Des stéréotypes éculés et dangereux déforment la perception occidentale du monde arabe

Une nouvelle enquête met en évidence le fossé entre les perceptions occidentales du monde arabe et la réalité de la région (Photo, AFP).
Une nouvelle enquête met en évidence le fossé entre les perceptions occidentales du monde arabe et la réalité de la région (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 18 juillet 2022

Des stéréotypes éculés et dangereux déforment la perception occidentale du monde arabe

  • L’étude du Tony Blair Institute for Global Change a été publiéé à la veille du voyage du président Biden au Moyen-Orient
  • Deux enquêtes ont révélé un large fossé entre les perceptions occidentales et la réalité de la situation dans la région

LONDRES : Les pays du Moyen-Orient sont « rétrogrades », inamicaux, voire hostiles aux nations occidentales, et ne partagent pas leurs valeurs ou leurs aspirations.

Telles sont les opinions inquiétantes et dépassées des habitants de quatre pays occidentaux – le Royaume-Uni, les États-Unis, la France et l'Allemagne – interrogés dans un nouveau sondage réalisé pour le Tony Blair Institute for Global Change.

Le même sondage, cependant, révèle qu'en fait, les Arabes d'Arabie saoudite, d'Égypte, d'Irak, du Liban et de Tunisie «respectent profondément les États-Unis et leurs valeurs de liberté, d'innovation et d'opportunité ».

YouGov a mené des entretiens en ligne entre le 20 et le 28 mars auprès de 6 268 adultes dans quatre pays occidentaux ; aux États-Unis (1 418), au Royaume-Uni (1 780), en France (1 065) et en Allemagne (2 005).

Zogby Research Services, quant à lui, a mené des entretiens en face à face entre le 17 mars et le 7 avril auprès de 4 856 adultes dans cinq pays arabes : Égypte (1 043), Irak (1 044), Liban (857), Arabie saoudite (1 043) et Tunisie ( 869).

Publié à la veille de la visite du président américain Joe Biden en Arabie saoudite, l'enquête est opportune ainsi que le rapport qui l'accompagne « Think Again : Inside the Modernization of the New Middle East ». Tous deux soulignent le fossé entre les perceptions occidentales de la région et la réalité.

Tony Blair, ancien Premier ministre britannique et fondateur et président exécutif de l'Institut Blair, a déclaré que les résultats du sondage montrent que « les gens à travers le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, en particulier les jeunes, veulent des sociétés qui soient religieusement tolérantes, économiquement entreprenantes et en paix avec leurs voisins. »

« Les dirigeants engagés dans ces réformes sont soutenus ; ceux qui veulent exploiter les différences religieuses ou tribales ne le sont pas. Et pratiquement dans tous les pays étudiés, les opinions de l'Occident, en particulier des États-Unis, de l'Europe et du Royaume-Uni, sont étonnamment positives. »

Malheureusement, a-t-il ajouté : « Les perceptions occidentales sont à la traîne. Nous considérons toujours la région comme arriérée et irrémédiablement hostile envers nous. »

«Et, bien qu'il existe bien sûr des preuves de ces attitudes dans certaines parties du Moyen-Orient, les sondages montrent qu'ils ne représentent pas la majorité. »

Le risque pour l'Occident, a-t-il averti, était que « notre idée fausse et dépassée de ce que pensent vraiment les gens de la région nous amène à nous rétracter au moment même où il y a une opportunité pour nous de nous associer à la région, au profit non seulement de la région elle-même, mais pour notre propre sécurité. »

Le rapport de l'institut indique que l'évolution sociale en Arabie saoudite est un exemple de « la vision partagée du nouveau Moyen-Orient pour le changement », mais conclut que cette vision et les progrès qu'elle a déjà apportés n'ont jusqu'à présent pas réussi à s'inscrire dans la conscience occidentale.

Plus de la moitié des personnes interrogées en Occident estiment que les habitants du Moyen-Orient ne partagent pas les mêmes valeurs qu'eux, telles que le soutien à la politique laïque, le respect de la différence et la liberté d'expression.

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Les perceptions occidentales du monde arabe sont très éloignées de la réalité (Photo, AFP).

Aucun d’entre eux, ajoute le rapport, « ne pensent-ils qu'il s'agit d'une région tournée vers l'avenir, caractérisée par l'espoir, associant plutôt le Moyen-Orient à un conflit insoluble et à l'extrémisme violent ».

Mais du point de vue des gens qui y vivent, le sondage révèle que « le nouveau Moyen-Orient est un endroit totalement différent ».

Par exemple, « une majorité écrasante soutient le programme de modernisation saoudien et d'autres similaires qui réforment les institutions, libéralisent la société et diversifient l'économie ».

De même, « la majorité s'oppose aux mouvements religieux régressifs et à leur rôle dans la politique ».

Le rapport fait notamment l’éloge du programme de modernisation de l’Arabie saoudite, défendu par le prince héritier Mohammed ben Salmane dans le cadre du plan Vision 2030 pour l’avenir de la nation, mais également du « programme de transformation le plus complet, axé sur la région, depuis la période postcoloniale ».

De la libéralisation des lois et des politiques du pays à la diversification de l'économie, 73 % des personnes interrogées dans la région ont déclaré qu'elles soutenaient ces mesures de transformation, dont 89 % des citoyens Saoudiens

L'enquête révèle beaucoup de choses sur la nature changeante de la société saoudienne, y compris l'influence décroissante des autorités religieuses.

En effet, la réforme de l'éducation et le rôle de la religion sont des questions clés pour presque toutes les personnes interrogées dans les cinq pays de la région : 77 % des Irakiens, 73 % des Saoudiens, 71 % des Tunisiens et 65 % des Libanais pensent que l'éducation et les pratiques religieuses de leur pays nécessitent une réforme.

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Le rapport a fait l'éloge de l'Arabie saoudite pour ses nombreux programmes de modernisation (Photo, AFP).

«Ce qui est clair», indique le rapport, « c'est que les gens veulent un gouvernement laïc et pragmatique, et non un leadership lié à des idéologies islamistes dépassées et destructrices.

"Aujourd'hui, une écrasante majorité de 75 % conviennent que les mouvements religieux politisés sont préjudiciables à la région."

Ce chiffre est encore plus élevé en Arabie saoudite, à 80 %.

Les autorités, les législateurs et les érudits religieux saoudiens, indique le rapport, "ont travaillé à moderniser les droits des femmes, le système judiciaire et les lois sur la censure tout en levant les restrictions sociales, y compris les lois sur la ségrégation sexuelle".

La modernisation et la diversification de l'économie sont considérées comme une « grande priorité » pour la majorité des Saoudiens, dont 60 % identifient la technologie et l'innovation, et 44 % le tourisme comme les secteurs les plus aptes à générer des emplois.

Un nombre toujours plus croissant de personnes interrogées dans le Royaume préfèrent que leurs enfants aient des compétences technologiques plutôt qu'une éducation religieuse.

Le rapport souligne que la réflexion - et l'action - du gouvernement saoudien sur l'avenir du pays  est en phase avec les opinions de ses citoyens alors que l’Arabie Saoudite s'efforce de libérer le potentiel des secteurs non pétroliers.

En 2021, par exemple, il y a eu une augmentation de 54% du financement des startups par rapport à 2020 et 33 milliards de dollars investis dans les technologies de l'information et de la communication. Le rapport souligne également qu'il existe désormais plus de 300 000 emplois dans le secteur technologique saoudien.

Le Congrès mondial de l'entrepreneuriat a classé le paysage économique et réglementaire du Royaume comme le meilleur environnement pour la création d'entreprises sur 45 pays.

En ce qui concerne les droits des femmes, par une marge de deux contre un, une majorité de Saoudiens conviennent que les femmes devraient avoir les mêmes droits en matière d'emploi que les hommes dans les secteurs privé et public.

La Vision 2030 prévoit que les femmes représenteront au moins 30 % de la main-d'œuvre d'ici 2030, tandis que la participation économique des femmes dans le Royaume est passée de 19,4 % en 2017 à plus de 33 % en 2020.

Tous ces développements, conclut le rapport, sont populaires en Arabie saoudite. Il est tout aussi important, selon le Blair Institute, qu'ils soient soutenus par l'Occident - et par les États-Unis en particulier.

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Malgré la réputation qu’elle a d’être rétrograde, la région est dynamique et tournée vers l'avenir (Photo, AFP).

Reflétant une histoire d'amitié et de collaboration économique et militaire qui remonte à la rencontre historique du président Franklin D. Roosevelt en février 1945 à bord de l'USS Quincy sur le canal de Suez avec le roi Abdulaziz, fondateur de l'Arabie saoudite, « les Saoudiens considèrent les États-Unis comme leur partenaire à l’international. Un choix assumé malgré des décennies de croyance, en occident, en l’idée selon laquelle l'antiaméricanisme progresse.

Les interrogés saoudiens à l'enquête ont donné leurs appréciation sur le pays avec lequel il serait l’Arabie Saoudite aurait le plus intérêt à nouer une alliance entre la Chine, les États-Unis et le Royaume-Uni, mais 66% ont déclaré qu'ils aimeraient le plus que leur pays s'associe aux États-Unis.

"Alors que le Royaume et son peuple progressent dans la transformation de la société et de l'économie", indique le rapport, "le moment est venu pour les États-Unis et leurs alliés d'investir dans l'avenir du pays".

Le rapport note également comment l'Arabie saoudite parvient habilement à équilibrer la préservation et la promotion de son propre patrimoine avec un rapprochement avec la culture occidentale - pour le plus grand épanouissement de la jeunesse. 

Dans « l'Arabie saoudite autrefois conservatrice », dit-il, « Vision 2030 donne la priorité à l'expression culturelle avec trois objectifs: promouvoir la tolérance, le professionnalisme, la discipline, la justice et la transparence ; préserver le patrimoine et l'histoire et la culture arabes et islamiques ; et préserver et promouvoir l'identité nationale afin de la transmettre aux générations futures.

Il y a aussi « des implications commerciales... . Adoptant une approche globale, l'Arabie saoudite recherche des partenaires internationaux pour ses festivals, ses arts et ses musées, le secteur de la culture devant générer 20 milliards de dollars, créer 100 000 emplois et contribuer à 3 % du produit intérieur brut d'ici 2030. »

Dans le même temps, "les festivals de musique et les événements sportifs internationaux capitalisent sur les changements au Moyen-Orient".

Le rapport cite le festival MDLBeast Soundstorm de l'année dernière, qui s'est déroulé dans le désert à l'extérieur de Riyad et a attiré un public mondial de plus de 700 000 personnes.

Cet événement parrainé par l'État "a vu de jeunes hommes et femmes se mélanger ouvertement, porter des vêtements non conventionnels et profiter des performances de musiciens occidentaux populaires tels que David Guetta - une apparition qui a provoqué un grand intérêt parmi la jeunesse saoudienne. Les événements sportifs, dont la Formule 1... attirent également un public mondial.

Le rapport souligne que, dans le cadre de sa « transformation culturelle » nationale, l'Arabie saoudite a mis en place un nouveau régime de visas pour encourager les artistes internationaux à visiter le pays. Elle a, par ailleurs, un programme de résidence pour permettre aux artistes de s'installer de façon permanente.

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Des coureurs participent au Tahrir Youth Marathon, en soutien aux manifestations anti-gouvernementales en cours, dans la capitale irakienne Bagdad (Photo, AFP).


"L'objectif est d'accroître la liberté d'échange culturel et de soutenir les plans du Royaume pour accélérer le secteur des arts et de la culture."

Dans sa préface au rapport, James Zogby, directeur général de la société de sondage internationale Zogby Research Services, qui a réalisé l'enquête pour l'institut Blair, déclare que les perceptions occidentales du monde arabe « sont trop souvent façonnées par des stéréotypes négatifs et des manifestations anecdotiques justifiant des opinions d’hostilité– plutôt que par la réalité.

En conséquence, ajoute-t-il, "notre compréhension de qui sont les Arabes et de leurs valeurs et aspirations passe trop souvent à côté de son objet".

Les décideurs politiques et les analystes politiques occidentaux "parlent des Arabes, mais ils envisagent rarement d'écouter les Arabes afin de bien comprendre leur vie, leurs besoins et leurs espoirs pour l'avenir".

L'une des conséquences en a été « la simplification excessive d'une région complexe, qui a conduit à des catastrophes politiques coûteuses. Constatant ce décalage en étant toujours induit en erreur par des attitudes engendrées par des perceptions négatives, certaines voix en Occident plaident désormais pour un désengagement dans la région.

Zogby avait ce message pour les décideurs politiques occidentaux et les experts politiques. « Vérifiez vos préjugés et écoutez ce que les Arabes nous disent sur ce qu'ils veulent.

«Comme me disait ma mère, 'Si tu veux que les autres t'entendent, tu dois d'abord les écouter.»

«Grâce à l'institut, des voix arabes vous parlent. Écoutez ce quelles ont à dire».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
 


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

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  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.

 


L'armée israélienne dit avoir tué trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
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  • "Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024
  • Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

JERUSALEM: L'armée israélienne a déclaré avoir tué dimanche trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban, Beyrouth faisant état également de trois morts dans des frappes israéliennes dans la région.

"Depuis ce matin (dimanche), l'armée a frappé trois terroristes du Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", a précisé l'armée israélienne dans un communiqué.

"Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024, a-t-elle ajouté.

L'armée a ensuite affirmé avoir "éliminé" deux d'entre eux "en moins d'une heure", dans les régions de Yater et Bint Jbeil (sud du Liban).

Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

Le ministère libanais de la Santé avait auparavant fait état de trois morts dans des frappes israéliennes à Yater, Safad Al-Battikh et Jwaya.

Un cessez-le-feu est en vigueur depuis novembre 2024 après plus d'un an d'hostilités entre Israël et le mouvement islamiste libanais, en marge de la guerre à Gaza.

Malgré cette trêve, Israël mène régulièrement des frappes au Liban, notamment dans le sud, bastion du Hezbollah, affirmant viser des membres et des infrastructures du mouvement libanais pour l'empêcher de se réarmer.

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah.

L'armée libanaise est censée achever d'ici la fin de l'année le démantèlement, prévu par l'accord de cessez-le-feu, des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe pro-iranien, et tarir les sources de financement de la formation islamiste.

Israël maintient cinq positions dans la zone, malgré son retrait du territoire libanais prévu par l'accord de cessez-le-feu.

Dans un discours samedi, le chef du Hezbollah, Naim Qassem, qui a rejeté à plusieurs reprises la perspective d'un désarmement du mouvement, a déclaré que celui-ci "ne permettra pas à Israël d'atteindre son objectif" de mettre fin à la résistance, "même si le monde entier s'unit contre le Liban".

 


Un an après la chute d’Assad, les Syriens affichent un fort soutien à al-Chareh

Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
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  • Un sondage révèle un optimisme croissant et un large soutien aux progrès du gouvernement après la chute d’Assad
  • L’Arabie saoudite apparaît comme le pays étranger le plus populaire, Trump reçoit également un soutien marqué

LONDRES : Alors que les Syriens ont célébré cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar Al-Assad, une enquête menée dans le pays révèle un soutien massif au nouveau président et place l’Arabie saoudite comme principal partenaire international apprécié.

L’ancien président avait fui le pays le 8 décembre 2024, après une offensive éclair de l’opposition jusqu’à Damas, mettant fin à 14 ans de guerre civile.

La campagne était menée par Ahmad al-Chareh, aujourd’hui président du pays, qui s’efforce de stabiliser la Syrie et de rétablir des relations avec ses partenaires internationaux.

Ces efforts ont été salués dans un sondage récemment publié, montrant que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans le président et 71 % dans le gouvernement national.

Les institutions clés bénéficient également d’un fort soutien : plus de 70 % pour l’armée et 62 % pour les tribunaux et le système judiciaire.

L’enquête a été menée en octobre et novembre par Arab Barometer, un réseau de recherche américain à but non lucratif.

Plus de 1 200 adultes sélectionnés aléatoirement ont été interrogés en personne à travers le pays sur une large gamme de sujets, notamment la performance du gouvernement, l’économie et la sécurité.

Le large soutien exprimé envers al-Chareh atteint un niveau enviable pour de nombreux gouvernements occidentaux, alors même que la Syrie fait face à de profondes difficultés.

Le coût de la reconstruction dépasse les 200 milliards de dollars selon la Banque mondiale, l’économie est dévastée et le pays connaît encore des épisodes de violence sectaire.

Al-Chareh s’efforce de mettre fin à l’isolement international de la Syrie, cherchant l’appui de pays de la région et obtenant un allègement des sanctions américaines.

Un soutien clé est venu d’Arabie saoudite, qui a offert une aide politique et économique. Le sondage place le Royaume comme le pays étranger le plus populaire, avec 90 % d’opinions favorables.

Le Qatar recueille lui aussi une forte popularité (plus de 80 %), suivi de la Turquie (73 %).

La majorité des personnes interrogées — 66 % — expriment également une opinion favorable envers les États-Unis, saluant la décision du président Donald Trump d’assouplir les sanctions et l’impact attendu sur leur vie quotidienne.

Après sa rencontre avec al-Chareh à Washington le mois dernier, Trump a annoncé une suspension partielle des sanctions, après en avoir déjà assoupli plusieurs volets.

Le sondage montre que 61 % des Syriens ont une opinion positive de Trump — un niveau supérieur à celui observé dans une grande partie du Moyen-Orient.

En revanche, l’enthousiasme est bien moindre concernant les efforts américains pour normaliser les relations entre la Syrie et Israël.

Seuls 14 % soutiennent cette démarche, et à peine 4 % disent avoir une opinion favorable d’Israël.

Lors du chaos provoqué par la chute d’Assad, l’armée israélienne a occupé de nouveaux territoires dans le sud de la Syrie et a mené de fréquentes attaques au cours de l’année écoulée.

Plus de 90 % des Syriens considèrent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les frappes contre l’Iran, le Liban et la Syrie comme des menaces critiques pour leur sécurité.

Dans Foreign Policy, Salma Al-Shami et Michael Robbins (Arab Barometer) écrivent que les résultats de l’enquête donnent des raisons d’être optimiste.

« Nous avons constaté que la population est pleine d’espoir, favorable à la démocratie et ouverte à l’aide étrangère », disent-ils. « Elle approuve et fait confiance à son gouvernement actuel. »

Mais ils notent aussi plusieurs sources d’inquiétude, notamment l’état de l’économie et la sécurité interne.

Le soutien au gouvernement chute nettement dans les régions majoritairement alaouites.

La dynastie Assad, au pouvoir pendant plus de 50 ans, était issue de la minorité alaouite, dont les membres occupaient de nombreux postes clés.

L’économie reste la principale préoccupation : seuls 17 % se disent satisfaits de sa performance, et beaucoup s’inquiètent de l’inflation, du chômage et de la pauvreté.

Quelque 86 % déclarent que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses, et 65 % affirment avoir eu du mal à acheter de la nourriture le mois précédent.

La sécurité préoccupe aussi : 74 % soutiennent les efforts du gouvernement pour collecter les armes des groupes armés et 63 % considèrent l’enlèvement comme une menace critique.

À l’occasion de l’anniversaire de la chute d’Assad, lundi, al-Chareh a affirmé que le gouvernement œuvrait à construire une Syrie forte, à consolider sa stabilité et à préserver sa souveraineté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com