Stimuler l’innovation hôtelière: nouvelle mission académique et universitaire saoudienne

Un nouveau partenariat en plein essor entre l’Université Effat et Kerten Hospitality vise à aider la jeunesse saoudienne à dynamiser l’industrie touristique du Royaume et à atteindre les objectifs de son plan Vision 2030 (Photo fournie).
Un nouveau partenariat en plein essor entre l’Université Effat et Kerten Hospitality vise à aider la jeunesse saoudienne à dynamiser l’industrie touristique du Royaume et à atteindre les objectifs de son plan Vision 2030 (Photo fournie).
Short Url
Publié le Samedi 02 juillet 2022

Stimuler l’innovation hôtelière: nouvelle mission académique et universitaire saoudienne

  • L’Université Effat a conclu un partenariat avec Kerten Hospitality afin d’organiser des évènements et soutenir les entreprises touristiques locales
  • Les jeunes saoudiens sont encouragés à suivre des apprentissages et des stages dans l’industrie hospitalière en plein essor

DUBAÏ: Dans le cadre de leur mission de diversification de l’économie nationale loin de la dépendance au pétrole, les autorités saoudiennes encouragent désormais activement l’esprit de l’entrepreneuriat chez les jeunes, notamment chez ceux qui souhaitent travailler dans le secteur du tourisme et de l’hôtellerie.

Afin de faire avancer ce programme, les établissements universitaires s’associent au secteur privé pour organiser des évènements et des activités qui aideront à incuber une culture de start-up et à développer des industries locales.

Un exemple est en effet la nouvelle collaboration entre l’Université Effat d’Arabie Saoudite et Kerten Hospitality. Ce partenariat vise à offrir aux jeunes la possibilité de participer à des sessions d’encadrement et des hackathons, des évènements de codage social rassemblant les programmeurs informatiques et d’autres développeurs pour améliorer ou construire de nouveaux systèmes logiciels, tout en offrant un soutien aux étudiants qui souhaitent créer leur propre entreprise.

« En tant qu’opérateur ESG mixte, nous allons nous concentrer sur nos axes clés – l’accompagnement de la communauté locale et de la jeune génération d’acteurs de l’hôtellerie. De plus, nous allons miser sur le local dans toutes les sphères, comme l’embauche et la formation de talents locaux pour stimuler l’innovation», a déclaré Marloes Knippenberg, PDG de Kerten Hospitality, à Arab News. L’ESG fait référence aux facteurs et objectifs non financiers environnementaux, sociaux et de gouvernance qui influencent les décisions de l’entreprise.

Le but est de « stimuler les initiatives qui renforceront l’esprit d’entrepreneuriat grâce au lancement et à l'introduction de nouvelles opportunités commerciales qui permettant aux étudiants de lancer, gérer et développer leur entreprise. »

L’industrie hospitalière est l’avant-garde de cette charge, mais d’autres secteurs, comme la technologie et les arts, en bénéficieront également (Photo fournie)

« L’innovation joue un rôle très important dans cette dynamique puisqu’elle contribue à atteindre les aspirations touristiques du pays. »

Le plan Vision 2030 de l’Arabe Saoudite pour la réforme sociale et la diversification économique vise à accroitre les investissements dans les secteurs de loisirs, de l’hôtellerie et de tourisme. Son but est d’attirer au moins 100 millions de visiteurs dans le Royaume chaque année, d’ici la fin de la décennie.

Les investissements dans l’industrie touristique du pays devraient dépasser 1 milliard de dollars (1 dollar américain = 0,95 euro) au cours des 10 prochaines années. Afin d’y parvenir, les autorités veillent à créer un environnement favorable aux investissements et à encourager les entrepreneurs locaux à prendre l’initiative du développement de ces industries. Kerten Hospitality propose de partager son expérience et son expertise pour les aider à réussir.

« Nous sommes au début d’un écosystème qui deviendra autonome, grâce à un réseau connecté d’acteurs et de performants dans plusieurs industries du domaine de l’hôtellerie », annonce Knippenberg.

« Nous sommes ici pour collaborer, adapter notre savoir-faire à l’environnement local et travailler avec des entités et des organisations qui vont dans cette même direction, avec la même rapidité et la même volonté d’arriver à 2030 comme des accélérateurs de croissances plutôt que des retardataires de développement. »

Selon elle, il est très important d’investir du temps et des ressources dans une jeune génération motivée, débordante de nouvelles idées et qui profitera du la croissance et la prospérité du Royaume, à long terme.

L’hospitalité est présente dans le secteur touristique et le perfectionnement du capital humain ainsi que l’accent mis sur les jeunes seront d’une importance primordiale, selon Marlos Knippenberg, PDG de Kerten Hospitality (Photo fournie)

En effet, 70% de la population saoudienne a moins de 30 ans, selon un rapport publié en avril par la société régionale de marketing numérique, Global Media Insight. Ainsi, ce groupe démographique devrait devenir le moteur des efforts fournis afin d’atteindre les objectifs de Vision 2030.

« L’hospitalité est présente dans le secteur touristique et le perfectionnement du capital humain ainsi que l’accent mis sur les jeunes seront d’une importance primordiale » a annoncé Knippenberg.

« C’est alors là que nous voulons collaborer avec Effat, afin de soutenir cette volonté de de se rapprocher de la réalisation de cette mission. »

De tels partenariats sont nécessaires parce que le secteur hôtelier du Royaume se trouve dans une phase de formation. Ainsi, en travaillant avec Effat, Knippenberg espère que son entreprise pourra aider à fournir aux jeunes saoudiens l’expérience pratique dont ils ont besoin pour démarrer.

« C’est d’ailleurs pourquoi nous espérons motiver les jeunes à contribuer à l’espace hôtelier grâce à l’expertise acquise au cours de leurs expériences avec notre équipe mondiale », a-t-elle ajouté.

EN CHIFFRES :

70% : le taux de la population saoudienne estimée avoir moins de 30 ans.

100m+ : objectif pour les visiteurs de l’Arabie Saoudite chaque année, d’ici la fin de la décennie.

Sarah Hassan, étudiante de 23 ans, diplômée de l’Université Effat, poursuit actuellement une carrière dans la logistique et la gestion de la chaine d’approvisionnement au sein de l’industrie hôtelière.

« Ce domaine en Arabie Saoudite est énorme, notamment à La Mecque et à Médine. Les musulmans du monde entier voyagent pour visiter ce pays. Il s’agit donc de l’une des industries les plus robustes », a-t-elle déclaré à Arab News. « Maintenant, tout évolue avec la Vision 2030 et la volonté du Royaume à attirer plus de touristes. »

À Djeddah, où Hassan a grandi, l’hospitalité joue déjà un rôle très important dans l’économie locale.

« La saison de Djeddah vient tout juste de commencer et je vois déjà de nombreux visiteurs, provenant de toute l’Arabie Saoudite. »

« Le gouvernement met d’ailleurs toutes ses ressources au service du terrain. Je postule actuellement à des emplois et je souhaite poursuivre un master en gestion de chaine d’approvisionnement à l'étranger, afin de pouvoir rapporter mes connaissances au Royaume.

Un certain nombre d’universités saoudiennes explorent des partenariats avec le secteur privé afin d’aider leurs étudiants à répondre aux besoins des différents marchés du travail à travers le Royaume (Photo fournie)

La collaboration entre l'Université Effat et Kerten permettra aux étudiants d’acquérir des compétences en résolution de problèmes et un savoir-faire de l’entrepreneuriat dans le cadre d'une initiative dirigée par Maria Bou Eid, directrice générale de The House Hotel Jeddah City Yard.

Haifa Jamal Al-Lail, présidente de l'Université Effat, a déclaré que ce partenariat introduira les étudiants à un marché du travail relativement nouveau tandis que le pays connaît une transformation économique de grande envergure.

« Le Royaume entier subit de nombreux changements en tous genres », a-t-elle affirmé à Arab news.   

« Afin de transformer les étudiants en citoyens de valeurs, il est important qu’ils s’engagent très tôt dans le marché afin de savoir exactement quelles sont les exigences et comment ils peuvent y faire face, une fois leurs diplômes en mains. L’hospitalité est vraiment la voie à suivre pour l'avenir du Royaume.

Avec tout ce qui se passe dans le domaine de l’art et de la culture, il est impossible d’accueillir qui que ce soit, sans sens de l’hospitalité. »

Quelques universités du Royaume établissent des partenariats académiques-industriels similaires pour aider à combler les lacunes en matière d'expérience.

« Il s’agit de s’assurer que nous avons le marché à l'intérieur de l'université et vice versa", a déclaré Al-Lail. « Si ce type de relation réciproque ne se fait pas depuis le top management, cela ne se répercutera donc pas aux différents niveaux de l'institution.

« Cela aide énormément les différents départements et collèges à demander l'aide de la communauté et d'y travailler pour vraiment montrer aux étudiants les nouveaux emplois disponibles et les compétences nécessaires. »

Al-Lail espère que plus d'entreprises de divers domaines, y compris le secteur de la technologie, établiront des partenariats avec des établissements d'enseignement supérieur du Royaume afin que les étudiants puissent bénéficier des conseils et de l'expérience qu'ils peuvent fournir, ou peut-être même des subventions et des bourses.

« Cela fera une grande différence parce que non seulement ils investissent dans les étudiants pendant leurs études mais ils les préparent également à rejoindre immédiatement leur industrie après l’obtention de leur diplôme », a-t-elle ajouté.

« Cela leur permet de combler l’écart, tout en offrant des emplois à nos étudiants. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Netanyahu appelle au départ de la population de Gaza-ville, après un attentat meurtrier à Jérusalem

Short Url
  • Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a appelé lundi les habitants de la ville de Gaza à "partir maintenant" de ce principal centre urbain du territoire palestinien
  • La Défense civile de Gaza, qui opère sous l'autorité du Hamas, a pour sa part fait état lundi d'au moins 39 personnes tuées dans des frappes israéliennes, dont 25 à Gaza-ville (nord)

JERUSALEM: Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a appelé lundi les habitants de la ville de Gaza à "partir maintenant" de ce principal centre urbain du territoire palestinien, où l'armée intensifie son offensive.

Cette annonce intervient après que deux Palestiniens ont ouvert dans la matinée le feu sur une station d'autobus à Jérusalem-Est, tuant six Israéliens, l'une des attaques les plus meurtrières dans la ville depuis le début de la guerre à Gaza, il y a près de deux ans.

La Défense civile de Gaza, qui opère sous l'autorité du Hamas, a pour sa part fait état lundi d'au moins 39 personnes tuées dans des frappes israéliennes, dont 25 à Gaza-ville (nord).

"En deux jours, nous avons détruit 50 tours terroristes, et ce n'est que le début de l'intensification des opérations terrestres dans la ville de Gaza. Je dis aux habitants: vous avez été prévenus, partez maintenant!", a déclaré M. Netanyahu.

L'armée israélienne a annoncé le mort au combat de quatre soldats dans le nord de la bande de Gaza.

L'ONU, la France, l'Allemagne, l'Union européenne et la présidence palestinienne ont condamné l'attentat, perpétré dans le secteur de la Ville sainte occupé et annexé par Israël, et dont les deux auteurs on été tués.

"C'était une scène très difficile", a témoigné Fadi Dekaidek, un infirmier, cité les services de secours israéliens.

"Cette opération est une réponse naturelle (...) au génocide de l'occupation contre notre peuple dans la bande de Gaza", a réagi le Hamas sans revendiquer l'attaque à l'arme à feu.

Quatrième tour détruite 

L'armée israélienne a détruit lundi une nouvelle tour d'habitation - la quatrième en trois jours - à Gaza-City, considérée comme le dernier grand bastion du Hamas. L'armée dit contrôler 40% de l'agglomération, dont un plan approuvé en août prévoit la conquête.

Les Israéliens, qui ont appelé aux évacuations avant ces frappes, accusent le Hamas d'utiliser ces bâtiments pour opérer, ce que nie le mouvement islamiste palestinien.

Des images de l'AFP montrent des panaches de fumée s'élevant dans le ciel avant que l'édifice ne s'effondre au sol.

"Ils font tout cela pour nous déplacer. Nous avons peur de partir, on est incapables de partir ! Il n'y a pas de place pour nous dans le sud et on n'a pas d'argent", s'indigne une habitante, Oum Ahmed.

A l'hôpital Al-Chifa de la ville, des Palestiniens ont pleuré plus tôt leurs proches tués, dans des raids ayant touché des tentes de déplacés, selon des images de l'AFP.

Des femmes sanglotent près des corps de deux fillettes, plus loin, un homme caresse le visage de son bébé d'un an, enveloppé dans un linceul blanc.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans de la Défense civile et les affirmations de l'armée.

"Anéantis" 

Dans le même temps, une source palestinienne proche du Hamas a affirmé que le mouvement avait reçu "quelques idées de la part des Américains afin de parvenir à un cessez-le-feu", qui reprennent les grandes lignes des précédente propositions d'une trêve assortie de la libération des otages du 7-Octobre toujours retenus à Gaza.

Israël et Washington ont tous sommé le Hamas de libérer ces captifs.

"Ceci est un dernier avertissement (...): libérez les otages et déposez les armes, ou Gaza sera détruite et vous serez anéantis", a déclaré lundi le ministre de la Défense Israël Katz.

"Les Israéliens ont accepté mes conditions. Il est temps pour le Hamas d'accepter également. J'ai averti le Hamas des conséquences en cas de refus. Ceci est mon dernier avertissement, il n'y en aura pas d'autre!", avait indiqué dimanche M. Trump, allié d'Israël.

Le Hamas, dont l'attaque sans précédent contre Israël le 7 octobre 2023 a déclenché la guerre, a redit être prêt à des négociations "en échange d'une déclaration claire de la fin de la guerre et d'un retrait complet israélien de la bande de Gaza" notamment.

Ces exigences sont rejetées par Israël qui veut détruire le Hamas et prendre le contrôle sécuritaire de l'ensemble du territoire palestinien.

Tension entre Madrid et Jérusalem 

La tension opposant Israël à plusieurs pays européens est aussi montée d'un cran après l'annonce par le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, de mesures pour "mettre un terme au génocide à Gaza".

Madrid  a annoncé le rappel pour consultations son ambassadrice à Tel Aviv.

"Sanchez et ses ministres pervers, qui ont justifié le massacre du 7 octobre, ont depuis longtemps choisi de se ranger du côté du Hamas", a auparavant accusé le ministre israélien des Affaires étrangères.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. D'après l'armée, 47 captifs restent retenus à Gaza dont 25 présumés morts, sur un total de 251 personnes enlevées durant l'attaque.

L'offensive de représailles israéliennes a fait au moins 64.522 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas à Gaza, dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU.

 


Attaque à l'arme à feu à Jérusalem-Est, des blessés

Short Url
  • Le Magen David Adom, équivalent israélien de la Croix-Rouge, a indiqué avoir envoyé des équipes de secours sur place après avoir reçu des appels à propos d'une attaque ayant fait des blessés à Ramot
  • Un porte-parole de la police a indiqué sur la chaîne 12 de la télévision israélienne que "deux terroristes" avaient été "neutralisés"

JERUSALEM: Deux assaillants ont ouvert le feu lundi et blessé plusieurs personnes à un carrefour de Jérusalem-Est avant d'être "neutralisés", selon les premières informations de la police et des secours israéliens.

Le Magen David Adom, équivalent israélien de la Croix-Rouge, a indiqué avoir envoyé des équipes de secours sur place après avoir reçu des appels à propos d'une attaque ayant fait des blessés à Ramot, quartier de Jérusalem-Est, secteur de la Ville sainte occupé et annexé par Israël.

Un porte-parole de la police a indiqué sur la chaîne 12 de la télévision israélienne que "deux terroristes" avaient été "neutralisés" après avoir ouvert le feu et fait "plusieurs blessés", sans préciser si les assaillants avaient été tués. Selon des médias israéliens, l'attaque a visé notamment un bus.

 


Frankly Speaking: Le haririisme peut-il faire son retour au Liban ?

Short Url
  • L'homme d'affaires libanais Bahaa Hariri évoque les raisons de son retour, les nouveaux dirigeants du pays et ses liens avec les Etats-Unis
  • Le fils aîné de l'ex-PM Rafic Hariri clarifie sa position sur la Syrie et le Hezbollah, et délivre un message à la communauté chiite

RIYADH : Vingt ans après l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, et trois ans après que son frère cadet Saad a quitté la vie politique, Bahaa Hariri se dit prêt à revenir au Liban et à faire revivre l'héritage de sa famille.

Lors de son passage à l'émission hebdomadaire d'Arab News "Frankly Speaking", il a exposé les raisons de son retour, son point de vue sur les nouveaux dirigeants libanais, sa position sur le Hezbollah et la Syrie, ainsi que son message à la communauté chiite de son pays.

Fils aîné de Rafic Hariri, Bahaa Hariri est longtemps resté à l'écart de la scène politique turbulente du Liban. Il a fait carrière dans les affaires à l'étranger, se tenant souvent à l'écart des batailles qui agitaient la scène politique de Beyrouth. Lors d'un entretien avec l'animatrice Katie Jensen, il a insisté sur le fait que sa décision de revenir maintenant n'était pas une question de timing, mais de responsabilité.

"La situation est très délicate et le Liban a besoin de personnes honnêtes qui veulent s'assurer que le Liban passe cette période délicate", a-t-il déclaré.

"Il ne s'agit pas d'arriver trop tard ou trop tôt, mais de faire ce qu'il faut. C'est pourquoi nous sommes ici pour faire ce qu'il faut, pour être aux côtés de notre nation dans la période la plus délicate et pour faire de notre mieux pour la servir et faire en sorte qu'elle passe ce cap. Pour moi, c'est extrêmement important, non seulement au Liban, mais aussi dans la région.


Lors de son passage à l'émission hebdomadaire d'Arab News "Frankly Speaking", M. Hariri a expliqué les raisons de son retour, son point de vue sur les nouveaux dirigeants du Liban, sa position sur le Hezbollah et la Syrie, et son message à la communauté chiite de son pays. (Photo AN)
Pour M. Hariri, l'effondrement économique est un facteur clé. Il a rappelé comment, sous son père, l'économie libanaise avait progressé malgré la présence syrienne et la domination du Hezbollah. "Aujourd'hui, rien ne va plus, et le moins que l'on puisse dire, c'est que je suis très inquiet", a-t-il déclaré. "L'économie est en ruine, rien ne bouge, la lire (en tout cas) ne bouge pas.

Pour Bahaa Hariri, "rester sur le côté et ne rien faire n'est pas une option".

Lorsqu'on lui demande s'il y a encore de la place pour le "haririsme" politique - l'influence des Hariri - au Liban, où beaucoup se tournent désormais vers le président Joseph Aoun et le premier ministre Nawaf Salam pour prendre les rênes du pays, il répond : "C'est aux Libanais de décider de ce qu'ils veulent faire : "C'est au peuple libanais de décider. Personne n'est plus important que sa propre nation. Mais nous sommes là pour aider. Nous sommes ici avec nos relations pour faire de notre mieux. Et je peux sentir que c'est vraiment nécessaire parce que, comme nous le voyons, la situation est désastreuse. Elle ne fait qu'empirer, elle ne s'améliore pas".

Le haririsme, a insisté Bahaa Hariri, n'est "pas mort". Il a décrit le nom Hariri comme un nom qui "unifie, pas divise", rappelant comment des centaines de milliers de Libanais de toutes les sectes, y compris de nombreux chiites du sud et de la vallée de la Bekaa, sont venus aux funérailles de son père en 2005.

"Je ne suis ici que pour perpétuer l'héritage de Rafic Hariri", a-t-il déclaré. "Mon frère, je l'aime, mais il peut parler de son héritage. Je ne suis ici que pour perpétuer l'héritage de Rafic Hariri.

Sur sa relation avec Saad, qui s'est retiré de la vie politique en 2022, Bahaa Hariri a été clair : "Je ne suis pas ici pour chercher son soutien. Je l'aime comme mon frère. Je me soucie énormément de lui. Je m'assure toujours qu'il va bien. Mais en fin de compte, je ne cherche le soutien de personne".

Cependant, M. Hariri a également souligné que les liens familiaux restaient forts. "Nous demandons toujours des nouvelles des uns et des autres et nous nous assurons que tout le monde va bien. En tant que famille, vous devez vous assurer que si son doigt est blessé, je dois m'assurer qu'il va bien. En tant que famille, le sang est plus épais que l'eau.

Au-delà du Liban, M. Hariri voit une opportunité en Syrie après la chute du dictateur Bashar Assad et la montée en puissance d'Ahmad Al-Sharaa, l'actuel président de la République arabe syrienne. Il s'est félicité de ce qu'il a décrit comme un nouvel ordre pluraliste émergeant dans ce pays, qui, selon lui, pourrait profiter à l'ensemble de la région.

"Il est clair pour moi qu'il y a une bénédiction de partout. Et il est clair comme de l'eau de roche que beaucoup l'ont rejointe", a-t-il déclaré.

"Il y a 2,5 millions de chrétiens orthodoxes. Les chiites sont en bonne voie. Les Alaouites se joignent également à nous. Les autres, qui ne veulent pas en faire partie, sont les bienvenus lorsqu'ils décident de faire partie de cette équation et de croire qu'ils font partie de la Syrie. Quand je vois la modération, la pluralité et la diversité, je suis très à l'aise, et je lui souhaite le meilleur pour faire avancer sa nation.

En ce qui concerne l'avenir, M. Hariri a déclaré : "Je suis très heureux qu'un tyran ait été remplacé par un autre : "Je suis très heureux qu'une tyrannie, une tyrannie massive qui a coûté la vie à 700 000 personnes sous la direction d'Assad, la quasi-désintégration de la Syrie, soit terminée. Je souhaite aux dirigeants syriens tout ce qu'il y a de mieux pour aller de l'avant".

Interrogé sur la question de savoir si Assad devait être traduit en justice, M. Hariri a répondu : "C'est au peuple syrien de décider de ce qu'il faut faire : "C'est le peuple syrien qui décide. Mais compte tenu des massacres qui ont eu lieu et de tout ce qui s'est passé, Assad doit être poursuivi. C'est une norme internationale. Lorsque 700 000 personnes ont été tuées, l'État de droit doit primer sur tout le reste.

"Les familles devraient avoir le droit de demander cela et il est clair qu'elles le font, et nous soutenons pleinement les demandes de ces familles pour que, bien sûr, l'état de droit - pas par le sang - mais l'état de droit prévale, qu'il y ait un procès, qu'il y ait des poursuites".

En ce qui concerne les dirigeants libanais, M. Hariri s'est montré prudent dans son évaluation du président Aoun et du premier ministre Salam.
Il a accordé à M. Aoun le bénéfice du doute, soulignant qu'il était en poste depuis moins d'un an. "Je ne dirais pas que c'est un échec. Il en est à peine à son premier mandat. De plus, l'expérience est très importante. Il a beaucoup d'expérience, il a six ans. Il n'en est qu'à sept ou huit mois de son mandat", a déclaré M. Hariri.

"Dans la vie, vous atteignez un certain point et vous commencez à apprendre, et j'espère que grâce à ce processus d'apprentissage, il pourra aller de l'avant et que nous pourrons amener le pays à un autre endroit. C'est ce que je souhaite.

En ce qui concerne Salam, un juge respecté, Hariri s'est montré tout aussi prudent mais respectueux. "C'est un juge. Je le respecte. Il est intègre. Je le lui ai dit moi-même", a-t-il déclaré.

"L'intégrité est là. D'habitude, on vous dit que vous avez les 100 premiers jours, mais peut-être que la situation est si complexe et qu'il faut plus de temps. Je ne suis pas là pour juger. Voyons où cela va nous mener, et à partir de là, avec le temps, nous porterons un jugement. Nous prendrons position.

Les deux hommes sont confrontés au formidable défi du désarmement du Hezbollah, soutenu par l'Iran, ce qui, selon M. Hariri, ne peut être fait sans précaution. "Nous devons nous assurer que toutes les parties prenantes autour de la table s'accordent sur la manière de faire avancer le pays après la débâcle du Hezbollah. Il faut qu'il y ait un leadership et de la confiance. C'est ce dont nous avons le plus besoin aujourd'hui."

M. Hariri a mis en garde contre le risque de plonger le Liban dans une nouvelle guerre civile. "Je suis tout à fait opposé à l'idée de semer le chaos et de provoquer une guerre civile", a-t-il déclaré.

"En tant que Hariri, c'est une ligne rouge que de semer la pagaille et de faire couler le sang, car cela nous a coûté 250 000 vies la dernière fois. Il n'est pas acceptable que nous nous engagions dans une situation qui nous mette dans ce tunnel.

"Ce sera un tunnel très sombre. Je ne sais pas si nous pourrons en sortir, ce qui est très dangereux. Et c'est l'une des principales raisons pour lesquelles je suis ici, pour m'assurer que cela ne se produise pas.

Bahaa Hariri a déclaré que l'alternative était le consensus. "Rafic Hariri a toujours cru au consensus. Il m'a dit un jour que le consensus signifie que personne n'est gagnant et personne n'est perdant. Nous devons nous asseoir, discuter et parvenir à un consensus. C'est grâce au consensus et au leadership que nous pourrons aller de l'avant", a-t-il déclaré.

Interrogé sur le fait de savoir si Washington soutiendrait finalement le Liban, Bahaa Hariri a souligné son soutien de longue date aux liens transatlantiques, rappelant son rôle dans la fondation du Centre Hariri au Conseil atlantique.

"Je suis un fervent défenseur de la relation transatlantique. Les États-Unis doivent s'engager pleinement", a-t-il déclaré.

"Nous apprécions pleinement le soutien qu'ils ont apporté, non seulement aujourd'hui, mais tout au long des années, en particulier à l'armée libanaise. Et je crois fermement, sincèrement, que oui, il faut faire pression, mais qu'en fin de compte, ils veulent des solutions. Et nous sommes d'accord avec eux pour dire qu'il doit y avoir une solution pour aller de l'avant. Et je crois sincèrement que s'ils s'engagent, ils nous aideront.


Le président libanais Joseph Aoun (à droite) reçoit l'amiral Brad Cooper, commandant de l'USCENTCOM, au palais présidentiel de Baabda. (AFP/Présidence libanaise)
Dans le même temps, il a reconnu les risques de faux pas, déclarant : "C'est une période très sensible : "C'est une période très sensible. Chaque jour, il se passe quelque chose. La situation est extrêmement fluide.

"Mais, pour en revenir aux États-Unis, je crois vraiment qu'avec la bonne approche, nous pouvons aller de l'avant, parce qu'ils sont absolument indispensables pour s'assurer que nous pouvons aller de l'avant", a déclaré Bahaa Hariri.

"Nous avons vu l'Ukraine. Il est très important pour nous d'impliquer les Etats-Unis et de s'assurer qu'ils approuvent la direction que nous prenons. Mais en tant que Hariri, je crois toujours que le consensus est la clé et que le leadership est la clé pour que nous puissions aller de l'avant".

Interrogé sur son point de vue concernant l'accord de défense libano-syrien conclu sous l'égide de l'Arabie saoudite, Bahaa Hariri a souligné les liens historiques de sa famille avec l'Arabie saoudite, qui remontent aux années 1980. "Pour nous, en tant que Hariri, nous avons toujours eu une relation à long terme avec les Saoudiens. Cela remonte aux années 1980. Il est très important, pour moi personnellement, que le Liban ait une relation spéciale avec l'Arabie saoudite".

La conversation s'est inévitablement orientée vers le défunt leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui a été tué lors d'une frappe aérienne israélienne sur son quartier général souterrain à Beyrouth en septembre de l'année dernière. Lorsqu'on lui a demandé s'il se sentait justifié par le rôle de Nasrallah dans l'assassinat de son père, Bahaa Hariri a insisté sur le fait qu'il n'avait pas l'intention de se venger.

"J'ai toujours cru qu'il ne fallait pas se laisser dévorer par la vengeance, car si c'était le cas, il ne resterait rien de mon âme au cours des vingt dernières années. Je crois que ce qui est la volonté du Tout-Puissant se produit, il se produit", a-t-il déclaré.

"Mais pour moi, ce qui est important, c'est l'unité des Libanais, et je pense que c'est ce que Rafik voulait, que son âme soit bénie, c'est-à-dire que nous compatissions à la douleur de la communauté chiite - elle fait partie de l'équation - comme elle a compati à la mort de Rafik - à l'assassinat. Ils sont venus en grand nombre. Nous ne sommes pas d'accord avec ce qui s'est passé, mais nous compatissons à leur douleur".

Interrogé à nouveau sur le fait qu'il se sentait justifié, Bahaa Hariri a déclaré : "Pour moi, c'est la justice : "Pour moi, c'est la justice. Je suis un homme qui croit, et je pense que la volonté divine est que cela se produise. Si toute l'humanité veut qu'une personne parte, mais que la volonté divine est qu'elle ne parte pas, alors elle ne partira pas. Eh bien, la volonté divine s'est réalisée, et il est parti. Et maintenant, nous devons aller de l'avant. Et la volonté divine est la justification. Pour moi, c'est ce qui est important".

Interrogé sur le président du Parlement libanais, Nabih Berri, M. Hariri a déclaré qu'il ne l'avait jamais rencontré, mais qu'il reconnaissait la responsabilité de ce vétéran de la politique chiite en tant que dirigeant.

"Je souhaite à M. Berri tout ce qu'il y a de mieux en tant que leader au Liban et je lui demande de veiller à ce que nous n'entrions pas dans un trou noir. Il a une responsabilité à l'égard de la communauté chiite et doit veiller à ce qu'elle soit, avec le changement, une partie prenante clé", a-t-il déclaré.

M. Hariri a ajouté : "Il ne s'agit pas de désarmer et puis après ? Après le désarmement, où allons-nous ? La communauté chiite est un élément clé de la configuration libanaise. Nous ne pouvons pas l'ignorer. C'est la porte ouverte à tous les désastres.

"Je crois sincèrement qu'avec la bonne configuration et la bonne approche, nous pouvons convaincre toutes les parties prenantes que nous pouvons aller de l'avant. Il y a de l'espoir - avec le bon leadership.


M. Hariri est longtemps resté à l'écart de la scène politique turbulente du Liban. Il a fait carrière dans les affaires à l'étranger, se tenant souvent à l'écart des batailles qui agitaient la scène politique de Beyrouth. Mais lors de son entretien avec l'animatrice Katie Jensen, il a insisté sur le fait que sa décision de revenir aujourd'hui n'était pas une question de timing mais de responsabilité. (Photo AN)
Interrogé sur son message au chef du Hezbollah, Naim Qassem, et à ceux qui menacent la stabilité du Liban en cas de désarmement, M. Hariri a déclaré : "Le chiisme s'est établi dans les années 1960 et 1970, et il est aujourd'hui une réalité : "Le chiisme s'est établi au huitième siècle à Jabal Amil. C'est là qu'est née la théologie chiite, qui était modérée, avant d'être transférée à Nadjaf, en Irak. Nous devons penser à cette communauté et à la manière dont elle peut être partie prenante du nouveau Liban, afin que nous puissions prendre le Liban en main et aller de l'avant.

"Parce que la réalité va se produire en un rien de temps en Syrie. Et cette réalité imposera une nouvelle façon d'aller de l'avant. Et il vaut mieux que nous disions : "Adaptons-nous, soyons toutes les parties prenantes, asseyons-nous et allons de l'avant."

Alors que le Liban est aux prises avec l'effondrement de son économie, le gel des banques, le blocage des réformes et le spectre omniprésent du conflit, le retour de Bahaa Hariri réintroduit un nom familier dans le débat politique.

Mais pour lui, la mission est personnelle. "J'ai toujours vécu selon les valeurs de Rafic dans mes affaires et dans tout ce que j'ai fait. Et je ne suis pas ici pour prendre la suite de qui que ce soit, mais l'héritage Hariri", a déclaré Bahaa Hariri.

"Rafic Hariri, mon père, que son âme soit bénie, est la seule chose à laquelle je suis lié.

Reste à savoir si l'opinion publique libanaise est prête à accueillir un autre Hariri.