Soudan: L'armée dit laisser place à un gouvernement civil au 5e jour de sit-in

Le président du Conseil de souveraineté de transition du Soudan, le général Abdel Fattah al-Burhane (Photo, AFP).
Le président du Conseil de souveraineté de transition du Soudan, le général Abdel Fattah al-Burhane (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mardi 05 juillet 2022

Soudan: L'armée dit laisser place à un gouvernement civil au 5e jour de sit-in

Le président du Conseil de souveraineté de transition du Soudan, le général Abdel Fattah Al-Burhan. (Photo, AFP)
  • «L'armée ne participera plus au dialogue» national mené au Soudan sous l'égide de l'ONU et de l'Union africaine (UA), a annoncé lundi le général putschiste Abdel Fattah al-Burhane
  • Depuis vendredi, les manifestants ne quittent plus leurs trois sit-in à Khartoum, dans sa banlieue nord-ouest Omdourman et dans sa banlieue nord-est Khartoum-Nord

KHARTOUM: Le général Abdel Fattah al-Burhane, seul aux commandes du Soudan depuis le putsch du 25 octobre, a annoncé lundi vouloir laisser place à un gouvernement civil, au cinquième jour de sit-in décidés à en finir avec le pouvoir militaire et sa répression sanglante.

À la télévision, le chef de l'armée et numéro un du Conseil souverain – plus haute autorité du pays – a annoncé que "l'armée ne participera plus au dialogue" national lancé sous l'égide de l'ONU et de l'Union africaine (UA) notamment, disant vouloir laisser les forces civiles former un "gouvernement de personnalités compétentes".

"Après sa formation (...) nous allons dissoudre le Conseil souverain et former un conseil suprême des forces armées" qui ne sera plus en charge que des questions de "défense et de sécurité", a-t-il ajouté.

Aussitôt, dans le remuant quartier de Bourri à Khartoum, de nouveaux manifestants sont sortis pour monter des barricades, visiblement peu convaincus par la nouvelle promesse du chef militaire dont la rue réclame la chute sans arrêt depuis jeudi.

«Pas confiance»

"On ne fait pas confiance à Burhane, il était là pour la dispersion" sanglante de la "révolution" qui renversa le dictateur Omar el-Béchir en 2019, "puis il a mené son putsch le 25 octobre, donc nous, on veut seulement qu'il parte une fois pour toutes", affirme ainsi Mohannad Othmane, juché sur une de ces barricades.

"On veut qu'il soit jugé pour tous ceux qui ont été tués depuis le putsch" – 114 manifestants, selon des médecins pro-démocratie –, renchérit Oumeïma Hussein, qui manifeste dans un autre quartier de la capitale. "On va le faire tomber comme on a fait tomber Béchir", martèle-t-elle encore.

En 2019, la pression de la rue avait forcé l'armée à démettre le général Béchir puis à partager le pouvoir avec les civils – fait rare dans un pays sous la coupe des généraux quasiment toujours depuis son indépendance en 1956.

Mais le putsch a radicalement changé la donne: les civils ont été arrêtés un temps et le gouvernement qu'ils tenaient – aux côtés du Conseil souverain – a été limogé.

Depuis, chaque semaine, les prodémocratie manifestaient pour réclamer un pouvoir civil. Leur mouvement qui s'était essoufflé il y a plusieurs mois a semblé repartir jeudi.

Ce jour-là – anniversaire symbolique d'un autre coup d'Etat, celui de Béchir en 1989, et de la "révolution" qui le renversa – des dizaines de milliers de Soudanais ont manifesté.

Face à eux, les forces de sécurité ont tiré à balles réelles. Bilan: journée la plus meurtrière de l'année avec neuf manifestants tués, des centaines de blessés et autant d'arrestations.

Mais, répond un manifestant à Khartoum, "la rue est toujours là, malgré tous les frères et les amis que nous avons perdus".

"On restera jusqu'à ce que le régime tombe, qu'on obtienne justice pour ceux qui ont été tués ou blessés", poursuit-il, en refusant de donner son nom. "Je vais participer à ce sit-in jusqu'à ce qu'on nous dise de lever le camp, que cela prenne un mois ou un an, même deux ans".

Depuis vendredi, les manifestants ne quittent plus leurs trois sit-in à Khartoum, dans sa banlieue nord-ouest Omdourman et dans sa banlieue nord-est Khartoum-Nord.

S'ils ont choisi trois points différents, c'est en raison du blocage par les forces de sécurité des ponts qui relient la capitale à chacune de ses banlieues, empêchant un rassemblement massif dans un seul endroit.

Nouvelle donne

Jusqu'ici, les Forces pour la liberté et le changement (FLC), colonne vertébrale du gouvernement civil limogé lors du putsch, refusaient de participer au dialogue national.

"Nous n'avons pas d'interlocuteur", répétaient leurs cadres, tandis que les partis politiques et les comités de résistance, qui organisent les manifestations, assuraient ne pas vouloir discuter avant la fin de la répression et la libération des militants et manifestants arrêtés.

L'armée et ses alliés – paramilitaires ou ex-rebelles ayant signé la paix avec Khartoum – en revanche ne cessaient d'appeler à rejoindre la table des négociations.

L'allocution de lundi change totalement cette donne.

Les FLC tenaient lundi soir une "réunion en urgence" pour décider de la marche à suivre après l'annonce du général Burhane, a indiqué un de leurs cadres à l'AFP.

Les forces civiles doivent composer entre une communauté internationale qui fait pression pour des négociations entre civils et militaires et une rue qui scande depuis avant même le putsch: "ni partenariat, ni négociation" avec des généraux.

Elles héritent aussi, si le général Burhane tient sa promesse, d'un pays en plein marasme politique et surtout économique.

Depuis le putsch, la communauté internationale a fermé le robinet de l'aide, espérant faire plier les militaires.

L'économie, déjà à genoux, ne cesse de plonger un peu plus, entre dévaluation exponentielle et inflation à plus de 200%.


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Short Url
  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.


Frappe israélienne sur le sud du Liban: un mort 

Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
Short Url
  • Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé
  • Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal

BEYROUTH: Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre.

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban, affirmer viser la formation pro-iranienne.

Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé.

Israël n'a pas réagi dans l'immédiat.

Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

Le président Joseph Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Selon un bilan compilé par l'AFP à partir des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées depuis le début du mois.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Lors d'un entretien vendredi avec son homologue allemand Johann Wadephul, en visite à Beyrouth, le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Rajji lui a demandé "d'aider à faire pression sur Israël pour qu'il cesse ses agressions".

"Seule une solution diplomatique, et non militaire, peut assurer la stabilité et garantir le calme dans le sud", a assuré le ministre libanais, selon ses propos rapportés par l'Ani.

Il a assuré que "le gouvernement libanais poursuit la mise en œuvre progressive de sa décision de placer toutes les armes sous son contrôle".

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

 


Liban: le chef de l'Etat demande à l'armée de «s'opposer à toute incursion israélienne»

Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Short Url
  • Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens"
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BERYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens".

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".