Peut-on empêcher l'Afghanistan en crise de redevenir un refuge pour les extrémistes?

Pays en faillite, instable et isolé sur le plan international, l’Afghanistan pourrait-il redevenir un refuge pour les extrémistes ? (Photo, AFP)
Pays en faillite, instable et isolé sur le plan international, l’Afghanistan pourrait-il redevenir un refuge pour les extrémistes ? (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Samedi 25 juin 2022

Peut-on empêcher l'Afghanistan en crise de redevenir un refuge pour les extrémistes?

  • Des inquiétudes croissantes quant à l'avenir d'un pays en faillite, instable et isolé sur le plan international
  • L'État islamique - Province de Khorasan (IS-K) exploite la désunion des talibans sur le choix du pragmatisme ou de la pureté idéologique

LONDRES: Près d'un an après le retour au pouvoir des talibans en Afghanistan à la suite du retrait militaire américain, on craint de plus en plus que ce pays en faillite, instable et isolé sur le plan international ne redevienne un refuge pour les groupes extrémistes, voire un tremplin pour le terrorisme mondial.

Les États-Unis ont précipitamment battu en retraite d'Afghanistan en août 2021 après avoir conclu un accord de paix peu solide avec les talibans, dont les dirigeants se sont engagés à ne plus jamais offrir de refuge à des groupes extrémistes tels qu'Al-Qaïda, qui avait préparé les attentats du 11 septembre 2001 depuis le sol afghan.

L'espoir était que l'Afghanistan ne devienne pas un foyer de terrorisme international comme il l'avait été en 2001, et qu'un complot pour une attaque de l'ampleur du 11 septembre n'émane plus jamais du pays.

Mais, à l'instar de millions d'Afghans, peu d'observateurs d'Asie du Sud étaient convaincus de la sincérité des talibans et pensaient plutôt que le pays était une fois de plus pris en otage par un groupe fondamentaliste violent et borné.

«Je crois que l'Afghanistan est déjà devenu une ruche du terrorisme», a déclaré à Arab News Ahmad Wali Massoud, ancien ambassadeur d'Afghanistan au Royaume-Uni.

«Nous pouvons déjà voir de nombreux volets du terrorisme, d'Al-Qaïda à Daesh. Ils restent déjà à l'intérieur de l'Afghanistan, ils sont protégés par les talibans, ils sont protégés par le gouvernement des talibans à l'intérieur de l'Afghanistan», a-t-il affirmé.

Massoud est le frère cadet d'Ahmad Shah Massoud, le commandant de la guérilla tadjike qui, jusqu'au retour au pouvoir des talibans l'année dernière, était considéré comme le héros national de l'Afghanistan.

La branche afghane de Daech, IS-K, reste une menace pour l'emprise des talibans sur le pouvoir. (Photo, AFP)

«Le départ des États-Unis d'Afghanistan était très irréaliste, très irresponsable, il n'a pas été correctement coordonné et a complétement ignoré le peuple afghan», a déclaré Ahmad Wali Massoud à Arab News.

«Les États-Unis ont abandonné leurs alliés, le peuple afghan, les forces de sécurité de l'Afghanistan, qu'ils ont aidés pendant près de 20 ans. Ils les ont totalement ignorés. Ils les ont laissés seuls à la merci du terrorisme, des talibans et de l'extrémisme.»

Aujourd'hui, le neveu d'Ahmad Wali Massoud, Ahmad Massoud, dirige le Front national de résistance contre les talibans dans son Panjshir natal, au nord de Kaboul, où son père avait brillamment résisté aux Soviétiques et aux talibans des décennies auparavant.

Les récents combats dans le Panjshir ne représentent pas encore un défi pour le contrôle de l'Afghanistan par les talibans, mais il s'agit de l'opposition armée la plus importante et la plus soutenue à laquelle le groupe a été confronté depuis son retour au pouvoir.

Pour Massoud et d'autres, l'idée de croire qu’une fois au pouvoir, les talibans agiraient moins comme un mouvement d'insurgés et plus comme un gouvernement pour tous les Afghans, n'était pas tout à fait ancrée dans la réalité.

Avec la violence politique qui sévit désormais dans tout le pays, la liberté d'expression réduite et les droits des femmes et des filles qui diminuent progressivement, les Afghans, las de la guerre, sont de plus en plus pessimistes.

En réaction aux événements survenus depuis août dernier, les États-Unis et les institutions financières mondiales ont gelé les avoirs de l'Afghanistan, ont retenu l'aide et les prêts et ont essayé d’isoler le régime des talibans.

Selon un rapport de l'ONU publié récemment, l'IS-K compte entre 1 500 et 4 000 combattants, «concentrés dans des zones éloignées» des provinces de Kunar, Nangarhar et probablement Nuristan. (Photo, AFP)

En conséquence, le gouvernement afghan est perpétuellement au bord de l'effondrement économique et, dans certaines régions du pays, le spectre de la famine plane. Selon un rapport publié en mai sous l'égide des Nations unies, près de la moitié de la population, soit 20 millions de personnes, souffre d'une famine sévère.

Ce mercredi, le pays a été confronté à une nouvelle crise humanitaire lorsqu'un séisme de magnitude 5,9 a frappé l'est du pays, faisant plus de 1 000 morts et 1 500 blessés. La plupart des décès ont eu lieu dans les provinces de Paktika, Khost et Nangarhar.

En outre, les talibans sont aux prises avec une violente insurrection menée par la branche locale de Daesh, l'État islamique au Khorasan, ou l’IS-K, qui, ces derniers mois, a pris pour cible à plusieurs reprises les membres des communautés minoritaires, notamment les chiites, les sikhs et les soufis.

Selon un rapport des Nations unies publié récemment, l'IS-K compte entre 1 500 et 4 000 combattants, «concentrés dans les zones éloignées» des provinces de Kunar, Nangarhar et probablement Nuristan. Selon l'étude, des cellules plus petites et secrètes se trouvent dans les provinces du nord et du nord-est, notamment à Badakhshan, Takhar, Jowzjan, Kunduz et Faryab.

Alors que les talibans se contentent de mettre en place une politique islamique en Afghanistan, l'objectif de l'IS-K est de créer un État unique pour l'ensemble du monde musulman, selon les spécialistes de l'islam politique.

L'IS-K cherche à exploiter les dissensions dans les rangs des talibans pour savoir si le groupe doit adopter le pragmatisme ou la pureté idéologique. Les tensions sont aggravées par le méli-mélo d'organisations présentes en Afghanistan, dont Daesh, les talibans pakistanais et Al-Qaïda.

EN CHIFFRES

* 20 millions d'Afghans souffrent de la faim.

* Plus de 1 000 morts lors du séisme du 22 juin.

* L'ONU estime à plus de 1 500 le nombre de combattants de l'IS-K en Afghanistan.

Le dilemme des talibans, qui tentent de gouverner un pays qui a connu 20 ans de modernisation menée par l'Occident, a été prédit par Kamran Bokhari dans une tribune publiée dans le Wall Street Journal le 27 août 2021.

«Les talibans afghans doivent changer mais ne le peuvent pas, pas sans provoquer une rupture interne», écrit-il. «De tels changements... nécessitent un processus long et tortueux, et même dans ce cas, la transformation reste insaisissable.»

«Le risque de fracture est particulièrement élevé lorsqu'un mouvement doit changer brusquement de comportement pour des raisons géopolitiques», a-t-il averti.

D'une part, le nombre d'attentats à la bombe en Afghanistan a diminué depuis août dernier et les talibans 2.0 ne peuvent être accusés de parrainer directement le terrorisme. D'autre part, l'effondrement de l'autorité de l'État qui s'en est suivi dans certaines zones rurales et la perte du soutien aérien occidental pour les opérations anti-insurrectionnelles ont été une bénédiction pour les groupes extrémistes.

«La prise de pouvoir des talibans a été bénéfique aux groupes militants de plusieurs façons», a déclaré à Arab News, Michael Kugelman, directeur adjoint du programme Asie et associé principal pour l'Asie du Sud au Wilson Center.

«Cette prise de pouvoir a encouragé et dynamisé un réseau extrémiste islamiste pour lequel l'expulsion des troupes américaines du sol musulman et l'élimination des gouvernements alignés sur les États-Unis sont des objectifs fondamentaux. Elle a également porté au pouvoir un groupe ayant des liens idéologiques et opérationnels étroits avec un large éventail de groupes militants», a-t-il ajouté.

«Cela signifie au moins que les talibans n'essaieront pas d'expulser ces groupes du territoire afghan et, dans le cas du seul groupe qu'ils ciblent, l'IS-K, ils n'ont ni la discipline ni la capacité d'entreprendre des tactiques antiterroristes prudentes et efficaces», a avisé Kugelman.

 «Dans le même contexte, les talibans n'ont pas la capacité d'exploiter la puissance aérienne, qui était le principal moyen utilisé par les forces de l'OTAN et l'armée afghane pour gérer la menace de l’IS-K. En outre, les talibans ne sont pas en mesure d'atténuer une crise économique sévère, et les privations généralisées favorisent un environnement propice à la radicalisation, ce qui est avantageux à l'IS-K», a-t-il souligné.

Le 22 juin, l'un des séismes les plus meurtriers depuis des décennies est venu s'ajouter aux malheurs de l'Afghanistan. (Photo, AFP)

Depuis le retrait américain d'Afghanistan, la patience de la communauté internationale a diminué et l'attention s'est portée sur la guerre en Ukraine et la perspective alarmante d'une confrontation directe entre la Russie et les États de l'OTAN.

Kugelman estime que les menaces terroristes émanant de l'Afghanistan ont disparu du radar politique bien avant que la Russie n'envahisse l'Ukraine en février.

«Je dirais que le monde laissait s'envenimer la menace terroriste en Afghanistan bien avant la guerre en Ukraine, principalement parce que les États-Unis avaient du mal à se doter des capacités nécessaires pour surveiller et cibler les menaces terroristes en Afghanistan depuis l'extérieur du pays», a-t-il expliqué à Arab News.

Kugelman a signalé que «cela n'est pas un gros problème actuellement, étant donné que la menace n'est plus ce qu'elle était auparavant. Mais si cette négligence permet à la menace terroriste mondiale de reprendre progressivement de l'ampleur en Afghanistan et que les États-Unis et leurs partenaires n'ont toujours pas de plan, alors tous les paris sont ouverts et il pourrait y avoir de gros problèmes».

Certes, la situation en Afghanistan est encore très différente de celle d'avant 2001, lorsque l'ensemble des dirigeants d'Al-Qaïda étaient installés dans le pays en tant qu'invités du mollah Omar, fondateur et chef des talibans.

Al-Qaïda et son chef de l'époque, Oussama ben Laden, avaient initialement été accueillis en Afghanistan par Abdul Rasul Sayyaf, un chef des moudjahidin, après l'expulsion de ben Laden du Soudan en 1996.

Dans l'isolement politique et géographique de l'Afghanistan hérité des talibans, Al-Qaïda a pu librement préparer ses attaques contre les États-Unis.

En avril 2001, quelques mois à peine avant le 11 septembre et son assassinat aux mains d'agents d'Al-Qaïda, Ahmad Shah Massoud s'était adressé au Parlement européen à Strasbourg, avertissant que l'Occident paierait un lourd tribut s'il continuait à laisser l'extrémisme se développer en Afghanistan.

Ce discours fatidique a-t-il un rapport avec la situation actuelle ?

Des résidents afghans et des membres des familles des victimes se rassemblent à côté d'un véhicule endommagé à l'intérieur d'une maison, au lendemain d'une frappe aérienne de drone américain à Kaboul, le 30 août 2021. (Photo, AFP)

«Bien qu'il ne faille jamais se reposer sur ses lauriers, on peut affirmer que la menace terroriste mondiale émanant de l'Afghanistan n'est pas aussi grave aujourd'hui qu'elle ne l'était lorsque Massoud a lancé son avertissement en 2001», a souligné Kugelman.

Il a poursuivi: «Al-Qaïda s'est considérablement affaibli et le seul autre groupe en Afghanistan ayant des objectifs mondiaux est une section de Daesh qui ne peut actuellement projeter une menace au-delà de la région immédiate.»

Kugelman a ainsi prévenu: «Cela dit, soyons clairs: avec les forces de l'OTAN hors d'Afghanistan et un régime allié d'Al-Qaïda maintenant au pouvoir, le terrain est fertile à moyen terme pour que les groupes terroristes internationaux se reconstituent, surtout si nous voyons de nouveaux afflux de combattants étrangers en Afghanistan qui peuvent fournir des troupes de choc, des armes, de l'argent et une expertise tactique à ces groupes.»

En exil en Europe, Ahmad Wali Massoud est convaincu que les deux administrations Trump et Biden ont commis une grave erreur en décidant de négocier avec les talibans et en se retirant d'Afghanistan.

Selon lui, permettre au groupe de reprendre le pouvoir transformerait inévitablement l'Afghanistan en un foyer de terreur, une évolution dont il est convaincu, tout comme son frère l'avait prévenu, qu'elle reviendrait hanter l'Occident.

«Je crois qu'à présent, elles doivent avoir réalisé, après presque un an, qu'elles ont fait une erreur, car elles savent maintenant que les talibans sont hors de contrôle», a affirmé Massoud à Arab News.

«Je pense que si la situation reste telle quelle, Washington paiera un prix très élevé. Certainement, l'Afghanistan a déjà payé un prix très élevé. Mais je suis presque sûr que les États-Unis paieront aussi un prix très élevé», a-t-il soutenu.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Elon Musk lance Grokipedia pour concurrencer Wikipédia qu'il juge orienté à gauche

Le PDG de Tesla, Elon Musk, assiste à la cérémonie de commémoration de l'activiste d'extrême droite Charlie Kirk au State Farm Stadium à Glendale, Arizona. (AFP)
Le PDG de Tesla, Elon Musk, assiste à la cérémonie de commémoration de l'activiste d'extrême droite Charlie Kirk au State Farm Stadium à Glendale, Arizona. (AFP)
Short Url
  • Elon Musk et xAI ont lancé Grokipedia, une encyclopédie en ligne concurrente de Wikipédia, générée par intelligence artificielle et présentée comme “plus objective” selon Musk, avec déjà 885.000 définitions
  • Grokipedia est critiquée pour un biais idéologique apparent dans certains articles, notamment ceux sur Musk, Black Lives Matter ou Tucker Carlson, tandis que Wikipédia revendique un point de vue neutre

NEW YORK: Elon Musk et son entreprise xAI ont mis en ligne lundi Grokipedia, présenté comme le concurrent de l'encyclopédie en ligne Wikipédia, accusée de biais idéologique par une partie des républicains aux États-Unis.

La version a été numérotée 0.1 et comptait déjà lundi soir plus de 885.000 définitions, contre plus de 7 millions en anglais pour Wikipédia.

Dans un message posté sur X, Elon Musk a promis l'arrivée prochaine d'une version 1.0, "dix fois meilleure" que la 0.1, qui est déjà "meilleure que Wikipédia à (son) avis".

Il y a une semaine, l'entrepreneur avait décidé de reporter de quelques jours le lancement de Grokipedia, annoncé fin septembre, un délai justifié par la nécessité d'effectuer "un travail supplémentaire pour purger la propagande".

A l'image de responsables républicains, Elon Musk critique régulièrement Wikipédia depuis plusieurs années. En 2024, il avait taxé le site d'être "contrôlé par des activistes d'extrême gauche" et appelé à ne plus faire de don à la plateforme.

"Le but de Grok et de (Grokipedia) est la vérité, toute la vérité, rien que la vérité", a affirmé l'homme le plus riche du monde, qui a précisé que le programme informatique de l'encyclopédie était en accès libre (open source). "Tout le monde peut donc l'utiliser pour n'importe quoi gratuitement."

- "Biais systémiques" -

Le contenu de certains articles de Grokipedia témoigne d'une orientation des résultats, à l'image de la page consacrée à Elon Musk.

Dans les premiers paragraphes de résumé, la plateforme indique que le patron de Tesla et SpaceX a "influencé le débat" sur plusieurs sujets, ce qui lui a valu "des critiques des médias traditionnels qui font preuve de penchants à gauche dans leur couverture".

Concernant le mouvement des droits civiques "Black Lives Matter", Grokipedia écrit qu'il a "mobilisé des millions de personnes".

"Cependant, ces manifestations ont entraîné des émeutes, (...) les plus coûteuses de l'histoire des assurance pour les dommages aux biens", poursuit l'encyclopédie, sans mentionner, comme le fait Wikipédia, que "la grande majorité des manifestations de 2020 se sont déroulées dans le calme".

Autre exemple, la page consacrée à l'éditorialiste conservateur Tucker Carlson, qui souligne son "rôle (...) dans la dénonciation des biais systémiques du journalisme traditionnel". Elle renvoie à un article du site du magazine Newsweek qui ne mentionne ces biais que dans des citations de Tucker Carlson lui-même.

Créé en 2001, Wikipédia est une encyclopédie collaborative gérée par des bénévoles, largement financée par des dons, et dont les pages peuvent être écrites ou modifiées par les internautes.

Elle revendique un "point de vue neutre" dans ses contenus.

Le contenu de Grokipedia est lui généré par intelligence artificielle (IA) et l'assistant d'IA générative Grok mais cite également plusieurs sources sur chaque page.

En avril, le procureur fédéral de Washington, Ed Martin, remplacé depuis, avait adressé une demande de documents à la fondation Wikimédia, qui a autorité sur Wikipédia.

Il disait vouloir déterminer si Wikimédia était bien habilitée à bénéficier de l'exonération d'impôts octroyée aux fondations.

Le procureur désigné par Donald Trump avait dénoncé "la manipulation de l'information" dont Wikipédia se rendait coupable, selon lui, la plateforme cherchant à "masquer la propagande".

Fin août, deux élus républicains de la Chambre des représentants, James Comer et Nancy Mace, ont ouvert une enquête sur des "manoeuvres organisées (...) pour influencer l'opinion américaine (...) en manipulant des articles Wikipédia".

La naissance de Grokipedia a été saluée par plusieurs personnalités de droite, notamment l'idéologue ultranationaliste russe Alexandre Douguine, qualifiant l'article le concernant de "neutre", "objectif" et "juste" alors que celui de Wikipédia est, selon lui, "diffamatoire".


La Russie dit avoir intercepté 193 drones ukrainiens dans la nuit

Le ministère russe de la Défense a déclaré lundi avoir abattu 193 drones ukrainiens au cours de la nuit, les autorités locales faisant état d'une personne tuée dans l'attaque. (AP)
Le ministère russe de la Défense a déclaré lundi avoir abattu 193 drones ukrainiens au cours de la nuit, les autorités locales faisant état d'une personne tuée dans l'attaque. (AP)
Short Url
  • La Russie affirme avoir intercepté 193 drones ukrainiens dans la nuit de dimanche à lundi, dont 40 près de Moscou et 47 dans la région de Briansk, où une personne a été tuée et cinq blessées
  • Alors que Kiev intensifie ses frappes sur les infrastructures russes, Donald Trump écarte pour l’instant toute nouvelle rencontre avec Vladimir Poutine, faute de perspective d’accord sur la fin du conflit

KIEV: Le ministère russe de la Défense a annoncé lundi matin avoir intercepté 193 drones ukrainiens dans la nuit de dimanche à lundi, une attaque qui a fait un mort selon des autorités locales.

Un chauffeur de minibus a été tué et cinq passagers ont été blessés dans le village de Pogar, a affirmé lundi matin sur Telegram Aleksandre Bogomaz, gouverneur de la région de Briansk, frontalière de l'Ukraine.

Parmi les drones décomptés, 47 ont survolé la région de Briansk et 40 la région de Moscou, dont la majorité se dirigeait vers la capitale russe, selon le ministère de la Défense.

Depuis le début de son offensive il y a trois ans et demi, la Russie lance quasi-quotidiennement drones et missiles sur l'Ukraine, qui répond régulièrement en frappant le territoire russe.

Kiev intensifie ses frappes et vise notamment les infrastructures énergétiques russes.

Sur le front diplomatique, le président américain Donald Trump a affirmé samedi qu'il ne "perdrait pas son temps" à programmer une nouvelle rencontre avec son homologue russe Vladimir Poutine sans accord en vue pour mettre fin au conflit en Ukraine.

De son côté, la Russie a dénoncé dimanche des "tentatives" de saper son dialogue "constructif" avec les Etats-Unis.

Fin septembre, Moscou exerçait un contrôle total ou partiel sur 19% du territoire ukrainien, selon l'analyse par l'AFP des données fournies par l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW), qui travaille avec le Critical Threats Project (CTP).

Quelque 7% - la Crimée et des zones de la région industrielle du Donbass - étaient déjà contrôlés avant le début de l'assaut russe en février 2022.


Arab News lance un service de traduction en 50 langues au congrès FIPP de Madrid

Short Url
  • Grâce à l’intelligence artificielle, le premier quotidien anglophone d’Arabie saoudite est désormais accessible à 80 % de la population mondiale
  • Privilégiant l’innovation à l’appréhension, Arab News exploite l’IA pour renforcer les journalistes et étendre sa portée mondiale

MADRID : Arab News, premier quotidien anglophone d’Arabie saoudite, a lancé la version bêta d’un service de traduction alimenté par intelligence artificielle qui rend accessibles ses informations, analyses et points de vue dans 50 langues.

L’annonce a été faite par le rédacteur en chef Faisal J. Abbas lors d’un événement spécial à Madrid, coïncidant avec le FIPP World Media Congress 2025 et marquant le cinquantième anniversaire du journal.

« Grâce à la technologie moderne, Arab News, lancé en 1975 pour être une voix de l’Arabie saoudite en anglais, sera désormais la voix d’une région en mutation… dans 50 langues, atteignant un remarquable 6,5 milliards de personnes, soit 80 % de la population mondiale, » a déclaré Abbas mercredi soir lors d’un événement parallèle.

Parmi les participants figuraient la princesse Haifa bint Abdulaziz Al‑Mogrin, ambassadrice d’Arabie saoudite en Espagne, des diplomates arabes et espagnols, ainsi que des rédacteurs et dirigeants de haut niveau.

Abbas, qui supervise la transformation numérique du journal depuis 2016, a indiqué que le projet illustre à la fois le rôle de longue date d’Arab News comme voix de l’Arabie saoudite en anglais et l’engagement de la publication à raconter l’histoire d’une région en mutation rapide.

« L’idée provient de l’importance de raconter notre récit, notamment dans une région où les événements influencent le monde entier et où le cœur battant — l’Arabie saoudite — connaît une transformation massive et des réformes sous Vision 2030, » a-t-il ajouté.

La plateforme de traduction de pointe est alimentée par la technologie développée par CAMB.AI, une startup régionale devenue rapidement une des réussites les plus prometteuses de l’IA dans le monde arabe.

« Internet a été créé pour les anglophones et nous avons décidé de le repenser pour le monde, » a déclaré Avneesh Prakash, PDG de CAMB.AI.

« Nous avons créé CAMB.AI comme la plateforme d’IA de localisation la plus complète au monde, en nous appuyant sur nos modèles fondateurs. »

Prakash a déclaré que la technologie permet à « des organisations de premier plan dans le monde de localiser leur contenu — vidéo, audio, texte, documents, site web — tout ce qui permet aux marques d’atteindre la population mondiale au-delà des barrières linguistiques. »

« Le partenariat avec Arab News pour un lancement en 50 langues lors de sa cinquantième année d’existence démontre notre engagement à franchir ces barrières. Arab News incarne un contenu authentique et désormais, grâce à la technologie CAMB.AI, il peut toucher des milliards de personnes. »

L’événement a également proposé la projection de « Rewriting Arab News ».

Le documentaire retrace le parcours de la rédaction, né en 1975 à Jeddah par les frères Mohammad Ali Hafez et Hisham Ali Hafez, jusqu’à sa transformation numérique actuelle sous la houlette du groupe Saudi Research and Media Group.

Le film, qui figure sur la liste restreinte d’un prestigieux prix vidéo Art & Culture AIB 2025, montre comment Arab News est passé d’une publication papier nationale à une plateforme médiatique numérique reconnue dans le monde entier.

L’événement était animé par Juan Senor, analyste média et président de Innovation Media Consulting Group, qui a souligné les « menaces et opportunités » que représente l’IA pour l’industrie des médias en cette période cruciale.

Senor a déclaré que l’IA représente une « énorme disruption pour l’édition, la narration et le journalisme », mais que là où « certains voient une menace », Arab News voit « une opportunité. »

Tout comme la publication a adopté une approche “numérique d’abord”, elle embrasse désormais l’IA « de manière responsable, créative, intelligente », dans le but de renforcer les journalistes, plutôt que de les remplacer, a-t-il ajouté.

« L’évolution d’Arab News reflète la transformation de l’Arabie saoudite elle-même. Deux voyages côte à côte, tous deux enracinés dans la tradition, tous deux animés par l’ambition, et tous deux engagés dans le changement, » a déclaré Senor.

Parmi les participants figuraient également Cristina Juarraz, directrice adjointe et coordinatrice de programmation à Casa Arabe ; Pedro Gonzalez, journaliste et co-fondateur d’Euronews ; Ivan Moreno de Cozar y Landahl, secrétaire général d’Alliance Française Madrid ; Jaime Barrientos, reporter de guerre et expert Moyen-Orient ; et Jorge Hevia Sierra, ancien ambassadeur d’Espagne en Arabie saoudite.

L’événement a également accueilli plusieurs diplomates arabes, dont Raghad A. Alsaqqa, ambassadrice de Jordanie en Espagne ; Hani Shamatli, ambassadeur du Liban en Espagne ; Walid Abuabdalla, ambassadeur de Libye en Espagne ; et Husni Abdel Wahed, ambassadeur de Palestine en Espagne.

Parmi les autres invités figuraient Mohammad Alshohomi, chargé d’affaires par intérim du Koweït en Espagne ; Ehab Ahmed Badawy, ambassadeur d’Égypte en Espagne ; Saleh Ahmad Salem Alzaraim Alsuwaidi, nouvel ambassadeur des Émirats arabes unis ; et Malek Twal, chef du bureau de la Ligue arabe à Madrid.

Le lancement de la plateforme multilingue souligne l’expansion continue d’Arab News en tant que média international majeur et pionnier dans le rapprochement des cultures par le journalisme et l’innovation.

Depuis sa création, Arab News s’est forgé la réputation d’être la « voix d’une région en mutation », reflétant le développement, la diplomatie et la modernisation du royaume.

Abbas a déclaré que le lancement du service propulsé par l’IA marque un moment charnière pour le journal, fusionnant technologie et narration pour partager les perspectives de la région avec un public mondial.

« Cette année, nous fêtons nos 50 ans. Et nous étions déterminés à ce que notre célébration ne soit pas une fête d’adieu mais un renouveau, » a-t-il déclaré. « Nous sommes fiers d’embrasser la technologie, et non de la craindre. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com