Ukraine: Succès militaires de la Russie dans l'Est, Poutine joue avec la peur nucléaire

Un homme se tient près d'une barricade faite de voitures de police détruites à Lysychansk le 21 juin 2022 (Photo, AFP).
Un homme se tient près d'une barricade faite de voitures de police détruites à Lysychansk le 21 juin 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 26 juin 2022

Ukraine: Succès militaires de la Russie dans l'Est, Poutine joue avec la peur nucléaire

  • Le président russe Vladimir Poutine a annoncé que son pays allait « dans les prochains mois» livrer au Bélarus des missiles capables de transporter des charges nucléaires
  • Kiev avait peu avant accusé la Russie de vouloir "attirer" Minsk "dans la guerre" après le tir, selon l'armée ukrainienne, de 20 missiles à partir du sol bélarusse

KIEV: Les forces russes ont obtenu samedi d'importants succès militaires dans l'est de l'Ukraine, s'emparant totalement, à l'issue d'une bataille acharnée, de la ville stratégique de Severodonetsk et pénétrant dans celle voisine de Lyssytchansk, à l'entame du cinquième mois de conflit.

Dans le même temps, le président russe Vladimir Poutine a annoncé que son pays allait "dans les prochains mois" livrer au Bélarus, d'où des frappes ont été effectuées contre le territoire ukrainien, des missiles capables de transporter des charges nucléaires.

Il s'agit d'Iskander-M, a précisé le chef de l'Etat russe au début d'un entretien avec son homologue bélarusse Alexandre Loukachenko à Saint-Pétersbourg (nord-ouest de la Russie).

Dans des déclarations qui risquent de tendre davantage encore les rapports entre Moscou et les Occidentaux, les deux dirigeants ont aussi dit vouloir moderniser l'aviation du Bélarus pour la rendre capable de transporter des armes nucléaires.

Kiev avait peu avant accusé la Russie de vouloir "attirer" Minsk "dans la guerre" après le tir, selon l'armée ukrainienne, de vingt missiles depuis le sol bélarusse ainsi que d'avions, sur un important centre militaire ukrainien à Desna (nord) samedi à l'aube.

Ce village de la région frontalière de Tcherniguiv avait déjà été la cible le 17 mai de bombardements ayant fait 87 morts d'après les Ukrainiens.

Des attaques ont été menées depuis le Bélarus au tout début de l'invasion de l'Ukraine déclenchée le 24 février.

Le président américain Joe Biden est arrivé samedi soir en Europe, où il entend encore consolider, et sur la durée, les rangs des Occidentaux face à Moscou.

Il doit participer dimanche à un sommet du G7 dans le sud de l'Allemagne, où l'aide à l'Ukraine sera évoquée, puis, à compter de mardi à Madrid, à un autre de l'Otan.

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a appelé samedi les dirigeants du G7 à ne pas "abandonner l'Ukraine", mettant en garde contre toute "fatigue" dans le soutien à Kiev et annonçant une aide économique supplémentaire pouvant atteindre 525 millions de dollars, pour porter le total à 1,8 milliard.

Cinq mois

"Tout signe de fatigue ou d'affaiblissement dans le soutien occidental à l'Ukraine jouera directement en faveur du président Poutine", a insisté Downing Street.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a indiqué samedi soir qu'il comptait participer au sommet du G7, relevant l'entrée du conflit dans le cinquième mois.

"C'est une telle étape dans la guerre --moralement difficile, émotionnellement difficile. (...) Ce n'est pas simplement la destruction de nos infrastructures, c'est aussi la pression cynique, calculée sur les émotions de la population", a-t-il déploré. Mais "aucun missile ni bombardement russe ne brisera l'esprit des Ukrainiens".

Il a plaidé une nouvelle fois pour une assistance occidentale accrue en armements et en systèmes anti-aériens, jugeant les sanctions "insuffisantes".

L'armée de l'air ukrainienne a rapporté samedi une "attaque russe massive (...) avec plus de 50 missiles de plusieurs types tirés des airs, de la mer et du sol" la nuit précédente, soulignant que les X-22, Onyx et Iskander étaient "extrêmement difficiles" à intercepter par les dispositifs ukrainiens.

Dans l'est de l'Ukraine, l'armée russe a engrangé samedi des avancées majeures.

Severodonetsk est "entièrement occupée par les Russes", a ainsi reconnu en fin d'après-midi son maire Oleksandre Striouk, au lendemain de l'annonce par l'armée ukrainienne de son retrait de cette cité d'environ 100.000 habitants avant la guerre pour mieux défendre la localité de Lyssytchansk, située sur la rive opposée de la rivière Donets.

Le gouverneur de la région de Lougansk Serguiï Gaïdaï a confirmé samedi soir l'occupation de Severodonetsk, soulignant que la ville était "détruite à 90%. Il sera très difficile d'y survivre". Selon lui, les Russes ont nommé un "commandant" pour cette cité dont il n'est possible de s'échapper "qu'à travers des territoires occupés".

Les séparatistes ont parallèlement déclaré avoir "pris le contrôle total de la zone industrielle de l'usine Azot" à Severodonetsk et être entrés avec les militaires russes à Lyssytchansk.

"Des combats de rue s'y déroulent actuellement", ont-ils ajouté, sans qu'une confirmation de source indépendante ne puisse être obtenue dans l'immédiat.

Une progression sur le terrain cruciale pour la Russie, qui veut conquérir l'intégralité du bassin industriel du Donbass, déjà partiellement aux mains des séparatistes prorusses depuis 2014.

Vivre «plus longtemps»

"Tout le monde souffre. On essaie de survivre", confie Nina, 64 ans, retraitée qui pousse sa bicyclette à Seversk, près de la ligne de front. "Il n'y a pas d'eau (courante), pas de gaz, pas d'électricité. On vit sous les bombes depuis trois mois, c'est l'âge de pierre".

"La ville est carrément morte et nous voudrions vivre un peu plus longtemps", se plaint Marina, 63 ans, ouvrière en retraite. "Ils sont juste en train de nous tuer, c'est dangereux partout".

L'armée russe a indiqué avoir tué "jusqu'à 80 mercenaires polonais" dans un bombardement, détruisant aussi vingt véhicules blindés et huit lance-roquettes multiples Grad dans des tirs d'armes de haute précision sur l'usine de zinc Megatex à Konstantinovka, dans la région orientale de Donetsk.

Cette information n'était pas non plus vérifiable. Moscou assure fréquemment "éliminer des mercenaires" étrangers partis combattre en Ukraine.

Dans le Sud, le ministère russe de la Défense a déclaré samedi que "plus de 300 militaires ukrainiens et mercenaires étrangers et 35 unités d'armes lourdes" avaient été "liquidés en une journée dans la région de Mykolaïv".

Le commandement opérationnel de la région sud a indiqué dans la nuit de samedi à dimanche que les Russes poursuivaient leurs "actions défensives", augmentant l'intensité des frappes mais "sans viser de nouvelles cibles".

A Kharkiv (nord-est), deuxième plus grande métropole d'Ukraine, qui résiste à la pression des troupes russes depuis le début de l'offensive, les missiles s'abattent à nouveau quotidiennement sur le centre-ville.


Gaza: 29 partenaires internationaux appellent à lever les restrictions pesant sur l’aide humanitaire

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  • Le communiqué met en garde contre les nouvelles exigences restrictives d’enregistrement imposées aux ONG internationales opérant dans les territoires palestiniens occupés
  • Celles-ci, préviennent les ministres et responsables signataires, pourraient contraindre certaines organisations « essentielles » à cesser leurs activités du jour au lendemain, aggravant encore une situation déjà critique

PARIS: Face à une crise humanitaire d’une ampleur inédite, un front diplomatique large exhorte Israël à lever les obstacles à l’action des ONG internationales à Gaza.

Les souffrances humanitaires dans la bande de Gaza ont atteint, selon 29 partenaires internationaux, « des niveaux inimaginables ». Dans une déclaration conjointe, les signataires alertent sur la propagation de la famine et la nécessité d’une action « urgente » pour inverser la tendance. « L’espace humanitaire doit être protégé et l’aide ne doit jamais être instrumentalisée à des fins politiques », souligne le texte.

Le communiqué met en garde contre les nouvelles exigences restrictives d’enregistrement imposées aux ONG internationales opérant dans les territoires palestiniens occupés. Celles-ci, préviennent les ministres et responsables signataires, pourraient contraindre certaines organisations « essentielles » à cesser leurs activités du jour au lendemain, aggravant encore une situation déjà critique.

Les 29 partenaires demandent instamment au gouvernement israélien « d’accorder une autorisation à toutes les livraisons d’aide des ONG internationales et de lever tous les obstacles qui empêchent des acteurs humanitaires essentiels d’intervenir ». Ils réclament la mise en place de mesures « immédiates, permanentes et concrètes » pour permettre un accès « à grande échelle et en toute sécurité » des Nations Unies, des ONG et de l’ensemble des partenaires humanitaires.

Le texte précise que tous les points de passage et les routes doivent être ouverts afin de permettre l’entrée massive de vivres, de produits nutritifs, d’abris, de carburant, d’eau potable, de médicaments et d’équipements médicaux. Les signataires rappellent également que « la force létale ne saurait être utilisée sur les sites de distribution » et que la protection des civils, des travailleurs humanitaires et des personnels de santé est une obligation.

Dans leur appel, les 29 partenaires remercient les États-Unis, le Qatar et l’Égypte pour leurs efforts en faveur d’un cessez-le-feu et d’un accord de paix. Ils insistent sur la nécessité d’un cessez-le-feu « capable de mettre fin à la guerre, de permettre la libération des otages et l’entrée sans entrave de l’aide à Gaza par voie terrestre ».

La déclaration est signée par les ministres des Affaires étrangères de l’Australie, de la Belgique, du Canada, de Chypre, du Danemark, de l’Espagne, de l’Estonie, de la Finlande, de la France, de la Grèce, de l’Irlande, de l’Islande, de l’Italie, du Japon, de la Lettonie, de la Lituanie, du Luxembourg, de Malte, de la Norvège, des Pays-Bas, du Portugal, du Royaume-Uni, de la Slovaquie, de la Slovénie, de la Suède et de la Suisse, ainsi que par la haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, la commissaire de l’UE à la Méditerranée, la commissaire à l’égalité et le commissaire chargé de l’état de préparation et de la gestion des crises.


Le Conseil de l'Europe met en garde contre les ventes d'armes à Israël

Dans un communiqué, le commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Michael O'Flaherty, a réitéré son appel aux pays membres afin qu'ils "fassent tout leur possible pour prévenir et répondre aux violations du droit international humanitaire et des droits de l'homme dans le contexte du conflit à Gaza". (AFP)
Dans un communiqué, le commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Michael O'Flaherty, a réitéré son appel aux pays membres afin qu'ils "fassent tout leur possible pour prévenir et répondre aux violations du droit international humanitaire et des droits de l'homme dans le contexte du conflit à Gaza". (AFP)
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  • La semaine dernière, le chancelier allemand Friedrich Merz a annoncé une suspension des exportations d'armes qu'Israël pourrait utiliser dans le cadre du conflit à Gaza
  • "Cependant, il faut faire plus et rapidement", plaide le commissaire

STRASBOURG: Le Conseil de l'Europe a mis en garde mardi contre les ventes d'armes à Israël, appelant ses 46 Etats membres à s'assurer qu'elles ne sont pas utilisées dans le cadre de violations des droits de l'homme à Gaza.

Dans un communiqué, le commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Michael O'Flaherty, a réitéré son appel aux pays membres afin qu'ils "fassent tout leur possible pour prévenir et répondre aux violations du droit international humanitaire et des droits de l'homme dans le contexte du conflit à Gaza".

"Cela comprend l'application des normes juridiques existantes pour faire en sorte que les transferts d'armements ne soient pas autorisés lorsqu'il existe un risque qu'ils soient utilisés pour commettre des violations" des droits fondamentaux, écrit le commissaire.

La semaine dernière, le chancelier allemand Friedrich Merz a annoncé une suspension des exportations d'armes qu'Israël pourrait utiliser dans le cadre du conflit à Gaza, un changement politique majeur pour Berlin, allié traditionnel de l'Etat hébreu.

"Cependant, il faut faire plus et rapidement", plaide le commissaire.

Le Conseil de l'Europe, qui siège à Strasbourg, est la vigie de la démocratie et des droits de l'homme sur le continent.

En juin, M. O'Flaherty s'était inquiété auprès des autorités allemandes de "restrictions à la liberté d'expression et à la liberté de réunion pacifique" des personnes manifestant "dans le contexte du conflit à Gaza".


Inde: au moins 68 personnes toujours disparues après la crue subite dans l'Himalaya

Pour P.K. Joshi, expert des dangers de l'Himalaya à l'université Jawaharlal Nehru de New Delhi, il semble que la crue ait été causée par l'effondrement d'un amas de débris de roche, appelé moraine, qui retenait un lac d'eau de fonte d'un glacier. (AFP)
Pour P.K. Joshi, expert des dangers de l'Himalaya à l'université Jawaharlal Nehru de New Delhi, il semble que la crue ait été causée par l'effondrement d'un amas de débris de roche, appelé moraine, qui retenait un lac d'eau de fonte d'un glacier. (AFP)
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  • Les responsables des secours ont indiqué mardi qu'ils recherchaient des corps dans les décombres de la ville touristique de Dharali, dans l'Etat indien d'Uttarakhand (nord)
  • Gambhir Singh Chauhan, de la Force nationale d'intervention en cas de catastrophe (NDRF), a déclaré que des chiens renifleurs avaient identifié plusieurs sites indiquant la présence d'un corps

NEW DELHI: Au moins 68 personnes sont toujours portées disparues dans la crue meurtrière qui a balayé la semaine dernière une localité dans l'Himalaya indien, ont annoncé mardi les autorités locales.

Elles recensent désormais 68 personnes disparues, dont 44 Indiens et 22 Népalais. Neuf soldats figurent sur la liste.

Les responsables des secours ont indiqué mardi qu'ils recherchaient des corps dans les décombres de la ville touristique de Dharali, dans l'Etat indien d'Uttarakhand (nord).

Gambhir Singh Chauhan, de la Force nationale d'intervention en cas de catastrophe (NDRF), a déclaré que des chiens renifleurs avaient identifié plusieurs sites indiquant la présence d'un corps.

"Lorsque les fouilles ont commencé, de l'eau a jailli du sol", a-t-il précisé.

Les autorités avaient déclaré peu après le désastre que la crue avait été causée par une intense averse de pluie.

Mais des experts évaluant les dégâts estiment que l'averse n'était que le déclencheur final, qui est venu s'ajouter à des jours de pluies soutenues et prolongées qui avaient déjà détrempé et ramolli le sol.

Les glaciers de l'Himalaya, qui fournissent une eau essentielle à près de deux milliards de personnes, fondent plus vite que jamais à cause du réchauffement climatique, exposant les populations à des désastres imprévisibles et coûteux, préviennent les scientifiques.

Le ramollissement du pergélisol (ou permafrost, partie du sol gelée en permanence pendant au moins deux années consécutives) augmente les risques de glissements de terrain.

Pour P.K. Joshi, expert des dangers de l'Himalaya à l'université Jawaharlal Nehru de New Delhi, il semble que la crue ait été causée par l'effondrement d'un amas de débris de roche, appelé moraine, qui retenait un lac d'eau de fonte d'un glacier.