Au ministère de la Santé, la vacance en pleine urgence

La ministre française de la Santé et de la Prévention, Brigitte Bourguignon, s'adresse à la presse lors d'une visite dans une zone caniculaire rouge à Poitiers, dans l'ouest de la France, le 17 juin 2022. (Photo, AFP)
La ministre française de la Santé et de la Prévention, Brigitte Bourguignon, s'adresse à la presse lors d'une visite dans une zone caniculaire rouge à Poitiers, dans l'ouest de la France, le 17 juin 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 20 juin 2022

Au ministère de la Santé, la vacance en pleine urgence

La ministre française de la Santé et de la Prévention, Brigitte Bourguignon, s'adresse à la presse lors d'une visite dans une zone caniculaire rouge à Poitiers, dans l'ouest de la France, le 17 juin 2022. (Photo, AFP)
  • La défaite sur le fil de Brigitte Bourguignon aux législatives laisse le ministère de la Santé sans pilote
  • Son court passage lui aura juste laissé le temps d'annoncer de « premières mesures » (heures supplémentaires payées double, élèves infirmiers «immédiatement» employables) pour juguler la pénurie de soignants à l'hôpital

PARIS: La défaite sur le fil de Brigitte Bourguignon aux législatives laisse le ministère de la Santé sans pilote, alors que le sujet fait partie des « urgences » du gouvernement, à la veille d'un été « difficile » dans les hôpitaux. 

Un petit mois et puis s'en va. Devancée de 56 voix dans la 6e circonscription du Pas-de-Calais par son concurrent du Rassemblement national, Mme Bourguignon a indiqué lundi en début d'après-midi sur twitter prendre « acte de ce résultat », mettant fin aux spéculations sur un hypothétique recours. 

Avec la double peine imposée par l'Elysée: ministre battu, ministre exclu. 

Son court passage lui aura juste laissé le temps d'annoncer de « premières mesures » (heures supplémentaires payées double, élèves infirmiers « immédiatement » employables) pour juguler la pénurie de soignants à l'hôpital, avant un été « difficile » de son propre aveu. 

Mais elle ne sera plus en poste pour recevoir les conclusions de la « mission flash » sur les soins non programmés, commandée fin mai par le président Emmanuel Macron pour limiter les dégâts aux urgences. 

Une tâche confiée au président de l'association Samu-Urgences de France, François Braun, qui avait recensé mi-mai au moins 120 services contraints de limiter leur activité ou s'y préparant. Ses propositions sont attendues avant le 1er juillet. 

Le feu couve aussi dans les maternités, où le principal syndicat de gynécologues (Syngof) s'est récemment inquiété du risque de « fermetures estivales inopinées » faute de soignants. Alerte aussi en psychiatrie où quatre syndicats dénoncent « l'effondrement » du service public et appellent à la grève le 28 juin. 

Le remaniement fait donc craindre une perte de temps précieux. « Il est important que les choses s'accélèrent, nous avons besoin d'arbitrages rapides et d'une enveloppe sur la table », s'impatiente ainsi le patron de FO-Santé, Didier Birig, qui dénonce un ministère aux abonnés absents faute d'y avoir été reçu depuis l'élection de M. Macron. 

Ceux qui ont rencontré l'éphémère locataire de l'avenue Duquesne décrivent toutefois une ministre « attentive » et »à l'écoute », comme le président de France Assos Santé, Gérard Raymond, qui déplore de devoir « pratiquement repartir de zéro ». 

« Il faut un profil politique »  

« C'est très ennuyeux », reconnaît aussi Olivier Milleron, porte-parole du Collectif Inter-Hôpitaux, qui attend désormais « un ministre qui ait la possibilité de prendre rapidement des décisions, ce qui n'était pas forcement le cas de Mme Bourguignon ». 

Plusieurs noms circulent déjà, comme ceux du député Philippe Juvin, du président de région Jean Rottner ou du maire de Reims Arnaud Robinet, qui présentent tous le double avantage d'être médecins et membre des Républicains, dont le groupe parlementaire sera crucial pour obtenir une majorité à l'Assemblée nationale. 

Un autre se heurte déjà à un tir de barrage: Frédéric Valletoux, tout juste élu député (Horizons) de Seine-et-Marne et à la tête depuis plus de dix ans de la Fédération hospitalière de France, où il plaide avec constance pour les gardes obligatoires et l'installation régulée des médecins libéraux. 

« Ce serait vécu comme une déclaration de guerre », prévient Franck Devulder, président de la CSMF - premier syndicat de la profession - qui souhaite au contraire « une personnalité absolument pas clivante » et « de consistance » et souligne que l'ex-directeur de cabinet de Jean Castex à Matignon, Nicolas Revel « a ces qualités ». 

Pressenti pour succéder à Martin Hirsch aux Hôpitaux de Paris (AP-HP), l'ancien patron de l'Assurance maladie coche aussi beaucoup de cases selon un cadre du camp présidentiel, pour qui »il faut un profil politique » qui « connaisse bien son sujet et soit capable de créer du consensus ». 

La tâche s'annonce d'emblée haletante, avec la « grande concertation » que le chef de l'Etat entend lancer dès juillet sur le thème de la santé, déjà érigée au rang d'« urgence » du gouvernement, au même titre que le pouvoir d'achat et le climat. 

Le tout sur fond de reprise de l'épidémie de Covid, dont le nombre de cas a presque triplé en trois semaines, et alors que des annonces sur la fin de l'état d'urgence sanitaire et le maintien de certaines mesures étaient prévues en conseil des ministres mercredi. Un calendrier chamboulé par l'élimination de Mme Bourguignon. 


Mort en direct d'un streamer en France: autopsie jeudi, auditions et saisies

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  • "De nombreuses saisies de matériels et vidéos" ont été réalisées "afin notamment de préciser les faits intervenus en amont du décès et susceptibles d’avoir pu contribuer à celui-ci", indique le procureur de Nice
  • Dans le cadre de cette enquête, NarutoVie et Safine avaient été placés en garde à vue le 8 janvier 2025, et "les personnes apparaissant comme victimes des violences et humiliations entendues", poursuit-il

NICE: Le corps du streamer français Jean Pormanove, décédé lundi lors d'un live sur la plateforme Kick, sera autopsié jeudi matin, a indiqué mercredi le procureur de Nice (sud-est), faisant état par ailleurs d'auditions et saisies de matériels dans l'enquête sur la mort en direct de cet homme de 46 ans.

"Plusieurs auditions de personnes présentes au moment du décès ont été faites sans qu'à ce stade elles permettent de donner une orientation quant aux causes de celui-ci", déclare le procureur Damien Martinelli dans un communiqué.

Raphaël Graven, connu en ligne sous les pseudos Jean Pormanove ou JP, est mort dans la nuit de dimanche à lundi à Contes, près de Nice, après plus de 12 jours de diffusion vidéo en direct, le montrant, au côté d'un autre homme surnommé Coudoux, violenté et humilié par deux partenaires connus sous les pseudos de NarutoVie et Safine.

"De nombreuses saisies de matériels et vidéos" ont été réalisées "afin notamment de préciser les faits intervenus en amont du décès et susceptibles d’avoir pu contribuer à celui-ci", indique le procureur de Nice.

L'enquête de la Police judiciaire de Nice, ouverte pour "recherche des causes de la mort", s’inscrit "en parallèle" de celle ouverte le 16 décembre 2024 après la diffusion d'un article de Mediapart sur de précédentes vidéos dans lesquelles "des personnes susceptibles d’être vulnérables faisaient l’objet de violences et d’humiliations parfois encouragées par des versements d'argent des spectateurs", ajoute le magistrat.

Dans le cadre de cette enquête, NarutoVie et Safine avaient été placés en garde à vue le 8 janvier 2025, et "les personnes apparaissant comme victimes des violences et humiliations entendues", poursuit-il.

Lors de leurs auditions, Jean Pormanove et Coudoux "contestaient fermement être victimes de violences, indiquant que les faits s'inscrivaient dans des mises en scène visant à 'faire le buzz' pour gagner de l'argent".

Selon le magistrat, Coudoux avait déclaré gagner jusqu'à 2.000 euros par mois, Jean Pormanove évoquant "des sommes à hauteur de 6.000 euros" via "une société qu'il avait créée (et) sur la base des contrats établis avec les plateformes".

"L'un et l'autre indiquaient n'avoir jamais été blessés, être totalement libres de leurs mouvements et de leurs décisions et refusaient d'être examinés par un médecin et un psychiatre", ajoute le procureur.

Mercredi matin, la plateforme australienne Kick indique sur X que "tous les co-streamers ayant participé à cette diffusion en direct ont été bannis dans l'attente de l'enquête en cours".

La plateforme, qui s'engage à "collaborer pleinement avec les autorités", affirme également entreprendre une "révision complète" de son contenu en français.


Le PS comprend «l'exaspération» à l'origine du mouvement de blocage du 10 septembre

Le Parti socialiste "comprend l'exaspération" à l'origine du mouvement "Bloquons tout le 10 septembre", né sur les réseaux sociaux, tout en reconnaissant que celui-ci reste encore "assez flou". (AFP)
Le Parti socialiste "comprend l'exaspération" à l'origine du mouvement "Bloquons tout le 10 septembre", né sur les réseaux sociaux, tout en reconnaissant que celui-ci reste encore "assez flou". (AFP)
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  • Venus d'horizons divers, des appels à "tout bloquer" en France le 10 septembre se multiplient sur les réseaux sociaux en se cristallisant autour des coupes budgétaires voulues par François Bayrou
  • Et LFI est déjà allé un pas plus loin que le PS en appelant les Français à se joindre au mouvement

PARIS: Le Parti socialiste "comprend l'exaspération" à l'origine du mouvement "Bloquons tout le 10 septembre", né sur les réseaux sociaux, tout en reconnaissant que celui-ci reste encore "assez flou".

"On regarde cette initiative avec beaucoup d'intérêt. Les motivations et les modes opératoires sont assez flous pour l'instant mais nous comprenons l'exaspération à l'origine de ce mouvement", a déclaré mercredi la porte-parole du PS Chloé Ridel sur Franceinfo.

Venus d'horizons divers, des appels à "tout bloquer" en France le 10 septembre se multiplient sur les réseaux sociaux en se cristallisant autour des coupes budgétaires voulues par François Bayrou.

Et LFI est déjà allé un pas plus loin que le PS en appelant les Français à se joindre au mouvement.

"C'est l'expression d'une exaspération populaire légitime quand le Parlement n'arrive plus à fonctionner, quand tous les budgets sont adoptés à coups de 49-3", a jugé Mme Ridel. "Les gilets jaunes aussi bien que le mouvement du 10 septembre, c'est le produit d'une politique d'Emmanuel Macron, un style de pouvoir autoritaire descendant", a-t-elle insisté.

"Quand on annonce par-dessus le marché qu'on va supprimer deux jours fériés, qu'on va faire une année blanche sur toutes les prestations sociales, qu'on va retrancher dans les dépenses de santé, évidemment qu'il y a une colère qui monte", a-t-elle estimé.

Elle a confirmé que le PS censurerait le budget à l'automne s'il reste "en l'état".

"Nous ferons des contre-propositions et nous verrons ce que le gouvernement à en dire. Mais en l'état de ce qui a été présenté au mois de juillet, évidemment, c'est la censure qui doit s'appliquer", a-t-elle dit.

 


Paris : 40.000 enfants attendus pour la «Journée des oubliés des vacances»

Quarante mille enfants venus de toute la France et de l'étranger sont attendus mercredi sur le Champ-de-Mars à Paris dans le cadre d'une journée d'activités pour les enfants qui ne partent pas en vacances, organisée par le secours populaire. (Photo d'illustrationAFP)
Quarante mille enfants venus de toute la France et de l'étranger sont attendus mercredi sur le Champ-de-Mars à Paris dans le cadre d'une journée d'activités pour les enfants qui ne partent pas en vacances, organisée par le secours populaire. (Photo d'illustrationAFP)
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  • Croisière sur la Seine, visite de musées et concert au pied de la Tour Eiffel, toute une panoplie d'activités sont prévues mercredi dans la capitale pour ces milliers d'enfants qui n'ont pas eu la chance de partir en vacances cet été
  • "C'est important pour nous qu'un enfant ait quelque chose à raconter à la rentrée à ses petits camarades, pour ne pas se sentir différent"

PARIS: Quarante mille enfants venus de toute la France et de l'étranger sont attendus mercredi sur le Champ-de-Mars à Paris dans le cadre d'une journée d'activités pour les enfants qui ne partent pas en vacances, organisée par le secours populaire.

Croisière sur la Seine, visite de musées et concert au pied de la Tour Eiffel, toute une panoplie d'activités sont prévues mercredi dans la capitale pour ces milliers d'enfants qui n'ont pas eu la chance de partir en vacances cet été.

"C'est important pour nous qu'un enfant ait quelque chose à raconter à la rentrée à ses petits camarades, pour ne pas se sentir différent", souligne auprès de l'AFP Thierry Robert, le secrétaire national du Secours populaire.

Selon une étude de l'Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) de 2021, 10% des moins de 16 ans ne partent pas en vacances au moins une semaine par an pour des raisons financières.

Six cents bus ont été affrétés par le Secours populaire pour faire venir des enfants de toute la France pour cette 46e édition.

L'association fête ses 80 ans cette année. Pour l'occasion, les activités de la journée sont organisées autour de la "célébration du premier anniversaire des Jeux de Paris 2024".

"Certains enfants vont aller voir la vasque olympique aux Tuileries, d'autres vont aller au centre aquatique olympique à Saint-Denis, et puis d'autres vont faire une balade fluviale (sur la Seine), symbole de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques", détaille Thierry Robert.

Les enfants seront ensuite accueillis sur le Champ-de-Mars, au pied de la Tour Eiffel, pour un pique-nique géant le midi et un concert, dont les artistes n'ont pas encore été révélés.

Mascottes des JO, ateliers sur le sport, et athlètes seront sur place. La journée est aussi co-parrainée par Tony Estanguet, le président du Comité d'organisation des JO 2024.

Autre particularité, cette année, près de "1.000 enfants" de l'étranger seront présents, un bond "par rapport aux années précédentes", précise le directeur général du Secours populaire.

L'association compte aussi profiter de cette édition "internationale", pour alerter sur la hausse de la précarité. "Le nombre de personnes ne va pas en diminuant. On le constate notamment aussi chez les jeunes qui sont de plus en plus nombreux", alerte Thierry Robert.