Les petits paysans d'Egypte, maillon vital mais délaissé de la chaîne alimentaire

Un agriculteur ramasse la récolte de poivrons, à el-Fashn dans le gouvernorat égyptien de Beni Suef, à quelque 150 kilomètres au sud de la capitale, le 13 juin 2022. (AFP).
Un agriculteur ramasse la récolte de poivrons, à el-Fashn dans le gouvernorat égyptien de Beni Suef, à quelque 150 kilomètres au sud de la capitale, le 13 juin 2022. (AFP).
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Publié le Dimanche 24 juillet 2022

Les petits paysans d'Egypte, maillon vital mais délaissé de la chaîne alimentaire

  • Il y a bien un marché pour les oignons en Egypte mais le financement, l'acheminement et les infrastructures agricoles ont changé. En conséquence, les petits exploitants ne s'y retrouvent plus
  • S'ils n'occupent que 35% de la surface agricole, les propriétaires fermiers de moins d'un hectare produisent près de la moitié des récoltes en Egypte

SINDIYUN : Ils sont un chaînon vital pour l'alimentation des 103 millions d'Egyptiens et pourtant, ils sont forcés de vendre à perte: les petits exploitants agricoles, unique planche de salut du pays face à la guerre en Ukraine, se noient sous les dettes.

"L'agriculture est morte", se désespère Zakaria Aboueldahab dans ses champs de blé et d'oignons à Qalyoubia, à 30 km au nord du Caire.

"J'essaye de vendre ma récolte d'oignons mais je ne trouve pas de marché, je veux juste rentrer dans mes frais parce que je ne sais pas si je pourrai payer mon prochain loyer", affirme-t-il à l'AFP.

Il y a bien un marché pour les oignons en Egypte mais le financement, l'acheminement et les infrastructures agricoles ont changé. En conséquence, les petits exploitants ne s'y retrouvent plus.

S'ils n'occupent que 35% de la surface agricole, les propriétaires fermiers de moins d'un hectare produisent près de la moitié des récoltes en Egypte, selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

«Devoir national»

Ces petites fermes, concentrées dans le delta du Nil dans le nord, sont même les "principaux producteurs" de la consommation domestique car les grandes exploitations se concentrent sur l'exportation.

Selon le sociologue spécialiste de la ruralité Saker al-Nour, ils assurent quasiment à eux seuls la production alimentaire en Egypte.

Pour le pain par exemple, 60% du blé consommé en Egypte est importé, quasiment intégralement de Russie et d'Ukraine, deux marchés sévèrement affectés par la guerre. Mais pour le reste, il y a les petits producteurs locaux.

"Sans les 40% de blé produits localement", les conséquence de l'invasion russe de l'Ukraine "auraient été bien pires", affirme à l'AFP M. Nour.

En mars, l'Egypte a décrété la livraison des récoltes locales "devoir national". En juin, elles dépassaient 3,5 millions de tonnes, selon le ministère de l'Approvisionnement, soit plus de la moitié des objectifs de la saison --qui se finit en août-- et l'équivalent de l'ensemble de la saison 2021.

Longtemps, sous le régime socialiste de Gamal Abdel Nasser, les livraisons obligatoires à l'Etat ont été un pilier de l'économie nationale.

Dans les années 1990, les réformes d'ajustement structurel de l'ouverture capitaliste les ont balayées. A chaque crise toutefois, l'Etat y revient.

"Mais sans les coups de pouce qui allaient avec", note M. Nour: finis les semis subventionnés, pesticides et autres engrais à prix cassés.

En plus, avec la flambée mondiale des cours des céréales après l'offensive russe en Ukraine, l'un des derniers cadeaux de l'Etat s'est envolé. Avant, ce dernier achetait au-dessus du marché pour inciter les exploitants à le préférer aux acheteurs privés mais, aujourd'hui, ces prix gonflés sont encore en-dessous des records historiques actuels.

"Je dois rembourser les vendeurs de pesticides, d'engrais et payer mes dettes, donc si un acheteur propose un prix bas, qu'est-ce que je peux faire?", se lamente M. Aboueldahab.

Startup et changement climatique

Certains tentent de tirer leur épingle du jeu. A force de voir se multiplier les plans de poivrons chez ses voisins et les prix chuter, Mohamed Abdelmoez a ainsi décidé de passer à la culture du piment doux dans sa ferme d'al-Fachen, à 150 km au sud du Caire.

Si beaucoup aux alentours ont jeté l'éponge, lui a trouvé un partenaire inattendu: une startup qui propose une application pour "connecter les petits exploitants à l'écosystème", explique à l'AFP son patron Hussein Aboubakr.

Mozare3, le fermier en arabe, propose aux exploitants de connaître leur acheteur "avant même de commencer à labourer" et les prix de vente "pour les protéger", détaille M. Aboubakr.

"Les petits exploitants n'ont qu'un pouvoir de négociation très limité" et ont besoin d'être "protégés" car "ils n'ont pas de capacité de stockage", explique M. Nour.

Si avant les coopératives étaient fonctionnelles, aujourd'hui Mozare3 est une alternative qui permet aux "petits exploitants de s'organiser et de former un bloc", renchérit M. Aboubakr.

Mais avec 32% des exploitants agricoles analphabètes selon la FAO, des associations villageoises non virtuelles seraient encore plus efficaces, prévient M. Nour.

Et avec le changement climatique dont l'effet se fait sentir chaque saison un peu plus, ces relais seront primordiaux.

Par exemple, assure l'expert, il faudrait un système capable d'informer en avance les fermiers dont les plants dépendent d'événements météorologiques majeurs.

Ces outils existent, dit-il. "Il faut maintenant qu'ils parviennent jusqu'aux petits exploitants".


Cisjordanie: l'armée israélienne dit avoir tué un Palestinien qui lançait un engin explosif

L'armée israélienne a annoncé dimanche avoir tué un Palestinien qui, selon elle, lançait un engin explosif vers ses soldats lors d'un raid mené près de Naplouse, en Cisjordanie occupée, où l'Autorité palestinienne a indiqué qu'un homme de 19 ans avait succombé à des tirs israéliens. (AFP)
L'armée israélienne a annoncé dimanche avoir tué un Palestinien qui, selon elle, lançait un engin explosif vers ses soldats lors d'un raid mené près de Naplouse, en Cisjordanie occupée, où l'Autorité palestinienne a indiqué qu'un homme de 19 ans avait succombé à des tirs israéliens. (AFP)
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  • "Au cours d’une opération (...) dans la région de Naplouse, un terroriste a lancé un engin explosif en direction des forces. Les forces ont riposté par des tirs et ont neutralisé le terroriste"
  • Le  ministère de la Santé palestinien a pour sa part annoncé que dans la nuit, "Hassan Ahmed Jamil Moussa (19 ans) a(vait) été tué par les tirs des forces d'occupation [Israël, NDLR] dans le camp d’Al-Askar", situé à l'est de Naplouse

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé dimanche avoir tué un Palestinien qui, selon elle, lançait un engin explosif vers ses soldats lors d'un raid mené près de Naplouse, en Cisjordanie occupée, où l'Autorité palestinienne a indiqué qu'un homme de 19 ans avait succombé à des tirs israéliens.

"Au cours d’une opération (...) dans la région de Naplouse, un terroriste a lancé un engin explosif en direction des forces. Les forces ont riposté par des tirs et ont neutralisé le terroriste", a indique un communiqué de l'armée israélienne.

Le  ministère de la Santé palestinien a pour sa part annoncé que dans la nuit, "Hassan Ahmed Jamil Moussa (19 ans) a(vait) été tué par les tirs des forces d'occupation [Israël, NDLR] dans le camp d’Al-Askar", situé à l'est de Naplouse.

Le jeune homme a été touché "par les balles des forces d'occupation lors de l'invasion du camp vers minuit la nuit dernière", a déclaré Majed Abu Kishk, le président du comité des services de ce camp de réfugiés.

"Il a été détenu par les forces d’occupation et, lorsqu’il a été remis aux services d'ambulance palestiniens, il était déjà décédé", a-t-il ajouté.

Les violences ont explosé en Cisjordanie depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sud d'Israël. Elles n'ont pas cessé, loin de là, avec la trêve fragile en vigueur à Gaza depuis le 10 octobre.

Au moins 1.006 Palestiniens, combattants et civils, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 43 Israéliens, civils et soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.


La FINUL affirme avoir essuyé des tirs israéliens dans le sud du Liban

Une photographie prise depuis Israël montre une tour de guet de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) du côté libanais de la frontière séparant le nord d'Israël du sud du Liban, le 16 novembre 2025. (AFP)
Une photographie prise depuis Israël montre une tour de guet de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) du côté libanais de la frontière séparant le nord d'Israël du sud du Liban, le 16 novembre 2025. (AFP)
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  • Une source officielle établit un lien entre les tirs et la révélation par la FINUL de la construction par Israël d'un mur à l'intérieur du territoire libanais
  • L'armée libanaise a déclaré dans un communiqué que les violations israéliennes de sa souveraineté provoquaient l'instabilité dans le pays et empêchaient ses propres forces de se déployer dans le sud

BEYROUTH: La force de maintien de la paix de l'ONU au Liban a réitéré son appel à l'armée israélienne pour qu'elle cesse tout acte d'agression ou d'attaque contre ou à proximité de ses soldats.

Ces forces travaillent pour soutenir les efforts de restauration de la stabilité, un objectif qu'Israël et le Liban prétendent poursuivre, a déclaré la force de maintien de la paix.

Cet appel a été lancé après que les forces israéliennes ont tiré dimanche sur des soldats de la FINUL près d'une position occupée par Israël en territoire libanais.

La FINUL a qualifié l'incident de "grave violation de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies".

FAIT RAPIDE
L'armée libanaise a déclaré dans un communiqué que les violations israéliennes de sa souveraineté provoquaient l'instabilité dans le pays et empêchaient ses propres forces de se déployer dans le sud.

La FINUL a confirmé dans un communiqué qu'un char Merkava de l'armée israélienne "a tiré à la mitrailleuse lourde sur des soldats de la paix de la FINUL qui se trouvaient à environ 5 mètres d'une position établie par Israël à l'intérieur du territoire libanais. Les soldats étaient à pied et ont dû se mettre à l'abri dans la zone".

La FINUL a indiqué que "par ses canaux de communication, les soldats de la paix ont demandé à l'armée israélienne de cesser le feu. Ils ont pu partir en toute sécurité après 30 minutes, lorsque le char Merkava s'est retiré vers une position tenue par l'armée israélienne. Heureusement, personne n'a été blessé".

Le porte-parole de l'armée israélienne, Avichai Adraee, a déclaré sur son compte X que deux individus suspects avaient été observés près de Hamamis, dans le sud du Liban.

Il a ajouté que les forces israéliennes avaient procédé à des tirs de sommation pour les dissuader, et que les individus avaient quitté la zone sans être blessés.

Après avoir examiné l'incident, Adraee a déclaré qu'il était clair que les deux individus étaient des soldats de la FINUL qui effectuaient une patrouille dans la région.

Ils ont été identifiés comme suspects en raison des mauvaises conditions météorologiques. L'incident fait actuellement l'objet d'une enquête, a déclaré Israël.

Adraee a également affirmé qu'il n'y avait pas eu de tirs intentionnels contre les soldats de la FINUL, et que la question était traitée par les canaux officiels de coordination militaire.

L'incident au cours duquel des Israéliens ont tiré sur des soldats de la paix s'est produit moins de 48 heures après que la FINUL a révélé un important développement israélien sur le territoire libanais.

Vendredi, la force internationale a confirmé que l'armée israélienne avait construit des murs en territoire libanais, à proximité de la ligne bleue délimitée par les Nations unies.

En octobre, les forces de la FINUL ont inspecté un mur de béton en forme de T construit par l'armée israélienne au sud-ouest de la ville frontalière libanaise de Yaroun.

L'inspection a révélé que le mur s'étendait au-delà de la Ligne bleue, rendant plus de 4 000 mètres carrés de terres libanaises inaccessibles au peuple libanais.

En novembre, les forces de maintien de la paix ont constaté la construction d'autres murs en forme de T dans la région.

L'enquête a indiqué qu'une section du mur au sud-est de Yaroun s'étendait au-delà de la Ligne bleue, ce qui a conduit à des appels au retrait d'Israël.

Le commandement de l'armée libanaise a qualifié les tirs contre les soldats de la paix de "violation de la souveraineté libanaise, qui est condamnée".

Les attaques israéliennes déstabilisent le Liban et entravent le déploiement de l'armée dans le sud.

Le commandement de l'armée libanaise a publié une déclaration dans laquelle il confirme qu'il collabore avec des pays amis pour remédier aux violations persistantes commises par Israël.

Ces actions requièrent une attention immédiate, car elles sont le signe d'une grave escalade.

Une source politique officielle a déclaré à Arab News que l'attaque contre la FINUL était très probablement un message israélien en réponse à la divulgation par la FINUL des activités de l'armée israélienne autour de ses positions au Liban.

L'armée libanaise, déployée au sud du fleuve Litani, n'a pas le contrôle total de l'ensemble de la région frontalière en raison de l'occupation israélienne des points stratégiques de cette zone.

La divulgation par la FINUL des activités israéliennes a suscité le mécontentement d'Israël. Il est possible que l'armée libanaise ait eu connaissance de ces événements et en ait informé la FINUL, qui a ensuite révélé l'information.

La FINUL souligne systématiquement les infractions israéliennes à l'accord de cessez-le-feu dans toutes ses déclarations et lors des réunions de son mécanisme.

Bien qu'Israël nie avoir construit le mur, le président libanais Joseph Aoun a demandé vendredi soir au ministère des affaires étrangères de charger la mission permanente du Liban auprès des Nations unies de déposer une plainte urgente auprès du Conseil de sécurité.

M. Aoun a demandé que la plainte inclue les rapports de l'ONU qui contredisent le démenti d'Israël concernant la construction d'un mur et qui confirment la notification de la FINUL à Israël au sujet de son retrait.

Le Liban affirme que la présence et les activités continues d'Israël sur le territoire libanais violent la résolution 1701 des Nations unies et la souveraineté du pays.


Plus de la moitié de la population soudanaise a besoin d'aide humanitaire (ONG)

Des responsables soudanais inspectent des camions chargés d'aide humanitaire à Port-Soudan lors du lancement d'un convoi humanitaire à destination de la ville d'Al-Dabba, dans le nord du pays. (AFP)
Des responsables soudanais inspectent des camions chargés d'aide humanitaire à Port-Soudan lors du lancement d'un convoi humanitaire à destination de la ville d'Al-Dabba, dans le nord du pays. (AFP)
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  • Plus de 30 millions de Soudanais — la moitié de la population — ont besoin d’aide humanitaire alors que les violences et exactions se multiplient, notamment après la chute d’El-Facher
  • Le DRC dénonce l’inaction internationale face à une crise majeure ayant causé des millions de déplacés et des atrocités documentées à grande échelle

LE CAIRE: La secrétaire générale du Conseil danois pour les réfugiés (DRC), Charlotte Slente, a indiqué après une visite sur le terrain que plus de la moitié de la population soudanaise avait besoin d'aide humanitaire, alors que la guerre opposant l'armée aux paramilitaires fait rage.

"Plus de 30 millions de personnes ont besoin d'aide humanitaire. Cela représente la moitié de la population du Soudan", a déclaré Mme Slente dans un entretien téléphonique cette semaine avec l'AFP, de retour d'un déplacement à la frontière du Tchad avec le Darfour (ouest), une zone qui a vu affluer ces derniers mois des réfugiés soudanais fuyant la guerre.

La population du Soudan était estimée à 50 millions d'habitants en 2024, selon la Banque mondiale.

En s'emparant le 26 octobre de la ville d'El-Facher après 18 mois de siège, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont parachevé leur contrôle sur le Darfour, vaste région en proie à de multiples exactions ces dernières semaines.

Le Soudan est le théâtre de "violations de toutes les lois humanitaires internationales, telles que massacres et violences sexuelles", a alerté Mme Slente.

Le Tchad accueille un million et demi de réfugiés soudanais, dont la plupart vivent dans des camps situés le long de la frontière entre les deux pays.

La directrice de l'ONG a dénoncé une "inaction de la communauté internationale, qui s'est contentée de publier des communiqués". "L'impact des déclarations sur les besoins humanitaires sur le terrain est très limité, et elles n'ont certainement pas réussi à mettre fin à la violence", a-t-elle déploré.

Après la prise d'El-Facher, les combats se sont intensifiés dans la région de Kordofan, à l'est du Darfour, où les informations faisant état d'atrocités contre des civils se multiplient.

"Il semble que ce conflit ne retienne l'attention internationale que maintenant, en raison des atrocités et des effusions de sang massives qui ont eu lieu à El-Facher, à tel point qu'elles sont visibles depuis l'espace" grâce aux images satellites, a déclaré Mme Slente.

Déclenchée en avril 2023, la guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et plongé le pays dans la plus grande crise humanitaire au monde, selon l'ONU.