Dans le nord du Pakistan, les crues glaciaires sonnent la «fin des temps»

Sur cette photo prise le 9 juin 2022, un habitant traverse une passerelle temporaire près du pont principal emporté (arrière-plan) après l'éclatement d'un lac à cause de la fonte d'un glacier, dans le village de Hassanabad, dans la région pakistanaise du Gilgit-Baltistan. (AFP)
Sur cette photo prise le 9 juin 2022, un habitant traverse une passerelle temporaire près du pont principal emporté (arrière-plan) après l'éclatement d'un lac à cause de la fonte d'un glacier, dans le village de Hassanabad, dans la région pakistanaise du Gilgit-Baltistan. (AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 13 juillet 2022

Dans le nord du Pakistan, les crues glaciaires sonnent la «fin des temps»

  • Dans la catastrophe, survenue en mai, en pleine canicule, neuf maisons ont été détruites et une demi-douzaine endommagées
  • Trente-trois de ces lacs, formés dans les chaînes de l'Himalaya, de l'Hindu Kush ou du Karakoram, risquent fortement de déborder et de déverser en aval des millions de mètres cubes d'eau et de débris

HASSANABAD: L'aube commençait à peine à poindre sur le village de montagne, quand un fracas soudain a rompu la quiétude du matin. Depuis le glacier en surplomb, un torrent d'eau limoneuse a dévalé les pentes, puis un épais nuage de poussière a tapissé les lieux.

Ce jour où les flots ont déboulé dans son village d'Hassanabad, dans le nord du Pakistan, Javed Rahi, un professeur de mathématiques à la retraite, devait assister au mariage d'un neveu.

"Je m'attendais à ce que les femmes et les enfants chantent et dansent (...) A la place, je les ai entendus hurler de peur", raconte le presque septuagénaire. "C'était comme la fin des temps."

Dans la catastrophe, survenue en mai, en pleine canicule, neuf maisons ont été détruites et une demi-douzaine endommagées.

Le déferlement d'eau a aussi emporté deux micro-centrales hydro-électriques et le pont qui reliait ce village isolé au reste du pays.

Le Pakistan dispose de plus de 7 000 glaciers, soit plus qu'aucun autre pays en dehors des terres polaires. Mais avec le changement climatique, ceux-ci fondent rapidement, créant des milliers de lacs glaciaires.

Trente-trois de ces lacs, formés dans les chaînes de l'Himalaya, de l'Hindu Kush ou du Karakoram, risquent fortement de déborder et de déverser en aval des millions de mètres cubes d'eau et de débris, selon les autorités.

Au moins seize cas de vidange brutale d'un lac glaciaire (Glof, selon l'acronyme anglais), causés par la hausse des températures, ont déjà été recensés cette année, contre cinq ou six en 2021, a indiqué cette semaine le gouvernement.

Les dégâts sont généralement tellement importants qu'il est difficile pour les communautés locales de se remettre de telles catastrophes.

A Hassanabad, M. Rahi et les autres habitants ayant perdu leur maison ont été déplacés dans un camp à proximité du village. Sous leurs tentes de fortune, traînent les rares biens qu'ils ont pu sauver et des matelas pour dormir.

"Nous n'avions jamais pensé que nous passerions de riches à loqueteux", soupire M. Rahi.

Le Pakistan est particulièrement vulnérable au dérèglement climatique. Il figure en 8e position des pays les plus menacés par les phénomènes météorologiques extrêmes, selon une étude de l'ONG Germanwatch.

Pas conscience de la menace 

Il est confronté à des périodes de chaleur de plus en plus fréquentes, anticipées et étouffantes. Cette année, les températures ont par endroits dépassé les 50 degrés Celsius.

Les inondations et les sécheresses ont tué et déplacé des milliers de personnes ces dernières années, endommageant les infrastructures et détruisant les moyens de subsistance.

Selon le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), le manque d'information sur les changements que connaissent les régions glaciaires au Pakistan empêche de prédire avec précision là où une catastrophe pourrait survenir.

Même si Hassanabad disposait d'un système d'alerte, avec des caméras pour surveiller le niveau des lacs glaciaires, les habitants étaient persuadés de vivre suffisamment en altitude pour être à l'abri, selon des responsables locaux.

Zahida Sher, qui a aussi perdu sa maison ce jour-là, explique que la force des flots a emporté des constructions jugées jusque-là très solides.

Les communautés montagnardes dépendent du bétail, des vergers, des fermes et du tourisme pour survivre. Mais tout est menacé par le changement climatique.

"Notre économie est agraire et les gens n'ont pas suffisamment de ressources pour partir d'ici", souligne Mme Sher, chercheuse pour une ONG locale de développement.

Selon Siddique Ullah Baig, un expert en gestion des risques naturels, environ sept millions de personnes sont sous la menace de Glofs dans le nord du Pakistan. Mais la plupart n'en ont pas conscience.

"Les gens continuent à construire des maisons dans des endroits en zone inondables. Ils ne sont pas informés et préparés pour affronter une catastrophe naturelle", dit-il à l'AFP.

Un peu au nord d'Hassanabad se situe le hameau de Passu, qui a perdu près de 70% de ses habitants et de son étendue après avoir été frappé par des crues soudaines et en raison de l'érosion naturelle de la rivière.

Le village est coincé entre deux glaciers, au nord et au sud, et la rivière Hunza à l'est. Ces trois éléments naturels sont appelés "dragons" par les habitants, pour leur pouvoir de destruction.

«La bouche des dragons»

"Le village de Passu repose dans les bouches de ces trois dragons", observe Ali Qurban Mughani, un lettré local, en pointant du doigt la masse glaciaire le surplombant.

Pendant qu'il parle, des ouvriers construisent un mur en béton sur l'une des rives proches, pour tenter de protéger le village de l'érosion.

Kamran Iqbal avait investi 500.000 roupies (2.350 euros), une somme empruntée à une ONG locale, pour ouvrir une aire de pique-nique pour les touristes, dans un lieu qui bénéficie d'une vue à couper le souffle.

La beauté des glaciers a fait de cette région l'une des plus touristiques du pays.

Son affaire tournait bien, jusqu'à cette "nuit d'horreur" en 2021, quand une crue a tout emporté.

Même si les objectifs internationaux les plus ambitieux consistant à limiter à 1,5° la hausse des températures liée au changement climatique d'ici la fin du siècle sont respectés, près d'un tiers des glaciers pakistanais pourraient avoir fondu d'ici là, avait indiqué l'organisation International Centre for Integrated Mountain Development (Icimod), basée au Népal, dans une étude parue en 2019.

"En 2040, nous pourrions commencer à être confrontés à des problèmes de pénurie (d'eau), qui pourraient mener à la sècheresse et à la désertification. Et avant cela, nous pourrions devoir faire face à d'intenses et fréquentes inondations le long des rivières, et bien sûr à des crues soudaines", estime Aisha Khan, la cheffe de l'Organisation pakistanaise de protection des montagnes et glaciers.

Le Pakistan, qui abrite une population de 220 millions d'habitants, dit n'être responsable que de moins de 1% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Malgré cela, il est particulièrement menacé par le dérèglement climatique, car très dépendant de son agriculture et de ses ressources naturelles, des secteurs très sensibles aux modifications du climat.

"Nous n'avons pas d'usines ni d'industries ici qui puissent causer de la pollution (...) Notre environnement est propre", déclare Amanullah Khan 60 ans, un des aînés du village d'Hassanabad.

"Mais pour ce qui est de la menace posée par le changement climatique, nous sommes en première ligne", souligne-t-il.

Asif Sakhi, un militant politique local, remarque que les habitants de la région craignent de plus en plus la menace posée par les glaciers, et regrette: "Cette zone appartient aux glaciers; nous l'avons occupée".


Ukraine: "prêts" sur les garanties de sécurité, les Européens vont tester les engagements de Trump

Le président français Emmanuel Macron (C,D) tient une réunion de travail avec le président ukrainien au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 3 septembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (C,D) tient une réunion de travail avec le président ukrainien au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 3 septembre 2025. (AFP)
Short Url
  • Réunis à Paris autour d’Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky, les alliés européens de l’Ukraine actent leur volonté de garantir la sécurité de Kiev, tout en pressant les États-Unis de formaliser leur propre engagement
  • Vladimir Poutine, soutenu par la Chine et la Corée du Nord, rejette toute intervention étrangère et affirme que la Russie poursuivra ses objectifs militaires en Ukraine

PARIS: Les soutiens européens de l'Ukraine se réunissent jeudi pour tester l'engagement des Etats-Unis pour la sécurité future de l'Ukraine, alors que les efforts de paix de Donald Trump patinent et que Vladimir Poutine, fort de ses soutiens internationaux, paraît plus inflexible que jamais

Le président français Emmanuel Macron copréside à 10H30 (08H30 GMT) à l'Elysée une réunion de la "Coalition des volontaires", qui rassemble les principaux soutiens militaires de Kiev - une trentaine de pays, essentiellement européens - en présence de son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Les dirigeants s'entretiendront ensuite par téléphone à 14H00 (12H00 GMT) avec Donald Trump. Avec deux sujets à l'ordre du jour: un appel à plus de sanctions américaines contre la Russie et les contributions de chacun aux garanties de sécurité futures à apporter à l'Ukraine.

Outre M. Zelensky, le président finlandais Alexander Stubb sera présent à l'Elysée, de même que les Premiers ministres polonais Donald Tusk, espagnol Pedro Sanchez, danoise Mette Frederiksen ou encore les présidents des institutions de l'Union européenne Ursula von der Leyen et Antonio Costa.

Le Premier ministre britannique Keir Starmer, coprésident de la réunion, interviendra en visioconférence de même que les autres dirigeants européens, de l'Allemand Friedrich Merz à l'Italienne Georgia Meloni.

- Réserves -

Les Européens vont acter qu'ils sont "prêts" sur l'octroi de garanties de sécurité à l'Ukraine, pour mieux signifier qu'ils attendent désormais des gestes concrets des Américains dans le même sens.

"Nous sommes prêts pour ces garanties de sécurité. L'Europe est au rendez-vous, pour la première fois avec ce niveau d'engagement et d'intensité", a déclaré le président français en accueillant son homologue ukrainien dès mercredi soir à l'Elysée pour un tête-à-tête.

Les alliés de l'Ukraine attendent maintenant "de voir ce que les Américains souhaitent apporter concernant leur participation", a renchéri le secrétaire général de l'Otan, Mark Rutte, à Bruxelles.

La Coalition des volontaires est disposée à contribuer au renforcement de l'armée ukrainienne, voire pour certains pays - dont la France, le Royaume-Uni et la Belgique - à déployer des soldats en Ukraine, une fois un cessez-le-feu conclu, pour dissuader la Russie de toute nouvelle agression.

Mais certains alliés se sont montrés hésitants dans l'attente de la contribution américaine, que plusieurs pays européens jugent indispensable avant tout engagement de leur part.

Jusqu'à un cessez-le-feu, "il n'y aura certainement pas de déploiement de troupes en Ukraine et même après, j'ai des réserves considérables à ce sujet concernant l'Allemagne", a lancé le chancelier Merz sur la chaîne Sat1.

La Russie a répété jeudi qu'elle n'accepterait aucune "intervention étrangère quelle qu'en soit la forme", la porte-parole de sa diplomatie Maria Zakharova qualifiant les protections demandées par Kiev de "garanties de danger pour le continent européen".

- "A l'offensive" -

Donald Trump a promis lors d'une réunion avec six dirigeants européens le 18 août à Washington que les Etats-Unis apporteraient des garanties de sécurité, sans préciser lesquelles.

Ce "filet de sécurité" américain, ou "backstop" en anglais, pourrait prendre différentes formes - renseignement, soutien logistique, communications -, le président américain ayant exclu l'envoi de troupes américaines au sol.

Il a affirmé mercredi qu'il "se passerait quelque chose" si Vladimir Poutine ne répondait pas à ses attentes, deux semaines après leur rencontre en Alaska qui n'a abouti à aucun progrès substantiel sur une issue à la guerre en Ukraine.

En attendant, Vladimir Poutine, qui affiche un retour en force sur la scène internationale avec une présence très remarquée mercredi au côté du président chinois Xi Jinping et du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un à Pékin, après le sommet d'Anchorage le 15 août avec Donald Trump, multiplie les déclarations offensives.

Moscou atteindra ses objectifs en Ukraine par la voie militaire si les négociations avec Kiev échouent, a-t-il averti depuis la Chine, assurant que ses troupes demeuraient "à l'offensive" sur l'ensemble du front.

Au même moment, la Russie lançait une vaste attaque avec plus de 500 drones et missiles sur l'Ukraine, tuant au moins neuf personnes et privant des milliers de foyers d'électricité.

"Malheureusement, nous n'avons pas encore vu de signes de la part de la Russie indiquant qu'ils veulent mettre fin à la guerre", a déploré Volodymyr Zelensky à Paris, se disant toutefois convaincu que l'Europe et les Etats-Unis aideraient Kiev à "accroître la pression sur la Russie pour avancer vers une solution diplomatique".


Turquie: nouveau coup judiciaire contre le principal parti d'opposition

Un tribunal turc a révoqué mardi la direction d'Istanbul du principal parti de l'opposition, le CHP, pour des irrégularités présumées lors de son congrès en 2023. Une décision dénoncée comme "un coup d'Etat judiciaire" par le parti qui va faire appel. (AFP)
Un tribunal turc a révoqué mardi la direction d'Istanbul du principal parti de l'opposition, le CHP, pour des irrégularités présumées lors de son congrès en 2023. Une décision dénoncée comme "un coup d'Etat judiciaire" par le parti qui va faire appel. (AFP)
Short Url
  • Le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) a remporté une large victoire face à l'AKP du président Recep Tayyip Erdogan lors des élections municipales de 2024 et progresse dans les sondages
  • Le tribunal annule les résultats du congrès provincial du CHP, excluant son chef à Istanbul, Özgür Celik, ainsi que 195 membres de la direction et délégués de ce parti

ISTANBUL: Un tribunal turc a révoqué mardi la direction d'Istanbul du principal parti de l'opposition, le CHP, pour des irrégularités présumées lors de son congrès en 2023. Une décision dénoncée comme "un coup d'Etat judiciaire" par le parti qui va faire appel.

Cette mesure apparaît comme un nouvel épisode de la guerre que livrent les autorités turques au premier parti d'opposition et surtout à ses figures populaires, dont le maire d'Istanbul emprisonné, Ekrem Imamoglu.

Le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) a remporté une large victoire face à l'AKP du président Recep Tayyip Erdogan lors des élections municipales de 2024 et progresse dans les sondages.

Dans son jugement, dont l'AFP a pu consulter une copie, le tribunal annule les résultats du congrès provincial du CHP, excluant son chef à Istanbul, Özgür Celik, ainsi que 195 membres de la direction et délégués de ce parti.

Par ces procédures, l'objectif est d'évincer l'actuel président du parti, Özgür Özel, en faisant annuler le résultat du congrès national du CHP.

S'exprimant mardi soir à l'issue d'une réunion d'urgence des instances du parti à Ankara, M.Özel a juré de "ne pas capituler" et dénoncé une "décision politiquement et légalement nulle et non avenue".

"Nous sommes confrontés à un coup d'Etat judiciaire", a-t-il enchainé lors d'un entretien à la chaine de télévision privée Halk TV, accusant les autorités de vouloir "modifier les résultats électoraux par voie de justice".

"Ils menacent de me retirer la direction du parti. Je vais me battre en retour". a-t-il promis.

Pression judiciaire croissante 

Le CHP subit une pression judiciaire croissante via un grand nombre d'enquêtes et d'interpellations visant ses élus, accusés de corruption, comme au sein de la municipalité d'Istanbul, la plus riche et la plus importante ville de Turquie, dont le maire est depuis mars derrière les barreaux.

L'arrestation de l'édile, Ekrem Imamoglu, figure populaire de l'opposition et principal adversaire potentiel du président Recep Tayyip Erdogan à la prochaine échéance présidentielle, avait déclenché un mouvement de contestation inédit dans ce pays depuis douze ans.

Sont de fait suspendues mardi "toutes les décisions prises au cours du congrès provincial d'Istanbul" du CHP qui avait eu lieu le 8 octobre 2023, d'après le jugement rendu.

La mesure suppose également "la réintégration temporaire" des personnes élues lors du précédent congrès ou la nomination d'un comité provisoire qui serait jugé approprié par le tribunal.

Au congrès d'octobre 2023, Özgür Celik, élu à la direction du parti à Istanbul avec le soutien d'Ekrem Imamoglu, l'avait emporté face à son concurrent, Cemal Canpolat, un proche de l'ancien président du CHP, Kemal Kilicdaroglu.

Ce dernier avait été le candidat malheureux de l'opposition à la présidentielle de 2023.

Le parquet a ouvert une enquête contre M. Celik et neuf autres responsables du parti pour des allégations de "fraude électorale", ce qui peut leur valoir jusqu'à trois ans de prison.

Pour l'analyste politique Berk Esen joint par l'AFP, la décision de mardi contre la direction d'Istanbul est une "répétition" avant une nouvelle procédure judiciaire contre le CHP lui-même, afin de l'affaiblir en tant que force d'opposition dans la perspectives des prochaines élections.

M. Esen y voit le signe d'une "évolution vers une autocratie totale (qui) signale la fin du multipartisme dans le pays tel que nous le connaissons".

"Le gouvernement prend des mesures calculées pour éliminer Ekrem Imamoglu, qu'il considère comme la seule véritable menace électorale, et pour réduire le CHP à une opposition sous contrôle", assure-t-il.

 


Les «doubles standards» occidentaux sur Gaza et l'Ukraine sont un «échec» : Premier ministre espagnol

 Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez s'adresse aux journalistes après une réunion avec le roi Felipe VI d'Espagne au Palais Marivent à Palma de Majorque, le 29 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez s'adresse aux journalistes après une réunion avec le roi Felipe VI d'Espagne au Palais Marivent à Palma de Majorque, le 29 juillet 2025. (AFP)
Short Url
  • Pedro Sanchez : Gaza représente "l'un des épisodes les plus sombres des relations internationales" de ce siècle
  • Son pays encourage l'Europe à prendre des mesures plus sévères à l'encontre d'Israël

LONDRES : La politique de deux poids deux mesures de l'Occident sur l'Ukraine et Gaza menace sa position mondiale, a déclaré le premier ministre espagnol au Guardian.

Pedro Sanchez, qui a accusé Israël de commettre un génocide à Gaza, s'exprimait avant de s'entretenir avec son homologue britannique Keir Starmer à Londres mercredi.

M. Sanchez s'est réjoui que d'autres pays européens suivent l'Espagne dans la reconnaissance d'un État palestinien, mais il a critiqué la réaction générale du continent à la guerre.

"C'est un échec", a-t-il déclaré. "C'est un échec. La réalité, c'est aussi qu'au sein de l'UE, certains pays sont divisés sur la manière d'influencer Israël.

"Mais à mon avis, ce n'est pas acceptable et nous ne pouvons pas durer plus longtemps si nous voulons accroître notre crédibilité face à d'autres crises, comme celle à laquelle nous sommes confrontés en Ukraine.

Il a ajouté : "Les racines de ces guerres sont complètement différentes mais, en fin de compte, le monde regarde l'UE et la société occidentale et demande : "Pourquoi faites-vous deux poids deux mesures quand il s'agit de l'Ukraine et quand il s'agit de Gaza ?"

M. Sanchez a déclaré qu'il encourageait l'Europe à prendre des mesures plus sévères à l'encontre d'Israël, y compris sur le plan financier.

"Ce à quoi nous assistons actuellement à Gaza est peut-être l'un des épisodes les plus sombres des relations internationales du 21ème siècle, et à cet égard, je dois dire que l'Espagne a été très active au sein de l'UE et de la communauté internationale", a-t-il ajouté.

"Au sein de l'UE, ce que nous avons fait jusqu'à présent, c'est préconiser la suspension du partenariat stratégique que l'UE entretient avec Israël.