Le conflit frontalier maritime entre le Liban et Israël ressurgit

Ce navire de la marine israélienne est photographié au large des côtes de Rosh Hanikra, une zone située à la frontière entre Israël et le Liban (Ras al-Naqoura). (AFP)
Ce navire de la marine israélienne est photographié au large des côtes de Rosh Hanikra, une zone située à la frontière entre Israël et le Liban (Ras al-Naqoura). (AFP)
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Publié le Lundi 04 juillet 2022

Le conflit frontalier maritime entre le Liban et Israël ressurgit

  • Des avions de guerre et un navire lance-missiles israélien auraient intercepté trois drones qui survolaient les eaux économiques israéliennes
  • D'après l'armée israélienne, le Hezbollah tente de porter atteinte à la souveraineté du pays sur terre, dans les airs et en mer

BEYROUTH: Le conflit frontalier maritime entre le Liban et Israël a refait surface après un événement survenu dans la nuit de samedi à dimanche.

Le porte-parole de l'armée israélienne, Avichay Adraee, a indiqué que des avions de guerre et un navire lance-missiles israélien avaient intercepté trois drones qui s'approchaient du côté libanais vers l'espace aérien situé au-dessus des eaux économiques israéliennes.

La Résistance islamique, branche militaire du Hezbollah, a confirmé l'incident dans un communiqué: «Un groupe affilié aux martyrs Jamil Skaff et Mahdi Yaghi a lancé trois drones de tailles différentes vers la zone contestée, au-dessus du champ gazier de Karish, afin de mener des missions de reconnaissance. La mission a été accomplie et le message transmis.»

Devant l’évolution de la situation, le Liban n'a pas vraiment réagi, bien que le ministre intérimaire des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, ait déclaré qu'il était possible de parvenir à un accord sur la question de la frontière en septembre et que les informations fournies par les États-Unis et les Nations unies montraient que les négociations avançaient.

EN BREF

Le porte-parole de l'armée israélienne, Avichay Adraee, a indiqué que des avions de guerre et un navire lance-missiles israélien avaient intercepté trois drones qui s'approchaient du côté libanais vers l'espace aérien situé au-dessus des eaux économiques israéliennes.

Au mois de mars dernier, le médiateur américain Amos Hochstein avait envoyé au Liban une proposition de démarcation en forme de zigzag à partir de la ligne 23.

Le Liban lui a donné une réponse orale qu'il n'a pas révélée, parce qu’il attendait celle d’Israël.

Le Liban ne peut confirmer que la ligne 29 – qui comprend le champ gazier de Karish – constitue la frontière maritime du Liban, puisque le président Michel Aoun n'a pas signé le projet d'amendement du décret 6433.

Ce dernier, publié en 2011, précisait que la ligne 23 était le point de négociation avec Israël pour délimiter les frontières maritimes. Toutefois, M. Aoun estime qu'il s'agit de la ligne 29, qui accorde au Liban une superficie supplémentaire estimée à 1 430 km² alors que, selon le décret déposé auprès de l'ONU, le Liban ne bénéficie que de 860 km² de la zone contestée.

«Nous ne pouvons préserver la richesse du Liban qu'en informant l'ennemi que nous sommes puissants. Ce message a été transmis par des drones. Il ne s'adresse pas seulement à l'ennemi israélien, mais aussi au médiateur américain. Il faut comprendre que les droits du Liban ne peuvent être sous-estimés ni ridiculisés», a déclaré dimanche le représentant au Liban de l’ayatollah Ali Khamanei, le cheikh Mohammed Yazbeck.

«Les drones du Hezbollah au-dessus de Karish ont pour but de rappeler à tous que l'Iran est présent dans les négociations qui se déroulent actuellement entre le Liban et Israël au sujet de la démarcation de la frontière, sous les auspices des Américains et au détriment de l'intérêt libanais», a indiqué l'ancien député Farès Souhaid.

«L'incident confirmé par le Hezbollah pourrait se reproduire et des incidents plus graves encore risquent d'avoir lieu. Par conséquent, nous appelons les représentants de la nation à soulever la question de l'occupation iranienne au sein du Parlement.»

Dimanche dernier, le Premier ministre israélien, Yaïr Lapid, a affirmé que le Hezbollah constituait un «obstacle» à l'établissement d'un accord entre le Liban et Israël.

«Le parti continue de suivre la voie du terrorisme et compromet la capacité du Liban à parvenir à un accord sur les frontières maritimes.»

Il a également déclaré qu'Israël continuerait de protéger ses citoyens et ses intérêts.

D'après l'armée israélienne, le Hezbollah tente de porter atteinte à la souveraineté du pays sur terre, dans les airs et en mer. «Les eaux économiques font partie d'Israël et ne représentent pas une zone de conflit. Aucune discussion n'est donc nécessaire.»

Selon le journal israélien Yediot Aharonot, les drones ont été envoyés près du champ de gaz de Karish. L'un d'entre eux a été abattu par un avion de chasse, et les deux autres ont été détruits par des missiles Barak 8 lancés à partir d’un navire lance-missiles.

La même source confirme que le Hezbollah a envoyé différents types de drones qui volent à basse altitude. Ils ont été surveillés et interceptés grâce à la coordination entre les forces navales et aériennes.

Le journal cite l'armée israélienne: «Les premières évaluations ont indiqué que les drones n'étaient pas chargés d'armes et qu'ils ne représentaient aucune menace. Il s'agit là d'une tentative pour compromettre les négociations avec le Liban au sujet de la frontière maritime. D’ailleurs, le Hezbollah veut détruire le Liban.»

Selon le rapport, le Hezbollah avait déjà envoyé des drones en territoire israélien, mais l'événement de samedi soir est sans précédent: c'est la première fois qu'une telle opération est menée sur la plate-forme gazière flottante de Karish, d’où aucun gaz n'a encore été extrait.

«Cet incident est un message destiné à montrer à Israël que le Hezbollah peut mettre à exécution les menaces que son chef, Hassan Nasrallah, a proférées au cours des dernières semaines. En lançant ces drones, l’organisation a agi contre l'intérêt libanais, malgré les progrès réalisés sur le dossier de la démarcation des frontières maritimes grâce aux efforts du médiateur américain Amos Hochstein», indique le rapport. «Ce qui s'est passé viole certes les négociations, mais révèle surtout que le Hezbollah a trahi son engagement qui consistait à n'entreprendre aucune action sans un accord ou un consensus national libanais.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Congrès américain approuve la levée définitive des sanctions contre la Syrie

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
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  • Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar
  • Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis

WASIHNGTON: Le Congrès américain a approuvé mercredi la levée définitive des sanctions imposées par les Etats-Unis contre la Syrie du temps de Bachar al-Assad, devant permettre le retour d'investissements dans ce pays ravagé par des années de guerre civile.

L'abrogation d'une loi dite "Caesar", adoptée en 2019 lors du premier mandat de Donald Trump et qui imposait ces sanctions, figure en effet dans le texte sur la stratégie de défense (NDAA), que le Sénat américain a approuvé mercredi par 77 voix pour et 20 contre.

La Chambre des représentants s'était déjà prononcée la semaine dernière et le texte attend désormais d'être promulgué par le président américain.

Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar. Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, a salué sur Telegram le vote du Sénat comme "ouvrant de nouveaux horizons pour la coopération et le partenariat entre notre pays et le reste du monde".

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars.

Bien que son application soit suspendue, de nombreux responsables américains jugeaient qu'elle pouvait nuire à la confiance des investisseurs tant qu'elle n'était pas abrogée.

Le dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a été reçu le 10 novembre à la Maison Blanche par le président Trump, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Donald Trump l'avait déjà rencontré lors d'un voyage dans le Golfe en mai, annonçant alors la levée des sanctions américaines.

Après 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

"L'abrogation aujourd'hui de la loi Caesar est une étape décisive pour donner au peuple syrien une véritable chance de se reconstruire après des décennies de souffrances inimaginables", s'est félicité la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.


Les principales villes du Soudan privées de courant après des frappes de drones sur une centrale

Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
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  • Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale
  • Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des FSR

PORT-SOUDAN: Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP.

Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale.

Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le gouvernement de l’État du Nil a confirmé la mort des deux secouristes dans un communiqué officiel.

Cette station est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Merowe — la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays — avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également indiqué qu’aux alentours de 02H00 (minuit GMT), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus de la ville contrôlée par l'armée en guerre depuis avril 2023 contre les FSR.

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs États, notamment ceux du Nil, de la mer Rouge — où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement pro-armée — ainsi qu’à la capitale Khartoum, selon des témoins, l'incendie n'étant toujours pas maitrisé.

Les FSR n’ont jusqu'à présent pas commenté l'attaque.

Ces derniers mois, les FSR ont été accusées de lancer des attaques de drones sur de vastes zones contrôlées par l’armée, visant des infrastructures civiles et provoquant des coupures de courant affectant des millions de personnes.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", selon l'ONU.


Série de raids israéliens sur le Liban, Israël dit viser le Hezbollah

Des soldats libanais sécurisent le site d'une frappe israélienne par drone qui a visé un camion dans le village de Jadra, au sud de Beyrouth, au Liban. (AFP)
Des soldats libanais sécurisent le site d'une frappe israélienne par drone qui a visé un camion dans le village de Jadra, au sud de Beyrouth, au Liban. (AFP)
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  • Israël a mené des raids aériens contre le sud et l’est du Liban, affirmant viser des infrastructures militaires du Hezbollah
  • Ces frappes surviennent à la veille d’une réunion du mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, toujours fragile

BEYROUTH: L'aviation israélienne a lancé jeudi matin une série de raids contre le sud et l'est du Liban, selon l'agence de presse officielle libanaise, Israël affirmant viser des infrastructures du Hezbollah pro-iranien.

Ces frappes interviennent à la veille d'une réunion du groupe de surveillance du cessez-le-feu en vigueur depuis fin novembre 2024, qui comprend, outre le Liban et Israël, les Etats-Unis, l'ONU et la France.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), des raids ont visé plusieurs régions du sud du Liban, frontalier d'Israël, ainsi que des zones montagneuses de la Békaa (est), un bastion du Hezbollah.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir frappé "plusieurs structures militaires du Hezbollah où des armes étaient stockées, et à partir desquelles les terroristes du Hezbollah ont continué d'opérer récemment".

Deux personnes avaient été tuées mardi dans deux frappes israéliennes qui avaient visé une camionnette au sud de Beyrouth et une voiture dans le sud du Liban. L'armée israélienne avait affirmé avoir visé des membres du Hezbollah.

Malgré le cessez-le-feu qui a mis fin il y a plus d'un an à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier poursuit ses frappes au Liban, qui ont fait environ 340 morts selon une compilation de l'AFP sur la base des chiffres du ministère de la Santé.