La visite de Biden en Israël et en Arabie saoudite met en exergue la menace d'un Iran nucléaire

La centrale nucléaire de Bouchehr, au sud-est de la ville de Bouchehr, en Iran. (Photo d'archive)
La centrale nucléaire de Bouchehr, au sud-est de la ville de Bouchehr, en Iran. (Photo d'archive)
Ce journaliste se trouve au siège de l'Agence internationale de l'énergie atomique, à Vienne, le 23 mai 2021. (AFP)
Ce journaliste se trouve au siège de l'Agence internationale de l'énergie atomique, à Vienne, le 23 mai 2021. (AFP)
C'est le 17 avril que les pourparlers qui visent à relancer l'accord sur le nucléaire conclu en 2015 avec l'Iran ont repris, après l’élection de Joe Biden à la tête des États-Unis. (Photo d'archive AFP)
C'est le 17 avril que les pourparlers qui visent à relancer l'accord sur le nucléaire conclu en 2015 avec l'Iran ont repris, après l’élection de Joe Biden à la tête des États-Unis. (Photo d'archive AFP)
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Publié le Jeudi 14 juillet 2022

La visite de Biden en Israël et en Arabie saoudite met en exergue la menace d'un Iran nucléaire

  • Afin d'élaborer une politique plus exhaustive vis-à-vis de l'Iran, les décideurs politiques estiment que le président américain devrait se concerter étroitement avec ses alliés
  • Les pays arabes ont pris conscience de la menace que représente l'Iran avant que la question nucléaire n'éclate au grand jour

NEW YORK: Les dirigeants des pays arabes rencontreront le président américain, Joe Biden, à Riyad cette semaine. L'un des sujets qu'ils souhaiteront sans doute évoquer concerne la menace que représente l'Iran et la manière de contrecarrer ou de restreindre les ambitions nucléaires que nourrit Téhéran. 

M. Biden s'est bien entendu engagé, lors de sa campagne pour la présidentielle de 2020, à réintégrer l'accord sur le nucléaire iranien de 2015, dont son prédécesseur, Donald Trump, s'était retiré en 2018. Ce dernier jugeait en effet que cet accord était trop timide. 

Certes, M. Biden souhaite relancer l'accord qu'il a contribué à négocier lorsqu'il était le vice-président de Barack Obama. Toutefois, il estime que le texte mérite d'être mis à jour de manière à tenir compte des activités malveillantes de l'Iran dans la région, qui ont progressé depuis, selon des analystes. 

Afin d'élaborer une politique plus exhaustive vis-à-vis de l'Iran, les décideurs politiques estiment que le président américain devrait se concerter étroitement avec ses alliés régionaux, dont l'Arabie saoudite, et élaborer également un système de défense aérienne et antimissile intégré qui servirait les intérêts des États-Unis et de leurs alliés. 

Les pays arabes ont pris conscience de la menace que représente l'Iran avant que la question nucléaire n'éclate au grand jour. En effet, le régime iranien fait des ravages à travers son programme de missiles balistiques, ses activités maritimes et son utilisation de drones, mais surtout à travers le soutien qu'il apporte à ses milices mandataires à travers la région. 

Qu'il s'agisse de l’appui qu'il apporte aux groupes armés en Irak, de son parrainage historique du Hezbollah au Liban, du recrutement de mercenaires chargés de soutenir le régime d'Al-Assad en Syrie ou encore de l'aide létale qu'il dispense aux Houthis au Yémen, l'Iran ne menace pas seulement la stabilité de la région; il compromet également la liberté de navigation ainsi que l'économie mondiale dans son ensemble, affirment les experts. 

Ces derniers pensent également que les agressions de l'Iran à l'étranger vont dans la droite ligne de sa campagne de répression à l'intérieur du pays. Au mois de novembre 2019, le régime a réprimé les manifestations qui ont parcouru le pays, faisant mille cinq cents morts et des milliers de détenus. 

Néanmoins, les activités que mène l'Iran à l'étranger et la répression qu'il exerce sur son territoire semblent avoir été occultées lors des pourparlers de Vienne et de Doha. L'objectif principal de ces pourparlers consiste à relancer l'accord sur le nucléaire connu sous le nom officiel de «Plan d'action global conjoint» (PAGC). Les critiques affirment que les négociateurs européens et américains ont préféré se focaliser sur la seule question du nucléaire iranien. 

Behnam Ben Taleblu est chercheur principal auprès de la Foundation for Defense of Democracies (Fondation pour la défense des démocraties ), un groupe de réflexion apolitique basé à Washington, D.C. D'après lui, «l'une des principales failles du PAGC ne réside pas dans son contenu, mais dans la manière dont il a été conclu». 

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Behnam M. Ben Taleblu. 

«L'administration Obama, qui l'a négocié, l'administration Trump, qui en est sortie, et l'administration Biden, qui cherche à le relancer par tous les moyens, sont toutes responsables de la situation actuelle. Par la manière dont elles ont mené les négociations, elles ont enterré tout espoir d'élaborer une stratégie envers l'Iran qui ne soit pas liée au nucléaire», explique-t-il à Arab News. 

M. Ben Taleblu estime que c’est regrettable. «La menace posée par la politique de la République islamique en matière d'affaires étrangères et de sécurité mérite une attention bien plus grande que celle qui est portée au dossier nucléaire.» 

Bien que certains négociateurs aient tenté de trouver une solution à un problème impossible à résoudre, «tous ont fini par mettre leurs œufs dans un seul panier, c’est-à-dire retourner ou non au PAGC. M. Biden ne déroge pas à cette règle», ajoute-t-il.  

Ces derniers mois, il semble que Washington ait haussé le ton à l'égard de l'Iran. En effet, l'administration Biden a mis en œuvre des sanctions pétrolières et pétrochimiques à l'encontre du régime iranien. Soutenue par ses partenaires européens, elle a également publié au mois de juin une résolution de censure contre l'Iran lors de la réunion du Conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). 

Même si ces mesures paraissent peu rigoureuses et trop tardives pour M. Ben Taleblu, elles laissent présager, d’après lui, un changement radical dans la politique américaine à l'égard de l'Iran. 

«Si M. Biden a mis autant de temps à exercer une telle pression, c'est probablement pour pouvoir discuter avec ses partenaires et alliés [y compris l'Arabie saoudite et d'autres pays de la région] de la forme que pourrait prendre un plan plus cohérent. Il cherche sans doute à donner à ses alliés un avant-goût de la tournure que prendront les événements à l'avenir», explique-t-il. 

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C'est le 17 avril que les pourparlers qui visent à relancer l'accord sur le nucléaire conclu en 2015 avec l'Iran ont repris, après l'élection de Joe Biden à la tête des États-Unis. (Photo d'archive AFP) 

On évoque également la possibilité de construire un système de défense aérienne et antimissile plus intégré pour le Moyen-Orient. «Mais cette théorie reste pour l'instant des paroles en l'air», prévient M. Ben Taleblu. «Espérons que ce projet se traduira dans les faits après la visite [de Joe Biden au Moyen-Orient].» 

Pour les conservateurs, M. Biden fait preuve d'une faiblesse flagrante envers la République islamique: «Il éprouve une certaine attirance vis-à-vis de l'Iran», entend-on. Ses défenseurs affirment que son parcours au Sénat montre plusieurs nuances: il a maintes fois pris position sur la question de l'Iran, prônant parfois l'engagement et préconisant le plus souvent la pression conte l'Iran. 

Pour Behnam Ben Taleblu, «il ne faudrait pas philosopher sur les positions de Biden ni tenter d'en déduire un quelconque sentiment favorable ou défavorable à l'égard de la République islamique». 

Il serait sans doute plus judicieux de passer en revue le temps qu'il a passé à la présidence ainsi que ses tentatives pour relancer l'accord sur le nucléaire. 

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Sur cette photo datant du 20 janvier 2014, des inspecteurs de l'AIEA appliquent avec des techniciens iraniens un accord provisoire qui prévoit la suspension de la production d'uranium au centre de recherche nucléaire de Natanz, en Iran. (IRNA via AFP/File) 

«Cette approche nous conduit à ce constat: l'administration Biden, à mon avis, a banalisé la menace de l'Iran en se focalisant sur la problématique du nucléaire», poursuit M. Ben Taleblu. 

«On peut deviner que cette administration s'intéresse peu à la politique étrangère. Elle préfère gérer les crises qui se succèdent. Elle adopte la même approche que celle que l'administration Obama a choisie au début de l'année 2008: elle pense que la communauté internationale l'accueillera favorablement si elle semble souhaiter changer l'orientation politique que lui a léguée son prédécesseur.» 

«Des États comme l'Iran ont toutefois tendance à profiter de ces concessions et de ces gestes de bonne volonté pour accroître encore leur menace.» 

Pour comprendre ce qui dissuade réellement l'Iran, il convient de prendre conscience de cette réalité, selon Behnam Ben Taleblu: une dissuasion à laquelle les États-Unis et leurs alliés ne parviennent pas, selon de nombreux observateurs, à donner corps. 

FAITS MARQUANTS

  • La répression des manifestations par le régime iranien en novembre 2019 a fait environ 1 500 morts. 

  • Dans sa campagne électorale, Joe Biden a promis de réintégrer le PAGC. 

  • Sous Donald Trump, les États-Unis se sont retirés de l'accord conclu par l'administration Obama en 2015. 

Les trois dernières administrations américaines, selon M. Ben Taleblu, ont abordé la problématique de la dissuasion comme «un cas isolé, en noir et blanc», alors que la dissuasion revêt en réalité «un caractère particulièrement cinétique». 

«La dissuasion de l’Iran est très interactive. Elle évolue en permanence parce que votre adversaire a élaboré sa politique étrangère sans peine, parce qu'il se bat dans la zone grise en recourant à des armes non conventionnelles, parce qu'il s'attache moins à la vie que vous et parce qu'il mène depuis très longtemps des combats à l'étranger en utilisant toutes sortes de mandataires différents.» 

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Le chef de la délégation iranienne aux négociations sur le nucléaire, Ali Bagheri Kani (à gauche), lors d'une réunion sur l'accord nucléaire à Vienne, le 11 mars 2022. (AFP) 

«Ce régime possède donc de nombreux points forts qui prennent le dessus sur les faiblesses théoriques dont il souffre sur les plans politique, économique et militaire. Je pense que la dissuasion a échoué en partie parce qu'on n'a pas pris conscience de cette situation.» 

Mieux comprendre cette réalité permettrait aux États-Unis de concevoir avec plus de clarté la réponse qu'ils devraient apporter en cas d'attaque de drones sur les Émirats arabes unis (EAU), par exemple. En effet, les États-Unis ont déjà été confrontés à des attaques menées par des partisans de l'Iran contre les installations pétrolières et les infrastructures civiles de l'Arabie saoudite. 

«Les Iraniens nous observent. Ils savent ainsi que l'approche diplomatique adoptée par le monde arabe [les EAU, l'Arabie saoudite] permet à ce dernier d'évaluer si son partenaire [en l'occurrence, les États-Unis] tient les choses en main ou non. En effet, l'Iran recourt à la diplomatie avec les partenaires des Américains pour déterminer dans quelle mesure ils sont confiants sur le fait que l'Amérique les soutiendra le jour où ils seront confrontés à des difficultés», explique M. Ben Taleblu. 

«Au moment où M. Biden s'apprête à se rendre dans la région, il doit s'assurer, à mon avis, qu'il partage le même point de vue sur ces questions que ses partenaires.» 

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Le directeur général de l'AIEA, Rafael Mariano Grossi, présente la caméra qui permet à l'agence de surveiller l'activité des réacteurs nucléaires iraniens. (Fichier AFP) 

Pourtant, la politique américaine vis-à-vis de l'Iran semble s'articuler autour d’un retour au PAGC qui allégerait les sanctions imposées à l'Iran en échange de la réduction de son programme nucléaire. Comme il dispose de matières fissiles qui lui permettent de produire une arme nucléaire, l'Iran est loin de cesser ses activités. 

Pour M. Ben Taleblu, le meilleur scénario serait que M. Biden renonce complètement à l'ancienne approche et qu'il collabore plus étroitement avec les alliés des États-Unis pour mettre au point un «plan B commun». 

En dépit des hauts et des bas qui ont marqué les relations américano-saoudiennes ces derniers temps, M. Ben Taleblu est convaincu que les deux pays partagent la même vision à l’égard de la sécurité au Moyen-Orient. 

«Je pense qu'il ne fait aucun doute que l'Arabie saoudite partage les mêmes intérêts que les États-Unis à bien des égards: la liberté de navigation, la sécurité en matière d'énergie, l'application des sanctions, le soutien au combat contre le terrorisme, l’appui des efforts déployés par les États-Unis pour rétablir l'ordre au Moyen-Orient, la lutte contre la République islamique d'Iran et contre les Houthis dans le cadre de la guerre du Yémen.» 


Centre de coordination militaro-civile pour Gaza: beaucoup de discussions, peu de résultats

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  • "Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore" ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés
  • "Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix"

JERUSALEM: Lancé par les Etats-Unis dans le sillage du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas pour surveiller la trêve et favoriser l'afflux d'aide humanitaire, le Centre de coordination militaro-civile (CMCC) pour Gaza peine à tenir ses promesses.

"Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix, il n'y a aucune autre initiative, c'est ça ou continuer à discuter dans le vent avec des Israéliens".

"Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore", ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés par la campagne militaire israélienne.

Le CMCC doit permettre d'amorcer la suite des étapes du plan de paix pour Gaza après plus de deux ans d'une guerre dévastatrice déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement palestinien Hamas sur Israël.

"Lorsque nous l'avons ouvert, nous avons clairement indiqué qu'il se concentrait sur deux choses: faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire, logistique et sécuritaire vers Gaza et aider à surveiller en temps réel la mise en oeuvre de l'accord", insiste le capitaine Tim Hawkins, porte-parole du Commandement militaire central américain (Centcom), couvrant notamment le Moyen-Orient.

L'initiative a été présentée aux acteurs (ONG, agences des Nations unies, diplomates...) comme un générateur d'idées totalement inédites.

Frustrés par leurs difficultés avec les autorités israéliennes, de nombreux pays et acteurs humanitaires disent s'être jetés dans le projet, impatients d'avoir un nouvel interlocuteur se disant enclin à trouver des solutions: les Etats-Unis.

"Rien n'a changé" 

"Au début, les Américains nous ont dit qu'ils découvraient qu'Israël interdisaient l'entrée de tout un tas de choses dans Gaza, la fameuse liste des biens à double usage, ils avaient l'air choqués et on se disait qu'enfin on allait franchir cet obstacle", raconte un ingénieur humanitaire, "mais force est de constater que strictement rien n'a changé".

Deux mois après l'ouverture, nombre d'humanitaires et diplomates contactés par l'AFP jugent, sous couvert de l'anonymat, que la capacité ou la volonté américaines à contraindre Israël est limitée.

Les visiteurs réguliers ou occasionnels des lieux ont décrit à l'AFP le grand hangar occupé par le CMCC à Kiryat Gat (sud d'Israël), comme un entrepôt où de nombreux militaires, israéliens et américains principalement, rencontrent des humanitaires, diplomates, et consultants.

Le premier des trois étages du bâtiment est réservé aux Israéliens, et le dernier aux troupes américaines. Tous deux sont interdits d'accès aux visiteurs.

Le deuxième, recouvert de gazon artificiel, sert d'espace de rencontres avec le monde extérieur.

"On dirait un espace de coworking, mais avec des gens en uniforme", s'amuse une diplomate qui raconte y croiser des "GIs qui boivent de la bière" au milieu d'une sorte d'open-space, avec des panneaux récapitulant les principaux points du plan Trump.

Plusieurs personnes ont dit à l'AFP avoir vu un tableau blanc barré de l'inscription "What is Hamas?" ("Qu'est-ce que le Hamas?") en lettres capitales, sans éléments de réponse.

"Il y a des tables rondes sur des sujets qui vont de la distribution d'eau ou de nourriture à la sécurité", raconte un humanitaire, "en gros on nous écoute décrire ce qu'on veut faire, et quels problèmes on a rencontrés depuis deux ans".

"Boussole du droit" 

Mais "ce n'est pas là que les décisions sont prises", tranche un diplomate qui cite des canaux de discussions parallèles, notamment une équipe supervisée par Arieh Lighstone, un collaborateur de l'émissaire américain Steve Witkoff, à Tel-Aviv.

Plusieurs diplomates regrettent l'absence d'officiels palestiniens dans les murs.

Un autre problème réside dans l'émergence de concepts largement rejetés par la communauté internationale, notamment celui des "Alternative Safe Communities" (ASC), visant à regrouper des civils "vérifiés", non affiliés au Hamas, dans des communautés créées ex nihilo dans une zone de la bande de Gaza sous contrôle militaire israélien, et où les services de base seraient dispensés.

"On a perdu la boussole du droit", commente une diplomate.

Mais le reproche qui revient le plus souvent est le fait que les questions politiques (gouvernance, maintien de l'ordre...) sont évacuées au profit de questions techniques.

"Ils discutent d'où mettre les stations d'épuration, pas de qui les exploitera ni de qui paiera les employés", résume un autre.

Concédant "certaines frictions", sans plus de détail, le capitaine Hawkins, du Centcom, met en avant certaines avancées comme l'ouverture de nouveaux points de passage pour l'aide à destination de Gaza. "Nous progressons, assure-t-il, tout en reconnaissant pleinement qu'il reste encore beaucoup à faire."


Le Congrès américain approuve la levée définitive des sanctions contre la Syrie

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
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  • Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar
  • Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis

WASIHNGTON: Le Congrès américain a approuvé mercredi la levée définitive des sanctions imposées par les Etats-Unis contre la Syrie du temps de Bachar al-Assad, devant permettre le retour d'investissements dans ce pays ravagé par des années de guerre civile.

L'abrogation d'une loi dite "Caesar", adoptée en 2019 lors du premier mandat de Donald Trump et qui imposait ces sanctions, figure en effet dans le texte sur la stratégie de défense (NDAA), que le Sénat américain a approuvé mercredi par 77 voix pour et 20 contre.

La Chambre des représentants s'était déjà prononcée la semaine dernière et le texte attend désormais d'être promulgué par le président américain.

Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar. Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, a salué sur Telegram le vote du Sénat comme "ouvrant de nouveaux horizons pour la coopération et le partenariat entre notre pays et le reste du monde".

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars.

Bien que son application soit suspendue, de nombreux responsables américains jugeaient qu'elle pouvait nuire à la confiance des investisseurs tant qu'elle n'était pas abrogée.

Le dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a été reçu le 10 novembre à la Maison Blanche par le président Trump, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Donald Trump l'avait déjà rencontré lors d'un voyage dans le Golfe en mai, annonçant alors la levée des sanctions américaines.

Après 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

"L'abrogation aujourd'hui de la loi Caesar est une étape décisive pour donner au peuple syrien une véritable chance de se reconstruire après des décennies de souffrances inimaginables", s'est félicité la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.


Les principales villes du Soudan privées de courant après des frappes de drones sur une centrale

Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
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  • Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale
  • Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des FSR

PORT-SOUDAN: Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP.

Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale.

Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le gouvernement de l’État du Nil a confirmé la mort des deux secouristes dans un communiqué officiel.

Cette station est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Merowe — la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays — avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également indiqué qu’aux alentours de 02H00 (minuit GMT), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus de la ville contrôlée par l'armée en guerre depuis avril 2023 contre les FSR.

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs États, notamment ceux du Nil, de la mer Rouge — où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement pro-armée — ainsi qu’à la capitale Khartoum, selon des témoins, l'incendie n'étant toujours pas maitrisé.

Les FSR n’ont jusqu'à présent pas commenté l'attaque.

Ces derniers mois, les FSR ont été accusées de lancer des attaques de drones sur de vastes zones contrôlées par l’armée, visant des infrastructures civiles et provoquant des coupures de courant affectant des millions de personnes.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", selon l'ONU.