Le président libanais appelle à l'unité en réponse à la déclaration américano-saoudienne

Le président libanais Michel Aoun se dit attaché à l'unité nationale et affirme que le pays est à la croisée des chemins au regard de sa longue crise politique et économique. (Reuters)
Le président libanais Michel Aoun se dit attaché à l'unité nationale et affirme que le pays est à la croisée des chemins au regard de sa longue crise politique et économique. (Reuters)
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Publié le Samedi 16 juillet 2022

Le président libanais appelle à l'unité en réponse à la déclaration américano-saoudienne

  • La crise politique ne doit pas porter atteinte à l'avenir du pays, déclare Michel Aoun
  • L'Arabie saoudite et les États-Unis affirment leur soutien au Liban dans le communiqué de Djeddah

BEYROUTH: Le président libanais Michel Aoun s'est dit attaché à l'unité nationale et a estimé que le pays se trouvait à la croisée des chemins au regard de sa longue crise politique et économique.

Le dirigeant a déclaré samedi qu'il « insiste pour respecter le concept d'unité nationale dans son approche de la formation d'un nouveau gouvernement » et que « la crise gouvernementale s'est prolongée plus qu'elle ne le devrait à la lumière des conditions économiques et de vie préoccupantes dans le pays ».

Il a également mis en garde contre le risque de « laisser l'aggravation de la crise avoir un impact sur l'avenir du pays, qui se trouve maintenant à la croisée des chemins ».

Les propos d'Aoun sont intervenus après la publication d'une déclaration conjointe de l'Arabie saoudite et des États-Unis sur la situation au Liban.

Il a ajouté: « Des consultations sont en cours pour trouver une solution rapide qui conduise à la formation d'un nouveau gouvernement. »

La déclaration conjointe, appelée Communiqué de Djeddah, a été publiée après que le roi saoudien Salmane et le prince héritier Mohammed ben Salmane ont rencontré le président américain Joe Biden à Djeddah vendredi et samedi.

« Les deux parties ont affirmé leur soutien continu à la souveraineté, à la sécurité et à la stabilité du Liban, et leur soutien aux forces armées libanaises qui protègent ses frontières et résistent aux menaces des groupes extrémistes violents et terroristes », indique le communiqué.

« Ils ont également noté l'importance de la formation d’un gouvernement libanais et de la mise en œuvre de réformes politiques et économiques structurelles globales pour que le Liban surmonte sa crise politique et économique et ne devienne pas un tremplin pour les terroristes, le trafic de drogue ou d'autres activités criminelles qui menacent la stabilité et la sécurité de la région. »

Le communiqué ajoute que les deux parties « ont souligné l'importance du contrôle du gouvernement libanais sur l'ensemble du territoire libanais, notamment en ce qui concerne le respect des dispositions des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies concernées et de l'Accord de Taif, et pour qu'il exerce sa pleine souveraineté, de sorte qu'il n'y ait pas d'armes sans le consentement du gouvernement libanais ou une autorité autre que celle du gouvernement libanais. »

Le député libanais Razi Al-Hajj a qualifié le Communiqué de Djeddah de message vital, tant par son timing que par son contenu.

« Il décrit avec précision la réalité du pays. Le Liban est toujours au centre de l'attention internationale », a-t-il déclaré.

« Le récent discours du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, ne s'inscrivait pas dans le contexte de la préservation du Liban et de ses intérêts, mais plutôt pour nous rappeler l'existence d'un acteur majeur dans la région, l'Iran », a ajouté Al-Hajj.

« La souveraineté libanaise est la légitimité qui détermine les choix de l'État tels que la paix ou la guerre, et les relations extérieures. »

Dans ses commentaires sur la déclaration commune, le Parti national libéral a déclaré: « Les Américains et les Saoudiens se préoccupent davantage des intérêts stratégiques du Liban que les responsables libanais. »

Le Rassemblement pour la souveraineté, un groupe de militants politiques, a qualifié de déplorable le silence des partis politiques et des forces souveraines et réformatrices au Liban, ainsi que le manque de soutien à la vision du prince héritier saoudien de transformer le Moyen-Orient en une nouvelle Europe.

Le groupe a également déclaré qu'il espérait que M. Biden « interprète ce qui a été dit dans le communiqué à travers les politiques américaines dans la région, notamment en termes de négociations nucléaires avec l'Iran, afin que tout accord éventuel comprenne le désarmement des mandataires iraniens dans la région, en particulier le Hezbollah au Liban ».

« Le communiqué mentionne clairement l'application de l'accord de Taif et des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU qui garantissent la souveraineté, la sécurité et la stabilité du Liban, autant de décisions que les États-Unis ont contribué à formuler et à approuver, et ils sont donc moralement et politiquement responsables de leur mise en œuvre. »

Le Rassemblement pour la souveraineté a également exhorté le gouvernement libanais, ainsi que les forces politiques et partisanes, à « mener une campagne diplomatique arabe et internationale pour contraindre la Syrie à dûment reconnaître la propriété du Liban sur les fermes de Chebaa, qu'Israël a occupées de l'armée syrienne... (et) à en informer les organismes internationaux et à la supprimer de la résolution 242 pour la joindre à la résolution 425 afin de contraindre Israël à s'en retirer ».

Ceci est fondamental, « d'autant plus que les guerres du Hezbollah, qui ont apporté la destruction et l'appauvrissement au Liban, n'ont pas réussi à libérer ces fermes et les ont transformées en prétexte pour occuper l'intérieur du Liban », ajoute-t-il.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gaza: 27 morts dans des frappes israéliennes, Israël et le Hamas s'accusent de violer la trêve

Des frappes aériennes israéliennes sur la bande de Gaza ont tué 27 personnes mercredi selon les autorités locales, Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas s'accusant mutuellement d'avoir violé le fragile cessez-le-feu. (AFP)
Des frappes aériennes israéliennes sur la bande de Gaza ont tué 27 personnes mercredi selon les autorités locales, Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas s'accusant mutuellement d'avoir violé le fragile cessez-le-feu. (AFP)
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  • Il s'agit de l'une des journées les plus meurtrières à Gaza depuis le 10 octobre et l'entrée en vigueur de la trêve à laquelle ont poussé les Etats-Unis après plus de deux ans de guerre
  • Israël a également mené mercredi des frappes dans le sud du Liban, après avoir lancé des appels à évacuer

GAZA: Des frappes aériennes israéliennes sur la bande de Gaza ont tué 27 personnes mercredi selon les autorités locales, Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas s'accusant mutuellement d'avoir violé le fragile cessez-le-feu.

Il s'agit de l'une des journées les plus meurtrières à Gaza depuis le 10 octobre et l'entrée en vigueur de la trêve à laquelle ont poussé les Etats-Unis après plus de deux ans de guerre.

Israël a également mené mercredi des frappes dans le sud du Liban, après avoir lancé des appels à évacuer. L'armée israélienne a dit viser le mouvement islamiste Hezbollah qu'elle accuse de se réarmer en violation du cessez-le-feu en vigueur à sa frontière nord depuis bientôt un an.

"Les bombardements et les morts ont recommencé. Ils ne nous laissent même pas le temps de respirer", déplore auprès de l'AFP Ahraf Abu Sultan, 50 ans, tout juste rentré à Gaza-ville pour réparer sa maison détruite après avoir été déplacé un an dans le sud du territoire.

"Il n'y a aucun espoir pour la vie à Gaza", se lamente Nivine Ahmed, déplacée sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, évoquant le bruit des explosions, la fumée, les gens qui courent et les sirènes des ambulances.

"Nous n'en pouvons plus, nous voulons que la guerre se termine complètement ou que les passages soient ouverts" pour permettre à la population de fuir, a confié Noha Fathi, déplacée dans le sud de la bande de Gaza.

Selon la Défense civile de la bande de Gaza, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du Hamas, quatorze personnes ont été tuées mercredi à Gaza-ville, et 13 dans la région de Khan Younès. Deux hôpitaux contactés par l'AFP ont confirmé ce bilan.

"Escalade dangereuse" 

L'armée israélienne a affirmé "frapper des cibles terroristes du Hamas dans toute la bande de Gaza" en riposte à des tirs "en direction de la zone où [ses] soldats opèrent à Khan Younès".

Ces tirs n'ont fait aucun blessé a précisé l'armée mais constituent "une violation de l'accord de cessez-le-feu".

Rejetant une "piètre tentative pour justifier [...] des violations qui ne cessent jamais", le Hamas a dénoncé une "escalade dangereuse" et appelé les Etats-Unis à "exercer une pression immédiate et sérieuse pour [forcer Israël] à respecter le cessez-le-feu".

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

La trêve a déjà été marquée par plusieurs accès de violences dans le territoire palestinien dévasté par plus de deux ans d'hostilités déclenchées par l'attaque sanglante du Hamas en Israël le 7 octobre 2023.

Depuis le 10 octobre, plus de 300 Palestiniens ont été tués par des frappes ou des tirs israéliens selon le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas. L'armée israélienne affirme ne frapper qu'en riposte à des violations de la trêve.

Les raids israéliens les plus meurtriers ont tué, le 29 octobre, plus de cent Gazaouis, selon la Défense civile et des données recueillies par l'AFP auprès de cinq hôpitaux.

Selon la Défense civile, qui ne fait jamais état de combattants tués, les bombardements de mercredi ont notamment tué un couple et ses trois enfants à Gaza-ville, et deux mineurs à Khan Younès.

Deuxième phase ? 

Le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, est apparu dans une vidéo exhibant les corps de trois jeunes enfants.

L'accord de cessez-le-feu a permis dans sa première phase le retour des vingt derniers otages vivants du 7-Octobre, en échange de la libération de plusieurs centaines de prisonniers palestiniens, et le retour de 25 corps d'otages morts, sur 28 que le Hamas s'est engagé à rendre.

Israël réclame leur remise, en accusant de retard le mouvement islamiste, qui invoque la difficulté de les retrouver dans un territoire noyé sous des tonnes de décombres.

La mise en œuvre de la deuxième phase du plan du président américain Donald Trump n'a pas encore été approuvée. Elle prévoit notamment le désarmement du Hamas, la mise en place d'une autorité de transition pour gouverner le territoire et le déploiement d'une force internationale de stabilisation.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté lundi une résolution pour endosser ce plan Trump, mais le Hamas, écarté de tout rôle dans la gouvernance du territoire et qui refuse de désarmer aux conditions posées par Israël, a dénoncé un texte qui "ne répond pas aux exigences et aux droits politiques et humains" du peuple palestinien.

L'attaque du 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.221 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Plus de 69.500 Palestiniens ont été tués par la campagne militaire israélienne de représailles, selon le ministère de la Santé de Gaza. Le ministère, dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU, ne précise pas le nombre de combattants tués mais ses données indiquent que plus de la moitié des morts sont des mineurs et des femmes.


Israël appelle à des évacuations dans deux villages du sud du Liban en prévision de frappes

L'armée israélienne a ordonné à deux villages du sud du Liban d'évacuer les bâtiments situés à proximité de ce qu'elle qualifie de sites du Hezbollah, alors que les tensions entre Israël et les groupes militants s'intensifient. (AFP)
L'armée israélienne a ordonné à deux villages du sud du Liban d'évacuer les bâtiments situés à proximité de ce qu'elle qualifie de sites du Hezbollah, alors que les tensions entre Israël et les groupes militants s'intensifient. (AFP)
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  • L’armée israélienne a appelé les habitants de Deir Kifa et Chahour à évacuer, affirmant que des infrastructures militaires du Hezbollah s’y trouvent et annonçant des frappes imminentes
  • Malgré le cessez-le-feu de novembre 2024, Israël poursuit des attaques ciblées au Liban avec le soutien tacite des États-Unis, accusant le Hezbollah de reconstruire ses capacités militaire

JERUSALEM: L'armée israélienne a appelé mercredi la population à évacuer les zones de bâtiments abritant selon elle des installations militaires du mouvement islamiste libanais Hezbollah dans deux villages du sud du Liban, annonçant son intention de les frapper sous peu.

"Les forces [israéliennes] attaqueront prochainement des infrastructures militaires appartenant au groupe terroriste Hezbollah dans différentes zones du sud du Liban, en réponse aux tentatives illégales de l'organisation de se rétablir dans la région", annonce le colonel Avichay Adraee, porte-parole de l'armée israélienne dans un message en arabe sur X.

L'officier appelle précisément la population à évacuer sans tarder les alentours de deux bâtiments dont il précise, cartes à l'appui, la localisation dans les villages de Deir Kifa et Chahour.

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur en novembre 2024, à l'issue de plus d'un an d'hostilités entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener, avec l'aval tacite des Etats-Unis, des attaques régulières au Liban contre ce qu'elle présente comme des membres ou des installations du mouvement chiite, qu'elle accuse de chercher à reconstituer ses capacités militaires.

Le Hezbollah, allié de la République islamique d'Iran - ennemi juré d'Israël, a été très affaibli par la dernière guerre avec Israël, et Washington a accru la pression ces dernières semaines sur les autorités libanaises pour qu'elles obtienne son désarment, ce que le mouvement islamiste refuse pour l'heure.


L'Arabie saoudite et les États-Unis signent des accords pour approfondir leur partenariat stratégique

La réunion a été coprésidée par le président Trump et le prince héritier Mohammed, en présence de hauts responsables saoudiens et américains. (AFP)
La réunion a été coprésidée par le président Trump et le prince héritier Mohammed, en présence de hauts responsables saoudiens et américains. (AFP)
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  • Lors de la réunion à la Maison Blanche, les deux parties ont passé en revue les relations bilatérales et discuté des efforts conjoints pour faire progresser leurs partenariats stratégiques
  • Elles ont également abordé les développements régionaux et internationaux, ainsi que les moyens de renforcer la sécurité et la stabilité régionales et mondiales

RIYAD: L'Arabie saoudite et les États-Unis ont signé mardi un certain nombre d'accords visant à renforcer leurs liens stratégiques, à l'occasion de la visite du prince héritier Mohammed bin Salman à la Maison Blanche.

Lui et le président américain Donald Trump ont signé des accords sur la défense stratégique, l'intelligence artificielle, l'énergie nucléaire, les métaux critiques, les investissements saoudiens, le partenariat financier et économique, l'éducation et la formation, et les normes de sécurité des véhicules.

Lors de la réunion à la Maison Blanche, les deux parties ont passé en revue les relations bilatérales et discuté des efforts conjoints pour faire progresser leurs partenariats stratégiques.

Elles ont également abordé les développements régionaux et internationaux, ainsi que les moyens de renforcer la sécurité et la stabilité régionales et mondiales.

La réunion était coprésidée par M. Trump et le prince héritier, et de hauts responsables saoudiens et américains y ont assisté.

L'accord de défense affirme que les deux pays sont des partenaires de sécurité capables de travailler ensemble pour faire face aux défis et menaces régionaux et internationaux, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Il approfondit la coordination de la défense à long terme, améliore les capacités de dissuasion et la préparation, et soutient le développement et l'intégration des capacités de défense entre les deux pays, a ajouté l'agence de presse saoudienne.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid bin Salman, a déclaré que l'accord "souligne l'engagement ferme des deux nations à approfondir leur partenariat stratégique, à renforcer la sécurité régionale et à faire progresser la paix et la stabilité dans le monde".

L'ambassadrice saoudienne aux États-Unis, la princesse Reema bint Bandar, a déclaré que les "accords stimuleront les investissements dans les deux pays, généreront des opportunités d'emploi pour les Saoudiens et les Américains, et renforceront notre engagement commun en faveur de la sécurité régionale et mondiale".

Un peu plus tôt, dans le bureau ovale, M. Trump a accueilli chaleureusement le prince héritier, qui a annoncé que les investissements américains du Royaume seraient portés à près de 1 000 milliards de dollars, contre une promesse de 600 milliards de dollars annoncée par Riyad au début de l'année.

"Aujourd'hui est un moment très important de notre histoire", a déclaré le prince héritier. "Il y a beaucoup de choses sur lesquelles nous travaillons pour l'avenir.