L'Iran ne doit pas être récompensé pour ses actions

Le régime des mollahs ne vise pas seulement les anciens responsables américains, mais aussi les opposants iraniens (Photo, AFP).
Le régime des mollahs ne vise pas seulement les anciens responsables américains, mais aussi les opposants iraniens (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 20 août 2022

L'Iran ne doit pas être récompensé pour ses actions

L'Iran ne doit pas être récompensé pour ses actions
  • L'administration Biden devrait s'abstenir de négocier avec un régime voyou qui tente activement de mener des actions terroristes sur le sol américain pendant les négociations
  • Le régime ne vise pas seulement les anciens responsables américains sur le sol américain, mais aussi les militants iraniens qui critiquent l'establishment théocratique

Récompenser ou tranquilliser un État voyou se présente généralement sous deux formes distinctes: le mépris total du comportement destructeur du régime au niveau régional et mondial et la levée de la pression politique et des sanctions économiques sur l'État en question.

Malheureusement, en ce qui concerne l'Iran, l'administration américaine actuelle semble poursuivre les deux formes d'apaisement, ce qui pourrait avoir de graves répercussions sur la sécurité nationale des États-Unis ainsi que sur la sécurité, la paix et la stabilité régionales.

L'administration Biden devrait s'abstenir de négocier avec un régime voyou qui tente activement de mener des actions terroristes sur le sol américain pendant les négociations. Récemment, un membre du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI), Shahram Poursafi, alias Mehdi Rezayi, 45 ans, originaire de Téhéran, a été inculpé pour un complot terroriste qui consistait à offrir à un individu aux États-Unis 300 000 dollars (1 dollar = 0,99 euro) pour assassiner un ancien fonctionnaire du gouvernement américain, John Bolton. Le ministère américain de la Justice a déclaré: «Cela devrait servir d'avertissement à toute autre personne tentant de faire de même – le FBI sera implacable dans ses efforts pour identifier, arrêter et traduire en justice ceux qui menaceraient notre peuple et violeraient nos lois.»

Bolton a précédemment occupé le poste de 25e ambassadeur américain à l'ONU de 2005 à 2006, sous l'administration Bush, et celui de 26e conseiller américain à la sécurité nationale de 2018 à 2019, sous l'administration Trump. Mike Pompeo, l'ancien secrétaire d'État américain, serait la deuxième cible du régime iranien, le membre du CGRI aurait offert un million de dollars pour accomplir cette «mission».

Dans le cas de la République islamique, l’ordre de procéder à des assassinats extraterritoriaux vient probablement du haut de l'échelle politique.

Si la Maison Blanche n'envoie pas un message fort à la République islamique en mettant fin aux négociations nucléaires, les dirigeants iraniens seront encore plus téméraires pour planifier des assassinats sur le territoire américain. Steven D'Antuono, directeur adjoint en charge du bureau local du FBI à Washington, a déclaré: «Une tentative d'assassinat d'un ancien fonctionnaire du gouvernement américain sur le sol américain est totalement inacceptable et ne sera pas tolérée.» Sa déclaration devrait être suivie d'une action tangible de la Maison Blanche contre le régime iranien.

Dans le cas de la République islamique, l’ordre de procéder à des assassinats extraterritoriaux vient probablement du haut de l'échelle politique.

Dr Majid Rafizadeh

Le régime ne vise pas seulement les anciens responsables américains sur le sol américain, mais aussi les militants iraniens qui critiquent l'establishment théocratique. Par exemple, le régime a été surpris en train de préparer l'enlèvement d'un citoyen américain à Brooklyn en juillet 2021, ce qui constitue une violation active de la souveraineté américaine. Les procureurs américains ont accusé quatre Iraniens, Alireza Shavaroghi Farahani, alias Vezerat Salimi/Hajj Ali, 50 ans, Mahmoud Khazein, 42 ans, Kiya Sadeghi, 35 ans, et Omid Nouri, 45 ans, tous considérés comme des agents de renseignement du régime iranien, d'avoir comploté afin d’enlever la journaliste et militante Masih Alinejad, qui possède la double nationalité américaine et iranienne.

Une cinquième personne, Niloufar Bahadorifar, qui réside en Californie et est également originaire d'Iran, a été inculpée pour avoir fourni une assistance financière au complot, conspiration de violation des sanctions, conspiration de fraude bancaire et télégraphique et conspiration de blanchiment d'argent. Audrey Strauss, à l'époque procureur américain du district sud de New York, a déclaré: «Comme nous le supposions, quatre des accusés ont surveillé et planifié l'enlèvement d'un citoyen américain d'origine iranienne qui a critiqué l'autocratie du régime et prévu d'emmener de force leur victime en Iran, où le sort de la victime aurait été, au mieux, incertain.»

Il convient de noter que l'accord nucléaire entraînera la levée des principales sanctions économiques contre la République islamique, qu’il renforcera sa légitimité mondiale, débloquera les avoirs de Téhéran et permettra aux religieux qui sont au pouvoir d'accéder au système financier mondial.

Selon toute vraisemblance, le régime utilisera d'abord les revenus supplémentaires pour augmenter son budget militaire et ses activités terroristes à l'étranger. Il est probable qu'il intensifiera ensuite l'ingérence de l'Iran dans les affaires intérieures des autres pays. C'est ce qui s'est produit après l'accord nucléaire de 2015, lorsque l'implication militaire de Téhéran en Irak n'a cessé d'augmenter. Le régime soutient également plus activement le gouvernement syrien, militairement et économiquement, fournit des renseignements et joue un rôle consultatif. L'allègement des sanctions, conséquence d'un retour à l'accord nucléaire, aiderait le CGRI et la force d'élite Qods, qui se concentre sur les opérations extraterritoriales, à soutenir les mandataires du régime, notamment le Hezbollah, les Houthis et les milices chiites irakiennes.

En bref, il incombe à l'administration Biden de demander des comptes au régime iranien et d'envoyer un message fort à ses dirigeants, sans quoi les tentatives intrépides de Téhéran de tuer des citoyens américains sur le sol américain se poursuivront.

 

 Le Dr Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain formé à Harvard.
Twitter: @Dr_Rafizadeh

NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.