Tempête politique aux Etats-Unis après la perquisition du domicile de Trump

L'ancien président américain Donald Trump (Photo, AFP).
L'ancien président américain Donald Trump (Photo, AFP).
Le domaine Mar-a-Lago de l'ancien président Donald Trump, à Palm Beach, en Floride (Photo, AP).
Le domaine Mar-a-Lago de l'ancien président Donald Trump, à Palm Beach, en Floride (Photo, AP).
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Publié le Mercredi 10 août 2022

Tempête politique aux Etats-Unis après la perquisition du domicile de Trump

  • Jamais un ancien locataire de la Maison Blanche n'avait été inquiété par la justice de cette façon
  • Donald Trump, qui clame son innocence dans chacune de ces affaires et prétend faire l'objet d'une chasse aux sorcières, a vivement dénoncé la perquisition de la police fédérale

WASHINGTON : Une première étape vers un procès pour les uns, "une persécution politique" pour les autres: la perquisition spectaculaire du domicile de Donald Trump par le FBI jetait mardi une nouvelle lumière sur les profondes fractures de l'Amérique, à l'heure où l'ancien président flirte ostensiblement avec une nouvelle candidature.

Jamais un ancien locataire de la Maison Blanche n'avait été inquiété par la justice de cette façon.

Donald Trump, qui clame son innocence dans chacune de ces affaires et prétend faire l'objet d'une chasse aux sorcières, a vivement dénoncé la perquisition de la police fédérale, à laquelle il n'a pas assisté, dans un communiqué.

"Notre nation vit des jours sombres", a-t-il fustigé, assurant que "cette perquisition non annoncée de mon domicile n'était ni nécessaire ni appropriée".

"Personne n'est au-dessus des lois (...) pas même un ancien président", a rétorqué mardi sur NBC la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi -- qui, comme la plupart des autres ténors de son camp, appelle depuis des années à ce que l'ex-magnat de l'immobilier rende des comptes.

Les enquêtes autour de Donald Trump

Les archives de la Maison Blanche

La perquisition menée lundi par la police fédérale pourrait être, selon des médias américains, liée à la question de l'archivage par Donald Trump des documents liés à sa présidence.

La loi l'oblige à transmettre l'ensemble de ses e-mails, lettres et autres documents de travail aux Archives nationales américaines, or, il avait emporté, lors de son départ de la Maison Blanche, quinze cartons de documents, que des agents des Archives avaient dû récupérer en janvier, déjà à Mar-a-Lago.

L'enquête parlementaire sur l'assaut du Capitole

La commission d'enquête parlementaire sur l'assaut du Capitole a récemment montré l'étendue des pressions que Donald Trump a exercées sur des responsables électoraux après la présidentielle de 2020 remportée par Joe Biden.

Les membres de cette commission ont estimé que l'ancien président avait, a minima, "failli à son devoir de commandant en chef". Chaque responsable des événements du 6 janvier 2021 devra "répondre de (ses) actes devant la justice", avait ajouté son président démocrate, l'élu Bennie Thompson.

 L'élection 2020 en Géorgie

En outre, une procureure de Géorgie a annoncé en février 2021 l'ouverture d'une enquête sur "les tentatives d'influencer les opérations électorales" de cet État du Sud des États-Unis, plutôt conservateur, mais remporté par Joe Biden. Les investigations se poursuivent en 2022.

Dans un appel téléphonique dont l'enregistrement avait ensuite été rendu public, Donald Trump avait demandé à Brad Raffensperger, un haut responsable de Géorgie, de "trouver" près de 12.000 bulletins de vote à son nom, de quoi rattraper son retard dans cet État.

Ses affaires financières à New York

Le procureur de Manhattan enquête, dans un dossier pénal, sur des soupçons d'évaluation frauduleuse d'actifs au sein de la Trump Organization -- qui regroupe clubs de golf, hôtels de luxe et autres propriétés du magnat de l'immobilier -- pour obtenir des prêts plus avantageux auprès des banques, ou pour réduire ses impôts.

Cette escalade judiciaire semble avoir dans le même temps cimenté l'emprise de Donald Trump sur le parti républicain, qui a fait bloc autour de l'ancien homme d'affaires -- au point de l'ériger en martyr.

«Guerre civile»

Dès l'annonce de la perquisition, un groupe de partisans de Donald Trump s'est rendu devant la luxueuse résidence de l'ancien homme d'affaires pour crier leur colère.

Plusieurs d'entre eux agitaient des drapeaux "Biden n'est pas mon président", énième rappel que plus d'un an et demi après la défaite de Donald Trump à l'élection, des dizaines de millions d'Américains restent fermement convaincus que la présidentielle de 2020 lui a été "volée".

Sur les réseaux sociaux, certains trumpistes appelaient purement et simplement mardi au "divorce", dans ce pays aux divisions si béantes qu'elles peuvent sembler irréconciliables.

"Voilà le genre de choses qui se produisent dans des pays en guerre civile", a tancé Marjorie Taylor Greene, élue de Géorgie connue pour ses outrances, appelant même à un démantèlement du FBI. "La persécution politique DOIT CESSER!!!"

Tremplin pour 2024?

Dénonçant une "intolérable instrumentalisation à but politique" du ministère de la Justice, le chef des conservateurs à la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, a promis une enquête sur son fonctionnement quand les républicains reviendraient au pouvoir.

Son camp pourrait reprendre le contrôle du Congrès lors des élections législatives de novembre, qui s'annoncent périlleuses pour le camp de Joe Biden.

Sur la chaîne préférée des conservateurs, Fox News, les bandeaux étaient eux aussi très critiques concernant la perquisition: "Les tactiques de plus en plus radicales du ministère de la Justice sont un danger pour la république", "Le FBI de Biden saccage le domicile d'un de ses adversaires potentiels pour l'élection de 2024", était-il écrit.

Donald Trump, qui dispose déjà d'un trésor de guerre de plus de 100 millions de dollars (un montant sans précédent pour un ancien président) et pourrait à tout moment se déclarer candidat à un nouveau mandat, a sauté sur l'occasion pour lancer un appel à la générosité de ses partisans.

"Ce n'est pas juste ma maison qui a été attaquée - c'est le domicile de chacun des Américains patriotes pour lequel je me suis battu", a-t-il plaidé dans un e-mail à ses militants, leur suggérant un don de 5 à 5 000 dollars pour combattre une "chasse aux sorcières".


Israël est un «ami» de l'Espagne, assure Sánchez tout en restant sur sa ligne

Les prises de positions de Pedro Sánchez, qui juge que la reconnaissance de l'Etat palestinien est dans "l'intérêt de l'Europe", suscitent des tensions depuis plusieurs jours avec le gouvernement Netanyahou (Photo d'illustration, AFP).
Les prises de positions de Pedro Sánchez, qui juge que la reconnaissance de l'Etat palestinien est dans "l'intérêt de l'Europe", suscitent des tensions depuis plusieurs jours avec le gouvernement Netanyahou (Photo d'illustration, AFP).
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  • Israël a annoncé jeudi rappeler «pour consultations» son ambassadrice en Espagne après des propos jugés "scandaleux" du Premier ministre espagnol
  • L'Espagnol est l'une des voix les plus critiques au sein de l'UE vis-à-vis d'Israël

MADRID: Pedro Sánchez a assuré vendredi qu'Israël était "un ami de l'Espagne", au lendemain du rappel par l'Etat hébreu de son ambassadrice dans le pays après des propos jugés "scandaleux" du Premier ministre espagnol sur les opérations militaires israéliennes à Gaza.

L'Espagnol, l'une des voix les plus critiques au sein de l'UE vis-à-vis d'Israël, a toutefois maintenu son positionnement sur le conflit entre l'Etat hébreu et le Hamas qui provoque depuis plusieurs jours des tensions entre Madrid et le gouvernement de Benjamin Netanyahou.

Dans un message publié sur X (ex-Twitter), M. Sánchez indique avoir "répété qu'Israël est un allié, un ami de l'Espagne", lors d'une conversation téléphonique avec l'ex-ministre israélien de la Défense et actuel membre du cabinet de guerre, Benny Gantz.

"Une fois de plus, j'ai condamné les attentats terroristes du Hamas du 7 octobre", a poursuivi le Premier ministre espagnol, selon lequel "Israël a le droit de se défendre".

"Mais j'ai réaffirmé que l'Espagne jugeait insupportable la mort de civils à Gaza et qu'Israël devait respecter le droit international humanitaire", a-t-il conclu.

Israël a annoncé jeudi rappeler "pour consultations" son ambassadrice en Espagne après des propos jugés "scandaleux" du Premier ministre espagnol.

Ce dernier avait indiqué, à la télévision publique espagnole, avoir de "sérieux doutes" sur le respect par Israël du droit international, vu "le nombre croissant de personnes qui meurent, surtout de jeunes garçons et filles" à Gaza.

Les prises de positions de Pedro Sánchez, qui juge que la reconnaissance de l'Etat palestinien est dans "l'intérêt de l'Europe", suscitent des tensions depuis plusieurs jours avec le gouvernement Netanyahou qui l'a accusé de "soutenir le terrorisme".

La guerre entre Israël et le Hamas a été déclenchée par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre sur le sol israélien. Selon Israël, 1.200 personnes, en majorité des civils, ont été tuées lors de cette attaque.

En représailles, Israël, qui a juré d'"anéantir" le Hamas, a bombardé sans relâche la bande de Gaza, où son armée est entrée, avant le début d'une trêve le 24 novembre, qui a pris fin vendredi matin. Selon le gouvernement du Hamas, plus de 15.000 personnes ont été tuées dans la bande de Gaza, parmi lesquelles 6.150 âgées de moins de 18 ans.


Trump peut être tenu responsable au civil pour l'assaut du Capitole, selon la justice américaine

Les plaignants au civil contre Donald Trump s'appuient selon le Washington Post sur une loi vieille de 150 ans qui interdit le recours à la force (Photo, AFP).
Les plaignants au civil contre Donald Trump s'appuient selon le Washington Post sur une loi vieille de 150 ans qui interdit le recours à la force (Photo, AFP).
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  • Donald Trump peut être tenu responsable, au civil, pour l'assaut mené par ses partisans contre le Capitole à Washington le 6 janvier 2021
  • Les plaignants au civil contre Donald Trump s'appuient selon le Washington Post sur une loi vieille de 150 ans qui interdit le recours à la force

WASHINGTON: L'ancien président américain Donald Trump peut être tenu responsable, au civil, pour l'assaut mené par ses partisans contre le Capitole à Washington le 6 janvier 2021, a décidé la justice fédérale.

Cette décision d'une cour d'appel à Washington a été rendue publique vendredi -- confirmant une information du Washington Post -- suite aux plaintes au civil en 2021 de deux policiers du Capitole, siège du Congrès, et d'une dizaine de parlementaires du Parti Démocrate.

Ce long arrêt de la justice fédérale est lui-même susceptible d'appel.

Le 6 janvier 2021 dans la capitale américaine, Donald Trump, battu à l'élection de novembre 2020 par le démocrate Joe Biden, avait tenu un discours enflammé devant ses partisans, les appelants à se « battre comme des diables » contre les résultats que les élus du Congrès devaient certifier ce jour-là.

Deux semaines avant l'investiture du président élu Biden, le 20 janvier 2021, des milliers de soutiens du président républicain avaient semé le chaos et la violence dans le Capitole.

Plus de 1.000 personnes ont depuis été arrêtées et quelque 350 d'entre elles ont été inculpées d'agression contre des agents de police ou refusé d'obtempérer lors de leur arrestation. Certains membres de milices d'extrême droite ont même été condamnés pour sédition.

Les plaignants au civil contre Donald Trump s'appuient selon le Washington Post sur une loi vieille de 150 ans qui interdit le recours à la force, aux menaces et aux intimidations pour empêcher un élu ou un fonctionnaire de remplir sa charge.

Les plaignants sont en droit de demander au milliardaire républicain des réparations pour les dommages causés le 6 janvier 2021, selon la cour d'appel du district de Columbia de Washington.

L'ancien locataire de la Maison Blanche, qui rêve d'y retourner en janvier 2025 mais qui fait face à plusieurs procédures judiciaires, assure depuis deux ans que l'élection de Joe Biden a été "pipée et volée", dénonce une "chasse". aux sorcières" et une "utilisation politique" de la justice contre lui.

Donald Trump, qui était encore président des Etats-Unis le 6 janvier 2021, a rencontré en avant son « immunité » présidentielle de l'époque.

La cour "rejette" et "répond non, au moins à ce stade de la procédure".

"Lorsqu'un président en fonction opte pour un second mandat, sa campagne pour être réélu n'est pas un geste présidentiel officiel", selon la justice.

En juillet, M. Trump avait révélé que le procureur spécial de la justice fédérale Jack Smith le visitait personnellement dans son enquête au pénal le 6 janvier.


Frontière polonaise bloquée: Pour Kiev, «la situation est catastrophique»

"La situation est catastrophique" à la frontière entre l'Ukraine et la Pologne bloquée par les routiers polonais (Photo d'illustration, AFP).
"La situation est catastrophique" à la frontière entre l'Ukraine et la Pologne bloquée par les routiers polonais (Photo d'illustration, AFP).
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  • Les gardes-frontières ukrainiens ont fait état vendredi de quelque 2100 camions bloqués du côté polonais de la frontière
  • Elles disent notamment avoir vu leurs revenus chuter et en imputent la responsabilité à l'abandon d'un système de permis

KIEV: "La situation est catastrophique" à la frontière entre l'Ukraine et la Pologne bloquée par les routiers polonais, où des milliers de camions sont coincés, a déclaré vendredi le commissaire ukrainien chargé des droits de l'Homme.

"La situation est catastrophique. Les chauffeurs ukrainiens sont dans une situation tellement désastreuse qu'ils prévoient d'entamer une grève de la faim si les choses ne s'améliorent pas!", a déclaré Dmytro Loubinets sur Telegram.

Les gardes-frontières ukrainiens ont fait état vendredi de quelque 2.100 camions bloqués du côté polonais de la frontière.

Des entreprises routières polonaises bloquent depuis début novembre plusieurs points de passage, dénonçant ce qu'ils considèrent comme la "concurrence déloyale" de leur voisin.

Elles disent notamment avoir vu leurs revenus chuter et en imputent la responsabilité à l'abandon d'un système de permis qui régissait l'entrée des compagnies de transport ukrainiennes dans l'UE.

Moins de trois semaines après le début du blocage, les pertes économiques ukrainiennes ont été estimées à "plus de 400 millions d'euros" par la fédération des employeurs ukrainiens, qui réunit environ 8.000 entreprises.

Le commissaire ukrainien aux droits humains Dmytro Loubinets a indiqué avoir contacté son homologue polonais, Marcin Wiacek, mais n'avoir pas encore reçu de réponse.

Selon M. Loubinets, les autorités de Kiev préparent "l'évacuation" de chauffeurs ukrainiens bloqués en Pologne et prévoient de leur fournir de la nourriture, de l'eau, des médicaments et du carburant. Il n'a pas donné de détails sur la façon dont seraient menées ces évacuations.

Par ailleurs, les routiers slovaques, eux aussi, ont commencé vendredi à bloquer un poste frontière avec l'Ukraine pour protester contre ce qu'ils considèrent comme une concurrence déloyale de la part de leurs homologues ukrainiens.

Une situation précaire pour l'Ukraine, qui compte beaucoup sur la route pour exporter ses productions et se ravitailler, car le transport maritime, notamment en mer Noire, a été entravé par l'invasion russe lancée depuis bientôt deux ans.

Au moins deux cycles de négociations entre Kiev, Varsovie et les camionneurs ont échoué.

Varsovie a déclaré cette semaine qu'elle procéderait à des "contrôles renforcés" des camions ukrainiens sur les routes menant à la frontière, afin d'apaiser les protestations des transporteurs.

Le co-organisateur des protestations polonaises, Rafal Mekler, est chef d'un mouvement d'extrême droite.

La Pologne a accueilli plus d'un million de réfugiés ukrainiens depuis la guerre avec la Russie. Mais les relations avec l'Ukraine se sont crispées lors des élections législatives polonaises de cet automne, lorsque le parti au pouvoir a multiplié les discours nationalistes et les prises de bec avec Kiev.