Dennis Ross insiste sur l'importance et la signification de la visite de Biden en Arabie saoudite

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Publié le Vendredi 15 juillet 2022

Dennis Ross insiste sur l'importance et la signification de la visite de Biden en Arabie saoudite

  • L'ancien négociateur de paix a déclaré que la rhétorique employée par les candidats à la présidence pendant leur campagne est souvent adaptée lorsqu'ils prennent leurs fonctions
  • Il a dit espérer que la visite du président américain «mettra en lumière les changements qui ont lieu en Arabie saoudite» et qui «pourraient créer un modèle dans la région»

CHICAGO: L'ambassadeur Dennis Ross, qui a servi de porte-parole pour la paix sous le président américain Bill Clinton, a déclaré mercredi à Arab News que le voyage du président, Joe Biden, en Arabie saoudite peut non seulement aider à relever les défis économiques de l'Amérique, mais aussi renforcer les bases de la paix entre les Palestiniens et les Israéliens.

Ross, William Davidson Distinguished Fellow au Washington Institute for Near East Policy (Institut de Washington pour la politique du Proche-Orient), qui a également servi sous les présidents George H. W. Bush et Barack Obama, a affirmé que ce que les candidats à la présidence disent pendant leur campagne et ce qu'ils font réellement une fois qu'ils prennent leurs fonctions reflètent leurs besoins du moment, et que les critiques passées de Biden à l'égard de l'Arabie saoudite sont désormais éclipsées par l'importance du Royaume pour les besoins des Américains.

«Chaque président américain, lorsqu'il fait campagne, a tendance à faire des déclarations qui semblent répondre aux besoins du moment», a déclaré Ross lors d'une interview exclusive.

«De nombreux présidents pour lesquels j'ai travaillé étaient conscients de ce qu'ils disaient en campagne, puis ils ont été confrontés à la réalité des décisions et des choix qu'ils devaient faire. Ce que vous dites dans une campagne peut parfois limiter ce que vous pouvez faire.»

«Mais en fin de compte, les présidents prennent des décisions difficiles, ils sont confrontés à des dilemmes. Biden a pris la décision de se rendre en Arabie saoudite parce qu'il a compris que c'était une initiative importante pour les États-Unis en ce moment. Et je dirais même plus qu’en ce moment uniquement. Je dirais que nous sommes en compétition avec la Russie et la Chine pour déterminer la forme que prendra le système international. Quelles sont les règles du jeu? Qu'est-ce qui va façonner les normes? Si la Russie et la Chine définissent cela elles-mêmes, alors vous verrez des sphères d'influence où les grandes nations pourront dicter aux petites nations ce qu'elles peuvent faire.»

Il a poursuivi: «Le voyage en Arabie saoudite est important car les Saoudiens doivent faire partie de cette coalition plus large. Ils doivent faire partie d'un partenariat américain alors que nous essayons d'abandonner les combustibles fossiles. Cela va prendre quelques décennies.

«Si nous ne voulons pas que les prix du pétrole et de l'essence augmentent soudainement de façon spectaculaire, nous devons avoir plusieurs accords avec les Saoudiens. C’est important pour nous et je pense que le président en est conscient et c'est pourquoi il fait ce voyage.»

Ross a révélé que la visite de Biden pourrait avoir des retombées positives non seulement pour les États-Unis, mais aussi pour la paix au Moyen-Orient et pour les Palestiniens.

«Je pense que ce voyage va permettre de réaliser plusieurs choses», a-t-il affirmé. «Il va rétablir les relations entre les États-Unis et l'Arabie saoudite et, je dirais même, des relations et un partenariat. Il est important de rétablir cela. Je crois qu'il y avait des tensions des deux côtés; ce n'était pas seulement d'un côté, c'était des deux côtés.»

«Toutefois, je pense que la relation va être remise sur des bases solides et cela est essentiel. Je pense que nous allons voir des accords émerger sur la 5G et les télécommunications. Je pense que nous allons voir des accords émerger sur l'avenir de l'énergie verte. C'est tout à fait dans l'intérêt des États Unis, mais c'est aussi tout à fait dans l'intérêt de l’Arabie saoudite.»

«Je crois que nous verrons des accords dans le domaine de la sécurité et de la défense. Je pense que nous verrons une approche beaucoup plus intégrée de la sécurité dans la région. Du point de vue saoudien, cela présente l'avantage d'intégrer davantage les États-Unis dans la région. Plus l'intégration de l'alerte aérienne précoce, de la défense antimissile est poussée, plus les États-Unis sont intégrés sous l'égide du Commandement central.»

Il a ajouté que plus il y aura d'intégration entre les pays de la région en termes de sécurité et de   défense, et pas seulement avec les États-Unis, plus la charge pourra être partagée.

«Ainsi, notre rôle, qui va être plus ancré dans la région, est également plus durable en conséquence», a souligné Ross. «C'est une relation qui répond aux besoins des deux parties et je pense que nous allons voir cela émerger de ce voyage.»

Il a fait l'éloge des changements et des développements récents dans le Royaume inaugurés par le roi Salmane et le prince héritier, Mohammed ben Salmane.

«L'Arabie saoudite se transforme de manière à répondre aux besoins non seulement de l'Arabie saoudite, mais aussi de manière à créer un modèle dans la région, du moins pour les Arabes qui n'ont jamais eu de modèle de développement réussi. C'est tout à fait dans notre intérêt», a signalé Ross.

«La raison pour laquelle nous avons vu tant de troubles et de conflits est précisément due au fait que les extrémistes des deux côtés, qu'ils soient nationalistes radicaux ou islamistes radicaux, ont dit: “Nous avons la réponse à l'échec de ces États à progresser.” Et ils ne l'ont pas fait, par définition. Voici un nouveau modèle, au moins pour un État plus grand.»

Il a déclaré que certains États régionaux moins peuplés se sont engagés dans un processus de transformation, mais il a ajouté: «Ici, vous avez un État arabe plus grand qui entreprend une approche fondamentale de la modernisation. Et s'il y parvient, il envoie au reste de la région le message qu'il existe une autre voie. Il y a eu aussi une promotion de la tolérance religieuse.»

Ross a souligné le choix récent de Mohammed al-Issa, un religieux modéré, pour prononcer le sermon de l'Eid al-Adha comme un exemple important de la manière dont l'Arabie saoudite change sa dynamique dans le but d’améliorer le monde.

«Nous avons vu Mohammed al-Issa prononcer le sermon de l'Eid», a-t-il affirmé. «Voici quelqu'un qui a fait un voyage à Auschwitz et qui met l'accent sur le respect des autres croyances et la promotion des dialogues interreligieux. Certains l'ont clairement attaqué à cause de ce qu'il représente et de ce qu'il défend, et c'est à lui que le prince héritier a demandé de faire le sermon.

«Cela en dit long sur les changements en cours en Arabie saoudite. J'espère que cette visite, et certains des résultats probables de cette visite en termes d'accords dans le domaine de la haute technologie et dans le domaine des énergies renouvelables, j'espère que certains de ces résultats mettront en lumière les changements qui ont lieu en Arabie saoudite et qui ont reçu beaucoup moins d'attention qu'ils n'auraient dû.»

L'Arabie saoudite est à l'origine d'un large éventail d'évolutions et de changements sociaux qui, selon Ross, prennent du temps à se réaliser pleinement, mais qui peuvent contribuer à saper les messages extrémistes qui alimentent la violence dans le monde.

La transformation d'une société, que ce soit sur le plan culturel, politique ou social, ne se fait pas comme si l'on appuyait sur un interrupteur et que tout changeait soudainement, a-t-il ajouté.

«Il faut que ce soit un processus», a expliqué Ross. «Vous avez affaire à des activités humaines. Il y a un changement de génération et il faut du temps pour créer des habitudes et des normes différentes. Mais nous assistons à une transformation assez remarquable en termes de rapidité.»

«Je visite l’Arabie saoudite depuis 1991. J'ai écrit un article dans le Washington Post lorsque je m’y suis rendu en 2016, et j'ai dit que c'était un pays différent de celui que je connaissais. C'est à cause de ce que vous voyez à l'extérieur.»

«Le pays est complètement différent dans le sens où je suis stupéfait par le fait qu'il y a un endroit à Riyad appelé UWalk. Et lorsque vous allez sur cette promenade, vous voyez un grand nombre de Saoudiens marcher et vous visitez des cafés et des restaurants où les femmes sont maîtres d'hôtel et serveuses. Il y a un mélange complet d'hommes et de femmes.»

Ross a révélé qu'il était impressionné par la réalité des changements qu'il a constatés dans la société saoudienne.

«J'ai vu deux femmes, j'appelle cela, en quelque sorte, le nouvel emblème de la nouvelle Arabie saoudite, j'ai vu deux femmes marcher, bras dessus, bras dessous», a-t-il dit. «L'une des femmes était complètement voilée. La seule chose que l'on voyait était ses yeux. Elle marchait bras dessus bras dessous avec une femme complètement occidentalisée: Pas de couvre-chef, pas de foulard, ses cheveux étaient teints de façon à ce qu'ils ressortent. Pourquoi était-ce important? Parce que cela montrait qu'elles étaient à l'aise l'une avec l'autre. Pour moi, c'est quelque chose d’extraordinaire.»

«Donc, oui, je vois une Arabie saoudite très différente. Chaque pays a ses pires aspects... et oui, il y a des problèmes et nous devons les soulever. Mais une relation est une voie à double sens et cette visite du président Biden est l'occasion de remettre la relation sur de bonnes bases et de réaliser que nous avons des enjeux communs les uns avec les autres.»

«Il s'agit d'une relation qui reflète les besoins et les intérêts des deux parties et je suis convaincu que les résultats de ce voyage seront que nous allons être en mesure de poursuivre ces besoins et intérêts beaucoup plus efficacement maintenant.»

Ross, qui a joué un rôle essentiel dans les efforts du président Clinton pour négocier la paix entre les Palestiniens et les Israéliens dans les années 1990, a avisé que ces deux sociétés sont plus sceptiques à l'égard des efforts de paix aujourd'hui. La normalisation des relations entre le monde arabe et Israël, a-t-il affirmé, peut aider à sortir de l'impasse qui maintient Palestiniens et Israéliens enfermés dans un cycle de violence et de conflit.

«Même si vous aviez un gouvernement israélien de gauche, vous n'avez aucune capacité du côté palestinien pour négocier un résultat», a-t-il affirmé. «La première chose à faire est de rétablir la croyance dans le sens de la possibilité. Il y a beaucoup de choses qui peuvent être faites à partir de la base.

«C'est ici que la sensibilisation des Arabes à Israël devient un élément très utile afin de changer l'équation. Nous sommes dans une impasse totale entre Israéliens et Palestiniens, mais nous avons un nouvel élément dans l'équation, à savoir les accords d'Abraham; le processus de normalisation.»

«Les pays arabes ne voient pas seulement les avantages de la relation avec Israël en termes de sécurité, mais aussi les besoins en matière de sécurité de l'eau, de sécurité alimentaire, de sécurité sanitaire et de cybersécurité. Israël est à la pointe dans toutes ces technologies, c'est un leader mondial dans toutes ces technologies. Les États arabes, les dirigeants arabes, ne vont pas se priver de ce qui est dans leur intérêt, parce qu'ils perçoivent que les dirigeants palestiniens ne sont pas capables de bouger.»

Ross a fait valoir que les accords de normalisation fournissent aux pays arabes un moyen de pression qu'ils peuvent utiliser pour encourager une évolution vers un accord de paix définitif pour les Palestiniens.

«La sensibilisation des pays arabes à Israël peut également être utilisée pour amener les Israéliens à se rapprocher des Palestiniens», a-t-il assuré. «Lorsque les Émirats ont pris la décision de normaliser complètement leurs relations, ils sont venus voir l'administration Trump et ont dit: “Nous allons entièrement normaliser nos relations, mais le prix à payer est qu'Israël n'annexe pas le territoire qui lui a été attribué dans le cadre du plan de paix de Trump.” Ils ont donc créé une liaison à flux inversés.

«Les Palestiniens ne veulent aucune normalisation avant la fin de l'occupation, mais les pays arabes ne sont pas prêts à se priver de ce qui est dans leur intérêt. Mais ils peuvent utiliser leurs relations pour dire “Parfait, nous allons faire ce pas, mais nous voulons vous voir faire le pas suivant.”

«Dans le cas des EAU, ils ont fait quelque chose qui a empêché l'annexion. Ils ont évité une situation négative. Mais les États arabes peuvent en fait demander une action positive, en disant “Bon, nous faisons ce pas vers vous, voici ce que nous aimerions vous voir faire envers les Palestiniens.” C'est une façon de sortir de l'impasse.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Lors d'une cérémonie en Irak, les premiers combattants kurdes du PKK ont brûlé leurs armes

Une trentaine de combattants kurdes du PKK, le Parti des Travailleurs du Kurdistan en guerre contre Ankara depuis quatre décennies, ont entamé vendredi en Irak le début d'un désarmement censé mettre fin à quatre décennies de violences. (Reuters)
Une trentaine de combattants kurdes du PKK, le Parti des Travailleurs du Kurdistan en guerre contre Ankara depuis quatre décennies, ont entamé vendredi en Irak le début d'un désarmement censé mettre fin à quatre décennies de violences. (Reuters)
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  • Selon une journaliste de l'AFP, quatre commandants du mouvement et leurs hommes ont déposé et brûlé leurs armes lors d'une cérémonie, vendredi matin, à 50 km à l'ouest de Souleimaniyeh, dans la région autonome du Kurdistan, dans le nord de l'Irak
  • Celle-ci s'est déroulée dans la grotte de Casene, connue pour avoir notamment abrité une imprimerie qui a publié l'un des premiers journaux kurdes, a-t-elle précisé

SOULEIMANIYEH: Une trentaine de combattants kurdes du PKK, le Parti des Travailleurs du Kurdistan en guerre contre Ankara depuis quatre décennies, ont entamé vendredi en Irak le début d'un désarmement censé mettre fin à quatre décennies de violences.

Selon une journaliste de l'AFP, quatre commandants du mouvement et leurs hommes ont déposé et brûlé leurs armes lors d'une cérémonie, vendredi matin, à 50 km à l'ouest de Souleimaniyeh, dans la région autonome du Kurdistan, dans le nord de l'Irak.

Celle-ci s'est déroulée dans la grotte de Casene, connue pour avoir notamment abrité une imprimerie qui a publié l'un des premiers journaux kurdes, a-t-elle précisé.

Le PKK a salué une "opération historique et démocratique".

Les combattants devaient ensuite regagner les montagnes proches où ils sont basés, avait indiqué précédemment à l'AFP un responsable du PKK.

Des représentants du gouvernement autonome du Kurdistan irakien et de son président Nechirvan Barzani ont assisté aux opérations, mais il n'a pas été précisé qui avait été dépêché par Ankara, hormis des membres des services de renseignements selon les médias turcs.

Les autorités locales kurdes avaient annoncé peu avant avoir abattu deux drones à proximité des positions des forces kurdes, quelques heures avant le début des opérations.

Un processus de paix initié depuis l'automne doit permettre de tourner la page de plus de quatre décennies de violences qui ont fait au moins 40.000 morts, et résoudre la question kurde tant au niveau national que régional, selon les experts.

"Responsabilité historique" 

Le 27 février, le chef du PKK Abdullah Öcalan, 76 ans dont vingt-six en prison, a appelé le mouvement à "déposer les armes et (...) à se dissoudre", affirmant "assumer la responsabilité historique de cet appel".

Parmi un nombre restreint d'invités conviés vendredi, officiellement pour des raisons de sécurité, figurent des élus du parti turc prokurde DEM, médiateur entre le PKK et le gouvernement turc.

Pour la Turquie, comme pour ses alliés occidentaux, le PKK est considéré comme un mouvement terroriste.

C'est paradoxalement l'allié du président turc Recep Tayyip Erdogan, le chef du parti nationaliste MHP, Devlet Bahceli, qui a tendu la main à l'ennemi public, lui proposant d'appeler les combattants à renoncer à la lutte armée et à "venir s'exprimer devant le Parlement".

Mercredi, dans un message vidéo en turc, "Apo" (oncle) comme l'appellent ses fidèles, a confirmé l'imminence du désarmement.

"Je crois au pouvoir de la politique et de la paix sociale et non des armes. Et je vous appelle à mettre ce principe en pratique", insistait-il dans cette longue adresse.

Le chef de l'Etat turc a récemment exprimé sa confiance de voir "une Turquie sans terroriste", espérant que "ce processus prometteur se conclurait avec succès le plus rapidement possible, sans obstacle, ni risque de sabotage".

"Geste de bonne volonté" 

Selon un commandant du PKK, cette première cérémonie était un "geste de bonne volonté".

Abdullah Öcalan, lui, est toujours détenu sur l'île prison d'Imrali, au large d'Istanbul, et ne réclame pas d'en sortir, alors que ses commandants faisaient de sa libération un des termes de l'équation.

"La situation de notre chef, Apo, affecte le processus et le ralentit", jugeait la semaine dernière un haut responsable du PKK, Mustafa Karasu.

En refusant de lier son sort personnel à l'avenir du processus de paix, M. Öcalan "contredit les conditions posées par le Parti qui demandait son élargissement afin qu'il puisse mener à bien le processus de paix", note l'historien des mouvements kurdes Boris James.

Le chercheur relève par ailleurs l'absence "d'acteur tiers pour garantir la probité du processus" et insiste: "Une très forte défiance subsiste entre le PKK et l'Etat turc, or l'Etat a donné peu de gages" aux combattants kurdes.

Ces derniers ont régulièrement dénoncé la poursuite des bombardements turcs sur leurs positions en Irak malgré le processus en cours.

Depuis les derniers violents combats qui avaient ensanglanté la ville turque à majorité kurde de Diyarbakir (sud-est) en 2015, les combattants du PKK sont principalement restés cantonnés dans les montagnes de Qandil, en Irak, soumis également aux opérations de ratissage de l'armée turque.

 


Dix personnes secourues après l'attaque meurtrière d'un navire en mer Rouge

Après plusieurs mois d'accalmie, les Houthis ont attaqué le navire Magic Seas dimanche, dont l'équipage a été évacué par la marine émiratie, puis l'Eternity C lundi et mardi, coulant les deux bâtiments. (Reuters)
Après plusieurs mois d'accalmie, les Houthis ont attaqué le navire Magic Seas dimanche, dont l'équipage a été évacué par la marine émiratie, puis l'Eternity C lundi et mardi, coulant les deux bâtiments. (Reuters)
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  • Après plusieurs mois d'accalmie, les Houthis ont attaqué le navire Magic Seas dimanche, dont l'équipage a été évacué par la marine émiratie, puis l'Eternity C lundi et mardi, coulant les deux bâtiments
  • Trois membres d'équipage philippins et un membre grec de l'équipe de sécurité à bord du Eternity C ont été récupérés en mer dans la nuit, "portant le nombre total de personnes secourues à 10", a indiqué jeudi la mission navale de l'Union européenne sur X

DUBAI: Dix personnes ont été secourues après l'attaque d'un navire en mer Rouge par les rebelles houthis du Yémen, tandis que trois autres ont été tuées et douze sont toujours portées disparues, selon la mission européenne Aspides déployée dans la zone.

Cette attaque, l'une des plus meurtrières menées par les Houthis contre la marine marchande, marque une escalade dans cette zone maritime essentielle pour le commerce mondial, menaçant une trêve conclue en mai avec les Etats-Unis censée préserver la liberté de navigation.

Après plusieurs mois d'accalmie, les Houthis ont attaqué le navire Magic Seas dimanche, dont l'équipage a été évacué par la marine émiratie, puis l'Eternity C lundi et mardi, coulant les deux bâtiments.

Trois membres d'équipage philippins et un membre grec de l'équipe de sécurité à bord du Eternity C ont été récupérés en mer dans la nuit, "portant le nombre total de personnes secourues à 10", a indiqué jeudi la mission navale de l'Union européenne sur X.

Au total, 25 personnes se trouvaient à bord de ce vraquier battant pavillon libérien.

Mardi, Aspides avait déclaré à l'AFP que trois personnes avaient été tuées et au moins deux blessées, parmi lesquelles un électricien russe qui a perdu une jambe, lors de l'attaque menée par les rebelles yéménites.

Le sort des autres membres de l'équipage reste incertain.

Mercredi, les Houthis ont affirmé avoir "secouru" un nombre indéterminé de personnes à bord du navire et les avoir emmenés dans un " lieu sûr". L'ambassade des Etats-Unis au Yémen les a accusés d'avoir enlevé les survivants.

Les insurgés ont également diffusé une vidéo montrant une puissante explosion sur le pont du cargo, qui a ensuite coulé.

"Profonde inquiétude" 

Depuis fin 2023, les Houthis ont attaqué des dizaines de navires qu'ils estiment liés à Israël, affirmant agir par solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza, en proie aux bombardements israéliens depuis le début de la guerre le 7 octobre 2023.

Ces attaques ont contraint de nombreux armateurs à éviter la mer Rouge, par où transite 12% du commerce mondial, d'après la Chambre internationale de la marine marchande (ICS).

Les Houthis, qui contrôlent la capitale Sanaa et de larges pans du Yémen, en proie à une guerre civile depuis 2014, avaient interrompu leurs attaques maritimes cette année après un cessez-le-feu à Gaza conclu en janvier et qui a pris fin deux mois plus tard.

En mai, ces rebelles proches de l'Iran avaient averti qu'ils continueraient à s'en prendre aux navires israéliens ou liés à Israël, malgré une trêve avec les Etats-Unis qui a mis fin à des semaines de bombardements américains des cibles rebelles au Yémen.

Leur chef, Abdel Malek al-Houthi, a répété jeudi que ces opérations se poursuivront "tant que l'agression et le siège de Gaza perdureront", en affirmant que les navires visés appartiennent à des compagnies "violant l'interdiction" de se rendre en Israël.

Selon le Centre conjoint d'information maritime, géré par une coalition navale occidentale, le Magic Seas et l'Eternity C ont probablement été attaqués "en raison de précédents passages dans des ports israéliens ou de liens entre leurs propriétaires ou gestionnaires et d'autres navires ayant fréquenté Israël".

L'émissaire de l'ONU pour le Yémen, Hans Grundberg, a fait part de sa "profonde inquiétude", en déplorant des "pertes civiles, des blessés, ainsi qu'un risque potentiel de dommages environnementaux".

L'attaque contre l'Eternity C est la plus meurtrière depuis l'attaque de missile contre le navire marchand True Confidence en mars de l'année dernière, qui avait fait trois morts.

Les Houthis ont également capturé le Galaxy Leader en novembre 2023 et coulé le Rubymar, qui transportait 21.000 tonnes d'engrais, en février 2024.


Gaza: la Défense civile annonce 66 morts dont des enfants devant une clinique

La Défense civile locale a fait état de 66 morts jeudi dans les opérations militaires israéliennes à Gaza, dont 17, y compris des enfants, dans une frappe devant une clinique de Deir al-Balah où l'armée a dit avoir visé un combattant du Hamas. (AFP)
La Défense civile locale a fait état de 66 morts jeudi dans les opérations militaires israéliennes à Gaza, dont 17, y compris des enfants, dans une frappe devant une clinique de Deir al-Balah où l'armée a dit avoir visé un combattant du Hamas. (AFP)
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  • La clinique de Deir al-Balah est gérée par l'ONG humanitaire Project HOPE, qui a rapporté de son côté la mort de 15 personnes, dont dix enfants et deux femmes
  • "Les cliniques de Project HOPE sont des lieux de refuge à Gaza, où les gens amènent leurs jeunes enfants, où les femmes reçoivent des soins pendant et après leur grossesse, où l'on traite la malnutrition"

GAZA: La Défense civile locale a fait état de 66 morts jeudi dans les opérations militaires israéliennes à Gaza, dont 17, y compris des enfants, dans une frappe devant une clinique de Deir al-Balah où l'armée a dit avoir visé un combattant du Hamas.

Un raid aérien a touché en matinée un groupe de personnes qui patientaient devant un établissement médical de Deir al-Balah, a indiqué à l'AFP Mohammad al-Moughayyir, un responsable de l'organisation de premiers secours. Parmi les 17 morts figurent huit enfants au moins, selon lui.

L'armée israélienne a indiqué à l'AFP avoir ciblé à Deir al-Balah un membre d'une unité d'élite du mouvement islamiste palestinien Hamas, la Noukhba, ayant participé selon elle "au massacre du 7 octobre" 2023, à l'origine de la guerre à Gaza.

Elle a dit regretter "tout dommage causé à des personnes non impliquées" et oeuvrer "autant que possible à limiter les atteintes aux civils".

"Il n'y a eu aucun avertissement, juste une frappe directe au milieu des civils", a raconté à l'AFP Mohamed Abou Ouda, qui était dans la file d'attente devant la clinique. "Qu'avons-nous fait et qu'ont fait nos enfants pour mériter cela?"

"Nous étions des dizaines à attendre", a déclaré un autre témoin, Youssef Al-Aydi. "Soudain, nous avons entendu le bruit d'un avion s'approcher, puis l'explosion a retenti. Le sol a tremblé sous nos pieds et autour de nous ce n'était que sang et cris déchirants".

"Familles innocentes" 

La clinique de Deir al-Balah est gérée par l'ONG humanitaire Project HOPE, qui a rapporté de son côté la mort de 15 personnes, dont dix enfants et deux femmes.

"Les cliniques de Project HOPE sont des lieux de refuge à Gaza, où les gens amènent leurs jeunes enfants, où les femmes reçoivent des soins pendant et après leur grossesse, où l'on traite la malnutrition", a commenté dans un communiqué le responsable de l'ONG, Rabih Torbay.

"Pourtant, ce matin, des familles innocentes ont été attaquées sans pitié alors qu'elles faisaient la queue en attendant l'ouverture des portes", a-t-il ajouté, appelant à un cessez-le-feu immédiat.

Selon l'Unicef, l'un des enfants tués devant la clinique avait tout juste un an et venait de prononcer ses premiers mots quelques heures plus tôt d'après sa mère.

"Aucun parent ne devrait avoir à faire face à une telle tragédie", a commenté la directrice de l'agence onusienne Catherine Russell. "Tuer des familles qui tentent d'avoir accès à une aide vitale est quelque chose d'inconcevable".

L'armée israélienne n'a pas commenté les autres incidents rapportés par la Défense civile, dont l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans et les affirmations compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 sont toujours retenues à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne.

Au moins 57.762 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans la campagne de représailles militaires israéliennes à Gaza, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.