris d'un bâtiment détruit lors d'un précédent bombardement israélien, à Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 29 avril 2024, au milieu du conflit en cours. dans le territoire palestinien entre Israël et le groupe militant Hamas. (AFP)
Des drapeaux du parti politique palestinien Fatah et une affiche de son futur dirigeant Yasser Arafat sont représentés placés dans les débris d'un bâtiment détruit lors d'un précédent bombardement israélien, à Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 29 avril 2024, au milieu du conflit en cours. dans le territoire palestinien entre Israël et le groupe militant Hamas. (AFP)
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  • La Chine soutient depuis des décennies la cause palestinienne
  • Pékin milite traditionnellement pour une solution basée sur le principe de deux Etats, alors que le processus de paix israélo-palestinien est au point mort depuis 2014

PEKIN: La Chine a annoncé mardi que le Hamas et le Fatah, deux groupes palestiniens qui se déchirent depuis de nombreuses années, ont mené d'encourageantes discussions à Pékin afin de parvenir à une "réconciliation intra-palestinienne".

Après des combats acharnés, le mouvement islamiste Hamas, rival du Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas, s'est emparé du pouvoir en 2007 dans la bande de Gaza.

L'armée israélienne mène depuis plus de six mois dans ce territoire une offensive d'ampleur, qui a entraîné la mort de nombreux civils, après l'attaque sans précédent du groupe islamiste en Israël.

Le Fatah conserve un contrôle administratif partiel en Cisjordanie, via l'Autorité palestinienne.

"A l'invitation de la Chine, des représentants du Mouvement national de libération de la Palestine (Fatah, ndlr) et du Mouvement de résistance islamique (Hamas, ndlr) se sont récemment rendus à Pékin pour des discussions approfondies et franches sur une promotion de la réconciliation intra-palestinienne", a indiqué mardi Lin Jian, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

"Les deux parties ont pleinement exprimé leur volonté politique de parvenir à la réconciliation par le dialogue et la consultation, ont discuté de nombreuses questions spécifiques et ont réalisé des progrès", a-t-il souligné lors d'une conférence de presse régulière.

"Ils sont convenus de poursuivre ce processus de dialogue en vue de parvenir au plus vite à l'unité palestinienne."

La Chine soutient depuis des décennies la cause palestinienne.

Pékin milite traditionnellement pour une solution basée sur le principe de deux Etats, alors que le processus de paix israélo-palestinien est au point mort depuis 2014.

Définie par les Etats-Unis comme une rivale, la Chine a renforcé ces dernières années ses relations commerciales et diplomatiques avec le Moyen-Orient, dont une grande partie est traditionnellement sous influence américaine.

La guerre entre Israël et le Hamas, qui a fait des milliers de morts dans les deux camps, a été déclenchée après une attaque sanglante et sans précédent lancée le 7 octobre par le Hamas contre le territoire israélien à partir de la bande de Gaza sous contrôle du mouvement islamiste palestinien.

Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé mardi un nouveau bilan de 34.535 morts dans le territoire.


Après la démission de Humza Yousaf, l'Ecosse se cherche un nouveau Premier ministre

Humza Yousaf, Premier ministre écossais et chef du Parti national écossais (SNP) (Photo, AFP).
Humza Yousaf, Premier ministre écossais et chef du Parti national écossais (SNP) (Photo, AFP).
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  • Humza Yousaf, 39 ans, avait été élu à la tête du SNP en mars 2023, après la démission surprise de la charismatique Nicola Sturgeon
  • Si Humza Yousaf démissionne, le parlement aura 28 jours pour se trouver un nouveau Premier ministre

LONDRES: Les indépendantistes écossais se cherchent un nouveau dirigeant au lendemain de la démission du Premier ministre Humza Yousaf qui exacerbe les difficultés de son parti, le SNP, et fait le jeu du Labour, à quelques mois des élections législatives britanniques.

Treize mois à peine après avoir succédé à la charismatique Nicola Sturgeon, sans avoir pleinement réussi à incarner l'avenir du combat indépendantiste, Humza Yousaf, 39 ans, a été contraint au départ après avoir mis fin à sa coalition gouvernementale avec les écologistes.

Le SNP se retrouve donc astreint à une nouvelle compétition interne pour désigner son futur chef. Les candidats ont jusqu'à lundi pour se faire connaître.

Plusieurs poids lourds du SNP ont déjà affiché leur soutien à John Swinney, 60 ans, vétéran de la politique écossaise et vice-Premier ministre de Nicola Sturgeon entre 2014 et 2023.

D'autres poussent la candidature de Kate Forbes, 34 ans, qui s'était inclinée face à Humza Yousaf l'an dernier lors du dernier scrutin interne (48% contre 52% des votes). Mais l'ancienne ministre des Finances de Nicola Sturgeon n'a pas encore indiqué si elle se lançait.

Ses vues conservatrices sur certains sujets de société pourraient lui porter préjudice, dans la mesure où le futur dirigeant du SNP devra trouver des alliés pour former un gouvernement de coalition sous peine de devoir mener un gouvernement minoritaire au parlement écossais.

Pour être désigné Premier ministre, le futur chef du SNP devra être élu à la majorité par les députés, qui doivent se prononcer dans un délai de 28 jours. Le SNP détient 63 sièges sur 129, loin devant les différents partis d'opposition, mais à deux voix près de la majorité absolue.

Il pourrait ainsi obtenir le soutien des Verts, échaudés par Humza Yousaf, mais qui partagent les vues indépendantistes du SNP.

Labour en embuscade 

L'impression de confusion qui se dégage du départ de Humza Yousaf et l'incertitude quant à la forme du futur gouvernement écossais, fait le jeu de l'opposition travailliste dans la perspective des élections législatives britanniques attendues d'ici la fin de l'année.

Alors que le SNP domine la vie politique écossaise depuis 2007, sa popularité s'est considérablement émoussée depuis les sommets atteints pendant la pandémie de Covid-19, quand la gestion par Nicola Sturgeon tranchait avec celle chaotique du gouvernement de Boris Johnson à Londres.

A quelques mois des élections législatives, le Labour - anti-indépendance et qui critique la gestion économique et la politique de santé du SNP - engrange désormais 34% des intentions de vote en Ecosse, contre 33% pour le SNP, selon un sondage Yougov réalisé juste avant la démission de Humza Yousaf.

Pour les travaillistes, une large percée en Ecosse faciliterait l'obtention d'une majorité absolue à Westminster, face aux conservateurs usés après 14 années à Downing Street.

Le SNP est surtout affaibli par l'impasse dans laquelle se trouve son combat pour l'indépendance, après que la Cour Suprême britannique a jugé en 2022 que c'était à Londres d'autoriser ou non la tenue d'un nouveau référendum. Lors du dernier vote en 2014, le "non" l'avait emporté à 55%.

Il pâtit aussi de l'enquête en cours sur ses finances, dans le cadre de laquelle Nicola Sturgeon a été entendue, et son mari, Peter Murrell, ancien directeur général du parti, a été inculpé pour détournements de fonds.

Sous la direction de Humza Yousaf, qui s'était inscrit dans la continuité de Nicola Sturgeon, le SNP fait aussi les frais de la priorité accordée à la lutte pour l'autodétermination.

Le chef du Labour écossais, Anas Sarwar, a ainsi dénoncé le gouvernement "chaotique" et "dysfonctionnel" du SNP "au moment où notre pays a besoin de dirigeants forts pour nous faire sortir du double défi de la crise économique et du NHS", le système de santé.

Et il a annoncé l'intention de son parti de maintenir une motion de défiance contre le gouvernement, malgré le départ de Humza Yousaf.


Le roi Charles III reprend ses activités publiques en dépit de son cancer

Le roi Charles III de Grande-Bretagne (Photo, AFP).
Le roi Charles III de Grande-Bretagne (Photo, AFP).
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  • Le palais a régulièrement diffusé des photos ou très courtes vidéos de lui recevant des personnalités, préparant un discours, ou lisant des cartes de bon rétablissement
  • Le roi, très actif avant son cancer, était apparemment impatient de reprendre ses activités publiques

LONDRES: Le roi Charles III reprend mardi ses activités publiques après trois mois de césure due à son cancer, les médecins se disant "suffisamment satisfaits" pour permettre cette reprise graduelle, adaptée à son état de santé.

Sa première apparition promet d'être très scrutée. Le roi de 75 ans se rend mardi avec son épouse Camilla, 76 ans, dans un centre de lutte contre le cancer, où il rencontrera médecins et patients.

Il n'est pas guéri pour autant: son traitement continue, et pas question d'un "programme d'été complet". Ses engagements seront "soigneusement calibrés" en "concertation étroite avec ses médecins", a précisé le palais de Buckingham en annonçant vendredi la reprise d'un "certain nombre" d'engagements.

Le roi et la reine devraient aussi recevoir en juin à une date non précisée l'empereur Naruhito du Japon et son épouse l'impératrice Masako, pour une visite d'Etat à l'invitation du gouvernement britannique.

D'autres engagements possibles - Royal Ascot, 80 ans du D-Day, Trooping the Color en juin, traditionnelles garden parties - seront conditionnés à l'avis de ses médecins, plus près de leur date.

Selon Buckingham Palace, ces médecins sont "très encouragés par les progrès accomplis jusqu'à présent et restent optimistes sur la poursuite du rétablissement du roi".

Impatient de reprendre 

Neuf mois après son couronnement en mai 2023, le palais avait annoncé début février que Charles III souffrait d'un cancer, découvert après une opération de la prostate en janvier. Sa nature et son état d'avancement n'ont jamais été précisés, mais l'annonce de sa maladie était en soi une petite révolution, brisant l'omerta entourant jusque-là la santé du roi.

Charles III avait alors suspendu ses activités publiques, mais poursuivi ses tâches de monarque constitutionnel qui prévoient notamment qu'il signe les lois, s'entretienne régulièrement avec le Premier ministre et valide certaines nominations.

Le palais a régulièrement diffusé des photos ou très courtes vidéos de lui recevant des personnalités, préparant un discours, ou lisant des cartes de bon rétablissement.

Le roi, très actif avant son cancer, était apparemment impatient de reprendre ses activités publiques.

"Je pense qu'il est très frustré (...) de ne pas pouvoir faire tout ce qu'il veut être capable de faire", avait déclaré fin mars sur Sky News Australia son neveu Peter Phillips, fils de la princesse Anne, ajoutant que Charles III "poussait" son entourage, y compris ses médecins, pour en faire plus.

Le dimanche de Pâques, les traits tirés mais joyeux, le roi s'était ainsi offert un bref bain de foule soigneusement chorégraphié, au sortir des matines à la chapelle du château de Windsor.

L'année 2024 a été particulièrement difficile pour la famille royale britannique. Outre le roi, la princesse de Galles, Kate, souffre également d'un cancer, détecté après une grosse opération à l'abdomen en janvier.

La princesse de 42 ans, star de la famille royale, a annoncé sa maladie le 22 mars dans une émouvante vidéo, et indiqué qu'elle suivait une chimiothérapie préventive.

Elle n'a pas précisé la nature de son cancer. Aucune nouvelle n'a filtré depuis du palais de Kensington qui gère sa communication et celle de son époux le prince William, héritier du trône.

Le couple a fêté lundi ses 13 ans de mariage.

Il a trois enfants, George, 10 ans, Charlotte, 8 ans et Louis 6 ans.

La princesse avait précisé dans sa vidéo qu'après le "choc énorme" de son diagnostic, sa famille avait "besoin de temps, d'espace et d'intimité".

Elle n'a pas été vue en public depuis Noël, à part cette brève vidéo.

Le fil cadet du roi, Harry, qui vit désormais en Californie est par ailleurs attendu le 8 mai à Londres, pour marquer le dixième anniversaire des Jeux invictus, compétition multisports pour soldats et vétérans blessés. Nul ne sait s'il passera voir son père.