Peut-on empêcher l'Afghanistan en crise de redevenir un refuge pour les extrémistes?

Pays en faillite, instable et isolé sur le plan international, l’Afghanistan pourrait-il redevenir un refuge pour les extrémistes ? (Photo, AFP)
Pays en faillite, instable et isolé sur le plan international, l’Afghanistan pourrait-il redevenir un refuge pour les extrémistes ? (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 25 juin 2022

Peut-on empêcher l'Afghanistan en crise de redevenir un refuge pour les extrémistes?

  • Des inquiétudes croissantes quant à l'avenir d'un pays en faillite, instable et isolé sur le plan international
  • L'État islamique - Province de Khorasan (IS-K) exploite la désunion des talibans sur le choix du pragmatisme ou de la pureté idéologique

LONDRES: Près d'un an après le retour au pouvoir des talibans en Afghanistan à la suite du retrait militaire américain, on craint de plus en plus que ce pays en faillite, instable et isolé sur le plan international ne redevienne un refuge pour les groupes extrémistes, voire un tremplin pour le terrorisme mondial.

Les États-Unis ont précipitamment battu en retraite d'Afghanistan en août 2021 après avoir conclu un accord de paix peu solide avec les talibans, dont les dirigeants se sont engagés à ne plus jamais offrir de refuge à des groupes extrémistes tels qu'Al-Qaïda, qui avait préparé les attentats du 11 septembre 2001 depuis le sol afghan.

L'espoir était que l'Afghanistan ne devienne pas un foyer de terrorisme international comme il l'avait été en 2001, et qu'un complot pour une attaque de l'ampleur du 11 septembre n'émane plus jamais du pays.

Mais, à l'instar de millions d'Afghans, peu d'observateurs d'Asie du Sud étaient convaincus de la sincérité des talibans et pensaient plutôt que le pays était une fois de plus pris en otage par un groupe fondamentaliste violent et borné.

«Je crois que l'Afghanistan est déjà devenu une ruche du terrorisme», a déclaré à Arab News Ahmad Wali Massoud, ancien ambassadeur d'Afghanistan au Royaume-Uni.

«Nous pouvons déjà voir de nombreux volets du terrorisme, d'Al-Qaïda à Daesh. Ils restent déjà à l'intérieur de l'Afghanistan, ils sont protégés par les talibans, ils sont protégés par le gouvernement des talibans à l'intérieur de l'Afghanistan», a-t-il affirmé.

Massoud est le frère cadet d'Ahmad Shah Massoud, le commandant de la guérilla tadjike qui, jusqu'au retour au pouvoir des talibans l'année dernière, était considéré comme le héros national de l'Afghanistan.

La branche afghane de Daech, IS-K, reste une menace pour l'emprise des talibans sur le pouvoir. (Photo, AFP)

«Le départ des États-Unis d'Afghanistan était très irréaliste, très irresponsable, il n'a pas été correctement coordonné et a complétement ignoré le peuple afghan», a déclaré Ahmad Wali Massoud à Arab News.

«Les États-Unis ont abandonné leurs alliés, le peuple afghan, les forces de sécurité de l'Afghanistan, qu'ils ont aidés pendant près de 20 ans. Ils les ont totalement ignorés. Ils les ont laissés seuls à la merci du terrorisme, des talibans et de l'extrémisme.»

Aujourd'hui, le neveu d'Ahmad Wali Massoud, Ahmad Massoud, dirige le Front national de résistance contre les talibans dans son Panjshir natal, au nord de Kaboul, où son père avait brillamment résisté aux Soviétiques et aux talibans des décennies auparavant.

Les récents combats dans le Panjshir ne représentent pas encore un défi pour le contrôle de l'Afghanistan par les talibans, mais il s'agit de l'opposition armée la plus importante et la plus soutenue à laquelle le groupe a été confronté depuis son retour au pouvoir.

Pour Massoud et d'autres, l'idée de croire qu’une fois au pouvoir, les talibans agiraient moins comme un mouvement d'insurgés et plus comme un gouvernement pour tous les Afghans, n'était pas tout à fait ancrée dans la réalité.

Avec la violence politique qui sévit désormais dans tout le pays, la liberté d'expression réduite et les droits des femmes et des filles qui diminuent progressivement, les Afghans, las de la guerre, sont de plus en plus pessimistes.

En réaction aux événements survenus depuis août dernier, les États-Unis et les institutions financières mondiales ont gelé les avoirs de l'Afghanistan, ont retenu l'aide et les prêts et ont essayé d’isoler le régime des talibans.

Selon un rapport de l'ONU publié récemment, l'IS-K compte entre 1 500 et 4 000 combattants, «concentrés dans des zones éloignées» des provinces de Kunar, Nangarhar et probablement Nuristan. (Photo, AFP)

En conséquence, le gouvernement afghan est perpétuellement au bord de l'effondrement économique et, dans certaines régions du pays, le spectre de la famine plane. Selon un rapport publié en mai sous l'égide des Nations unies, près de la moitié de la population, soit 20 millions de personnes, souffre d'une famine sévère.

Ce mercredi, le pays a été confronté à une nouvelle crise humanitaire lorsqu'un séisme de magnitude 5,9 a frappé l'est du pays, faisant plus de 1 000 morts et 1 500 blessés. La plupart des décès ont eu lieu dans les provinces de Paktika, Khost et Nangarhar.

En outre, les talibans sont aux prises avec une violente insurrection menée par la branche locale de Daesh, l'État islamique au Khorasan, ou l’IS-K, qui, ces derniers mois, a pris pour cible à plusieurs reprises les membres des communautés minoritaires, notamment les chiites, les sikhs et les soufis.

Selon un rapport des Nations unies publié récemment, l'IS-K compte entre 1 500 et 4 000 combattants, «concentrés dans les zones éloignées» des provinces de Kunar, Nangarhar et probablement Nuristan. Selon l'étude, des cellules plus petites et secrètes se trouvent dans les provinces du nord et du nord-est, notamment à Badakhshan, Takhar, Jowzjan, Kunduz et Faryab.

Alors que les talibans se contentent de mettre en place une politique islamique en Afghanistan, l'objectif de l'IS-K est de créer un État unique pour l'ensemble du monde musulman, selon les spécialistes de l'islam politique.

L'IS-K cherche à exploiter les dissensions dans les rangs des talibans pour savoir si le groupe doit adopter le pragmatisme ou la pureté idéologique. Les tensions sont aggravées par le méli-mélo d'organisations présentes en Afghanistan, dont Daesh, les talibans pakistanais et Al-Qaïda.

EN CHIFFRES

* 20 millions d'Afghans souffrent de la faim.

* Plus de 1 000 morts lors du séisme du 22 juin.

* L'ONU estime à plus de 1 500 le nombre de combattants de l'IS-K en Afghanistan.

Le dilemme des talibans, qui tentent de gouverner un pays qui a connu 20 ans de modernisation menée par l'Occident, a été prédit par Kamran Bokhari dans une tribune publiée dans le Wall Street Journal le 27 août 2021.

«Les talibans afghans doivent changer mais ne le peuvent pas, pas sans provoquer une rupture interne», écrit-il. «De tels changements... nécessitent un processus long et tortueux, et même dans ce cas, la transformation reste insaisissable.»

«Le risque de fracture est particulièrement élevé lorsqu'un mouvement doit changer brusquement de comportement pour des raisons géopolitiques», a-t-il averti.

D'une part, le nombre d'attentats à la bombe en Afghanistan a diminué depuis août dernier et les talibans 2.0 ne peuvent être accusés de parrainer directement le terrorisme. D'autre part, l'effondrement de l'autorité de l'État qui s'en est suivi dans certaines zones rurales et la perte du soutien aérien occidental pour les opérations anti-insurrectionnelles ont été une bénédiction pour les groupes extrémistes.

«La prise de pouvoir des talibans a été bénéfique aux groupes militants de plusieurs façons», a déclaré à Arab News, Michael Kugelman, directeur adjoint du programme Asie et associé principal pour l'Asie du Sud au Wilson Center.

«Cette prise de pouvoir a encouragé et dynamisé un réseau extrémiste islamiste pour lequel l'expulsion des troupes américaines du sol musulman et l'élimination des gouvernements alignés sur les États-Unis sont des objectifs fondamentaux. Elle a également porté au pouvoir un groupe ayant des liens idéologiques et opérationnels étroits avec un large éventail de groupes militants», a-t-il ajouté.

«Cela signifie au moins que les talibans n'essaieront pas d'expulser ces groupes du territoire afghan et, dans le cas du seul groupe qu'ils ciblent, l'IS-K, ils n'ont ni la discipline ni la capacité d'entreprendre des tactiques antiterroristes prudentes et efficaces», a avisé Kugelman.

 «Dans le même contexte, les talibans n'ont pas la capacité d'exploiter la puissance aérienne, qui était le principal moyen utilisé par les forces de l'OTAN et l'armée afghane pour gérer la menace de l’IS-K. En outre, les talibans ne sont pas en mesure d'atténuer une crise économique sévère, et les privations généralisées favorisent un environnement propice à la radicalisation, ce qui est avantageux à l'IS-K», a-t-il souligné.

Le 22 juin, l'un des séismes les plus meurtriers depuis des décennies est venu s'ajouter aux malheurs de l'Afghanistan. (Photo, AFP)

Depuis le retrait américain d'Afghanistan, la patience de la communauté internationale a diminué et l'attention s'est portée sur la guerre en Ukraine et la perspective alarmante d'une confrontation directe entre la Russie et les États de l'OTAN.

Kugelman estime que les menaces terroristes émanant de l'Afghanistan ont disparu du radar politique bien avant que la Russie n'envahisse l'Ukraine en février.

«Je dirais que le monde laissait s'envenimer la menace terroriste en Afghanistan bien avant la guerre en Ukraine, principalement parce que les États-Unis avaient du mal à se doter des capacités nécessaires pour surveiller et cibler les menaces terroristes en Afghanistan depuis l'extérieur du pays», a-t-il expliqué à Arab News.

Kugelman a signalé que «cela n'est pas un gros problème actuellement, étant donné que la menace n'est plus ce qu'elle était auparavant. Mais si cette négligence permet à la menace terroriste mondiale de reprendre progressivement de l'ampleur en Afghanistan et que les États-Unis et leurs partenaires n'ont toujours pas de plan, alors tous les paris sont ouverts et il pourrait y avoir de gros problèmes».

Certes, la situation en Afghanistan est encore très différente de celle d'avant 2001, lorsque l'ensemble des dirigeants d'Al-Qaïda étaient installés dans le pays en tant qu'invités du mollah Omar, fondateur et chef des talibans.

Al-Qaïda et son chef de l'époque, Oussama ben Laden, avaient initialement été accueillis en Afghanistan par Abdul Rasul Sayyaf, un chef des moudjahidin, après l'expulsion de ben Laden du Soudan en 1996.

Dans l'isolement politique et géographique de l'Afghanistan hérité des talibans, Al-Qaïda a pu librement préparer ses attaques contre les États-Unis.

En avril 2001, quelques mois à peine avant le 11 septembre et son assassinat aux mains d'agents d'Al-Qaïda, Ahmad Shah Massoud s'était adressé au Parlement européen à Strasbourg, avertissant que l'Occident paierait un lourd tribut s'il continuait à laisser l'extrémisme se développer en Afghanistan.

Ce discours fatidique a-t-il un rapport avec la situation actuelle ?

Des résidents afghans et des membres des familles des victimes se rassemblent à côté d'un véhicule endommagé à l'intérieur d'une maison, au lendemain d'une frappe aérienne de drone américain à Kaboul, le 30 août 2021. (Photo, AFP)

«Bien qu'il ne faille jamais se reposer sur ses lauriers, on peut affirmer que la menace terroriste mondiale émanant de l'Afghanistan n'est pas aussi grave aujourd'hui qu'elle ne l'était lorsque Massoud a lancé son avertissement en 2001», a souligné Kugelman.

Il a poursuivi: «Al-Qaïda s'est considérablement affaibli et le seul autre groupe en Afghanistan ayant des objectifs mondiaux est une section de Daesh qui ne peut actuellement projeter une menace au-delà de la région immédiate.»

Kugelman a ainsi prévenu: «Cela dit, soyons clairs: avec les forces de l'OTAN hors d'Afghanistan et un régime allié d'Al-Qaïda maintenant au pouvoir, le terrain est fertile à moyen terme pour que les groupes terroristes internationaux se reconstituent, surtout si nous voyons de nouveaux afflux de combattants étrangers en Afghanistan qui peuvent fournir des troupes de choc, des armes, de l'argent et une expertise tactique à ces groupes.»

En exil en Europe, Ahmad Wali Massoud est convaincu que les deux administrations Trump et Biden ont commis une grave erreur en décidant de négocier avec les talibans et en se retirant d'Afghanistan.

Selon lui, permettre au groupe de reprendre le pouvoir transformerait inévitablement l'Afghanistan en un foyer de terreur, une évolution dont il est convaincu, tout comme son frère l'avait prévenu, qu'elle reviendrait hanter l'Occident.

«Je crois qu'à présent, elles doivent avoir réalisé, après presque un an, qu'elles ont fait une erreur, car elles savent maintenant que les talibans sont hors de contrôle», a affirmé Massoud à Arab News.

«Je pense que si la situation reste telle quelle, Washington paiera un prix très élevé. Certainement, l'Afghanistan a déjà payé un prix très élevé. Mais je suis presque sûr que les États-Unis paieront aussi un prix très élevé», a-t-il soutenu.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gaza: Bruxelles propose de taxer des biens importés d'Israël dans l'UE et de sanctionner deux ministres

La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu.  "Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas. (AFP)
La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu. "Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas. (AFP)
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  • L'exécutif européen avait déjà proposé en août 2024 de sanctionner ces deux ministres. Une tentative vaine, faute d'accord au sein des 27 Etats membres
  • Ces sanctions pour être adoptées requièrent l'unanimité des pays de l'UE

BRUXELLES: La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu.

"Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas.

Les mesures commerciales devraient, si elles étaient adoptées par les pays de l'UE, renchérir de quelque 227 millions d'euros le coût de certaines importations israéliennes, principalement d'origine agricole.

La Commission européenne a également proposé de sanctionner deux ministres israéliens d'extrême droite, Itamar Ben-Gvir, chargé de la Sécurité nationale, et Bezalel Smotrich chargé des Finances, selon un responsable de l'UE.

L'exécutif européen avait déjà proposé en août 2024 de sanctionner ces deux ministres. Une tentative vaine, faute d'accord au sein des 27 Etats membres. Ces sanctions pour être adoptées requièrent l'unanimité des pays de l'UE.

"Tous les États membres conviennent que la situation à Gaza est intenable. La guerre doit cesser", a toutefois plaidé mercredi Mme Kallas. Ces propositions seront sur la table des représentants des 27 Etats membres dès mercredi.

Les sanctions dans le domaine commercial ne nécessitent que la majorité qualifiée des Etats membres. Mais là encore, un accord sera difficile à obtenir, jugent des diplomates à Bruxelles.

Des mesures beaucoup moins ambitieuses, également présentées par la Commission européenne il y a quelques semaines, n'avaient pas trouvé de majorité suffisante pour être adoptées. Avait notamment fait défaut le soutien de pays comme l’Allemagne ou l'Italie.

Les exportations israéliennes vers l'UE, son premier partenaire commercial, ont atteint l'an dernier 15,9 milliards d'euros.

Seuls 37% de ces importations seraient concernés par ces sanctions, si les 27 devaient donner leur feu vert, essentiellement dans le secteur agro-alimentaire.


Trump s'en prend à des magistrats après l'assassinat de Charlie Kirk

Cette capture d'écran provenant de la diffusion en direct du tribunal de l'Utah montre Tyler Robinson, suspect dans le meurtre du militant politique Charlie Kirk, assistant à une audience à distance depuis sa cellule de prison à Provo, dans l'Utah, le 16 septembre 2025. (AFP)
Cette capture d'écran provenant de la diffusion en direct du tribunal de l'Utah montre Tyler Robinson, suspect dans le meurtre du militant politique Charlie Kirk, assistant à une audience à distance depuis sa cellule de prison à Provo, dans l'Utah, le 16 septembre 2025. (AFP)
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  • Dans le viseur du locataire de la Maison Blanche, sur son réseau Truth, se trouvent deux de ses cibles privilégiées : l'ex-procureur spécial Jack Smith, et le juge Juan Merchan qui avait présidé son procès pour des paiements cachés à une star du X
  • Donald Trump reproche à Jack Smith d'avoir ouvert il y a quelques années une enquête sur Turning Point, le mouvement créé par l'influenceur ultraconservateur américain Charlie Kirk, assassiné le 10 septembre

WASHINGTON: Le président américain Donald Trump a de nouveau stigmatisé mercredi des magistrats qui l'avaient poursuivi et jugé durant le mandat de Joe Biden, prenant prétexte du récent assassinat de l'influenceur ultraconservateur Charlie Kirk.

Dans le viseur du locataire de la Maison Blanche, sur son réseau Truth, se trouvent deux de ses cibles privilégiées : l'ex-procureur spécial Jack Smith, et le juge Juan Merchan qui avait présidé son procès pour des paiements cachés à une star du X.

Donald Trump reproche à Jack Smith d'avoir ouvert il y a quelques années une enquête sur Turning Point, le mouvement créé par l'influenceur ultraconservateur américain Charlie Kirk, assassiné le 10 septembre.

"Pourquoi le merveilleux Turning Point a-t-il été mis sous ENQUÊTE par le +Dérangé+ Jack Smith et l'administration Biden Corrompue et Incompétente ?", s'interroge Donald Trump dans un message sur Truth.

"Ils ont essayé de forcer Charlie, ainsi que de nombreuses autres personnes et mouvements, à cesser leurs activités. Ils ont instrumentalisé le ministère de la Justice contre les opposants politiques de Joe Biden, y compris MOI!", s'offusque-t-il encore.

Jack Smith, lui-même visé par une enquête administrative depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, avait été nommé procureur spécial en 2022.

Il avait lancé des poursuites fédérales contre Donald Trump, pour tentatives illégales d'inverser les résultats de l'élection de 2020 et rétention de documents classifiés après son départ de la Maison Blanche.

Les poursuites avaient été abandonnées après la réélection de Trump, en vertu de la tradition consistant à ne pas poursuivre un président en exercice. Jack Smith avait ensuite démissionné du ministère de la Justice.

Sans jamais le citer nommément, le président Trump s'en prend également sur le réseau Truth à Juan Merchan, qui a présidé le procès Stormy Daniels. Le président avait été reconnu coupable de 34 chefs d'accusation, pour des paiements cachés de 130.000 dollars à l'ex-star du X.

Donald Trump exprime le souhait que le juge "corrompu" paie "un jour un prix très élevé pour ses actions illégales".

Depuis l'assassinat de Charlie Kirk, le camp républicain redouble de véhémence contre les démocrates et organisations progressistes, accusés de promouvoir la violence politique.

"La gauche radicale a causé des dégâts énormes au pays", a affirmé le président républicain mardi, avant son départ au Royaume-Uni. "Mais nous y remédions".

Selon le Washington Post, un élu républicain du Wisconsin a déposé une proposition de loi visant à bloquer les fonds fédéraux aux organisations employant des personnes "qui tolèrent et célèbrent la violence politique".

Le New York Times précise pour sa part que sont notamment dans le viseur l'Open Society Foundation du milliardaire George Soros ainsi que la Ford Foundation, qui toutes deux financent des organisations de gauche.


Pompe exceptionnelle pour la deuxième visite d'Etat de Trump au Royaume-Uni

Le président américain Donald Trump (C) et la première dame américaine Melania Trump débarquent d'Air Force One après avoir atterri à l'aéroport de Stansted, dans l'est de l'Angleterre, le 16 septembre 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump (C) et la première dame américaine Melania Trump débarquent d'Air Force One après avoir atterri à l'aéroport de Stansted, dans l'est de l'Angleterre, le 16 septembre 2025. (AFP)
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  • Donald Trump entame une visite d'État de deux jours au Royaume-Uni, marqué par un faste inédit à Windsor malgré des manifestations annoncées à Londres
  • Alors que le gouvernement de Keir Starmer tente de tirer profit de cette visite par des annonces d’investissements technologiques majeurs, la rencontre est aussi ternie par l’affaire Epstein

LONDRES: Tour en calèche, garde d'honneur géante, défilé aérien inédit: le Royaume-Uni sort le grand jeu pour la deuxième visite d'Etat de Donald Trump, reçu mercredi à Windsor par Charles III, à l'abri des manifestations.

"Cela va être un très grand jour", a commenté M. Trump en arrivant au Royaume-Uni mardi soir, se réjouissant de voir le roi, son "ami de longue date".

Encadrée par un dispositif de sécurité exceptionnel, cette visite d'Etat de deux jours débute par un déploiement spectaculaire de faste royal, dont le dirigeant républicain est friand, et une cérémonie militaire d'une ampleur sans précédent, impliquant 1.300 membres des forces armées britanniques.

"On dit que le château de Windsor, c'est le top, non? Donc ça va être chouette", avait lancé Donald Trump, 79 ans, avant son départ de Washington, se félicitant aussi d'être le seul président américain à avoir deux fois les honneurs d'une visite d'Etat au Royaume-Uni. La première avait eu lieu en 2019.

Le président et son épouse Melania seront accueillis à la mi-journée dans ce domaine royal situé à l'ouest de Londres, d'abord par le prince héritier William et son épouse Catherine, puis par le roi Charles III, 76 ans, et la reine Camilla, 78 ans.

Une incertitude entoure toutefois la présence de Camilla: la reine consort se remet d'une sinusite aiguë qui l'a empêchée d'assister à des funérailles royales mardi.

Après une salve royale tirée du château et depuis la Tour de Londres, les trois couples doivent participer à une procession en calèche, mais toujours dans l'enceinte du domaine, et non dans les rues de la ville comme cela avait été le cas lors de la visite d'Etat du président français Emmanuel Macron en juillet.

- Fanfare et cornemuses -

Donald Trump aura l'unique privilège de passer en revue une garde d'honneur comprenant exceptionnellement trois régiments de la Garde royale, accompagnée d'une fanfare, tambours et cornemuses dans la cour carrée du château.

Après un déjeuner en privé avec la famille royale, le couple Trump déposera des fleurs sur la tombe de la reine Elizabeth II, décédée en septembre 2022, dans la chapelle St George.

Un défilé aérien, alliant de façon inédite des avions de combat F35 britanniques et américains, et la patrouille acrobatique des "Red Arrows", précèdera le traditionnel banquet royal avec quelque 150 invités.

Une profusion d'honneurs de nature à flatter l'ego du milliardaire américain, qui s'est plus tôt cette année lui-même comparé à un monarque.

Mais à 40 km de là, des milliers de manifestants sont attendus dans le centre de Londres, pour protester contre la venue d'un président très impopulaire dans le pays. Le rassemblement à l'appel de la coalition "Stop Trump", prévu à partir de 14H00 (13H00 GMT), sera encadré par plus de 1.600 policiers. D'autres sont prévus ailleurs au Royaume-Uni.

Le deuxième jour de la visite, jeudi, sera consacrée à une séquence plus politique, qui se déroulera à Chequers, résidence de campagne du Premier ministre Keir Starmer.

La conférence de presse pourrait donner lieu à des questions embarrassantes pour les deux dirigeants, relatives notamment à l'affaire Jeffrey Epstein. Elle est revenue hanter cette semaine Keir Starmer, qui a limogé son ambassadeur à Washington Peter Mandelson, après des révélations sur ses liens avec le délinquant sexuel américain, mort en prison en 2019.

Un sujet dont se passerait bien Donald Trump, qui voit sa présidence également empoisonnée par l'affaire Epstein depuis des semaines.

Des images du financier américain ont d'ailleurs été diffusées mardi soir par un groupe anti-Trump sur une tour du château de Windsor.

De son côté, le gouvernement de Keir Starmer, fragilisé sur le plan économique et en pleine crise politique, cherche à tirer parti de cette visite pour multiplier les annonces, entre accord sur la tech et investissements américains.

Il a déjà enregistré un investissement massif de 30 milliards de dollars (25 milliards d'euros) de Microsoft, un autre de 5 milliards de livres (5,8 milliards d'euros) de Google et l'annonce d'un partenariat incluant OpenAI et Nvidia pour développer des infrastructures dédiées à l'IA dans le nord-est de l'Angleterre.

Un partenariat plus général pour doper la coopération technologique dans l'IA, le quantique et le nucléaire doit être signé pendant la visite, mais ses contours sont encore flous.

Les espoirs d'accord pour faire baisser les droits de douane actuellement appliqués sur le whisky (10%) et l'acier (25%) semblent en revanche avoir été douchés, selon la presse britannique.