Riz, pastèques et thé: Au Parlement irakien, les manifestants pro-Sadr prennent leurs quartiers

Sur les avenues de l'ultra-sécurisée Zone verte, le secteur de Bagdad où se trouve le Parlement, les contestataires se prélassent aussi sur les pelouses et se promènent (Photo, AFP).
Sur les avenues de l'ultra-sécurisée Zone verte, le secteur de Bagdad où se trouve le Parlement, les contestataires se prélassent aussi sur les pelouses et se promènent (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 31 juillet 2022

Riz, pastèques et thé: Au Parlement irakien, les manifestants pro-Sadr prennent leurs quartiers

  • Les milliers de manifestants qui ont envahi une nouvelle fois samedi le Parlement n'ont qu'une seule devise: «obéir» aux ordres de Moqtada Sadr
  • Le Courant sadriste a lancé une campagne de pression maximale contre ses adversaires, rejetant leur candidat au poste de chef du gouvernement

BAGDAD: Dans les jardins du Parlement irakien, on fait chauffer du thé sur un feu de bois et on distribue des pastèques. Sur la pelouse, Oum Mahdi participe au sit-in avec ses quatre enfants, bien déterminée à rester autant que le voudra Moqtada Sadr.

Les milliers de manifestants qui ont envahi une nouvelle fois samedi le Parlement n'ont qu'une seule devise: "obéir" aux ordres de l'influent leader politique chiite.

Le Courant sadriste a lancé une campagne de pression maximale contre ses adversaires, rejetant leur candidat au poste de chef du gouvernement.

Ses partisans qui manifestent samedi et s'apprêtent à passer leur première nuit au Parlement rêvent de justice sociale, dénoncent la corruption endémique et le manque de services publics d'un Etat en déliquescence – pourtant riche en pétrole.

C'est Moqtada Sadr qui décide. Quand il nous dira de rentrer, nous partirons", martèle Oum Mahdi, enveloppée dans un voile noir traditionnel, tombant de la tête aux pieds.

Elle est accompagnée de ses trois cousines et porte encore dans ses bras son nouveau-né, tandis qu'à ses côtés se tient son aîné d'à peine neuf ans.

"Obéir au Sayyed c'est ce qu'il y a de plus important", insiste-t-elle en référence à Moqtada Sadr, utilisant son titre de descendant du prophète.

A l'entrée du Parlement, des manifestants plantent une tente camouflage, près de piles de cartons d'eau. Sous le regard des forces de sécurité, qui laissent faire, selon une journaliste de l'AFP.

En soirée, des petites camionnettes et des pick-ups arrivent par dizaines, transportant des bouteilles d'eau gardées au frais dans des bacs de glace, et des pastèques.

On distribue des repas chauds, du riz et du poulet.

Un peu plus loin, contre un trottoir, un contestataire accroupi a allumé un modeste feu de bois pour faire chauffer une théière. Un jeune homme à la silhouette élancée vend des paquets de cigarette.

«Quitter maison et famille»

Les manifestants rejettent la candidature au poste de Premier ministre de Mohamed Chia al-Soudani.

Ancien ministre et ex-gouverneur de province âgé de 52 ans, M. Soudani est le candidat du "Cadre de coordination", alliance de factions chiites pro-Iran regroupant la formation de l'ex-Premier ministre Nouri al-Maliki et les représentants du Hachd al-Chaabi, ex-paramilitaires intégrés aux forces régulières.

Zeinab Hussein dit avoir "quitté maison et famille" pour participer au sit-in.

Elle égrène sa liste de doléances, les mêmes répétées en boucle par la majorité des 42 millions d'Irakiens dans un pays à la dérive: "l'eau, l'électricité, les écoles, les hôpitaux".

"Pourquoi il n'y a pas d'électricité en Irak", s'emporte-t-elle. "Où vont les bienfaits du pétrole?"

«Corruption»

Affalés dans les fauteuils de l'hémicycle, allongés sur la moquette des couloirs, adossés contre les colonnes, les manifestants tuent le temps en surfant sur leur portable.

Sur les avenues de l'ultra-sécurisée Zone verte, le secteur de Bagdad où se trouve le Parlement, les contestataires se prélassent aussi sur les pelouses et se promènent.

Qu'importe si des responsables fidèles à Moqtada Sadr occupent également les plus hauts échelons dans les ministères. Ses partisans le voient en figure d'opposition et héraut de la lutte contre la corruption, fustigeant les autres partis qui se partagent le pouvoir en Irak depuis 2003 et la chute de Saddam Hussein.

"La corruption gangrène toutes les administrations publiques", déplore Sayed Haidar, un travailleur journalier de 35 ans, habitant du quartier populaire de Sadr City.

"Un pauvre ne peut rien demander à l'Etat ou à un ministère, s'il n'est pas lié à un parti politique", déplore-t-il.

Lui aussi voue une "obéissance" aveugle à Moqtada Sadr et participera au sit-in "selon ses instructions. S'il nous dit de partir, nous partirons, s'il nous dit de revenir à minuit, nous reviendrions".

Et de justifier: "C'est le seul en Irak qui défend les pauvres".


Israël: des élus favorables à une loi instaurant la peine de mort pour les «terroristes»

 La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
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  • Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative
  • La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture

JERUSALEM: La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir.

La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture.

Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative.

Dans une note explicative de la commission, il est indiqué que "son objectif est de couper le terrorisme à sa racine et de créer une forte dissuasion".

Le texte propose qu'un "terroriste reconnu coupable de meurtre motivé par le racisme ou la haine (...) soit condamné à la peine de mort - de manière obligatoire", ajoutant que cette peine serait "non optionnelle".

La proposition de loi a été présentée par une élue du parti Otzma Yehudit (Force Juive) d'Itamar Ben Gvir.

Ce dernier a menacé de cesser de voter avec la coalition de droite de Benjamin Netanyahu si ce projet de loi n'était pas soumis à un vote parlementaire d'ici le 9 novembre.

"Tout terroriste qui se prépare à commettre un meurtre doit savoir qu'il n'y a qu'une seule punition: la peine de mort", a dit le ministre lundi dans un communiqué.

M. Ben Gvir avait publié vendredi une vidéo de lui-même debout devant une rangée de prisonniers palestiniens allongés face contre terre, les mains attachées dans le dos, dans laquelle il a appelé à la peine de mort.

Dans un communiqué, le Hamas a réagi lundi soir en affirmant que l'initiative de la commission "incarne le visage fasciste hideux de l'occupation sioniste illégitime et constitue une violation flagrante du droit international".

"Nous appelons les Nations unies, la communauté internationale et les organisations pertinentes des droits de l'Homme et humanitaires à prendre des mesures immédiates pour arrêter ce crime brutal", a ajouté le mouvement islamiste palestinien.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères et des expatriés, basé à Ramallah, a également dénoncé cette décision, la qualifiant de "nouvelle forme d'extrémisme israélien croissant et de criminalité contre le peuple palestinien".

"C'est une étape dangereuse visant à poursuivre le génocide et le nettoyage ethnique sous le couvert de la légitimité", a ajouté le ministère.


Frappes israéliennes sur le sud du Liban: deux morts 

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
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  • Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé
  • Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani

BEYROUTH: Des frappes israéliennes sur le sud du Liban ont tué lundi deux personnes et blessé sept autres, a indiqué le ministère libanais de la Santé, au lendemain de la menace d'Israël d'intensifier ses attaques contre le Hezbollah pro-iranien.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions du Hezbollah. Et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé dimanche le Hezbollah de tenter de se "réarmer".

Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé.

Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani.

Sur place, un photographe de l'AFP a vu des pompiers tenter d'éteindre l'incendie de la voiture visée qui s'est propagé à d'autres véhicules à proximité. Des ouvriers ramassaient les bris de verre des devantures de commerces endommagées, a-t-il également constaté.

Une autre frappe sur un village de la région de Bint Jbeil a fait un mort, selon le ministère de la Santé.

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah.

Des centaines de personnes ont participé à leurs funérailles dimanche dans la ville de Nabatiyé, scandant "Mort à Israël".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth, mais il demeure financièrement résilient et armé.

Les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, ce que le Hezbollah refuse.

"Nous attendons du gouvernement libanais qu'il fasse ce qu'il s'est engagé à faire, c'est-à-dire désarmer le Hezbollah, mais il est clair que nous exercerons notre droit à l'autodéfense comme convenu dans les termes du cessez-le-feu", avait averti le Premier ministre israélien dimanche.


La Turquie mobilise ses partenaires musulmans autour de Gaza

La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
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  • Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël
  • "Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens

ISTANBUL: La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien.

Les ministres de ces sept pays (Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Jordanie, Pakistan et Indonésie), tous membres de l'organisation de la coopération islamique (OCI), avaient été reçus par Donald Trump fin septembre à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avant la présentation du plan de paix américain six jours plus tard.

Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, alors que "le Hamas semble déterminé" à respecter l'accord, estime-t-il.

"Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens.

En amont de cette réunion, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a reçu samedi une délégation du bureau politique du Hamas emmenée par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du mouvement islamiste palestinien.

Selon des responsables du ministère des Affaires étrangères, M. Fidan doit appeler à la mise en place de mécanismes permettant aux Palestiniens d'assurer la sécurité et la gouvernance de Gaza.

"Agir avec prudence" 

"Nous devons mettre fin au massacre à Gaza. Un cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas", a insisté M. Fidan lors d'un forum à Istanbul.

"Nous devons reconnaître que Gaza doit être gouvernée par les Palestiniens et agir avec prudence", a encore souligné le ministre turc, plaidant de nouveau pour une solution à deux Etats.

Le chef de la diplomatie turque accuse Israël de chercher des prétextes pour rompre le cessez-le-feu.

Mais les efforts d'Ankara, qui multiplie les contacts diplomatiques avec les pays de la région et cherche à infléchir la position pro-israélienne des Etats-Unis, sont vus d'un mauvais œil par Israël qui juge Ankara trop proche du Hamas.

Les dirigeants israéliens ont exprimé à plusieurs reprises leur refus de voir la Turquie participer à la force internationale de stabilisation à Gaza.

En vertu du plan de Donald Trump, sur lequel est basé l'accord de cessez-le-feu, cette force de stabilisation, formée principalement de troupes de pays arabes et musulmans, doit se déployer à Gaza à mesure que l'armée israélienne s'en retirera.

Seuls des pays jugés "impartiaux" pourront rejoindre cette force, a cependant prévenu le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.

Autre signe de la méfiance du gouvernement israélien : une équipe de secouristes turcs dépêchée pour participer à la recherche de corps, y compris israéliens, dans les ruines de Gaza, attendait toujours en fin de semaine dernière le feu vert israélien pour entrer dans le territoire palestinien, selon Ankara.