Taïwan: la Chine promet la tolérance zéro pour les «séparatistes»

Un avant-poste militaire taïwanais sur l'îlot Shihyu est vu au-delà de pointes anti-atterrissage placées le long de la côte de l'îlot Lieyu sur les îles Kinmen de Taiwan, à 3,2 km de la côte de la Chine continentale, le 10 août 2022. (AFP).
Un avant-poste militaire taïwanais sur l'îlot Shihyu est vu au-delà de pointes anti-atterrissage placées le long de la côte de l'îlot Lieyu sur les îles Kinmen de Taiwan, à 3,2 km de la côte de la Chine continentale, le 10 août 2022. (AFP).
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Publié le Mercredi 10 août 2022

Taïwan: la Chine promet la tolérance zéro pour les «séparatistes»

  • Le Bureau des affaires de Taïwan, un organisme du gouvernement chinois, a publié mercredi un «livre blanc» détaillant la manière dont Pékin envisage de reprendre l'île, notamment via des incitations économiques
  • La Chine estime que Taïwan, peuplée d'environ 23 millions d'habitants, est l'une de ses provinces

PÉKIN : La Chine a promis mercredi de ne laisser "aucune marge de manoeuvre" aux partisans d'une indépendance de Taïwan, soulignant que "l'usage de la force" pour reconquérir l'île restait sur la table "en dernier recours".

Ce nouvel avertissement intervient après de vastes exercices militaires chinois effectués ces derniers jours autour de l'île, en réplique à la visite à Taipei de la numéro trois américaine Nancy Pelosi.

Le séjour de la présidente de la Chambre des représentants a été perçu par Pékin comme une provocation, les États-Unis s'étant engagés à n'avoir aucune relation officielle avec le territoire insulaire revendiqué par la Chine.

Le Bureau des affaires de Taïwan, un organisme du gouvernement chinois, a publié mercredi un "livre blanc" détaillant la manière dont Pékin envisage de reprendre l'île, notamment via des incitations économiques.

"Nous sommes disposés à créer un vaste espace (de coopération) afin de parvenir à une réunification pacifique", indique le document.

"Mais nous ne laisserons aucune marge de manoeuvre aux actions séparatistes ayant pour objectif une pseudo-indépendance de Taïwan."

La Chine estime que Taïwan, peuplée d'environ 23 millions d'habitants, est l'une de ses provinces, qu'elle n'a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise (1949).

En sept décennies, l'armée communiste n'a jamais pu conquérir l'île, laquelle est restée sous le contrôle de la République de Chine - le régime qui gouvernait jadis la Chine continentale et ne gouverne plus aujourd'hui que Taïwan.

«Lignes rouges»

"Nous ne promettons pas de renoncer à l'usage de la force", souligne le livre blanc de Pékin, le premier sur ce thème depuis 2000, avant de nuancer son propos.

"La force serait utilisée en dernier recours, en cas de circonstances impérieuses. Nous serions contraints de prendre des mesures drastiques face aux provocations des séparatistes ou de forces extérieures, si ceux-ci venaient à franchir nos lignes rouges."

Le livre blanc fait également miroiter la prospérité économique après la "réunification".

La Chine propose ainsi de renforcer les liens culturels, en matière de sécurité sociale, de santé ou encore d'encourager une meilleure "intégration" économique.

"Avec une patrie forte sur laquelle s'appuyer, les compatriotes taïwanais seront plus forts, plus confiants, plus en sécurité et davantage respectés sur la scène internationale", promet le texte.

Certains jeunes Taïwanais, notamment ces dernières années, commencent à développer une identité différente de celle de la Chine continentale.

Un phénomène encouragé par le Parti démocratique progressiste (PDP, pro-indépendance) de la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen, arrivée au pouvoir en 2016.

Contrairement au gouvernement précédent, Mme Tsai refuse de considérer que Taïwan et la Chine continentale font partie d'une "Chine unique". Une position qui a fortement dégradé les relations avec Pékin.

Malgré les tensions actuelles, un homme politique taïwanais d'opposition, Andrew Hsia Li-yan, s'est rendu mercredi en Chine continentale où, à l'issue d'une quarantaine, il devrait rencontrer des entrepreneurs et étudiants de l'île.

Haut diplomate, ex-patron de l'organisme taïwanais chargé des questions relatives à la Chine continentale, M. Hsia est vice-président du Kuomintang (KMT), l'autre grand parti taïwanais, qui est anti-indépendance et partisan de relations pragmatiques avec Pékin.

Visite polémique

"Non seulement le moment est mal choisi" mais "en plus c'est une offense faite à notre armée qui ne ménage pas ses efforts afin de protéger notre pays", a dénoncé mercredi le parti présidentiel taïwanais.

Cette visite "envoie un mauvais message à la communauté internationale", a de son côté dénoncé Tsai Ing-wen devant des membres de son parti.

La Chine considère comme "séparatiste" le parti de la présidente taïwanaise, mais également toute personne militant publiquement pour l'indépendance ou pour la dilution de l'identité chinoise des Taïwanais.

L'armée chinoise a conduit ces derniers jours ses plus importants exercices militaires jamais organisés autour de Taïwan. Ils devaient se terminer dimanche, mais se sont poursuivis cette semaine.

L'armée a finalement annoncé mercredi que "l'ensemble des tâches ont été menées à bien", signalant leur conclusion.

Taïwan avait mené ses propres exercices mardi, pour s'entraîner à répliquer à une attaque chinoise.

"Tsai Ing-wen et le PDP (...) poussent Taïwan vers les abîmes du désastre. Ils finiront cloués au pilori de l'histoire!", a fustigé mercredi dans un communiqué Tan Kefei, un porte-parole du ministère chinois de la Défense.

"Les relations (Pékin-Taïwan) sont à nouveau confrontées à deux options pour l'avenir. Aux autorités taïwanaises de faire le bon choix quant à la direction à prendre."

Taïwan: l'ambassadeur chinois à Londres convoqué

L'ambassadeur de Chine au Royaume-Uni a été convoqué au ministère des Affaires étrangères au sujet de "l'escalade agressive et de grande envergure" de Pékin contre Taïwan, a indiqué mercredi la diplomatie britannique.

La cheffe de la diplomatie britannique Liz Truss a déclaré que l'ambassadeur Zheng Zeguang avait été prié d'expliquer les vastes exercices militaires chinois effectués ces derniers jours autour de l'île, en réplique à la visite à Taipei de la numéro trois américaine Nancy Pelosi.

"J'ai demandé à des responsables de convoquer l'ambassadeur de Chine pour qu'il explique les actions de son pays", a déclaré Mme Truss, également favorite pour succéder en septembre au Premier ministre démissionnaire Boris Johnson, dans un communiqué.

"Nous avons vu un comportement et une rhétorique de plus en plus agressifs de la part de Pékin ces derniers mois, qui menacent la paix et la stabilité dans la région", a-t-elle ajouté.

"Le Royaume-Uni exhorte la Chine à résoudre tout différend par des moyens pacifiques, sans menace ni recours à la force ou à la coercition", a plaidé la cheffe de la diplomatie.

Le séjour de la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi a été perçu par Pékin comme une provocation, les États-Unis s'étant engagés à n'avoir aucune relation officielle avec le territoire insulaire revendiqué par la Chine.

L'armée communiste de Pékin a conduit ces derniers jours ses plus importants exercices militaires jamais organisés autour de Taïwan. Elle s'est notamment entraînée à un blocus de l'île avec avions, navires et tirs de missiles balistiques.


L'UE promet 88 millions d'euros en faveur de l'Autorité palestinienne

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  • "Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica
  • Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël

BRUXELLES: Les pays de l'Union européenne vont verser quelque 88 millions d'euros pour aider l'Autorité palestinienne, pressée de se réformer par les Européens, soucieux de son rôle futur dans le cadre du plan Trump pour la région.

"Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica, à l'issue d'une conférence des donateurs à Bruxelles.

Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël.

"Aujourd'hui, nous avons présenté les progrès réalisés dans le cadre de notre programme de réforme nationale, qui est mis en œuvre, pas seulement promis, mais mis en œuvre et en avance sur le calendrier, ce qui a été reconnu par nos partenaires", a indiqué de son côté le Premier ministre palestinien Mohammed Mustafa.

Et cela "en dépit d'un environnement défavorable", a-t-il ajouté, accusant Israël de chercher "à affaiblir l'Autorité palestinienne ainsi que sa capacité à fonctionner".

Mme Suica a réitéré sur ce point les appels lancés par l'Union européenne pour qu'Israël accepte de libérer les recettes fiscales dues à l'Autorité palestinienne, indispensables à son fonctionnement.

"Cela a été dit par tous les participants", a-t-elle assuré.

Concernant Gaza, M. Mustafa a assuré que l'Autorité palestinienne avait un plan, soutenu par les pays arabes pour sa reconstruction. "Nous gouvernerons, nous réformerons et nous dirigerons la reconstruction de Gaza", a-t-il assuré.

L'Union européenne est le principal soutien financier de l'Autorité palestinienne. Elle conditionne toutefois le versement futur de cette aide à des réformes, qu'elle juge indispensables pour que cette Autorité soit en mesure de jouer pleinement son rôle dans le cadre de la solution à deux États, israélien et palestinien, que les Européens défendent depuis des années.

"Tout notre soutien à l'Autorité palestinienne est lié aux efforts pour poursuivre l'agenda des réformes", a rappelé Mme Suica.


Zelensky va rencontrer des responsables du Pentagone sur fond d'initiative américaine pour régler le conflit

 Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
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  • Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine
  • Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin

KIEV: Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin.

Cette réunion intervient au retour d'une visite infructueuse mercredi en Turquie du président ukrainien, qui espérait que Washington s'investisse à nouveau dans les négociations de paix. Mais l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, ne s'est pas déplacé.

Elle intervient également au lendemain d'une frappe russe ayant tué au moins 26 personnes dans une ville de l'ouest de l'Ukraine, l'une des attaques les plus meurtrières de Moscou sur son voisin ukrainien cette année.

La délégation du Pentagone, conduite par le secrétaire à l'Armée américaine, Daniel Driscoll, a rencontré mercredi le commandant en chef des armées ukrainiennes Oleksandre Syrsky et le ministre ukrainien de la Défense Denys Chmygal, selon leurs communiqués respectifs.

Le président Zelensky doit recevoir la délégation jeudi soir, a indiqué la présidence.

Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine.

Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin.

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que ce plan requiert notamment que l'Ukraine cède à la Russie des territoires qu'elle occupe et réduise son armée de moitié.

Le Kremlin s'est refusé à tout commentaire et Washington et Kiev n'ont pas commenté publiquement les propositions de ce plan.

 


Grèce: découverte d'une toile géante avec 111.000 araignées dans une grotte

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
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  • La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)"
  • Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue

ATHENES: Des scientifiques ont récemment découvert une toile d'araignée géante de plus de 100 m2 avec quelque 111.000 araignées dans une grotte à la frontière entre la Grèce et l'Albanie, selon une étude publiée dans la revue Subterranean Biology.

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes.

La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)".

Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue.

"Mon dieu, incroyable! Quelle texture!", s'exclame en anglais ce scientifique touchant la toile avec ses doigts.

Selon lui, dans chacun de ces trous il y a une arachnide à l'origine de ces "mégapoles" d'araignées. On voit ensuite un membre de l'équipe réussir à attraper une araignée et la poser dans une tube à essai.

Dans la revue, les chercheurs évoquent "la découverte (...) d’un assemblage extraordinaire d’araignées coloniales" alors que ces deux espèces sont normalement solitaires.

Il s'agit du "premier cas documenté de formation de toile coloniale chez ces espèces", notent d'ailleurs les experts qui précisent que cette immense toile est formée "de nombreuses toiles individuelles, (...) chacune étant stratégiquement placée à un endroit où les ressources trophiques (la nourriture disponible, ndlr) sont abondantes".

"Certaines sections de la toile peuvent se détacher de la paroi sous leur propre poids", expliquent-ils.

Des sources d'eau situées dans les recoins profonds de la grotte alimentent un ruisseau sulfuré qui traverse toute la longueur du passage principal de la grotte, selon l'étude.

Les araignées partagent la grotte avec de nombreux autres insectes, notamment des mille-pattes, des scorpions et des coléoptères.

La découverte de cette immense toile a été rapportée pour la première fois par des membres de la Société spéléologique tchèque, selon l'étude.