Des images satellites font état de travaux sur un site nucléaire iranien

Ce lundi 26 octobre, une image satellite de Planet Labs, annotée par des experts du James Martin Center for Nonproliferation Studies, montre des travaux de construction à l’usine d’enrichissement d’uranium de Natanz. Selon les experts, une nouvelle installation souterraine d'assemblage de centrifugeuses serait en cours de construction (AP)
Ce lundi 26 octobre, une image satellite de Planet Labs, annotée par des experts du James Martin Center for Nonproliferation Studies, montre des travaux de construction à l’usine d’enrichissement d’uranium de Natanz. Selon les experts, une nouvelle installation souterraine d'assemblage de centrifugeuses serait en cours de construction (AP)
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Publié le Jeudi 29 octobre 2020

Des images satellites font état de travaux sur un site nucléaire iranien

  • L’installation détruite est en cours de remplacement «au cœur des montagnes autour de Natanz»
  • L’Iran enrichit de l’uranium jusqu’à 4,5% de pureté net et dispose d’un stock de 2 105 kilogrammes

DUBAÏ: L’Iran a entamé des travaux de construction dans son usine nucléaire à Natanz, comme le montrent des images satellites publiées mercredi. L’agence nucléaire de l’ONU a de son côté reconnu que Téhéran construit une installation souterraine d'assemblage de centrifugeuses avancées, après l'explosion de son ancienne usine lors d'une attaque de sabotage l'été dernier.

Ces travaux surviennent à l’approche des élections américaines qui opposent le président Donald Trump à Joe Biden. Trump, dont la campagne de pression maximale contre l’Iran a poussé Téhéran à abandonner toutes les limites sur son programme nucléaire, fait contraste avec son adversaire, qui lui a exprimé sa volonté de revenir à cet accord. Le résultat du vote décidera sans quelle sera l’approche adoptée par les États-Unis. Les tensions accrues entre l’Iran et les États-Unis ont failli déclencher une guerre en début d’année.

Depuis le mois d’août, l’Iran aurait construit une nouvelle route, ou du moins effectué des travaux de réfection sur la voierie. La route rejoint le sud de Natan et mène, selon les analystes, vers un ancien terrain de tir pour les forces de sécurité dans l’usine d’enrichissement, comme le montrent les images de Planet Labs, une entreprise basée à San Francisco. Une image satellite prise lundi montre le site creusé avec ce qui semble être du matériel de construction.

Des analystes du James Martin Center for Nonproliferation Studies estiment que le site est en cours d’excavation.

«Cette route passe aussi par la montagne, ce qui pourrait indiquer qu’ils sont en train de creuser une sorte de structure qui serait placée à l’avant, et qu'il y aura un tunnel dans la montagne», précise Jeffrey Lewis, expert à l’institut qui étudie le programme nucléaire iranien. «Ou peut-être qu'ils vont simplement l'enterrer là-bas.»

La mission de l’Iran auprès de l’ONU n’a pas immédiatement fait de commentaire à ce sujet. Ali Akbar Salehi, chef de l’Organisation de l’énergie atomique d’Iran, a déclaré à la chaîne de télévision officielle du pays le mois dernier que l’installation de surface détruite est en cours de remplacement «au cœur des montagnes autour de Natanz».

Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a affirmé mardi à l’Associated Press que ses inspecteurs sont au courant des travaux de construction. Il a ajouté que l’Iran avait préalablement informé les inspecteurs de l’AIEA, qui ont toujours accès aux sites iraniens, bien que l’accord nucléaire soit tombé à l’eau.

«Cela signifie qu’ils ont commencé, mais qu’ils n’ont pas encore terminé. C’est un long processus», souligne M. Grossi.

En 2018, Trump a retiré unilatéralement les États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien avec les puissances mondiales, dans lequel Téhéran a accepté de limiter son enrichissement d'uranium en échange de la levée des sanctions économiques. Lorsque les États-Unis ont intensifié les sanctions, l'Iran a progressivement et publiquement abandonné cette limitation.

L’Iran enrichit donc désormais de l’uranium jusqu’à 4,5% de pureté, et, d’après le dernier rapport de l’AIEA, dispose d’un stock de 2 105 kilogrammes (2,32 tonnes). Selon les experts, 1 050 kilogrammes (1,15 tonne) environ d'uranium faiblement enrichi suffisent pour être de nouveau enrichis pour arriver à des niveaux de pureté de 90%, taux suffisant pour fabriquer une arme nucléaire.

La «période critique», ou le temps nécessaire pour fabriquer une arme nucléaire, si l’Iran choisit de le faire, est passée d’un an à trois mois seulement avec l’annulation de l’entente. Téhéran maintient que son programme nucléaire est créé à des fins pacifiques, bien que les pays occidentaux craignent son utilisation pour se doter de l’arme nucléaire.

Natanz, construite sous terre pour rester protégée contre les frappes aériennes, a longtemps été au centre de ces craintes depuis sa découverte en 2002. Les centrifugeuses y tournent encore dans de vastes couloirs sous 7,6 mètres de béton. Des positions de défense aérienne entourent l’usine dans la province centrale d'Ispahan.

Bien qu’il soit l’un des sites les plus sécurisés d’Iran, Natanz a été touchée par le virus informatique Stuxnet, qui aurait été crée par les États-Unis et Israél, avant l’accord sur le nucléaire.

En juillet, un incendie et une explosion ont frappé son usine d'assemblage de centrifugeuses avancées, un incident plus tard décrit comme un acte de sabotage. Les soupçons se sont portés sur Israël, malgré une revendication de responsabilité par un quelconque groupe obscure.

Des tensions subsistent entre l'AIEA et l'Iran à Natanz, Téhéran ayant accusé un inspecteur d'avoir testé des explosifs l'année dernière. Jusqu'à présent cependant, les inspecteurs ont pu maintenir leur surveillance, chose que M. Lewis a décrite comme très importante.

«Tant qu'ils l’ont déclaré à l'AIEA dans les délais prescits, il n’est pas interdit de mettre les choses sous terre», affirme-t-il. « Quant à moi, je tire la sonnette d’alarme seulement si les Iraniens commencent à faire obstacle à l’agence nucléaire.»

Pour l'instant, on ne sait toujours pas à quelle profondeur l'Iran placera cette nouvelle installation. Et bien que les séquelles de l’acte de sabotage retardent l'Iran dans l'assemblage des nouvelles centrifugeuses, M. Lewis a averti que le programme est calqué sur le précédent et que Téhéran va continuer d'accumuler toujours plus de matériaux, bien au-delà de la portée de l'accord nucléaire abandonné. «Nous nous achetons quelques mois», dit-il. «Mais à quoi nous servent ces mois si nous ne savons pas comment nous allons les utiliser?»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Arabie saoudite : un acteur clé dans la lutte contre la criminalité financière, selon Nathalie Goulet

La sénatrice française Nathalie Goulet a salué l'ambition et l'engagement de l'Arabie saoudite dans la lutte contre le blanchiment d'argent et la criminalité financière. (AFP)
La sénatrice française Nathalie Goulet a salué l'ambition et l'engagement de l'Arabie saoudite dans la lutte contre le blanchiment d'argent et la criminalité financière. (AFP)
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  • Le Royaume, selon Nathalie Goulet, dispose aujourd’hui des moyens économiques et techniques pour s’imposer comme acteur clé du dispositif mondial AML/CFT
  • L'Arabie saoudite ouvre une nouvelle ère de transparence, selon M. Goulet

DUBAÏ: À quelques semaines de la conférence internationale “Sanctions, AML & CFT for Banking and Finance in the Kingdom of Saudi Arabia”, qui se tiendra à Riyad les 21 et 22 octobre 2025, la sénatrice française Nathalie Goulet, dans un entretient accordé à Arab News en français, salue l’ambition et l'engagement de l’Arabie saoudite dans la lutte contre le blanchiment d'argent et la criminalité financière.

« L'Arabie saoudite a été en tête de ‘No Money for Terror’ dans le temps. Elle en est absolument capable, et en plus, elle a un leader très fort et une vision claire, » declare la sénatrice.

Une volonté politique affirmée

Pour Nathalie Goulet, l’évolution du Royaume ne fait aucun doute.

« Le Prince Mohammed Ben Salman, dès son arrivée au pouvoir, a immédiatement réglé les questions de corruption. Il a insufflé une politique et une volonté. »

Cette transformation accompagne l’ouverture rapide du Royaume, notamment dans le cadre de la Vision 2030, et s’inscrit dans un effort plus large pour assainir le climat des affaires et attirer des investissements étrangers dans un cadre juridico-financier stable.

« Ça se passe très bien. Mais c’est aussi une question de volonté. Et la volonté en Arabie saoudite est très marquée. »

Riyad, prochain centre de gravité régional pour la compliance

L’événement d’octobre réunira régulateurs, banquiers, juristes et spécialistes de la conformité du monde entier. Pour Nathalie Goulet, c’est une opportunité cruciale :

« Ce que j’attends, ce sont des échanges de bonnes pratiques très concrets. Car parfois, ce ne sont pas les lois qui changent les choses, ce sont aussi les interactions entre professionnels, au quotidien. »

Elle y partagera notamment son expérience sur les enjeux de transparence financière et de coopération internationale.

Des progrès significatifs et une coopération régionale renforcée

À la suite de sa participation au sommet Fighting Financial Crime à Abou Dhabi les 10 et 11 septembre derniers, Nathalie Goulet a salué les efforts des Émirats arabes unis, récemment sortis de la liste grise du GAFI.

« Il y a une vraie volonté au plus haut niveau. Et cette volonté est contagieuse. On voit aussi une forte implication saoudienne, par exemple par l'intermédiaire de Nazaha, l'autorité de lutte contre la corruption. »

Pour elle, la dynamique régionale est en marche : extraditions facilitées, respect accru des règles de coopération judiciaire, montée en compétence des autorités locales.

Un enjeu global et des réponses encore fragmentées

Malgré ces progrès, selon la sénatrice, le constat demeure alarmant : entre 2 et 5 % du PIB Mondial, seraient issus du blanchiment d’argent, mais seulement 1 à 2 % des fonds sont effectivement récupérés.

« Ce sont des milliards qui échappent aux écoles, aux hôpitaux, aux routes. Et un immense manque à gagner pour les citoyens. »

Outre l’utilisation massive de cryptoactifs non régulés et le traffic de migrants, Nathalie Goulet alerte sur les techniques des réseaux criminels de plus en plus inventives : trafic d’or déguisé en café et cargaisons de bananes trafiquées.

Enjeux spécifiques au Moyen-Orient

Le Moyen-Orient n’échappe pas à ces mutations. Nathalie Goulet pointe plusieurs problématiques: le trafic d’or, l’usage débridé des crypto-actifs, et la contrefaçon massive.

« La contrefaçon, ce ne sont pas que des faux sacs. Ce sont aussi des faux médicaments, des pièces détachées défectueuses, du tabac illicite… Le coût global est estimé à 650 milliards de dollars par an. » (Office de l’Union européenne pour la propriété intellectuelle, 2022)

Elle insiste sur la nécessité de renforcer la traçabilité, même dans des réseaux informels comme les systèmes de transfert d’argent ou certaines plateformes numériques.

La coopération et la formation au cœur de la réponse

Face à ces défis, Nathalie Goulet appelle à une action multilatérale renforcée : formations spécialisées, partage d’informations, benchmarking international et adoption des nouvelles technologies.

« Il faut former les magistrats, les douaniers, les régulateurs. Mais aussi renforcer la coopération entre pays et partager les bonnes pratiques. »

Elle évoque aussi le rôle central de l’intelligence artificielle dans la détection des flux suspects, et appelle à la création de bourses d’étude sur les crypto-actifs et leurs mécanismes.

Arabie saoudite : vers un rôle structurant dans le système international

Alors que l’Arabie saoudite s’impose de plus en plus comme un hub régional de la finance, la question de son influence future au sein d’organisations comme le GAFI se pose.

« Le Royaume a les moyens, l’ambition et la volonté. Il applique déjà les règles, coopère efficacement, et montre l’exemple. »

La récente nomination d’un responsable émirien à la tête d’Interpol, le général de division Ahmed Naser Al-Raisi, ajoute-t-elle, reflète également l’influence croissante de la région dans la gouvernance sécuritaire mondiale.

Un combat global au service des citoyens

Selon Nathalie Goulet, l’enjeu dépasse largement les frontières des États et des institutions financières et ne peut être reléguée au second plan, même en temps de crise économique.

« Justement, parce que le climat économique est dégradé, on ne peut pas laisser l’argent échapper à la société. La criminalité détourne les ressources publiques. C’est un combat pour le citoyen, pour l’école, pour l’hôpital, » explique la sénatrice.

Riyad marquera une nouvelle étape. Et pour elle, chaque conférence, chaque échange entre professionnels, chaque progrès technique ou réglementaire contribue à une économie plus saine et plus équitable.


Israël rejette une enquête de l'ONU l'accusant de «génocide» à Gaza

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
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  • "Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué
  • Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens

JERUSALEM: Israël a "rejeté catégoriquement" mardi le rapport d'une commission d'enquête internationale indépendante des Nations unies qui l'accuse de commettre un "génocide" dans la bande de Gaza depuis octobre 2023.

"Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d'autres responsables israéliens.

En riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, Israël a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste palestinien a pris le pouvoir en 2007.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU et est vivement critiquée par Israël, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produit à Gaza et continue de (s'y) produire", a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

Elle a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, Benjamin Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

Le ministère des Affaires étrangères israélien a accusé les auteurs du rapport de "servir de relais au Hamas", affirmant qu'ils étaient "connus pour leurs positions ouvertement antisémites — et dont les déclarations horribles à l'égard des Juifs ont été condamnées dans le monde entier."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien.

L'ONU y a déclaré la famine, ce qu'Israël dément.


«Gaza brûle», déclare le ministre israélien de la Défense après des frappes intenses

Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
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  • "Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas"
  • "Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée"

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza.

"Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas", a déclaré M. Katz sur X.

"Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée", a-t-il ajouté.