Le pont de Jamarat soulage les pèlerins lors du rituel majeur du Hajj

La conception ovale de la passerelle menant à la lapidation symbolique du diable a permis d'améliorer la circulation des pèlerins et d'augmenter la capacité d'accueil de la structure (Photo, AFP).
La conception ovale de la passerelle menant à la lapidation symbolique du diable a permis d'améliorer la circulation des pèlerins et d'augmenter la capacité d'accueil de la structure (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 10 juillet 2022

Le pont de Jamarat soulage les pèlerins lors du rituel majeur du Hajj

  • La structure a connu des bousculades lorsque les pèlerins se sont précipités pour accomplir le rituel symbolisant la lapidation du diable
  • Grâce aux améliorations apportées depuis plusieurs années, le manque de place et l'inconfort font désormais partie du passé

DJEDDAH: Le pont Jamarat est une structure massive construite pour épargner les pèlerins et faciliter un rituel crucial du Hajj.  

Les pèlerins du Hajj se rassemblent en ce lieu pour jeter des pierres au diable dans un acte symbolique. Sans cet acte, leur pèlerinage est incomplet et considéré comme non accepté.

Le concept de lapidation du diable est né lorsque le prophète Ibrahim avait l'intention de sacrifier son fils Ismaël sur ordre d'Allah. Le diable a tenté à trois reprises de dissuader le prophète d'exécuter l'ordre.

À chacune de ces trois occasions, le prophète a lancé sept petits cailloux au diable pour le faire fuir, engendrant ainsi sa disparition. Cet acte est devenu un rituel symbolique et fait partie intégrante du Hajj.

Il se déroule sur deux ou trois jours, du 10e jour de Dhou al-Hijjah jusqu'au 13e jour avant le coucher du soleil.

Les trois piliers étaient auparavant construits en pierre et en terre avec des barrières basses les entourant. Ils ont ensuite été recouverts de ciment, la taille des piliers étant restée intacte pendant des années.

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Des pèlerins musulmans participent à la lapidation symbolique du diable sur le pont Jamarat à Mina, qui marque le dernier rite majeur du Hajj (AFP/File Photo).

Cependant, le nombre croissant de pèlerins a nécessité la mise en place d'un projet pour faciliter la gestion des centaines de milliers de fidèles réunis en un même lieu.

Selon Mohammed Idris, ancien vice-doyen de l'Institut de recherche sur le Hajj et la Omra du Gardien des Deux Saintes Mosquées, les trois piliers étaient entourés de murs circulaires jusqu'en 1975.

«Un élargissement important de la zone a eu lieu en 1987, et d'autres expansions ont suivi pour améliorer la capacité de la zone de Jamarat à faciliter la circulation des pèlerins et à éviter les accidents. Les points de sortie et les entrées des piliers ont été modifiés, et les chemins courbes menant au Jamarat sont devenus droits», a-t-il déclaré à Arab News.

Le pont Jamarat était, à l'origine, une structure piétonne construite en 1963 pour faciliter le rituel de la lapidation. Depuis, il a été agrandi à plusieurs reprises pour accueillir le nombre croissant de pèlerins.

Le pont a été considérablement élargi en 1974, et d'autres extensions ont suivi pour améliorer sa capacité à faciliter la circulation des pèlerins et à éviter les accidents.

Malgré cela, la structure a été le théâtre de plusieurs incidents mortels lorsque des pèlerins ont enfreint les instructions, provoquant ainsi des bousculades et des décès.

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Les modifications structurelles apportées au pont Jamarat ont été réalisées pour renforcer la sécurité après plusieurs tragédies (AFP).

 

En 1990, plus de 1 400 pèlerins ont trouvé la mort par piétinement et suffocation dans le tunnel piétonnier d'Al-Ma'aisim, qui menait de La Mecque à Mina. Entre 1994 et 2006, plus de 1 030 pèlerins ont été tués dans des bousculades alors qu'ils tentaient de jeter des pierres sur les piliers. Environ 470 autres ont été blessés.

Le pire incident lié à la lapidation, ces dernières années, s'est produit le 25 septembre 2015, lorsque plus de 700 pèlerins sont morts et 800 autres ont été blessés lorsque des pèlerins ont déferlé vers l'intersection de la rue 204 et de la rue 223.

Un médecin du service des urgences d'un hôpital de Mina avait alors indiqué à Arab News que la plupart des pèlerins étaient morts d'asphyxie.

Un porte-parole du ministère saoudien de l'Intérieur avait imputé la bousculade au «nombre sans précédent de pèlerins» par rapport aux années précédentes, ainsi qu'au fait que la majorité des victimes avaient emprunté une allée à un moment où elles n'étaient pas autorisées à y pénétrer.

Des témoins de la tragédie avaient confirmé qu'un groupe important de pèlerins iraniens était passé par la rue Souq Al-Arab et avait refusé de rentrer, ignorant les directives du Hajj.

 

En Bref

Les bousculades et les débordements ont fait des milliers de morts sur le pont Jamarat avant la modernisation de l'infrastructure.

- Le projet, destiné à atténuer le surencombrement et à éviter les tragédies, a coûté 1,12 milliard de dollars.
 

En 1990, plus de 1 400 pèlerins ont trouvé la mort par piétinement et suffocation dans le tunnel piétonnier d'Al-Ma'aisim, qui menait de La Mecque à Mina. Entre 1994 et 2006, plus de 1 030 pèlerins ont été tués dans des bousculades alors qu'ils tentaient de jeter des pierres sur les piliers. Environ 470 autres ont été blessés.

Le pire incident lié à la lapidation, ces dernières années, s'est produit le 25 septembre 2015, lorsque plus de 700 pèlerins sont morts et 800 autres ont été blessés lorsque des pèlerins ont déferlé vers l'intersection de la rue 204 et de la rue 223.

Un médecin du service des urgences d'un hôpital de Mina avait alors indiqué à Arab News que la plupart des pèlerins étaient morts d'asphyxie.

Un porte-parole du ministère saoudien de l'Intérieur avait imputé la bousculade au «nombre sans précédent de pèlerins» par rapport aux années précédentes, ainsi qu'au fait que la majorité des victimes avaient emprunté une allée à un moment où elles n'étaient pas autorisées à y pénétrer.

Des témoins de la tragédie avaient confirmé qu'un groupe important de pèlerins iraniens était passé par la rue Souq Al-Arab et avait refusé de rentrer, ignorant les directives du Hajj.

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Le pont a été considérablement agrandi en 1974, et d'autres extensions ont suivi pour améliorer sa capacité à faciliter la circulation des pèlerins et à éviter les accidents (AFP/File Photos).

Le pont, qui a été construit en trois ans par plus de 11 000 ouvriers, mesure 950 mètres de long et compte six étages, y compris le sous-sol, avec une hauteur de 12 mètres par étage. Chaque étage peut accueillir jusqu'à 120 000 pèlerins par heure.

Sa fondation a été conçue pour supporter 12 étages en vue d'accueillir 5 millions de pèlerins d'ici 2030.

Au cinquième étage, des parasols recouvrent le site des trois Jamarat pour améliorer le confort des pèlerins et les protéger du soleil et de la chaleur.

Ce joyau des infrastructures du Hajj, qui a remporté plusieurs prix locaux et mondiaux, a été construit pour un coût de plus de 4,2 milliards de riyals saoudiens (1,12 milliard de dollars).

Il compte 12 entrées, 12 sorties dans quatre directions, deux tunnels, 19 rampes, des escaliers roulants, des sorties de secours, des héliports, six bâtiments de service et un système de climatisation avec des arroseurs à eau pour rafraîchir l'atmosphère et réduire la température de la zone à 29 degrés Celsius.

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Le Hajj de 2020 a été le plus restreint des temps modernes et contraste fortement avec les foules habituellement massives des années précédente (AFP/File Photos).

Le bâtiment contient également trois stations électriques et un générateur de secours qui fournit automatiquement de l'électricité en cas de coupure temporaire de courant.

Contrairement à l'ancienne forme circulaire des murs autour des trois piliers, la nouvelle conception ovale a contribué à une meilleure circulation des pèlerins. Elle a également permis d'augmenter le nombre de pèlerins qui peuvent être accueillis.

Le nouveau pont a été conçu par Dar Al-Handasah et construit par le groupe Saudi Binladin. Il présente un espace intérieur plus large et sans colonnes, des piliers Jamrah plus longs, des rampes et des tunnels supplémentaires pour faciliter l'accès, de grands auvents pour couvrir chacun des trois piliers afin de protéger les pèlerins du soleil, et des rampes adjacentes aux piliers pour accélérer l'évacuation en cas d'urgence.

Aucune victime n'a été signalée sur les sites de Jamarat en six ans. Cependant, les autorités saoudiennes chargées du Hajj et de la santé sont prêtes à tout scénario. Cette année, 17 centres d'urgence seront présents sur le pont Jamarat pour répondre à toutes les situations d'urgence auxquelles les pèlerins pourraient être confrontés pendant leur voyage du Hajj, qu'il s'agisse de mouvements de foule, de chutes ou de maladies.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

 


Le chef de la diplomatie jordanienne accuse Israël «de tuer les perspectives de la paix» dans la région

Le chef de la diplomatie jordanienne, Ayman Safadi, en visite en Russie, a accusé mercredi Israël de "tuer les perspectives de la paix" dans la région, alors que le gouvernement israélien a donné son feu-vert à la prise de la ville de Gaza. (AFP)
Le chef de la diplomatie jordanienne, Ayman Safadi, en visite en Russie, a accusé mercredi Israël de "tuer les perspectives de la paix" dans la région, alors que le gouvernement israélien a donné son feu-vert à la prise de la ville de Gaza. (AFP)
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  • "La paix est un objectif stratégique pour nous tous. C'est le seul chemin vers la stabilité dans la région", a souligné le ministre jordanien des Affaires étrangères
  • Bien que la Jordanie ne soit pas limitrophe de la bande de Gaza, elle fait partie des pays de la région touchés par le conflit entre Israël et le Hamas, déclenché par l'attaque sans précédent de ce groupe islamiste palestinien en Israël le 7 octobre 2023

MOSCOU: Le chef de la diplomatie jordanienne, Ayman Safadi, en visite en Russie, a accusé mercredi Israël de "tuer les perspectives de la paix" dans la région, alors que le gouvernement israélien a donné son feu-vert à la prise de la ville de Gaza.

"Nous voyons le gouvernement israélien non seulement tuer des Palestiniens et tuer les perspectives de la paix dans la région, mais aussi étendre le conflit au Liban et en Syrie", a déclaré M. Safadi lors d'une rencontre avec son homologue russe Sergueï Lavrov à Moscou.

Il a dénoncé une "réalité complètement inhumaine créée à Gaza par l'agression israélienne", en indiquant vouloir évoquer avec M. Lavrov "les efforts visant à mettre fin" aux "massacres et à la famine".

"La paix est un objectif stratégique pour nous tous. C'est le seul chemin vers la stabilité dans la région", a souligné le ministre jordanien des Affaires étrangères.

Bien que la Jordanie ne soit pas limitrophe de la bande de Gaza, elle fait partie des pays de la région touchés par le conflit entre Israël et le Hamas, déclenché par l'attaque sans précédent de ce groupe islamiste palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a ordonné mercredi le rappel de 60.000 réservistes après avoir donné son feu vert à la prise de la ville de Gaza, en pleine médiation en vue d'une trêve dans le territoire palestinien et la libération d'otages israéliens.

Depuis le début de la guerre, Israël assiège à Gaza plus de deux millions de Palestiniens menacés de famine selon l'ONU, des accusations rejetées par Israël.

L'attaque du 7 octobre 2023 a entraîné la mort côté israélien de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

L'offensive de représailles israélienne a fait au moins 62.064 morts à Gaza, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

 


L'armée israélienne resserre son étau sur la ville de Gaza

Cinq divisions de l'armée, composées de dizaines de milliers de soldats, doivent participer à cette offensive, selon l'armée, qui va rappeler pour début septembre 60.000 réservistes supplémentaires. (AFP)
Cinq divisions de l'armée, composées de dizaines de milliers de soldats, doivent participer à cette offensive, selon l'armée, qui va rappeler pour début septembre 60.000 réservistes supplémentaires. (AFP)
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  • Cette opération est lancée alors qu'Israël n'a pas formellement réagi à la proposition des médiateurs sur une trêve associée à une libération d'otages retenus à Gaza, et acceptée par le mouvement islamiste palestinien Hamas
  • "Nous allons intensifier nos frappes contre le Hamas à Gaza. Nous avons commencé des opérations préliminaires pour l'attaque", a annoncé mercredi le porte-parole de l'armée, le général Effie Defrin

JERUSALEM: L'armée israélienne resserre son étau sur la ville de Gaza, où ses troupes ont lancé de premières opérations et poursuivi leurs bombardements jeudi avec l'objectif de prendre, selon elle, ce dernier grand bastion du Hamas dans le territoire palestinien.

Cinq divisions de l'armée, composées de dizaines de milliers de soldats, doivent participer à cette offensive, selon l'armée, qui va rappeler pour début septembre 60.000 réservistes supplémentaires.

Cette opération est lancée alors qu'Israël n'a pas formellement réagi à la proposition des médiateurs sur une trêve associée à une libération d'otages retenus à Gaza, et acceptée par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

"Nous allons intensifier nos frappes contre le Hamas à Gaza. Nous avons commencé des opérations préliminaires pour l'attaque", a annoncé mercredi le porte-parole de l'armée, le général Effie Defrin. "Nos forces sont en périphérie de la ville. Nous allons créer les conditions pour ramener les otages."

Le cabinet de sécurité présidé par le Premier ministre Benjamin Netanyahu a approuvé début août un plan pour s'emparer de Gaza-ville et de camps de réfugiés du centre du territoire, pour prendre le contrôle sécuritaire de toute la bande de Gaza et libérer les otages.

Quarante-neuf otages, dont 27 morts selon l'armée, y sont toujours captifs sur les 251 enlevés lors de l'attaque sans précédent menée le 7 octobre 2023 par le Hamas contre Israël, qui a déclenché la guerre à Gaza.

"Guérilla en difficulté" 

L'armée israélienne assiège les plus de deux millions d'habitants dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre et contrôle aujourd'hui environ 75% du territoire palestinien, où elle a lancé une offensive dévastatrice en riposte à l'attaque du Hamas, qui a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué un désastre humanitaire.

Depuis plus d'une semaine, plusieurs quartiers de Gaza, la plus grande ville du territoire située dans le nord, sont soumis à d'intenses bombardements aériens et d'artillerie, notamment ceux de Zeitoun et al-Sabra dans l'est.

Les bombardements se poursuivent jeudi, en particulier à Jabalia al-Balad et dans la zone d'al-Nazla (nord-ouest) et à al-Sabra, selon des témoins. De nombreux habitants à Gaza-ville ont fui les raids vers l'ouest et le sud.

"Le Hamas aujourd'hui n'est plus le même Hamas qu'avant. D'une organisation terroriste militaire structurée, il a été réduit à un groupe de guérilla affaibli et en difficulté", selon le général Defrin.

Depuis mi-mai, "de hauts responsables (du Hamas) et environ 2.000 terroristes ont été éliminés, cinq divisions opèrent sur le terrain, deux corridors clés ont été établis, et environ 10.000 cibles ont été frappées", a-t-il dit.

Mercredi, le ministre de la Défense Israël Katz "a approuvé" le plan d'attaque à Gaza-ville, et selon la presse israélienne, M. Netanyahu devait réunir jeudi son gouvernement pour une approbation finale.

Le Premier ministre a ordonné "que le délai pour s'emparer des derniers bastions terroristes et vaincre le Hamas soit raccourci", sans donner de date.

"Mépris flagrant" 

Pour le Hamas, l'opération contre Gaza-ville "témoigne d'un mépris flagrant des efforts déployés par les médiateurs", en vue d'un accord de cessez-le-feu. Le mouvement a accusé M. Netanyahu d'être "le véritable obstacle à tout accord" et de "ne pas se soucier de la vie" des otages.

Lundi, le Hamas a annoncé avoir accepté cette proposition des médiateurs - Egypte, Qatar et Etats-Unis- pour une trêve de 60 jours assortie de la libération des otages en deux étapes.

Une source gouvernementale israélienne a affirmé que le gouvernement n'avait "pas changé" de politique et continuait "d'exiger la libération" de tous les otages "conformément aux principes fixés par le cabinet pour mettre fin à la guerre".

La proposition, basée sur un précédent plan américain, prévoit une trêve de 60 jours, la remise de 10 otages vivants et des dépouilles de 18 otages décédés en échange de la libération de prisonniers palestiniens, ainsi que l'entrée de plus d'aide humanitaire à Gaza, selon des sources du Hamas et du Jihad islamique, son allié.

Les captifs restants seraient libérés lors d'une deuxième échange, dans le délai de la trêve, durant laquelle doivent se tenir des négociations en vue d'un cessez-le-feu permanent.

Selon le Bureau de l'ONU des droits de l'Homme dans les territoires palestiniens occupés, les bombardements israéliens sur Gaza-ville "ont entraîné un grand nombre de victimes civiles et des destructions à grande échelle".

"Des centaines de familles ont été contraintes de fuir (...) sans refuge sûr, dans des conditions humanitaires désastreuses, d'autres seraient encore piégées", s'alarme cette agence, pour qui l'opération israélienne "risque de déclencher une crise humanitaire sans précédent".


Israël ordonne le rappel de 60.000 réservistes pour la prise de la ville de Gaza

Des volutes de fumée se dégagent après une frappe israélienne sur un bâtiment à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 20 août 2025. Le 20 août, le ministre israélien de la défense a approuvé un plan de conquête de la ville de Gaza et a autorisé l'appel d'environ 60 000 réservistes, accentuant ainsi la pression sur le Hamas alors que les médiateurs s'efforcent d'obtenir un cessez-le-feu. (AFP)
Des volutes de fumée se dégagent après une frappe israélienne sur un bâtiment à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 20 août 2025. Le 20 août, le ministre israélien de la défense a approuvé un plan de conquête de la ville de Gaza et a autorisé l'appel d'environ 60 000 réservistes, accentuant ainsi la pression sur le Hamas alors que les médiateurs s'efforcent d'obtenir un cessez-le-feu. (AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense a validé une offensive militaire majeure sur la ville de Gaza et rappelé 60 000 réservistes, ciblant les derniers bastions du Hamas malgré une trêve en discussion
  • Le Hamas accuse Israël de saboter les efforts de médiation (Égypte, Qatar, USA), alors même qu’une proposition de trêve de 60 jours et de libération d’otages a été acceptée de son côté

Jérusalem: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a ordonné mercredi le rappel de 60.000 réservistes après avoir donné son feu vert à la prise de la ville de Gaza, le Hamas dénonçant un "mépris flagrant" pour les efforts de médiation en cours en vue d'une trêve et la libération d'otages.

Le cabinet de sécurité présidé par le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, a approuvé début août un plan pour s'emparer de cette ville et de camps de réfugiés du centre du territoire, considérés comme les derniers bastions du Hamas, prendre le contrôle sécuritaire de toute la bande de Gaza et libérer les otages qui y sont toujours retenus.

Ces derniers - 49 dont 27 morts selon l'armée - ont été enlevés lors d'une attaque sans précédent menée le 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël, qui a déclenché la guerre.

Mercredi, la Défense civile locale a fait état de 21 Palestiniens tués par des frappes et tirs israéliens dans la bande de Gaza affamée, assiégée et ravagée par la guerre.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans et affirmations de la Défense civile ou de l'armée israélienne.

M. Katz "a approuvé le plan d'attaque de l'armée à Gaza-ville", a indiqué son ministère. Il a également "approuvé l'émission des ordres de rappel des réservistes nécessaires", environ 60.000 hommes.

Pour le Hamas, "l'annonce aujourd'hui par l'armée d'occupation terroriste du début [d'une] opération contre la ville de Gaza et ses près d'un million d'habitants et de déplacés [...] témoigne [...] d'un mépris flagrant des efforts déployés par les médiateurs", en vue d'un accord de cessez-le-feu et de libération des otages.

"Alors que le [Hamas] a annoncé son accord sur la dernière proposition présentée par les médiateurs, [Israël] insiste sur la poursuite de sa guerre barbare", a ajouté le mouvement islamiste palestinien dans un communiqué.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu "démontre qu'il est le véritable obstacle à tout accord, qu'il ne se soucie pas de la vie [des otages israéliens] et qu'il n'a pas sérieusement l'intention de les récupérer", ajoute le texte.

Lundi, le Hamas a annoncé avoir accepté une nouvelle proposition des médiateurs - Egypte, Qatar et Etats-Unis- pour une trêve de 60 jours assortie de la libération des otages en deux étapes.

Israël n'a pas réagi, mais une source gouvernementale a affirmé que le gouvernement n'avait "pas changé" de politique et continuait "d'exiger la libération" de tous les otages "conformément aux principes fixés par le cabinet pour mettre fin à la guerre".

La proposition, basée sur un précédent plan américain, prévoit une trêve de 60 jours, la remise de 10 otages vivants et des dépouilles de 18 otages décédés en échange de la libération de prisonniers palestiniens, ainsi que l'entrée de plus d'aide humanitaire, selon des sources du Hamas et du Jihad Islamique.

Les captifs restants seraient libérés lors d'un deuxième échange, dans le délai de la trêve, durant laquelle doivent se tenir des négociations en vue d'un cessez-le-feu permanent.

Or, depuis plus d'une semaine, l'armée israélienne, qui s'est emparée en plus de 22 mois de guerre d'environ 75% du territoire palestinien, a intensifié ses frappes et opérations dans la ville de Gaza, dans le nord du territoire.

- Des milliers de déplacés -

Les quartiers périphériques voisins de Zeitoun et Sabra y sont la cible d'intenses bombardements, selon des habitants.

"Nous avons commencé des opérations préliminaires pour l'attaque. Nos forces sont en périphérie de la ville. Nous allons créer les conditions pour ramener les otages", a déclaré mercredi le porte-parole de l'armée israélienne, Effie Defrin, à la télévision.

Selon un communiqué de ses services, M. Netanyahu "a ordonné que le délai pour s'emparer des derniers bastions terroristes et vaincre le Hamas soit raccourci", sans donner de date.

De nombreux habitants ont fui Zeitoun et d'autres quartiers orientaux vers l'ouest de la ville et plus au sud, selon des témoins.

L'armée israélienne "a détruit la plupart des bâtiments à Zeitoun et poussé à la fuite des milliers de personnes", a déclaré au téléphone à l'AFP Anis Dalloul, 64 ans, réfugié dimanche dans un autre secteur. "Nous avons peur que (l'armée) occupe la ville et d'être déplacés à nouveau".

Mostafa Qazaat, chef du comité d'urgence de la municipalité de Gaza, a confirmé la fuite "d'un grand nombre" d'habitants.

Dans le sud du territoire, l'armé israélienne a affirmé mercredi avoir tué dans le secteur de Khan Younès une dizaine de combattants du Hamas en repoussant une attaque de sa branche armée, qui assure avoir tué un nombre indéterminé de soldats israéliens.

Faisant fi des protestations internationales, Israël a aussi approuvé mercredi un projet clé de construction de 3.400 logements en Cisjordanie occupée, qui empêcherait la création d'un éventuel Etat palestinien avec une continuité territoriale.

L'Autorité palestinienne a fustigé une décision qui va selon elle faire de ce territoire une "véritable prison". Londres l'a aussi condamnée, appelant Israël à revenir dessus.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort côté israélien de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

La riposte israélienne a fait 62.122 morts à Gaza, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.