L’impasse parlementaire annonce un mandat dans la douleur pour Macron

Macron a voulu mettre un terme aux spéculations en s’adressant aux Français pour leur dévoiler son intention de gouverner et de continuer à réformer le pays en élaborant des coalitions au cas par cas. (Photo, AFP)
Macron a voulu mettre un terme aux spéculations en s’adressant aux Français pour leur dévoiler son intention de gouverner et de continuer à réformer le pays en élaborant des coalitions au cas par cas. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 24 juin 2022

L’impasse parlementaire annonce un mandat dans la douleur pour Macron

  • À peine élu, Emmanuel Macron se retrouve amputé de sa majorité parlementaire absolue, et va devoir composer avec une majorité relative
  • Le président demande une alliance sans véritablement proposer de changer de politique, et s’il continue sur ce registre, «il est peu probable qu’il puisse construire des majorités stables pour gouverner», affirme l’analyste Yves Sintomer

PARIS: Sitôt élu président de la République en avril, Emmanuel Macron se retrouve sanctionné par les électeurs aux élections législatives de juin.

Le verdict des urnes a été d’une brutalité telle qu’il a enrayé tous les rouages de la «macronie». À peine quelques semaines après sa reconduction dans ses fonctions, le président est amputé de sa majorité parlementaire absolue, et va devoir composer avec une majorité relative.

Comment interpréter ce changement d’humeur électoral, cette volonté d’obstruer l’action parlementaire, de freiner le président dans son ambition réformiste? Comment articuler la vie parlementaire face non pas à un, mais à deux grands blocs d’oppositions, celui de la France insoumise, d’extrême gauche, et du Rassemblement national, d’extrême droite?

Plusieurs hypothèses ont vu le jour avant d’être rapidement écartées, notamment une alliance entre les députés d’Ensemble! (mouvement du président) et ceux du parti Les Républicains (droite traditionnelle), ou encore un gouvernement d’union nationale…

Macron a voulu mettre un terme aux spéculations en s’adressant aux Français pour leur dévoiler son intention de gouverner et de continuer à réformer le pays en élaborant des coalitions au cas par cas.

La France dans une situation périlleuse

Cette méthode est-elle viable? Va-t-elle lui permettre de reprendre en main les rênes du pays et d’imprimer l’empreinte du renouvellement qu’il appelait de ses vœux dès le début de son premier mandat en 2017?

Le professeur en sciences politiques à l’université Paris VIII, Yves Sintomer, reste à cet égard très prudent, et constate que la France se trouve «dans une situation non seulement inédite, mais dangereuse». Le président ne possède pas de majorité pour gouverner et «les lois qui passeraient au cas par cas vont susciter l’abstention d’un nombre considérable de députés». Selon Sintomer, ce contexte est loin d’«aider à dessiner une politique cohérente pour le futur du pays».

Pour sa part, le politologue Jean Petaux estime que la France se retrouve au lendemain des législatives dans une situation inédite certes, mais surtout «passionnante», dans la mesure où «elle peut amener des modifications de comportements par rapport à ce qu’on l’habitude de voir» de la part des acteurs politiques, en les incitant à sortir de ce qu’on appelle «la dépendance au sentier et des réflexes habituels». Si la culture politique française parvient à évoluer dans cette direction, «cela pourra donner un nouveau lustre à la vie parlementaire», indique-t-il. 

Sintomer ne partage pas l’optimisme affiché de Petaux. Pour lui, la culture de coalition, telle qu’elle existe dans plusieurs pays dont l’Allemagne, n’est pas à l’ordre du jour en France, et «pour apprendre à gérer le pays autrement, il faut se montrer prêt à changer de programme de façon non négligeable». Or pour l’instant, le président demande une alliance sans véritablement proposer de changer de politique, et s’il continue sur ce même registre, «il est peu probable qu’il puisse construire des majorités stables qui lui permettent de gouverner», affirme Sintomer.

Macron a confondu les élections

Comment la France a-t-elle pu en arriver là? Les raisons pour Petaux sont pluricausales, mais le politologue souligne que Macron a commis une erreur de stratégie. «Il n’aurait jamais dû essayer de tuer la campagne législative comme il l’a fait pour la présidentielle, en faisant de l’immobilisme», analyse-t-il. 

Plus encore, estime Petaux, Macron «a confondu les élections», en voulant utiliser aux législatives, le levier du barrage au Rassemblement national qui a fonctionné pour la présidentielle. Cette méthode s’est avérée inefficace, dans une élection qui a en outre été marquée par un vote basé sur les préoccupations quotidiennes des électeurs, comme le pouvoir d’achat, le chômage, la sécurité, entre autres.

Le positionnement de la France en Europe ou sur la scène internationale n’entre pas en ligne de compte lors des législatives, comme l’a fait valoir Macron en prenant la parole sur le tarmac de l’aéroport d’Orly pour inciter les Français à lui donner une majorité absolue.

Pour Sintomer, Macron «a gouverné sur la base de coups tactiques pour affaiblir ses opposants et en l’absence d’une politique cohérente stratégique. Il a dirigé de façon solitaire et non dans le dialogue, ce qui ne lui a pratiquement pas servi». L’analyste n’écarte pas «le scénario  de semi-paralysie» et de grandes difficultés «à faire passer des mesures fortes», ajoutant qu’on peut s’attendre «à un scénario noir pour le  futur, même si ce n’est pas une certitude». 

Pour sa part, Petaux ne voit pas la période à venir en rose, et souligne que Macron sait «qu’il est fini politiquement, car il ne peut pas se présenter pour un troisième mandat». Il va donc vivre son second quinquennat dans la douleur, avec l’éventualité, selon le politologue,  «que les cinq années à venir soient marquées par la tentation de laisser les événements prendre le dessus sur les décisions».
 


Tempête Benjamin: gros coup de vent jeudi sur le littoral et l'intérieur du pays

Des rafales de 100 à 130 km/h sont néanmoins attendues sur la côte atlantique et les côtes de Manche, et de 90 à 110 km/h à l'intérieur des terres, le vent pouvant localement souffler plus fort encore sur les reliefs. (AFP)
Des rafales de 100 à 130 km/h sont néanmoins attendues sur la côte atlantique et les côtes de Manche, et de 90 à 110 km/h à l'intérieur des terres, le vent pouvant localement souffler plus fort encore sur les reliefs. (AFP)
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  • La trajectoire et l'intensité de cette dépression automnale, qui survient "après une longue période de temps calme", sont encore incertaines, indique l'institut national dans son dernier bulletin
  • Les rafales atteindront 160 à 170 km/h sur le cap Corse, ce vent violent se maintenant dans la nuit de jeudi à vendredi

BORDEAUX: La tempête Benjamin occasionne de "fortes rafales" de vent sur une "bonne partie du territoire" jeudi, avec de grosses vagues sur le littoral atlantique et les côtes de la Manche, selon Météo France qui a placé 19 départements au total en vigilance orange.

Les départements concernés jeudi par la vigilance orange pour épisode venteux, à des heures diverses, sont le Nord, le Pas-de-Calais, la Somme, la Manche, la Vendée, les Deux-Sèvres, la Charente-Maritime, la Charente, la Gironde, les Landes, les Pyrénées-Atlantiques, l'Aude et les deux départements de Corse, auxquels Météo-France a ajouté la Seine-Maritime et les Alpes-Maritimes dans son dernier bulletin jeudi matin.

Cette même vigilance a en revanche été levée dans le Puy-de-Dôme.

La trajectoire et l'intensité de cette dépression automnale, qui survient "après une longue période de temps calme", sont encore incertaines, indique l'institut national dans son dernier bulletin.

Des rafales de 100 à 130 km/h sont néanmoins attendues sur la côte atlantique et les côtes de Manche, et de 90 à 110 km/h à l'intérieur des terres, le vent pouvant localement souffler plus fort encore sur les reliefs du Puy-de-Dôme, les Corbières ou les plaines des Pyrénées-Orientales, avertit le prévisionniste.

Les rafales atteindront 160 à 170 km/h sur le cap Corse, ce vent violent se maintenant dans la nuit de jeudi à vendredi.

Sur les côtes de la Gironde, des Landes et des Pyrénées-Atlantiques, ainsi qu'en Seine-Maritime, les vents forts soufflant d'ouest à nord-ouest, qui se sont renforcés en cours de nuit dans le golfe de Gascogne puis en Manche jeudi matin, engendreront "de très fortes vagues et une surélévation temporaire du niveau de la mer", ajoute Météo-France.

Ce phénomène, combiné à des coefficients de marée "de vive-eau" (autour de 80), pourrait provoquer des "submersions marines" sur le littoral de ces quatre départements placés en vigilance orange à ce titre, le risque étant le plus marqué au moment des pleines mers.

Enfin, après plusieurs jours de précipitations abondantes avec des cumuls compris entre 40 et 90 mm (soit 40 à 90 litres d'eau par mètre carré), les départements de la Corrèze et du Cantal sont placés quant à eux en vigilance orange pour le risque d'inondation.


En prison, Sarkozy protégé par deux policiers armés, «folie sécuritaire» dénonce un syndicat

Deux policiers autour de Nicolas Sarkozy: l'ancien président, incarcéré depuis mardi à la prison de la Santé, est accompagné par deux officiers de sécurité "eu égard à son statut et aux menaces qui pèsent sur lui", un "dispositif insensé, une folie sécuritaire", dénonce un syndicat de surveillants. (AFP)
Deux policiers autour de Nicolas Sarkozy: l'ancien président, incarcéré depuis mardi à la prison de la Santé, est accompagné par deux officiers de sécurité "eu égard à son statut et aux menaces qui pèsent sur lui", un "dispositif insensé, une folie sécuritaire", dénonce un syndicat de surveillants. (AFP)
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  • L'ancien chef de l'Etat bénéficie en temps normal "d'un dispositif de protection eu égard à son statut et aux menaces qui pèsent sur lui" et ces mesures ont "été maintenues en détention"
  • Deux officiers de sécurité ont été installés dans une cellule voisine de celle de Nicolas Sarkozy au quartier d'isolement de la prison parisienne. Ils sont armés mais ne sont pas équipés de téléphones portables, selon une source proche du dossier

PARIS: Deux policiers autour de Nicolas Sarkozy: l'ancien président, incarcéré depuis mardi à la prison de la Santé, est accompagné par deux officiers de sécurité "eu égard à son statut et aux menaces qui pèsent sur lui", un "dispositif insensé, une folie sécuritaire", dénonce un syndicat de surveillants.

L'ancien chef de l'Etat bénéficie en temps normal "d'un dispositif de protection eu égard à son statut et aux menaces qui pèsent sur lui" et ces mesures ont "été maintenues en détention", a indiqué mercredi le ministre de l'Intérieur Laurent Nuñez sur CNews/Europe 1.

Deux officiers de sécurité ont été installés dans une cellule voisine de celle de Nicolas Sarkozy au quartier d'isolement de la prison parisienne. Ils sont armés mais ne sont pas équipés de téléphones portables, selon une source proche du dossier.

Ce dispositif, qui relève du ministère de l'Intérieur, a été établi "en lien avec le garde des Sceaux" et "sera maintenu tant que le besoin sera jugé utile", selon Beauvau qui précise que "cette situation inédite impose de prendre les mesures de sécurité adéquates, adaptées à la spécificité de la personnalité et du contexte".

S'il est "un citoyen comme les autres", "des menaces un peu plus importantes" pèsent sur "l'ancien président de la République qu'est Nicolas Sarkozy. "La décision a été prise et donc elle a été appliquée immédiatement", a précisé Laurent Nuñez.

Cette annonce a provoqué l'ire du syndicat de surveillants pénitentiaires Ufap-Unsa Justice, qui a dénoncé, dans un communiqué, "un dispositif insensé, une folie sécuritaire".

"Introduire des armes dans une détention, même sous prétexte de protection, c'est franchir une ligne rouge", écrit Alexandre Caby, le secrétaire général du syndicat, dans un communiqué particulièrement courroucé.

"En installant des policiers au cœur de la détention, l'État dit clairement: les personnels pénitentiaires ne seraient pas capables d'assurer la sécurité d'un seul détenu, fût-il un ancien Président", s'estomaque-t-il, parlant de "trahison du service public pénitentiaire", de "gifle monumentale".

Pour le ministre de l'Intérieur, "c'est une décision visant à assurer sa sécurité", "en plus, évidemment, de tout ce qui est mis en œuvre par l'administration pénitentiaire".

L'Ufap-Unsa Justice exige notamment "la fin de la présence armée en détention" et "des excuses publiques".

"Justiciable comme un autre" 

Nicolas Sarkozy, 70 ans, a été condamné le 25 septembre pour association de malfaiteurs dans le procès libyen à cinq ans de prison, une détention inédite dans l'histoire de la République. Il a fait appel de cette décision.

Salué par les vivats de ses supporters quand il a quitté son domicile de l'ouest parisien vers 09H15 mardi matin, l'ancien président est arrivé une vingtaine de minutes plus tard à la Santé.

Trois Français sur quatre estiment qu'il est "un justiciable comme un autre, qui ne doit pas être traité différemment des autres personnes condamnées", selon un sondage RTL-Toluna Harris Interactive publié mercredi.

Un chiffre qui tombe à 52% chez les sympathisants des Républicains, ajoute le sondage.

Nicolas Sarkozy devrait rester "un minimum de trois semaines ou d'un mois" en prison, avait indiqué mardi son avocat Christophe Ingrain. La cour d'appel de Paris a deux mois pour statuer sur la demande de mise en liberté déposée dans la foulée du placement sous écrou.

Reçu par le président Emmanuel Macron vendredi dernier à l'Elysée, l'ex-chef de l'Etat pourrait aussi recevoir la visite en prison du ministre de la Justice, Gérald Darmanin.

Des visites désapprouvées par "une majorité de Français", tout comme le rassemblement de soutien qui s'est tenu mardi matin devant son domicile, d'après le sondage RTL-Toluna Harris Interactive.

Ils sont ainsi 53% à désapprouver ce rassemblement, et 57% la visite annoncée de Gérald Darmanin, selon cette enquête réalisée en ligne mardi auprès d'un échantillon de 1.025 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

Le garde des Sceaux avait déclaré lundi qu'il irait "voir en prison" Nicolas Sarkozy, assurant qu'en tant que ministre de la Justice il pouvait "aller voir n'importe quelle prison et n'importe quel détenu".

Ce projet a été critiqué par le plus haut parquetier de France, le procureur général près la Cour de cassation Rémi Heitz, qui y a vu un risque "d'atteinte à l'indépendance des magistrats".


Les parents de Sébastien Lecornu placés sous protection policière

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  • Cette mise sous protection a une "raison évidente", "ils en ont besoin", a ajouté le ministère, qui s'est refusé à donner des éléments plus précis sur la nature des risques pesant sur les parents de M. Lecornu
  • Une source proche du dossier a assuré à l'AFP que ce couple de personnes âgées n'était pas demandeur et que ce n'était "pas pour leur confort personnel" que cette décision avait été prise

PARIS: Les parents du Premier ministre Sébastien Lecornu ont été placés sous protection policière pour des raisons de sécurité dans leur lieu de résidence, a appris mercredi l'AFP auprès du ministère de l'Intérieur, confirmant une information du Parisien.

Cette mise sous protection a une "raison évidente", "ils en ont besoin", a ajouté le ministère, qui s'est refusé à donner des éléments plus précis sur la nature des risques pesant sur les parents de M. Lecornu.

Une source proche du dossier a assuré à l'AFP que ce couple de personnes âgées n'était pas demandeur et que ce n'était "pas pour leur confort personnel" que cette décision avait été prise.

Selon Le Parisien, ils sont accompagnés de trois policiers 24 heures sur 24, "un chauffeur et deux officiers de sécurité".

Le quotidien ajoute que ce couple a "fait l'objet d'une évaluation" par l'Unité de coordination de la lutte antiterroriste (Uclat) au sein de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et qu'à l'issue, ils ont été classés en T4, "soit le plus bas niveau de menace sur une échelle qui en compte quatre".

L'attribution de cette protection policière à des personnalités fait régulièrement polémique, toujours selon le quotidien.

En septembre, Sébastien Lecornu a publié un décret supprimant les derniers avantages "à vie" des anciens Premiers ministres, qui concernaient l'usage d'un véhicule et d'un chauffeur, et la protection policière, limitant à 10 ans cette attribution.

Ce décret entrera en vigueur le 1er janvier 2026.