Dennis Ross insiste sur l'importance et la signification de la visite de Biden en Arabie saoudite

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Publié le Vendredi 15 juillet 2022

Dennis Ross insiste sur l'importance et la signification de la visite de Biden en Arabie saoudite

  • L'ancien négociateur de paix a déclaré que la rhétorique employée par les candidats à la présidence pendant leur campagne est souvent adaptée lorsqu'ils prennent leurs fonctions
  • Il a dit espérer que la visite du président américain «mettra en lumière les changements qui ont lieu en Arabie saoudite» et qui «pourraient créer un modèle dans la région»

CHICAGO: L'ambassadeur Dennis Ross, qui a servi de porte-parole pour la paix sous le président américain Bill Clinton, a déclaré mercredi à Arab News que le voyage du président, Joe Biden, en Arabie saoudite peut non seulement aider à relever les défis économiques de l'Amérique, mais aussi renforcer les bases de la paix entre les Palestiniens et les Israéliens.

Ross, William Davidson Distinguished Fellow au Washington Institute for Near East Policy (Institut de Washington pour la politique du Proche-Orient), qui a également servi sous les présidents George H. W. Bush et Barack Obama, a affirmé que ce que les candidats à la présidence disent pendant leur campagne et ce qu'ils font réellement une fois qu'ils prennent leurs fonctions reflètent leurs besoins du moment, et que les critiques passées de Biden à l'égard de l'Arabie saoudite sont désormais éclipsées par l'importance du Royaume pour les besoins des Américains.

«Chaque président américain, lorsqu'il fait campagne, a tendance à faire des déclarations qui semblent répondre aux besoins du moment», a déclaré Ross lors d'une interview exclusive.

«De nombreux présidents pour lesquels j'ai travaillé étaient conscients de ce qu'ils disaient en campagne, puis ils ont été confrontés à la réalité des décisions et des choix qu'ils devaient faire. Ce que vous dites dans une campagne peut parfois limiter ce que vous pouvez faire.»

«Mais en fin de compte, les présidents prennent des décisions difficiles, ils sont confrontés à des dilemmes. Biden a pris la décision de se rendre en Arabie saoudite parce qu'il a compris que c'était une initiative importante pour les États-Unis en ce moment. Et je dirais même plus qu’en ce moment uniquement. Je dirais que nous sommes en compétition avec la Russie et la Chine pour déterminer la forme que prendra le système international. Quelles sont les règles du jeu? Qu'est-ce qui va façonner les normes? Si la Russie et la Chine définissent cela elles-mêmes, alors vous verrez des sphères d'influence où les grandes nations pourront dicter aux petites nations ce qu'elles peuvent faire.»

Il a poursuivi: «Le voyage en Arabie saoudite est important car les Saoudiens doivent faire partie de cette coalition plus large. Ils doivent faire partie d'un partenariat américain alors que nous essayons d'abandonner les combustibles fossiles. Cela va prendre quelques décennies.

«Si nous ne voulons pas que les prix du pétrole et de l'essence augmentent soudainement de façon spectaculaire, nous devons avoir plusieurs accords avec les Saoudiens. C’est important pour nous et je pense que le président en est conscient et c'est pourquoi il fait ce voyage.»

Ross a révélé que la visite de Biden pourrait avoir des retombées positives non seulement pour les États-Unis, mais aussi pour la paix au Moyen-Orient et pour les Palestiniens.

«Je pense que ce voyage va permettre de réaliser plusieurs choses», a-t-il affirmé. «Il va rétablir les relations entre les États-Unis et l'Arabie saoudite et, je dirais même, des relations et un partenariat. Il est important de rétablir cela. Je crois qu'il y avait des tensions des deux côtés; ce n'était pas seulement d'un côté, c'était des deux côtés.»

«Toutefois, je pense que la relation va être remise sur des bases solides et cela est essentiel. Je pense que nous allons voir des accords émerger sur la 5G et les télécommunications. Je pense que nous allons voir des accords émerger sur l'avenir de l'énergie verte. C'est tout à fait dans l'intérêt des États Unis, mais c'est aussi tout à fait dans l'intérêt de l’Arabie saoudite.»

«Je crois que nous verrons des accords dans le domaine de la sécurité et de la défense. Je pense que nous verrons une approche beaucoup plus intégrée de la sécurité dans la région. Du point de vue saoudien, cela présente l'avantage d'intégrer davantage les États-Unis dans la région. Plus l'intégration de l'alerte aérienne précoce, de la défense antimissile est poussée, plus les États-Unis sont intégrés sous l'égide du Commandement central.»

Il a ajouté que plus il y aura d'intégration entre les pays de la région en termes de sécurité et de   défense, et pas seulement avec les États-Unis, plus la charge pourra être partagée.

«Ainsi, notre rôle, qui va être plus ancré dans la région, est également plus durable en conséquence», a souligné Ross. «C'est une relation qui répond aux besoins des deux parties et je pense que nous allons voir cela émerger de ce voyage.»

Il a fait l'éloge des changements et des développements récents dans le Royaume inaugurés par le roi Salmane et le prince héritier, Mohammed ben Salmane.

«L'Arabie saoudite se transforme de manière à répondre aux besoins non seulement de l'Arabie saoudite, mais aussi de manière à créer un modèle dans la région, du moins pour les Arabes qui n'ont jamais eu de modèle de développement réussi. C'est tout à fait dans notre intérêt», a signalé Ross.

«La raison pour laquelle nous avons vu tant de troubles et de conflits est précisément due au fait que les extrémistes des deux côtés, qu'ils soient nationalistes radicaux ou islamistes radicaux, ont dit: “Nous avons la réponse à l'échec de ces États à progresser.” Et ils ne l'ont pas fait, par définition. Voici un nouveau modèle, au moins pour un État plus grand.»

Il a déclaré que certains États régionaux moins peuplés se sont engagés dans un processus de transformation, mais il a ajouté: «Ici, vous avez un État arabe plus grand qui entreprend une approche fondamentale de la modernisation. Et s'il y parvient, il envoie au reste de la région le message qu'il existe une autre voie. Il y a eu aussi une promotion de la tolérance religieuse.»

Ross a souligné le choix récent de Mohammed al-Issa, un religieux modéré, pour prononcer le sermon de l'Eid al-Adha comme un exemple important de la manière dont l'Arabie saoudite change sa dynamique dans le but d’améliorer le monde.

«Nous avons vu Mohammed al-Issa prononcer le sermon de l'Eid», a-t-il affirmé. «Voici quelqu'un qui a fait un voyage à Auschwitz et qui met l'accent sur le respect des autres croyances et la promotion des dialogues interreligieux. Certains l'ont clairement attaqué à cause de ce qu'il représente et de ce qu'il défend, et c'est à lui que le prince héritier a demandé de faire le sermon.

«Cela en dit long sur les changements en cours en Arabie saoudite. J'espère que cette visite, et certains des résultats probables de cette visite en termes d'accords dans le domaine de la haute technologie et dans le domaine des énergies renouvelables, j'espère que certains de ces résultats mettront en lumière les changements qui ont lieu en Arabie saoudite et qui ont reçu beaucoup moins d'attention qu'ils n'auraient dû.»

L'Arabie saoudite est à l'origine d'un large éventail d'évolutions et de changements sociaux qui, selon Ross, prennent du temps à se réaliser pleinement, mais qui peuvent contribuer à saper les messages extrémistes qui alimentent la violence dans le monde.

La transformation d'une société, que ce soit sur le plan culturel, politique ou social, ne se fait pas comme si l'on appuyait sur un interrupteur et que tout changeait soudainement, a-t-il ajouté.

«Il faut que ce soit un processus», a expliqué Ross. «Vous avez affaire à des activités humaines. Il y a un changement de génération et il faut du temps pour créer des habitudes et des normes différentes. Mais nous assistons à une transformation assez remarquable en termes de rapidité.»

«Je visite l’Arabie saoudite depuis 1991. J'ai écrit un article dans le Washington Post lorsque je m’y suis rendu en 2016, et j'ai dit que c'était un pays différent de celui que je connaissais. C'est à cause de ce que vous voyez à l'extérieur.»

«Le pays est complètement différent dans le sens où je suis stupéfait par le fait qu'il y a un endroit à Riyad appelé UWalk. Et lorsque vous allez sur cette promenade, vous voyez un grand nombre de Saoudiens marcher et vous visitez des cafés et des restaurants où les femmes sont maîtres d'hôtel et serveuses. Il y a un mélange complet d'hommes et de femmes.»

Ross a révélé qu'il était impressionné par la réalité des changements qu'il a constatés dans la société saoudienne.

«J'ai vu deux femmes, j'appelle cela, en quelque sorte, le nouvel emblème de la nouvelle Arabie saoudite, j'ai vu deux femmes marcher, bras dessus, bras dessous», a-t-il dit. «L'une des femmes était complètement voilée. La seule chose que l'on voyait était ses yeux. Elle marchait bras dessus bras dessous avec une femme complètement occidentalisée: Pas de couvre-chef, pas de foulard, ses cheveux étaient teints de façon à ce qu'ils ressortent. Pourquoi était-ce important? Parce que cela montrait qu'elles étaient à l'aise l'une avec l'autre. Pour moi, c'est quelque chose d’extraordinaire.»

«Donc, oui, je vois une Arabie saoudite très différente. Chaque pays a ses pires aspects... et oui, il y a des problèmes et nous devons les soulever. Mais une relation est une voie à double sens et cette visite du président Biden est l'occasion de remettre la relation sur de bonnes bases et de réaliser que nous avons des enjeux communs les uns avec les autres.»

«Il s'agit d'une relation qui reflète les besoins et les intérêts des deux parties et je suis convaincu que les résultats de ce voyage seront que nous allons être en mesure de poursuivre ces besoins et intérêts beaucoup plus efficacement maintenant.»

Ross, qui a joué un rôle essentiel dans les efforts du président Clinton pour négocier la paix entre les Palestiniens et les Israéliens dans les années 1990, a avisé que ces deux sociétés sont plus sceptiques à l'égard des efforts de paix aujourd'hui. La normalisation des relations entre le monde arabe et Israël, a-t-il affirmé, peut aider à sortir de l'impasse qui maintient Palestiniens et Israéliens enfermés dans un cycle de violence et de conflit.

«Même si vous aviez un gouvernement israélien de gauche, vous n'avez aucune capacité du côté palestinien pour négocier un résultat», a-t-il affirmé. «La première chose à faire est de rétablir la croyance dans le sens de la possibilité. Il y a beaucoup de choses qui peuvent être faites à partir de la base.

«C'est ici que la sensibilisation des Arabes à Israël devient un élément très utile afin de changer l'équation. Nous sommes dans une impasse totale entre Israéliens et Palestiniens, mais nous avons un nouvel élément dans l'équation, à savoir les accords d'Abraham; le processus de normalisation.»

«Les pays arabes ne voient pas seulement les avantages de la relation avec Israël en termes de sécurité, mais aussi les besoins en matière de sécurité de l'eau, de sécurité alimentaire, de sécurité sanitaire et de cybersécurité. Israël est à la pointe dans toutes ces technologies, c'est un leader mondial dans toutes ces technologies. Les États arabes, les dirigeants arabes, ne vont pas se priver de ce qui est dans leur intérêt, parce qu'ils perçoivent que les dirigeants palestiniens ne sont pas capables de bouger.»

Ross a fait valoir que les accords de normalisation fournissent aux pays arabes un moyen de pression qu'ils peuvent utiliser pour encourager une évolution vers un accord de paix définitif pour les Palestiniens.

«La sensibilisation des pays arabes à Israël peut également être utilisée pour amener les Israéliens à se rapprocher des Palestiniens», a-t-il assuré. «Lorsque les Émirats ont pris la décision de normaliser complètement leurs relations, ils sont venus voir l'administration Trump et ont dit: “Nous allons entièrement normaliser nos relations, mais le prix à payer est qu'Israël n'annexe pas le territoire qui lui a été attribué dans le cadre du plan de paix de Trump.” Ils ont donc créé une liaison à flux inversés.

«Les Palestiniens ne veulent aucune normalisation avant la fin de l'occupation, mais les pays arabes ne sont pas prêts à se priver de ce qui est dans leur intérêt. Mais ils peuvent utiliser leurs relations pour dire “Parfait, nous allons faire ce pas, mais nous voulons vous voir faire le pas suivant.”

«Dans le cas des EAU, ils ont fait quelque chose qui a empêché l'annexion. Ils ont évité une situation négative. Mais les États arabes peuvent en fait demander une action positive, en disant “Bon, nous faisons ce pas vers vous, voici ce que nous aimerions vous voir faire envers les Palestiniens.” C'est une façon de sortir de l'impasse.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Yémen: Le cabinet saoudien espère que les forces des Émirats arabes unis se retireront dans les 24 heures

Le roi Salman d'Arabie saoudite préside la session du cabinet de mardi. (SPA)
Le roi Salman d'Arabie saoudite préside la session du cabinet de mardi. (SPA)
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  • Le cabinet a déclaré qu'il espérait que les Émirats arabes unis cesseraient tout soutien militaire ou financier au STC et à toute autre partie au Yémen
  • Le cabinet a déclaré qu'il espérait également que les Émirats arabes unis prendraient les mesures nécessaires pour préserver les relations entre l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis

RIYAD: Le cabinet saoudien, présidé par le roi Salman, a exprimé mardi l'espoir que les forces émiraties se retireront du Yémen dans les 24 heures, conformément à la demande yéménite, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Le cabinet a également déclaré qu'il espérait que les Émirats arabes unis cesseraient tout soutien militaire ou financier au Conseil de transition du Sud et à toute autre partie au Yémen, a ajouté SPA.

Le cabinet a déclaré qu'il espérait également que les Émirats arabes unis prendraient les mesures nécessaires pour préserver les relations entre l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, que le Royaume souhaite renforcer, et a déclaré qu'il se réjouissait de travailler ensemble à tout ce qui renforcerait la prospérité et la stabilité des pays de la région.

Le cabinet a exprimé son regret quant aux résultats des efforts de désescalade que le Royaume a voulu poursuivre et qui se sont heurtés à une escalade injustifiée qui contredit les principes sur lesquels la Coalition pour le soutien de la légitimité au Yémen a été fondée, sape ses efforts pour parvenir à la sécurité et à la stabilité au Yémen et est incompatible avec toutes les promesses que le Royaume a reçues des Émirats arabes unis.

Le Cabinet apprécie le rôle de la Coalition pour le soutien de la légitimité au Yémen dans la protection des civils dans les gouvernorats de Hadramaout et d'Al-Mahra, en réponse à la demande du président du Conseil présidentiel yéménite Rashad Al-Alimi, et dans la réduction de l'escalade afin de parvenir à la sécurité et à la stabilité et d'empêcher l'expansion du conflit.

Le cabinet a réaffirmé que le Royaume n'hésitera pas à prendre les mesures nécessaires pour faire face à toute atteinte ou menace à sa sécurité nationale, ainsi que son engagement en faveur de la sécurité, de la stabilité et de la souveraineté du Yémen, et son soutien total à M. Al-Alimi et à son gouvernement.

En ce qui concerne les autres affaires régionales, le cabinet a réaffirmé le soutien du Royaume à la souveraineté, à l'intégrité territoriale et à la sécurité de la Somalie, et rejette la déclaration de reconnaissance mutuelle entre Israël et le Somaliland, car elle consacre des mesures séparatistes unilatérales qui violent le droit international.


Cisjordanie: Israël dit avoir tué un homme qui fonçait sur des soldats

 L'armée israélienne a déclaré mardi avoir abattu un homme qui tentait de renverser avec son véhicule un groupe de soldats, dans le nord de la Cisjordanie occupée. (AFP)
L'armée israélienne a déclaré mardi avoir abattu un homme qui tentait de renverser avec son véhicule un groupe de soldats, dans le nord de la Cisjordanie occupée. (AFP)
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  • "Un rapport a été reçu concernant un terroriste qui a tenté de renverser des soldats de Tsahal opérant dans la zone d'Einabus", a indiqué l'armée dans un communiqué. "En réponse, les soldats ont tiré sur le terroriste et l'ont neutralisé"
  • Le texte n'a pas fourni d'autres détails sur l'incident, survenu quelques jours après qu'un Palestinien a renversé avec son véhicule un Israélien sexagénaire, puis poignardé à mort une jeune femme de 18 ans dans le territoire occupé

JERUSALEM: L'armée israélienne a déclaré mardi avoir abattu un homme qui tentait de renverser avec son véhicule un groupe de soldats, dans le nord de la Cisjordanie occupée.

"Un rapport a été reçu concernant un terroriste qui a tenté de renverser des soldats de Tsahal opérant dans la zone d'Einabus", a indiqué l'armée dans un communiqué. "En réponse, les soldats ont tiré sur le terroriste et l'ont neutralisé".

Le texte n'a pas fourni d'autres détails sur l'incident, survenu quelques jours après qu'un Palestinien a renversé avec son véhicule un Israélien sexagénaire, puis poignardé à mort une jeune femme de 18 ans dans le territoire occupé.

Il a également été tué lors de l'attaque. À la suite de cet incident survenu vendredi, l'armée a mené une opération de deux jours dans la ville cisjordanienne de Qabatiya, d'où provenait l'assaillant, arrêtant plusieurs de ses habitants, dont son père et ses frères.

De nombreuses attaques ont été perpétrées en Israël par des Palestiniens depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

Les violences se sont également intensifiées en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967. Depuis le 7-Octobre, plus d'un millier de Palestiniens, parmi lesquels des civils et des combattants, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 44 Israéliens, civils ou soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

 


La Coalition arabe annonce une frappe aérienne “limitée” contre deux navires ayant acheminé des armes au Yémen

Sur cette photo prise le 29 novembre 2018, des forces pro-gouvernementales yéménites montent la garde près d'un navire amarré dans le port d'al-Mukalla, dans la province d'Hadramaout, au sud-ouest du Yémen. (AFP/Archives)
Sur cette photo prise le 29 novembre 2018, des forces pro-gouvernementales yéménites montent la garde près d'un navire amarré dans le port d'al-Mukalla, dans la province d'Hadramaout, au sud-ouest du Yémen. (AFP/Archives)
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  • La Coalition appelle à l’évacuation du port d'al-Mukalla, laissant présager une opération militaire majeure visant à contraindre le STC à se retirer
  • Le porte-parole indique que les deux navires ont transporté des armes depuis le port émirati de Fujairah vers al-Mukalla sans autorisation du commandement de la Coalition

Riyad : La Coalition de soutien à la légitimité au Yémen a annoncé mardi avoir mené une frappe aérienne « limitée » visant deux navires ayant introduit clandestinement des armes et d’autres équipements militaires dans le port d'al-Mukalla, dans le sud du Yémen.

Dans un communiqué relayé par l’Agence de presse saoudienne (SPA), le porte-parole des forces de la Coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que deux navires en provenance du port de Fujairah, aux Émirats arabes unis, étaient entrés dans le port d'al-Mukalla, dans le gouvernorat de Hadramaout, sans obtenir d’autorisations officielles du commandement des forces conjointes de la Coalition.

« Les équipages des deux navires ont désactivé leurs systèmes de suivi et déchargé une grande quantité d’armes et de véhicules de combat afin de soutenir les forces du Conseil de transition du Sud (STC) dans les gouvernorats orientaux du Yémen (Hadramaout et Al-Mahra), dans le but d’alimenter le conflit. Il s’agit d’une violation flagrante de la trêve et des efforts visant à parvenir à une solution pacifique, ainsi que d’une violation de la résolution n° 2216 (2015) du Conseil de sécurité des Nations unies », a déclaré le porte-parole.

La Coalition a exhorté les civils et les pêcheurs à évacuer le port d'al-Mukalla, indiquant qu’une opération militaire de grande ampleur visant à imposer le retrait du STC pourrait être imminente.

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Carte Google indiquant l'emplacement d'al-Mukalla dans le sud du Yémen.

Al-Maliki a précisé que les forces de la Coalition avaient agi à la demande de Rachad Al-Alimi, président du Conseil présidentiel de direction du Yémen, « afin de prendre toutes les mesures militaires nécessaires pour protéger les civils dans les gouvernorats de Hadramaout et d’Al-Mahra ».

La semaine dernière, Al-Alimi avait averti que les actions unilatérales du STC poussaient le pays vers un seuil dangereux.

« Compte tenu du danger et de l’escalade représentés par ces armes, qui menacent la sécurité et la stabilité, les forces aériennes de la Coalition ont mené ce matin une opération militaire limitée visant les armes et les véhicules de combat déchargés des deux navires au port d'al-Mukalla. L’opération a été menée après documentation du déchargement et conformément au droit international humanitaire et à ses règles coutumières, sans qu’aucun dommage collatéral ne soit enregistré », a déclaré mardi le général Al-Maliki.

Il a réaffirmé l’« engagement constant de la Coalition en faveur de la désescalade et du maintien du calme dans les gouvernorats de Hadramaout et d’Al-Mahra, ainsi que de la prévention de tout soutien militaire de la part de quelque pays que ce soit à une faction yéménite sans coordination avec le gouvernement yéménite légitime et la Coalition », afin d’assurer le succès des efforts du Royaume et de la Coalition pour instaurer la sécurité et la stabilité et empêcher l’extension du conflit.

Par ailleurs, le président du Conseil présidentiel yéménite a décrété mardi l’état d’urgence pour une durée de 90 jours, incluant un blocus aérien, maritime et terrestre de 72 heures.

Ignorant les accords précédents conclus avec la Coalition, le groupe se désignant sous le nom de Conseil de transition du Sud (STC) a lancé début décembre une vaste campagne militaire, prenant le contrôle du gouvernorat de Hadramaout, à la frontière saoudienne, ainsi que du gouvernorat oriental d’Al-Mahra, à la frontière avec Oman.

Les forces du STC, soutenues par les Émirats arabes unis, se sont emparées de la ville de Seiyoun, y compris de son aéroport international et du palais présidentiel. Elles ont également pris le contrôle des champs pétroliers stratégiques de PetroMasila, qui représentent une part majeure des ressources pétrolières restantes du Yémen.

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Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj, qui vivent le long de la bande entre le sud et le nord du pays, se rassemblent lors d'un rassemblement dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025, pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC), soutenu par les Émirats arabes unis, qui souhaite rétablir l'indépendance du Yémen du Sud. (AFP)

Cette situation a conduit l’Arabie saoudite à exiger fermement le retrait du STC et la remise des zones saisies aux Forces du Bouclier national, une unité soutenue par Riyad.

La Coalition a averti que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, selon l’Agence de presse saoudienne.

Le 26 décembre, les Émirats arabes unis ont publié un communiqué saluant les efforts de l’Arabie saoudite en faveur de la sécurité et de la stabilité au Yémen.

Le communiqué, relayé par l’agence de presse officielle WAM, a loué le rôle constructif de l’Arabie saoudite dans la défense des intérêts du peuple yéménite et le soutien à ses aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com