Deezer: «C'est le bon moment pour devenir une société cotée», selon son patron

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Publié le Dimanche 03 juillet 2022

Deezer: «C'est le bon moment pour devenir une société cotée», selon son patron

  • « Le streaming musical est vraiment établi, il représente presque deux tiers des revenus de la musique enregistrée, ce qui n'était pas le cas avant »
  • Le Spac I2PO, fondé par la famille Pinault, l'homme d'affaires Matthieu Pigasse, et l'ancienne dirigeante de WarnerMedia, Iris Knobloch, a déjà permis à Deezer de récolter 143 millions d'euros

PARIS : Sept ans après une première tentative avortée, les conditions sont plus favorables aujourd'hui pour devenir une société cotée car «le streaming musical est vraiment établi», confie le directeur général de Deezer, avant son premier jour à la Bourse de Paris, mardi.

«C'est une deuxième tentative mais la situation est différente de ce qu'elle était en 2015. (...) Le streaming musical est vraiment établi, il représente presque deux tiers des revenus de la musique enregistrée, ce qui n'était pas le cas avant», explique Jeronimo Folgueira, 40 ans, à la tête de la licorne française depuis juillet 2021.

«L'état dans lequel se trouve l'entreprise est aujourd'hui bien meilleur qu'il y a sept ans. L'entreprise a changé, le marché a changé: c'est le bon moment pour franchir cette étape et devenir une société cotée», complète le dirigeant espagnol.

Plus jeune patron européen du New York Stock Exchange après avoir supervisé la cotation du groupe de rencontres en ligne Spark Networks, il va vivre pour la deuxième fois une entrée en Bourse, alors que le contexte est «difficile en ce moment» pour les valeurs technologiques sur les marchés financiers.

Pour réussir cette nouvelle tentative, les principaux actionnaires de la plateforme française – notamment le milliardaire anglo-américain Len Blavatnik qui détient 43% des parts – ont choisi un système d'introduction moins risqué, via le Spac I2PO, qui a déjà levé des fonds en Bourse dans le but de fusionner avec une société et faciliter sa cotation.

Ce véhicule d'investissement, fondé par la famille Pinault, l'homme d'affaires Matthieu Pigasse, et l'ancienne dirigeante de WarnerMedia, Iris Knobloch, a déjà permis à Deezer de récolter 143 millions d'euros.

«Ils nous apportent le soutien, l'expertise et le capital dont nous avons besoin pour exécuter notre stratégie», souligne Jeronimo Folgueira, alors que la valorisation de Deezer va atteindre 1,05 milliard d'euros, soit une décote de 23% depuis l'entrée au capital du groupe mexicain de télévision Azteca en 2020.

- Stratégie de partenariats -

Lancé en 2007, le service d'écoute musicale par abonnement revendique près de 30% du marché en France, mais ses 9,6 millions d'abonnés ne pèsent que 2% du marché mondial du streaming musical, loin derrière le leader suédois Spotify (31% de parts de marché), Apple, Amazon et Tencent, selon le cabinet MIDiA.

La stratégie de Deezer, qui veut plus que doubler ses revenus d'ici 2025, est de miser sur la musique, son univers et sa technologie, contrairement à Spotify qui multiplie les lancements de podcasts ou Amazon qui fonce sur les livres audios.

Pour profiter de la croissance rapide du marché mondial du streaming (+26,4% d'utilisateurs en un an au second semestre 2021), Deezer compte surtout s'allier avec des acteurs déjà implantés dans plusieurs «marchés clés» pour s'appuyer sur des bases de clients déjà existantes, comme les opérateurs Orange en France et Tim au Brésil, ou nouvellement avec le groupe RTL en Allemagne.

«Notre intention est de trouver des partenaires avec lesquels nous pouvons entrer sur de nouveaux marchés, car nous avons un produit extrêmement compétitif et, avec la bonne distribution, nous savons que nous pouvons conquérir des parts de marché et rivaliser avec les grands acteurs», explique Jeronimo Folgueira.

«Il est bien plus avantageux pour nous de concentrer nos ressources» sur «les cinq à dix marchés» qui comptent dans le secteur comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l'Espagne, l'Italie, ou encore les Pays-Bas, souligne-t-il.

Si l'entreprise basée à Paris a des ambitions «globales», elle compte bien cultiver sa «fierté» française pour devenir l'un des «nombreux exemples de grandes entreprises françaises de consommation qui ont vraiment réussi dans le monde», prévient encore le dirigeant espagnol, avant de sonner la cloche dans les locaux d'Euronext à La Défense

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Le développement de l'infrastructure du transport aérien est essentiel pour atteindre les objectifs de la Vision 2030, selon un rapport

La stratégie nationale de l'Arabie saoudite en matière de tourisme vise à attirer 100 millions de visiteurs d'ici 2030 et à porter la contribution du secteur du tourisme au produit intérieur brut à plus de 10% (Photo, Reuters).
La stratégie nationale de l'Arabie saoudite en matière de tourisme vise à attirer 100 millions de visiteurs d'ici 2030 et à porter la contribution du secteur du tourisme au produit intérieur brut à plus de 10% (Photo, Reuters).
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  • L’Arabie saoudite a le potentiel de devenir une passerelle reliant l'Asie-Pacifique à l'Europe et à l'Amérique, selon un expert
  • Andres Guzman, chercheur au centre Roi Abdallah, a spécifié que le taux d'occupation des vols de l'Arabie saoudite s'est considérablement amélioré,

RIYAD: Le lancement des plans stratégiques de l’Arabie saoudite pour devenir un centre mondial du tourisme et de la logistique a donné un nouvel élan au transport aérien en pleine progression, qui peut être renforcée en investissant dans des technologies innovantes, a indiqué un rapport publié par le centre Roi Abdallah des études et recherches pétrolières.

S'adressant à Arab News, Abderrahmane Alwosheel, associé de recherche au centre Roi Abdellah, basé à Riyad et co-auteur du rapport, a déclaré qu'en raison de sa position géopolitique stratégique, le Royaume d’Arabie saoudite a tout le potentiel pour devenir une porte ouverte reliant l'Asie-Pacifique à l'Europe et à l'Amérique, ce qui l'aidera également à atteindre ses objectifs touristiques tels qu'ils sont envisagés dans la Vision 2030.

«L'Arabie saoudite peut se concentrer sur plusieurs domaines afin de renforcer son industrie aéronautique en améliorant les infrastructures, en augmentant la connectivité, en investissant dans l'innovation et la technologie, en développant une main-d'œuvre qualifiée et en promouvant le tourisme», a expliqué Alwosheel.

Le chercheur a signalé qu'à la suite de la décision d'autoriser les visas touristiques, l’Arabie saoudite a fait des progrès incroyables dans le secteur du tourisme.

Le rapport du centre Roi Abdallah des études et recherches pétrolières a indiqué que les progrès du secteur saoudien de l'aviation sont essentiels pour atteindre les objectifs définis dans la Vision 2030. La stratégie nationale de tourisme de l'Arabie saoudite vise à attirer 100 millions de visiteurs d'ici 2030 et à porter la contribution du secteur du tourisme au produit intérieur brut à plus de 10%.

D'autre part, la stratégie logistique nationale de l'Arabie saoudite, lancée par le prince héritier, Mohammed ben Salmane, en 2021, vise à positionner le pays comme un centre logistique mondial reliant trois continents et à améliorer les services de transport. La stratégie vise également à améliorer les capacités du secteur du fret aérien en Arabie saoudite en doublant sa capacité pour atteindre plus de 4,5 millions de tonnes d'ici 2030.

Alwosheel a précisé que l'amélioration des transports intérieurs pourrait également jouer un rôle crucial dans le développement du secteur du tourisme en Arabie saoudite, qui progresse déjà régulièrement par rapport à ses voisins de la région.

«Contrairement aux pays voisins, tels que le Qatar, le Bahreïn et les Émirats arabes unis, où les besoins en matière de transport intérieur sont plus limités, en Arabie saoudite, le transport intérieur peut jouer un rôle essentiel dans le soutien de la croissance en promouvant et en développant le tourisme intérieur, en particulier le développement de l'infrastructure et des services d'aviation», a-t-il ajouté.

Le chercheur a souligné que les alliances stratégiques et les coentreprises comprenant notamment des transporteurs aériens, des constructeurs, des aéroports et des agences gouvernementales, pourraient permettre à l'industrie aéronautique de tirer parti des atouts et des compétences de chacun pour atteindre les objectifs de l’Arabie saoudite.

Durabilité et défis

Le rapport souligne l'importance de la durabilité dans le processus global de développement du secteur de l'aviation en Arabie saoudite. Le groupe de réflexion a révélé que les circonstances inattendues causées par la pandémie de la Covid-19, telles que la chute de la demande, la perturbation de l'industrie du transport aérien et les pertes financières qui en ont résulté, ont servi de signal d'alarme pour promouvoir des voies durables.

Alwosheel a fait remarquer que le facteur coût est l'un des principaux défis que l'industrie de l'aviation devrait relever tout en généralisant l'utilisation de carburant d'aviation durable (CAD).

«Le CAD est plus cher que les carburants fossiles traditionnels, ce qui peut représenter une charge financière pour les compagnies aériennes. Toutefois, avec l'augmentation de la demande et de la production, la maturité technologique, la disponibilité et la diversité des matières premières, le coût du CAD devrait diminuer», a estimé Alwosheel.

Selon l'Association internationale du transport aérien, la production de CAD ne devrait répondre qu'à 2% des besoins du secteur d'ici à 2025.

Le CAD est produit en petites quantités à partir de matières premières telles que les huiles de cuisson et les déchets animaux et coûtent deux à cinq fois plus cher que les carburéacteurs traditionnels.

Alwosheel a ajouté que le CAD deviendra plus compétitif si les gouvernements, les clients et les fournisseurs du CAD et d'aéroports collaborent et trouvent des moyens de promouvoir les progrès technologiques dans la production du carburant. Il a également souligné que l'intégration des usines de production du CAD dans les industries pétrolières et gazières existantes pourrait contribuer à réduire les coûts d'investissement.

«La production du CAD doit s'aligner sur les conditions de la région car la production de biocarburants pourrait être limitée. Cependant, l'intégration avec les industries pétrochimiques existantes peut aider à réduire les coûts d'investissement dans le développement d'installations dédiées à la production du CAD en envisageant des voies de cotraitement», a expliqué le chercheur.

Selon lui, l'adoption du CAD se heurte à un autre problème: les normes de certification strictes qui garantissent que le produit est durable et ne nuit pas à l'environnement.

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«En continuant à investir dans la recherche et le développement, en augmentant les installations de production et de disponibilité, et en développant un système de certification robuste, l'industrie aéronautique peut adopter avec succès le CAD.»

Abderrahmane Alwosheel, chercheur associé au centre Roi Abdallah des études et recherches pétrolières 

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«La mise au point d'un système de certification universellement reconnu peut s'avérer difficile. Par conséquent, en continuant à investir dans la recherche et le développement, en augmentant les installations de production et de disponibilité, et en développant un système de certification robuste, l'industrie aéronautique peut adopter avec succès le CAD», a suggéré Alwosheel.

Le taux d'occupation des vols

Le taux d'occupation des vols est «le pourcentage de sièges disponibles occupés par des passagers, indépendamment de la désignation du nombre de sièges par la compagnie aérienne ou de la configuration de la cabine».

Selon le rapport du centre Roi Abdallah des études et recherches pétrolières, le taux d'occupation des vols permet d'évaluer la rentabilité des compagnies aériennes car il indique qu'une compagnie aérienne a vendu la plupart de ses sièges disponibles, ce qui lui permet de répartir ses coûts sur le nombre total de passagers transportés.

Andres Guzman, chercheur au centre Roi Abdallah, a spécifié que le taux d'occupation des vols de l'Arabie saoudite s'est considérablement amélioré, soulignant la croissance du pays dans le secteur de l'aviation.

«En fait, l'abaissement du taux d'occupation des vols dilue les bénéfices que les constructeurs d'avions ont réalisés ces dernières années en améliorant le rendement énergétique grâce à l'utilisation de moteurs de nouvelle technologie lorsque les performances du secteur de l'aviation sont exprimées en termes de nombre de passagers au lieu du nombre de sièges disponibles», a éclairci Guzman.

Selon le chercheur, rendre le secteur de l'aviation durable exige des efforts concertés de la part de toutes les parties prenantes, notamment les transporteurs aériens, les constructeurs d'avions, les consommateurs, les aéroports et les gouvernements.

Guzman a noté qu'en dépit des défis financiers, le renouvellement de la flotte d'avions a considérablement amélioré les performances du secteur de l'aviation, car les nouveaux appareils sont plus économes en carburant, offrent une meilleure sécurité et réduisent les coûts d'entretien.

«Le développement durable étant devenu une préoccupation mondiale, les gouvernements et les financiers pourraient favoriser une transition en douceur des programmes de renouvellement de la flotte en offrant des incitations financières conformes à la législation sur la réduction des émissions», a-t-il soutenu.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Négociations acharnées pour éviter un défaut de paiement des Etats-Unis

Kristalina Georgieva, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), prend la parole lors de la conférence mondiale du Milken Institute à Beverly Hills, Californie, le 1er mai 2023. (AFP)
Kristalina Georgieva, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), prend la parole lors de la conférence mondiale du Milken Institute à Beverly Hills, Californie, le 1er mai 2023. (AFP)
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  • Les discussions se sont poursuivies tard dans la nuit et ont repris samedi matin
  • Pour lever le risque d'une banqueroute, il faut que le Congrès vote pour relever le plafond maximal d'endettement public autorisé

WASHINGTON: Démocrates et républicains semblent proches d'un accord samedi afin d'éviter un défaut de paiement des Etats-Unis avant la nouvelle date-butoir du 5 juin, mais les négociations buttent encore sur d'ultimes points.

Le président américain Joe Biden a fait part, dès vendredi soir, de son optimisme quant aux perspectives d'un accord avec l'opposition républicaine soulignant que les négociateurs dans les deux camps sont "très proches" de conclure.

Les discussions se sont poursuivies tard dans la nuit et ont repris samedi matin, les négociateurs pointant des "progrès" mais aussi d'ultimes points d'achoppement liés notamment à des exigences des républicains conditionnant l'octroi de certaines prestations sociales.

"Notre économie doit être celle qui aide à remplir les placards de nos cuisines, pas les poches des ultra-riches", a tweeté Joe Biden.

Interrogé samedi matin pour savoir s'il y aurait un accord avant la date-butoir, le chef républicain à la Chambre des Représentants Kevin McCarthy a répondu: "Oui".

"Je pense vraiment qu'on peut y arriver", a-t-il dit à des journalistes tout en prévenant qu'il restait des points "à régler".

"On y est pas encore", a-t-il ajouté.

Les deux hommes se sont en tout cas entretenus samedi, selon une source proche des négociations, qui a aussi affirmé que le président avait échangé avec Hakeem Jeffries et Chuck Schumer, chef des démocrates respectivement à la Chambre des représentants et au Sénat.

Les Etats-Unis, qui sont entrés dans le week-end prolongé du "Memorial Day", la fête des anciens combattants lundi, restent suspendus à un accord pour relever le plafond de la dette, indispensable pour éviter le défaut de paiement qui aurait des conséquences catastrophiques pour l'économie mondiale.

La date à laquelle le Trésor américain se trouvera incapable d'honorer ses engagements financiers est désormais fixée au 5 juin, contre le 1er juin auparavant, offrant quelques jours de répit au pays.

Cela concerne aussi bien les salaires de fonctionnaires, les retraites ou remboursements des créanciers.

Lignes rouges 

Parmi les points de désaccords entre les deux camps, figure l'exigence des républicains à limiter l'obtention de certaines prestations sociales, comme l'aide alimentaire, à un nombre d'heures travaillées.

"Je ne pense pas que ce soit bien d'emprunter de l'argent à la Chine pour payer des gens bien portants et n'ayant pas de personne à charge à traîner sur leur canapé", a fustigé M. McCarthy, qui se pose en défenseur intransigeant de la rigueur budgétaire, dans une vidéo partagée samedi.

Le porte-parole de la Maison Blanche, Andrew Bates, a lui reproché aux républicains de vouloir prendre l'économie en otage et de mettre en péril "plus de huit millions d'emplois" tout en voulant "enlever le pain de la bouche d'Américains qui ont faim".

Joe Biden, en campagne pour sa réélection, se positionne en champion de la justice sociale et fiscale et s'est dit à plusieurs reprises opposé à des coupes budgétaires massives qui impacteraient les travailleurs et les ménages les plus précaires.

L'un des négociateurs républicains, Patrick McHenry, a évoqué une "courte liste de désaccords" restants entre les deux camps. "C'est une question d'heures ou de jours", a-t-il dit samedi.

La pression qui entoure les négociations est d'autant plus forte que le compromis, une fois obtenu, devra être validé par le Sénat à majorité démocrate et la Chambre des représentants dominée par les républicains.

Or, le calendrier parlementaire est serré, nombre d'élus étant rentrés dans leurs fiefs pour quelques jours à l'occasion du week-end férié du "Memorial Day". Ils ont reçu pour consigne d'être prêts à retourner à Washington dans les 24 heures en cas d'accord.

Et le chef républicain Kevin McCarthy a promis qu'il laisserait à chacun 72 heures pour examiner le compromis avant d'envisager tout vote.

Un vote qui reste au demeurant incertain, des élus progressistes au sein du parti démocrate, tout comme des élus républicains, ayant menacé de ne pas ratifier ou de retarder au maximum un texte qui ferait trop de concessions au camp adverse.

Vendredi, la directrice générale du FMI Kristalina Georgieva a déclaré qu'un accord était "primordial" pour l'économie mondiale, tout en soulignant que les Etats-Unis devaient faire "plus pour réduire la dette publique".


Négociations acharnées pour éviter un défaut de paiement des Etats-Unis

Vendredi soir, le président américain Joe Biden s'est montré "optimiste" quant aux perspectives d'un accord avec l'opposition. (Photo, Reuters)
Vendredi soir, le président américain Joe Biden s'est montré "optimiste" quant aux perspectives d'un accord avec l'opposition. (Photo, Reuters)
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  • La date à laquelle le Trésor américain se trouvera incapable d'honorer ses engagements financiers est désormais fixée au 5 juin, contre le 1er juin auparavant, offrant quelques jours de répit au pays
  • Cela concerne aussi bien les salaires de fonctionnaires, les retraites ou remboursements des créancier

WASHINGTON: Démocrates et républicains semblent proches d'un accord samedi afin d'éviter un défaut de paiement des Etats-Unis avant la nouvelle date-butoir du 5 juin, mais les négociations buttent encore sur d'ultimes points.

Vendredi soir, le président américain Joe Biden s'est montré "optimiste" quant aux perspectives d'un accord avec l'opposition républicaine soulignant que les négociateurs dans les deux camps sont "très proches" de conclure.

Les discussions se sont poursuivies tard dans la nuit et ont repris samedi matin, les négociateurs pointant des "progrès" mais aussi d'ultimes points d'achoppement liés notamment à des exigences des républicains conditionnant l'octroi de certaines prestations sociales.

"Notre économie doit être celle qui aide à remplir les placards de nos cuisines, pas les poches des ultra-riches", a tweeté Joe Biden.

Interrogé samedi matin pour savoir s'il y aurait un accord avant la date-butoir, le chef républicain à la Chambre des Représentants Kevin McCarthy a répondu: "oui".

"Je pense vraiment qu'on peut y arriver", a-t-il dit à des journalistes tout en prévenant qu'il restait des points "à régler".

"On y est pas encore", a-t-il ajouté.

Les Etats-Unis, qui sont entrés dans le week-end prolongé du "Memorial Day", la fête des anciens combattants lundi, restent suspendus à un accord pour relever le plafond de la dette, indispensable pour éviter le défaut de paiement qui aurait des conséquences catastrophiques pour l'économie mondiale.

La date à laquelle le Trésor américain se trouvera incapable d'honorer ses engagements financiers est désormais fixée au 5 juin, contre le 1er juin auparavant, offrant quelques jours de répit au pays.

Cela concerne aussi bien les salaires de fonctionnaires, les retraites ou remboursements des créanciers.

Lignes rouges

Parmi les points de désaccords entre les deux camps, figure l'exigence des républicains à limiter l'obtention de certaines prestations sociales, comme l'aide alimentaire, à un nombre d'heures travaillées.

"Je ne pense pas que ce soit bien d'emprunter de l'argent à la Chine pour payer des gens bien portants et n'ayant pas de personne à charge à traîner sur leur canapé", a fustigé M. McCarthy, qui se pose en défenseur intransigeant de la rigueur budgétaire, dans une vidéo partagée samedi.

Le porte-parole de la Maison Blanche, Andrew Bates, a lui reproché aux républicains de vouloir prendre l'économie en otage et de mettre en péril "plus de huit millions d'emplois" tout en voulant "enlever le pain de la bouche d'Américains qui ont faim".

Joe Biden, en campagne pour sa réélection, se positionne en champion de la justice sociale et fiscale et s'est dit à plusieurs reprises opposé à des coupes budgétaires massives qui impacteraient les travailleurs et les ménages les plus précaires.

L'un des négociateurs républicains Patrick McHenry a évoqué une "courte liste de désaccords" restants entre les deux camps. "C'est une question d'heures ou de jours", a-t-il dit samedi.

La pression qui entoure les négociations est d'autant plus forte que le compromis, une fois obtenu, devra être validé par le Sénat à majorité démocrate et la Chambre des représentants dominée par les républicains.

Or, le calendrier parlementaire est serré nombre d'élus étant rentrés dans leurs fiefs pour quelques jours à l'occasion du week-end férié du "Memorial Day". Ils ont reçu pour consigne d'être prêts à retourner à Washington dans les 24 heures en cas d'accord.

Et le chef républicain Kevin McCarthy a promis qu'il laisserait à chacun 72 heures pour examiner le compromis avant d'envisager tout vote.

Un vote qui reste au demeurant incertain, des élus progressistes au sein du parti démocrate, tout comme des élus républicains, ayant menacé de ne pas ratifier ou de retarder au maximum un texte qui ferait trop de concessions au camp adverse.

Vendredi, la directrice générale du FMI Kristalina Georgieva a déclaré qu'un accord était "primordial" pour l'économie mondiale, tout en soulignant que les Etats-Unis devaient faire "plus pour réduire la dette publique".