Enfants français rapatriés de Syrie: un suivi psy pour soigner les traumatismes

Des enfants syriens, déplacés avec leur famille de Deir Ezzor, regardent la télévision à l'intérieur d'un bâtiment endommagé où ils vivent dans la ville de Raqa, au nord de la Syrie, le 18 juin 2022. (Photo, AFP)
Des enfants syriens, déplacés avec leur famille de Deir Ezzor, regardent la télévision à l'intérieur d'un bâtiment endommagé où ils vivent dans la ville de Raqa, au nord de la Syrie, le 18 juin 2022. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Jeudi 07 juillet 2022

Enfants français rapatriés de Syrie: un suivi psy pour soigner les traumatismes

Des enfants syriens, déplacés avec leur famille de Deir Ezzor, regardent la télévision à l'intérieur d'un bâtiment endommagé où ils vivent dans la ville de Raqa, au nord de la Syrie, le 18 juin 2022. (Photo, AFP)
  • Ces enfants ont connu «une forme extrême de violence, chacun de manière un peu différente, en fonction de leur âge, des endroits où ils étaient hébergés», explique la psychologue Maurween Veyret Morau
  • Parmi les centres référents, le service de l'hôpital Avicenne à Bobigny, en région parisienne, a déjà reçu un grand nombre de mineurs revenant de telles zones d’opérations

PARIS: Violence, guerre, déplacements, faim, deuil... Les enfants rapatriés de Syrie par la France ont tous vécu une « histoire jalonnée d'événements traumatiques », nécessitant une prise en charge psychologique qui va s'étendre sur plusieurs années. 

Ces enfants ont connu « une forme extrême de violence, chacun de manière un peu différente, en fonction de leur âge, des endroits où ils étaient hébergés », explique la psychologue Maurween Veyret Morau. 

La France a procédé mardi au retour sur le territoire national de 35 enfants mineurs français qui se trouvaient dans les camps du Nord-Est syrien, ainsi que de 16 mères, premier rapatriement massif de ce type depuis la chute en 2019 du « califat » du groupe État islamique (EI). 

A leur arrivée sur le territoire français, les mineurs de retour de zone d'opérations de groupements terroristes bénéficient depuis 2017 d'une évaluation médico-psychologique par des centres référents répartis dans le pays. 

Objectif: diagnostiquer un syndrome de stress post traumatique, identifier une éventuelle emprise mentale, et recommander les meilleures modalités de prise en charge et de suivi, notamment psychothérapeutique, adaptés aux besoins et à l'âge de l'enfant. 

Parmi les centres référents, le service de l'hôpital Avicenne à Bobigny, en région parisienne, a déjà reçu un grand nombre de mineurs revenant de telles zones d’opérations. 

« Jusqu'à leur arrivée en France, la grande majorité de ces enfants ont vécu une histoire jalonnée d'événements traumatiques », souligne Mme Veyret Morau, qui travaille dans ce service. 

« Ils ont subi la guerre, pour certains, un entraînement militaire, différentes atrocités, la faim, la soif et beaucoup ont enduré le deuil », égrène-t-elle. 

De ces traumas peuvent découler une multitude de symptômes: beaucoup présentent ainsi des troubles anxio-dépressifs, de l'attachement, des perturbations de l'alimentation, du sommeil... 

« Parmi les enfants évalués jusqu'ici, tous ont reçu une préconisation de soins », souligne Alessandra Mapelli, également psychologue dans l'équipe de l'hôpital Avicenne. 

Une évaluation psychologique débute généralement quelques jours après leur arrivée en France. Elle prend ensuite la forme d'une consultation hebdomadaire, qui s'étalera sur plusieurs années. 

« Capacité de rebondir »  

« Plus les enfants sont jeunes, plus il est possible d'espérer » un développement positif, confie Gisèle Apter, professeure de psychiatrie de l'enfant. 

« Le problème, c'est qu'il faut réussir à proposer dans un délai très court ou raisonnable un parcours de soin adapté à chacun, ce qui nécessite d'abord de trouver une structure d'accueil durable », poursuit-elle. 

Si des craintes s'expriment sur les conséquences d'un probable endoctrinement de ces enfants ayant vécu sous le joug de l'EI, les psychiatres se veulent positifs: « 40% des enfants sont nés sur place donc ont moins de 5 ans » et n'ont pas eu le temps d'être endoctrinés, rappelle ainsi Serge Hefez, psychiatre et psychanalyste à l'hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière, qui a pris en charge une quinzaine d'enfants rapatriés il y a trois ans. 

Et pour les plus âgés, il ne croit pas à « un endoctrinement irrécupérable ». 

A leur arrivée en France, le plus grand trauma sera, selon lui, « la séparation avec leur mère », même si le lien pourra être maintenu en prison. 

« La relation mère-enfant a déjà été compliquée là-bas, elle le reste ici », abonde Nicolas Bosc, psychiatre dans l'équipe d'Avicenne. « Ces enfants se retrouvent dans une nouvelle famille de façon très brutale ». 

Néanmoins, le suivi de ceux rentrés il y a plusieurs années invite plutôt à l'optimisme. L'équipe d'Avicenne en voit un grand nombre « aller beaucoup beaucoup mieux ». 

« Une volonté de vivre, une capacité de rebondir existent chez tous ces enfants », estime aussi Serge Hefez, sans exclure l'apparition des années plus tard de « résurgences traumatiques, d'accès dépressifs ou d'angoisses ». 

« Des gamins qui ont connu la guerre ou des séparations, il y en a toujours eu », ajoute-t-il. « Il faut juste faire le maximum pour les aider à retrouver une vie normale. » 

Selon des récentes déclarations du renseignement français, une centaine de femmes et près de 250 enfants français sont actuellement dans des camps de prisonniers djihadistes, en Syrie, contrôlés par les Kurdes. 


Laurent Wauquiez dépose une proposition de loi pour interdire le voile aux mineures

Short Url
  • Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public
  • Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier

PARIS: Le chef des députés Les Républicains Laurent Wauquiez a déposé lundi une proposition de loi pour interdire aux mineures de porter le voile dans l'espace public, mais son examen rapide semble peu probable et sa constitutionnalité mise en doute par des juristes.

M. Wauquiez veut interdire "à tout parent d'imposer à sa fille mineure ou de l'autoriser à porter, dans l'espace public, une tenue destinée à dissimuler sa chevelure", selon l'article unique de sa proposition de loi.

Il s'appuie notamment sur un rapport sur les Frères musulmans commandé par le gouvernement et publié en mai dernier, relatant l'augmentation "massive et visible du nombre de petites filles portant le voile".

Il estime que "le voilement de jeunes filles" heurte les principes républicains "les plus fondamentaux", tels que la "protection de l'enfant", "la liberté de conscience" et "l'égalité entre les hommes et les femmes".

Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public.

Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier.

En outre, des professeurs de droit public interrogés par l'AFP émettent de sérieuses réserves quant à la conformité avec la Constitution de cette proposition déjà formulée, tout en la circonscrivant aux moins de 15 ans, par le patron des députés macronistes Gabriel Attal en mai - même si celui-ci n'avait pas déposé de texte.

Pour la constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina, elle n'a "aucune chance d'être conforme", rappelant que la loi sur la dissimulation du visage que son texte vient modifier a un motif de "sécurité à l'ordre public" et ne "vise aucune religion en particulier".

Or, M. Wauquiez cible très clairement le voile islamique dans l'espace public, contrevenant "au principe de liberté de religion", ajoute l'enseignante.

Jean-Philippe Derosier, professeur de droit public à l’Université de Lille, se dit également "très réservé".

Bien que le texte se heurte au principe de liberté religieuse, Laurent Wauquiez justifie sa démarche par la "préservation des droits de l’enfant", ce qui est "assez habile", reconnaît-il, mais insuffisant pour garantir sa conformité constitutionnelle.

Assimiler le port du voile par une mineure à "une forme d’asservissement" reste juridiquement fragile. "Incontestablement, une fillette de 9 ans pourrait le faire par mimétisme ou sous l'effet d’une instrumentalisation", observe-t-il. "Mais une adolescente de 16 ans peut davantage le porter par conviction personnelle."

Il rappelle par ailleurs que l’interdiction de dissimulation du visage est justifiée par des raisons de sécurité, avec la nécessité de pouvoir "identifier les personnes", un raisonnement difficilement transposable au fait de se couvrir la chevelure.


Quatre associations musulmanes portent plainte contre un sondage Ifop

Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
Short Url
  • Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop
  • Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021

PARIS: Quatre associations du culte musulman ont porté plainte lundi pour dénoncer le manque d'objectivité supposé d'un sondage Ifop sur le rapport des fidèles à l'islam, ont annoncé leurs avocats à l'AFP.

Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop "Etat des lieux du rapport à l'islam et à l'islamisme des musulmans de France".

Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021.

Ce sondage "viole le principe d'objectivité posé par la loi du 19 juillet 1977 relative à la publication et la diffusion des sondages d'opinion", se "fonde sur des questions orientées" et se "focalise sur des résultats minoritaires mis en avant à des fins polémiques", accusent les avocats Mes Raphaël Kempf et Romain Ruiz, dans un communiqué.

Selon eux, le sondage distille "le poison de la haine dans l'espace public", renforçant "les amalgames".

Contacté par téléphone, François Kraus, directeur du pôle politique/actualités de l'Ifop, a indiqué qu'il répondrait à l'AFP par écrit, ce qu'il n'avait pas fait dans l'après-midi.

Le CFCM avait déjà dans un communiqué vendredi déploré "une nouvelle mise à l’index des citoyens français de confession musulmane et de leurs pratiques religieuses", avec des analyses et données "contestables".

L'enquête Ifop, basée sur un échantillon de 1.005 personnes de religion musulmane, a été commandée par le média confidentiel "Ecran de veille", qui se présente comme "le mensuel pour résister aux fanatismes".

L'attention médiatique et politique s'est beaucoup focalisée sur le sous-échantillon des 15-24 ans, constitué de 291 personnes, et révélant une forte pratique (87% se considèrent religieux, 67% disent prier "au moins une fois par jour", 83% font le ramadan)

François Kraus écrit dans sa conclusion sur le site de l'Ifop que "cette enquête dessine très nettement le portrait d'une population musulmane traversée par un processus de réislamisation, structurée autour de normes religieuses rigoristes et tentée de plus en plus par un projet politique islamiste".

Le sondage a provoqué de vives réactions, l'extrême droite y voyant un signe d'"islamisation", tandis que des représentants de la communauté musulmane ont regretté "une stigmatisation".

"A mal poser les questions, on finit toujours par fabriquer les peurs qu’on prétend mesurer", affirmait dans son billet hebdomadaire le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz.

Le politiste Haouès Seniguer qualifie pour sa part de raccourci "grossier et réducteur" l'idée, sous-jacente selon lui au sondage, qu'une observance stricte de l'islam soit la porte d'entrée mécanique vers l'islamisme.


Macron invité de RTL mardi matin

 Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
Short Url
  • Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat Français a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine
  • Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire

PARIS: Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué.

Le président de la République sera notamment interrogé sur la situation internationale, alors qu'une nouvelle réunion de la "coalition des volontaires" au soutien de l'Ukraine est prévue mardi en visioconférence.

Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine.

M. Macron sera aussi interrogé sur "les menaces qui pèsent sur la France", selon le communiqué de RTL.

Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire.