En Libye, le calvaire d'une vie sans électricité

«Voici ma chambre à coucher», souffle Mahmoud Aguil en montrant le coffre de son monospace: ce Libyen de 48 ans possède une villa, mais dort dans sa voiture pour la climatisation. (AFP)
«Voici ma chambre à coucher», souffle Mahmoud Aguil en montrant le coffre de son monospace: ce Libyen de 48 ans possède une villa, mais dort dans sa voiture pour la climatisation. (AFP)
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Publié le Jeudi 14 juillet 2022

En Libye, le calvaire d'une vie sans électricité

  • Coupures d'électricité incessantes, inflation, insécurité... les Libyens subissent de plein fouet le chaos qui frappe leur pays depuis la chute en 2011 du régime de Mouammar Kadhafi
  • Les infrastructures sont déficientes, l'économie à terre, les services défaillants

TRIPOLI: "Voici ma chambre à coucher", souffle Mahmoud Aguil en montrant le coffre de son monospace: ce Libyen de 48 ans possède une villa, mais dort dans sa voiture pour la climatisation, à cause des longues coupures d'électricité qui suscitent colère et désarroi dans un pays riche en gaz et en pétrole.

"J'ai retiré les sièges arrières et j'ai transformé le coffre en chambre à coucher pour la climatisation. On dort ici quand il fait chaud", raconte ce père de deux enfants installé à Tripoli. La "pièce" aménagée dans son grand monospace fait 3 m2.

Pourtant, cet employé d'une organisation de déminage vit dans une villa de plain-pied de 250 m2, au cœur de la capitale. Sauf que l'électricité est coupée une douzaine d'heures par jour, voire 18 heures quand le thermomètre tutoie les 40 degrés. Dormir sans climatisation devient une épreuve.

Son épouse et ses deux filles "dorment au milieu", lui sur le bord de la banquette. "J'ai des maux de dos au réveil (...), voici à quoi ressemble notre vie."

Et même "quand on a de l'électricité, le courant est très faible, à peine de quoi allumer des lampes", se désole cet homme de 48 ans.

Un mur extérieur de sa maison est couvert d'impacts de balles, portant les stigmates des combats qui ont fait rage dans le pays d'Afrique du Nord au cours de la dernière décennie.

«Nous n'avons rien»

Coupures d'électricité incessantes, inflation, insécurité... les Libyens subissent de plein fouet le chaos qui frappe leur pays depuis la chute en 2011 du régime de Mouammar Kadhafi. Les infrastructures sont déficientes, l'économie à terre, les services défaillants.

Le secteur névralgique de l'énergie qui, du temps de Kadhafi, permettait de financer un Etat providence, a pâti de la guerre: pétrole dilapidé, infrastructures endommagées ou non entretenues, blocus.

La frustration est d'autant plus grande que les Libyens se savent peu nombreux --à peine sept millions-- pour se partager les dividendes des plus abondantes réserves pétrolières d'Afrique.

"On souffre de tout, du secteur de la santé, de l'éducation. Les routes sont très mauvaises, nous n'avons rien", se lamente Mahmoud Aguil.

Pour remédier aux coupures, certains recourent à des sources d'électricité autres que le réseau national, principalement des générateurs souvent polluants, gourmands en gazole et pas toujours fiables, sauf pour les modèles onéreux qui démarrent à 5.000 euros.

"Merci au gouvernement", ironise Mahmoud Aguil.

Et il n'est pas le seul à pointer l'incurie des élites du pays.

Début juillet, des manifestations ont été organisées à travers le pays contre la dégradation des conditions de vie et le chaos politique. La résolution des coupures intempestives d'électricité était en tête des revendications.

A Tobrouk (est), des manifestants ont forcé l'entrée du Parlement avant d'y mettre le feu.

Cette institution est l'un des symboles de la division du pays entre un camp basé en Cyrénaïque (est), dont le chef de file est le maréchal Khalifa Haftar, et un gouvernement basé à Tripoli dirigé par le Premier ministre Abdelhamid Dbeibah.

Le camp Haftar appuie un gouvernement rival formé en mars avec le soutien du Parlement. Ses partisans bloquent depuis mi-avril des installations pétrolières clefs comme moyen de pression pour déloger l'exécutif de Tripoli.

Le blocus provoque aussi une baisse de la production de gaz pourtant nécessaire à l'approvisionnement du réseau électrique, prolongeant un peu plus la durée des coupures.

«Etat absent»

Dans plusieurs villes, des bâtiments officiels ont été incendiés ou saccagés.

A Tripoli, des contestataires encagoulés ont brûlé des pneus et fermé des routes. Après trois jours, le mouvement s'est essoufflé.

Lundi, le gouvernement de Tripoli a consacré sa réunion hebdomadaire au secteur de l'électricité, reconnaissant avoir sous-estimé le problème. Les autorités ont annoncé la mise en service "ce mois-ci" de trois nouvelles centrales électriques.

En attendant, Ahmed Hejjaji vit un calvaire, à Benghazi, à quelque 1.000 kilomètres de la capitale.

"Elles (les autorités) doivent nous garantir l'accès à l'électricité", peste-t-il. Assis à côté, son enfant de quatre ans, gravement handicapé, a besoin d'électricité pour utiliser des appareils médicaux. Ahmed Hejjaji se dit impuissant.

A la veille de l'Aid al-Adha (fête musulmane du sacrifice) samedi, il a vécu une autre épreuve, comme nombre de ses compatriotes.

"Parti tôt" le matin "à la banque retirer de l'argent, j'y suis resté jusqu'à 15H00 à faire la queue. Tout ça pourquoi? Parce que l'Etat est absent."


Le nombre de prix remportés par Arab News s’élève à cent vingt-cinq, avec trois nouvelles récompenses au concours Newspaper Design

Les reconnaissances passées englobent une gamme de projets spéciaux, notamment la couverture du « Règne animal saoudien », le « Guide étape par étape du Hajj 2023 » et l'édition spéciale de la « Coupe du monde de la FIFA Qatar 2022 ». (Photo, AN)
Les reconnaissances passées englobent une gamme de projets spéciaux, notamment la couverture du « Règne animal saoudien », le « Guide étape par étape du Hajj 2023 » et l'édition spéciale de la « Coupe du monde de la FIFA Qatar 2022 ». (Photo, AN)
Les reconnaissances passées englobent une gamme de projets spéciaux, notamment la couverture du « Règne animal saoudien », le « Guide étape par étape du Hajj 2023 » et l'édition spéciale de la « Coupe du monde de la FIFA Qatar 2022 ». (Photo, AN)
Les reconnaissances passées englobent une gamme de projets spéciaux, notamment la couverture du « Règne animal saoudien », le « Guide étape par étape du Hajj 2023 » et l'édition spéciale de la « Coupe du monde de la FIFA Qatar 2022 ». (Photo, AN)
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  • Présidé par Mario Garcia, le jury de cette année a félicité Arab News pour son innovation et ses prouesses en matière de narration visuelle
  • Ces distinctions témoignent de l’évolution éditoriale d’Arab News sous la direction de son rédacteur en chef, Faisal J. Abbas, qui a mené sa relance en 2018

LONDRES: Arab News, le premier quotidien anglophone d’Arabie saoudite, a remporté trois prix d’excellence lors du 6e concours Newspaper Design, ce qui porte le nombre total de récompenses à cent vingt-cinq depuis sa relance, en 2018.

The Kingdom's Bride and Joy La Mariée et la Joie du Royaume»), qui était une édition papier spéciale consacrée au mariage royal jordanien, a remporté le prix de la meilleure page, et Riyadh: A city steeped in history Riyad: une ville chargée d’histoire») celui de la meilleure double page. Accession to the British ThroneL’accession au trône britannique») a obtenu le prix de la meilleure infographie pour la couverture spéciale qu’Arab News a réservée au couronnement du roi Charles III, l’année dernière.

Créé en 2009, Newspaper Design est le premier site Internet d’Asie consacré à la conception de journaux. Il récompense les contributions exceptionnelles à la conception de journaux, tant dans les médias imprimés qu’en ligne.

Présidé par Mario Garcia, un concepteur de médias américano-cubain de renommée mondiale, le jury de cette année a félicité Arab News pour son innovation et ses prouesses en matière de narration visuelle.

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La page The Kingdom's Bride and Joy, qui commémore l’union historique entre le prince héritier Hussein de Jordanie et la Saoudienne Rajwa al-Saif, a été saluée pour son illustration cinématographique, qui soulignait l’importance de l’événement. «Cette page commémore un événement historique. Elle en saisit l’ampleur et la signification grâce à une illustration soignée qui ressemble davantage à une affiche de film remarquablement conçue qu’à une simple première page de journal», ont estimé les juges.

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De même, la page consacrée à la fête nationale de l’Arabie saoudite et à la campagne d’Arab News sur l’Expo 2030 a été saluée pour son mélange innovant de photographies de paysages et d’illustrations. Ce document raconte de manière lumineuse l'histoire de la ville de Riyad.

La couverture par Arab News de l’accession au trône du roi Charles III en mai dernier a été récompensée pour ses infographies élégantes et festives. En décembre, la page a également été récompensée dans la catégorie «Suppléments» pour les occasions spéciales des European Newspaper Awards.

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Ces distinctions témoignent de l’évolution éditoriale d’Arab News sous la direction de son rédacteur en chef, Faisal J. Abbas, qui a mené sa relance en 2018.

Sous la direction d’Omar Nashashibi, chef du département de conception, Arab News continue de recevoir des éloges et a récemment reçu plusieurs prix lors de la 59e édition de la prestigieuse Society of Publications Designers, notamment pour sa première page Onions' tears and inflation fears et pour sa conception personnalisée de l’enquête spéciale The Kingdom vs Captagon («Le Royaume contre le Captagon»).

Les récompenses obtenues par le passé englobent toute une série de projets spéciaux, notamment plusieurs prix internationaux pour la couverture du «Royaume animal saoudien», pour le «Guide du Hajj 2023, étape par étape» et pour l'édition spéciale de la «Coupe du monde de football 2022 au Qatar».

Pour plus d’informations sur Arab News et ses projets primés, consultez le lien suivant: https://www.arabnews.com/greatesthits

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le roi et le prince héritier saoudiens présentent leurs condoléances au président des EAU à la suite du décès d’un haut responsable

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  • Le roi Salmane a fait part de ses «plus profondes et sincères condoléances» après le décès du cheikh Tahnoun ben Mohammed al-Nahyane
  • Le prince héritier, Mohammed ben Salmane, a lui aussi exprimé ses «condoléances les plus chaleureuses et les plus sincères»

RIYAD: Le roi Salmane et le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, ont présenté jeudi leurs condoléances au président des Émirats arabes unis (EAU) après le décès d’un haut responsable et membre de la famille royale, a rapporté l’agence de presse saoudienne (SPA).

Dans un télégramme adressé au cheikh Mohammed ben Zayed al-Nahyane, le roi Salmane a fait part de ses «plus profondes et sincères condoléances» après le décès du cheikh Tahnoun ben Mohammed al-Nahyane, représentant de l’émir d’Abu Dhabi à Al-Aïn, le 1er mai 2024.

Le prince héritier, Mohammed ben Salmane, a lui aussi exprimé ses «condoléances les plus chaleureuses et les plus sincères» dans un télégramme séparé adressé au président émirati, selon la SPA.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gaza: le coût de la reconstruction estimé entre 30 et 40 milliards de dollars, selon l'ONU

Près de sept mois de bombardements israéliens ont causé des milliards de dollars de dégâts, réduisant en tas de nombreux immeubles en béton de grande hauteur de la bande surpeuplée. (AFP)
Près de sept mois de bombardements israéliens ont causé des milliards de dollars de dégâts, réduisant en tas de nombreux immeubles en béton de grande hauteur de la bande surpeuplée. (AFP)
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  • Les estimations du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) pour tout reconstruire dans la bande de Gaza dépassent les 30 milliards de dollars, pouvant aller jusqu'à 40 milliards de dollars
  • Si la reconstruction de Gaza devait être menée selon le processus traditionnel, cela pourrait prendre des décennies, et le peuple palestinien n'a pas le luxe de patientersi longtemps

AMMAN: L'ONU a estimé jeudi entre 30 et 40 milliards de dollars le coût de la reconstruction de la bande de Gaza, ravagée depuis bientôt sept mois par une guerre dévastatrice entre Israël et le Hamas palestinien, à cause de l'ampleur sans précédent des destructions.

"Les estimations du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) pour tout reconstruire dans la bande de Gaza dépassent les 30 milliards de dollars, pouvant aller jusqu'à 40 milliards de dollars", a déclaré Abdallah al-Dardari, directeur du bureau régional pour les Etats arabes du PNUD, lors d'une conférence de presse à Amman.

"L'ampleur de la destruction est énorme et sans précédent (...) C'est une mission à laquelle la communauté internationale n'a pas été confrontée depuis la Seconde Guerre mondiale", a encore dit M. Dardari, également sous-secrétaire général de l'ONU.

Il a indiqué que "des discussions ont eu lieu concernant le financement (de la reconstruction) avec des pays arabes", faisant état de "signaux extrêmement positifs", sans donner plus de détails.

Il a ajouté que si la reconstruction de Gaza devait être menée selon le processus traditionnel, "cela pourrait prendre des décennies, et le peuple palestinien n'a pas le luxe de patienter" si longtemps.

"Il est donc important que nous agissions rapidement pour reloger les gens dans des logements décents et rétablir leur vie normale sur les plans économique, social, sanitaire et éducatif. C'est notre priorité absolue, et cela doit être réalisé dans les trois premières années suivant la cessation des hostilités."

En outre, il a estimé à "37 millions de tonnes" le total des décombres accumulés à la suite des bombardements et des explosions. "Nous parlons d'un chiffre colossal, et ce chiffre augmente tous les jours. Les dernières données indiquent qu'il approche déjà les 40 millions de tonnes".

Chute du PIB

Le responsable de l'ONU a d'autre part précisé que "72% de tous les bâtiments résidentiels avaient été entièrement ou partiellement détruits".

Aussi, "le développement humain à Gaza, dans tous ses aspects, notamment la santé, l'éducation, l'économie et les infrastructures, a reculé de 40 ans. Quarante années d'efforts et d'investissements sont parties en fumée".

"La reconstruction doit être minutieusement planifiée, efficace et d'une manière extrêmement flexible, car nous ignorons comment la guerre prendra fin" et quel type de gouvernance sera établi dans la bande de Gaza, a-t-il encore dit.

M. Dardari a souligné l'importance d'une préparation en amont pour pouvoir agir dès la fin des hostilités. "Nous devons être prêts pour fournir des logements temporaires décents, déblayer les décombres et nous occuper des milliers de cadavres qui se trouvent sous ces décombres".

Le PNUD estime dans un rapport publié jeudi que la guerre devrait entraîner en 2024 une perte de 26,9% du PIB pour l'ensemble des Territoires palestiniens, par rapport aux projections initiales du bureau palestinien des statistiques.

Avant le début de la guerre le 7 octobre, la croissance palestinienne était prévue à 3,5% en 2023, mais l'année s'était achevée sur une récession de 5,5% - une différence presque totalement due à l'effondrement de l'économie gazaouie, qui a reculé de plus 90% sur les trois derniers mois de l'année.

La Cisjordanie occupée est également concernée, son économie chutant de 18,8% sur le dernier trimestre 2023 par rapport à la même période un an plus tôt.

"La guerre dévastatrice à Gaza entraînera un coût économique et social pour les futures générations qui entraveront la reprise post-guerre et le développement dans l'ensemble des territoires palestiniens occupés", a ajouté le rapport.

L'espérance de vie dans l'ensemble des territoires palestiniens a chuté de quatre ans et pourrait même perdre sept années si la guerre dure trois mois de plus.