Yémen: le «Manhattan du désert» épargné par la guerre, pas par les pluies

La ville de Chibam, au Yémen (Photo, AFP).
La ville de Chibam, au Yémen (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 03 novembre 2020

Yémen: le «Manhattan du désert» épargné par la guerre, pas par les pluies

  • La cité, située au centre de la vallée de Hadramout dans le sud-est du pays, le plus pauvre de la péninsule arabique, a mal supporté les pluies diluviennes qui se sont abattues sur le pays
  • Inscrite en 1982 au patrimoine mondial de l'Unesco en tant que « plus ancienne cité gratte-ciel du monde », Chibam porte aujourd'hui les stigmates de cette météorologie défavorable

CHIBAM: Avec ses gratte-ciels en argile dans un paysage de Grand Canyon, Chibam, ville historique du Yémen surnommée le « Manhattan du désert », a été épargnée par la guerre mais se trouve menacée par les catastrophes naturelles.

La cité, située au centre de la vallée de Hadramout dans le sud-est du pays, le plus pauvre de la péninsule arabique, a mal supporté les pluies diluviennes qui se sont abattues sur le pays entre avril et mi-septembre

Déclenchant des crues, elles ont tué des dizaines de personnes selon les derniers chiffres de l'ONU.

Inscrite en 1982 au patrimoine mondial de l'Unesco en tant que « plus ancienne cité gratte-ciel du monde », Chibam porte aujourd'hui les stigmates de cette météorologie défavorable.

« La ville a été frappée par ce qui ressemble à une catastrophe sans précédent », a dit un responsable local, Abdelwahab Abdallah ben Ali Jaber.

Selon lui, au moins quatre maisons de plusieurs étages ont été complètement détruites et 15 endommagées sur ce site du XVIe siècle.

Située sur un éperon rocheux, la ville est protégée par un rempart rectangulaire de 330 mètres sur 250 mètres et offre une rare densité urbaine, ses demeures de sept à huit étages n'étant séparées que par d'étroites ruelles.

« Manque de moyens »

« Les toits et les façades ont subi le plus de dégâts », explique Hassan Aïdid, directeur de l'Organisation générale pour la préservation des villes historiques du Yémen, une administration publique.

Pour protéger les tours en argile, l'enduit de protection des façades doit être refait périodiquement mais « les habitants n'ont pas pu le faire en raison du manque de moyens et de la guerre », souligne Aïdid.

Chibam n'est pas une ville musée mais une cité habitée depuis l'antiquité, rappellent les spécialistes.

Aux abords de la vallée inondable de Hadramout où prospère une vaste oasis, Chibam est restée loin du conflit opposant depuis 2014 le gouvernement aux rebelles Houthis qui se sont emparés de la capitale Sanaa et d'une bonne partie du nord du pays.

La guerre entre le gouvernement, appuyé depuis 2015 par une coalition militaire emmenée par l'Arabie saoudite, et les rebelles soutenus par l'Iran a dévasté le pays, faisant des dizaines de milliers de morts et provoquant la pire crise humanitaire du monde, selon les Nations unies.

Théoriquement sous l'autorité du gouvernement, Chibam n'a pas moins souffert des conséquences indirectes du conflit avec un ralentissement de l'activité économique et une baisse des dépenses publiques.

Le programme de conservation tente cependant de parer au plus urgent, indique Aïdid, selon lequel une opération de restauration de 40 demeures est en cours avec l'assistance de l'Unesco pour un montant équivalent à 194 000 dollars (environ 166 000 euros).

Berceau de civilisations

Un riche homme d'affaires saoudien, originaire de Hadramout, cheikh Abdallah Ahmed Baqchane, a offert l'équivalent de 54 000 dollars (46 200 euros) pour réparer les dégâts provoqués par les dernières pluies.

Cet argent n'a pas encore été utilisé, affirme Barak Baswitine qui dirige une association spécialisée dans la restauration des bâtiments en argile.

« Le travail est lent car nous nous heurtons à certains obstacles comme le manque de main d'oeuvre spécialisée et le retard dans le paiement des salaires », dit-il à propos de cette opération pilotée par la province de Hadramout et la Caisse de développement social, un organisme gouvernemental.

Chibam, tout comme deux autres villes historiques yéménites, se présentent comme des témoins vivants de l'architecture en argile de la vallée de Hadramout qui a été le berceau de nombreuses civilisations anciennes.

Seyoun, avec son grand palais blanc considéré comme le plus imposant bâtiment en argile de la péninsule arabique, se trouve à seulement une vingtaine de kilomètres à l'est de Chibam.

Le palais a été endommagé par la pluie et les responsables locaux ont lancé un appel à l'aide pour la restaurer.

A 55 km à l'est de Chibam, on trouve aussi la cité de Tarim qui était le centre théologique et universitaire de Hadramout. Elle est connue pour ses 365 mosquées dont celle d'Al-Mehdar, dominée par un minaret d'argile de 46 mètres, le plus élevé du Yémen.

Les pluies torrentielles ont également endommagé de nombreux sites inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco à Sanaa.


Le Liban déterminé à retirer les armes du Hezbollah, assure le président Joseph Aoun

Des hommes réagissent en écoutant le chef du Hezbollah, Naim Kassem, prononcer un discours télévisé à Dahiyeh, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban. (AP)
Des hommes réagissent en écoutant le chef du Hezbollah, Naim Kassem, prononcer un discours télévisé à Dahiyeh, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban. (AP)
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  • Les autorités libanaises sont déterminées à désarmer le Hezbollah, a assuré jeudi le président Joseph Aoun
  • Les autorités libanaises veulent "retirer les armes de tous les groupes armés, y compris le Hezbollah, et les remettre à l'armée libanaise", a déclaré le chef de l'Etat

BEYROUTH: Les autorités libanaises sont déterminées à désarmer le Hezbollah, a assuré jeudi le président Joseph Aoun, au lendemain d'un discours du chef de la formation soutenue par l'Iran, affirmant que demander son désarmement rendait service à Israël.

Les autorités libanaises veulent "retirer les armes de tous les groupes armés, y compris le Hezbollah, et les remettre à l'armée libanaise", a déclaré le chef de l'Etat dans un discours devant les militaires, à l'occasion de la Fête de l'Armée.

Le Liban est soumis à une intense pression, notamment des Etats-Unis, pour désarmer le Hezbollah, sorti affaibli d'une guerre avec Israël qui a pris fin en novembre 2024, mais qui conserve une partie de son arsenal.

Le président Aoun a appelé "toutes les parties politiques" à "saisir une occasion historique" pour que l'armée et les forces de sécurité aient "le monopole des armes (...) sur l'ensemble du territoire libanaise, afin de regagner la confiance de la communauté internationale".

Le chef du Hezbollah Naïm Qassem avait estimé mercredi que toute demande de désarmer son mouvement revenait à "servir le projet israélien", accusant l'émissaire américain Tom Barrack de recourir à la "menace et l'intimidation" dans le but "d'aider Israël".

Le chef de l'Etat a affirmé que le Liban traversait une "phase cruciale qui ne tolère aucune provocation de quelque côté que ce soit, ni aucune surenchère nuisible et inutile".

"Pour la millième fois, j'assure que mon souci de garder le monopole des armes découle de mon souci de défendre la souveraineté du Liban et ses frontières, de libérer les terres libanaises occupées et d'édifier un Etat qui accueille tous ses citoyens (..) dont vous en êtes un pilier essentiel", a-t-il ajouté, s'adressant au public du Hezbollah.

Joseph Aoun, élu en janvier, s'est engagé avec son gouvernement à ce que l'Etat recouvre sa souveraineté sur l'ensemble du territoire libanais.

Le Hezbollah est la seule formation armée libanaise à avoir conservé ses armes après la fin de la guerre civile en 1990, au nom de la "résistance" contre Israël.


Le ministre saoudien des Médias et la PDG du SRMG discutent de l’avenir de la couverture sportive nationale

Cette rencontre s’inscrit dans une série plus large de discussions entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. (SPA/Archives)
Cette rencontre s’inscrit dans une série plus large de discussions entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. (SPA/Archives)
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  • La filiale du SRMG, Thmanyah, a obtenu les droits exclusifs de diffusion régionale de la Saudi Pro League à partir de la saison 2025–2026
  • Le ministre saoudien des Médias, Salman Al-Dossary, a déclaré que le ministère est pleinement mobilisé pour soutenir la couverture de toutes les compétitions sportives nationales

LONDRES : Le ministre saoudien des Médias, Salman Al-Dossary, a rencontré dimanche Joumana Rashed Al-Rashed, directrice générale du Saudi Research and Media Group (SRMG), afin de discuter des développements à venir dans la couverture médiatique du sport en Arabie saoudite, a rapporté l’agence de presse saoudienne (SPA).

Cette rencontre intervient après que la filiale du SRMG, Thmanyah Company for Publishing and Distribution, a obtenu les droits de diffusion des compétitions sportives nationales. Arab News fait également partie du groupe SRMG.

Le PDG de Thmanyah, Abdulrahman Abumalih, était également présent à la réunion, au cours de laquelle les responsables ont examiné l’état de préparation des plateformes numériques et télévisuelles pour la diffusion des événements sportifs saoudiens. Les discussions ont porté sur l'avancement des infrastructures de studios, l’adoption de technologies innovantes, la stratégie éditoriale, les plateformes de diffusion et le calendrier de lancement des chaînes.

Thmanyah, acquise par le SRMG en 2021, est passée de la production de podcasts internes, comme Fnjan, à l’un des acteurs les plus influents de la région, avec des contenus variés en podcasts, radio et formats éditoriaux.

Dans un développement majeur survenu le mois dernier, Thmanyah a obtenu les droits exclusifs de diffusion régionale de la Saudi Pro League à partir de la saison 2025–2026. L’accord inclut également la King Cup, la Saudi Super Cup, ainsi que la First Division League, et ce, jusqu’à la saison 2030–2031.

Salman Al-Dossary a affirmé que le ministère des Médias est entièrement mobilisé pour soutenir la couverture de toutes les compétitions sportives saoudiennes, dans le but de renforcer la présence du Royaume sur la scène sportive mondiale et de répondre aux attentes des fans.

Cette réunion s’inscrit dans une série plus large de concertations entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. Ces échanges visent à aligner les efforts du secteur, améliorer la qualité des contenus, et soutenir les objectifs de Vision 2030, notamment en développant un secteur médiatique national fort et influent.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La solution à deux États, "clé de la stabilité régionale", déclare le ministre saoudien des Affaires étrangères à l’ONU

Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à la crise israélo-palestinienne fondée sur la coexistence de deux États était "la clé de la stabilité régionale". (Capture d'écran/UNTV)
Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à la crise israélo-palestinienne fondée sur la coexistence de deux États était "la clé de la stabilité régionale". (Capture d'écran/UNTV)
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  • Le prince Faisal a déclaré que la paix régionale doit commencer par la garantie des droits légitimes du peuple palestinien
  • Le prince Faisal affirme qu'aucune relation ne sera établie avec Israël avant la création de l'État palestinien

NEW YORK: Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Faisal ben Farhane, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à deux États dans le cadre du conflit israélo-palestinien constituait « la clé de la stabilité régionale ».

S’exprimant à l’ouverture d’une conférence internationale de haut niveau sur le règlement pacifique de la question palestinienne et la mise en œuvre de la solution à deux États, qui s’est tenue lundi au siège des Nations Unies, Faisal ben Farhane a souligné :

« Le Royaume considère que la solution à deux États est essentielle à la stabilité régionale. La conférence de New York constitue une étape charnière vers la concrétisation de cette solution. »

Faisal ben Farhane a réaffirmé que la paix dans la région devait commencer par la garantie des droits légitimes du peuple palestinien. Il a salué l’intention du président français Emmanuel Macron de reconnaître officiellement un État palestinien en septembre.

« Assurer la sécurité, la stabilité et la prospérité pour tous les peuples de la région passe d’abord par la justice envers le peuple palestinien, en lui permettant d’exercer ses droits légitimes, au premier rang desquels la création d’un État indépendant dans les frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale », a-t-il déclaré.

Il a présenté l’Initiative de paix arabe comme le cadre fondamental pour toute solution juste et globale.

Le ministre a également appelé à une cessation immédiate de la catastrophe humanitaire à Gaza, et a confirmé que l’Arabie saoudite et la France avaient facilité le transfert de 300 millions de dollars de la Banque mondiale vers la Palestine.

Faisal ben Farhane a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts auprès de plusieurs pays afin d’obtenir une reconnaissance internationale de l’État de Palestine.

Il a catégoriquement rejeté toute idée de conditionner cette reconnaissance à un veto israélien, et a réaffirmé qu’aucune relation ne serait établie avec Israël avant la création d’un État palestinien.

Le ministre a exprimé son soutien aux efforts de réforme de l’Autorité palestinienne, et a noté que le président américain Donald Trump pourrait jouer un rôle majeur dans la résolution des conflits régionaux.

Faisal ben Farhane a également annoncé la signature, prévue mardi, de plusieurs protocoles d’accord avec différents secteurs palestiniens, dans le but de les renforcer.

Il a conclu en soulignant l’importance de maintenir l’élan diplomatique et la coordination internationale pour parvenir à une solution à deux États viable et pacifique.

Le coprésident de la conférence, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, a abondé dans le même sens, déclarant à la presse que d'autres pays pourraient reconnaître la Palestine dans les mois à venir.

« La France affirme le droit du peuple palestinien à la souveraineté sur ses terres », a-t-il affirmé.

Il a ajouté : « D’autres États pourraient reconnaître la Palestine dès septembre. La conférence sur la solution à deux États constitue une étape décisive dans sa mise en œuvre. Des engagements historiques seront pris. Le ciblage des civils à Gaza est inacceptable ; la guerre dans la bande dure depuis trop longtemps et doit cesser. »

Il a insisté sur le rôle de la communauté internationale pour transformer ce cadre en réalité concrète.

« Nous devons œuvrer pour faire de la solution à deux États une réalité tangible », a-t-il déclaré. « Qui répond aux aspirations légitimes du peuple palestinien. Nous avons enclenché une dynamique irréversible vers une solution politique au Moyen-Orient. »

Lors de la première session, le Premier ministre palestinien Mohammad Mustafa a salué la tenue de la conférence, qu’il a qualifiée d’opportunité cruciale pour la paix.

« La solution à deux États est une opportunité historique pour toutes les parties », a-t-il déclaré. « Nous sommes reconnaissants à l’Arabie saoudite et à la France pour avoir organisé cette conférence historique. »

Il a ajouté que la conférence envoyait un message clair de soutien international au peuple palestinien :

« La conférence sur la solution à deux États confirme au peuple palestinien que le monde est à ses côtés. »

Mohammad Mustafa a également appelé à l’unité politique entre la Cisjordanie et la bande de Gaza, exhortant le Hamas à déposer les armes en faveur d’un contrôle par l’Autorité palestinienne :

« Nous devons œuvrer à l’unification de la Cisjordanie et de Gaza. Nous appelons le Hamas à remettre ses armes à l’Autorité palestinienne », a-t-il déclaré.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com