Les difficultés de l'Iran augmentent après une année de présidence Raïssi

Ebrahim Raïssi lors d'un rassemblement de campagne présidentielle à Eslamshahr, au sud-ouest de Téhéran, en Iran, le 6 juin 2021. (AP Photo)
Ebrahim Raïssi lors d'un rassemblement de campagne présidentielle à Eslamshahr, au sud-ouest de Téhéran, en Iran, le 6 juin 2021. (AP Photo)
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Publié le Dimanche 14 août 2022

Les difficultés de l'Iran augmentent après une année de présidence Raïssi

Les difficultés de l'Iran augmentent après une année de présidence Raïssi
  • Il est plus que probable que Raïssi, qui est au pouvoir depuis un an, a été choisi par le régime pour être le prochain Guide suprême de la République islamique
  • L'une des promesses faites par Raïssi pendant sa campagne électorale présidentielle était d'améliorer les relations avec les voisins de Téhéran, notamment les États du Golfe

Le président iranien, le radical Ebrahim Raïssi, a prêté serment au début du mois d'août de l'année dernière, le Conseil des gardiens ayant disqualifié de nombreux candidats lors de la dernière élection présidentielle afin d'assurer sa victoire.

Il est plus que probable que Raïssi, qui est au pouvoir depuis un an, a été choisi par le régime pour être le prochain Guide suprême de la République islamique. Le Guide suprême actuel, Ali Khamenei, connu pour critiquer et blâmer les présidents afin d'éviter de rendre des comptes et d'assumer des responsabilités, a plutôt salué l’action de Raïssi.

Par exemple, en avril, Khamenei a fait remarquer que les efforts de l'administration Raïssi étaient «fidèles et assidus» et que les pourparlers sur un nouvel accord nucléaire «se déroulaient correctement». Et, avant que Raïssi ne devienne président, Khamenei avait déclaré au chef du pouvoir judiciaire et à d'autres responsables qu'il avait «ravivé l'espoir du peuple dans le système judiciaire, cette question étant une grande richesse sociale pour le pays».

En ce qui concerne les politiques régionales de l'Iran, l'une des promesses faites par Raïssi pendant sa campagne électorale présidentielle était d'améliorer les relations avec les voisins de Téhéran, notamment les États du Golfe. Cependant, au cours de l'année écoulée, le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) et sa branche d'élite, la force Al-Qods, ont intensifié l'aventurisme militaire de l'Iran dans la région. Par exemple, l'establishment théocratique continue de soutenir et de sponsoriser les Houthis et il a augmenté la quantité d’armes fournies au groupe. Les drones et missiles sophistiqués que les Houthis ont utilisés pour cibler l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis proviennent très probablement du régime iranien, qui reconnaît le groupe terroriste comme le gouvernement officiel du Yémen.

Les cellules terroristes iraniennes sont également devenues plus actives, notamment en Turquie, sous l'administration de Raïssi. En outre, le CGRI continue d'exploiter l'Irak afin de concrétiser ses idéaux révolutionnaires et ses ambitions hégémoniques. Enfin, la force Al-Qods et le CGRI utilisent toujours la Syrie comme champ de bataille par procuration pour tenter de remporter des victoires contre Israël et étendre la mainmise militaire de la République islamique au Levant.

En ce qui concerne la situation intérieure, Raïssi a promis que son administration soutiendrait les personnes défavorisées, éliminerait la pauvreté absolue et construirait un million de logements. Mais, après un an au pouvoir, le coût de la vie est monté en flèche. Son administration a également réduit les subventions, suscitant des manifestations et des slogans tels que «Mort à Raïssi» et «Mort à Khamenei» dans de nombreuses villes du pays.

La hausse de l'inflation et de la pauvreté a fait grimper la méfiance du peuple iranien envers la République islamique. L'inflation en Iran a atteint plus de 40%, l'un des taux les plus élevés au monde.

Le journal Shargh, contrôlé par l'État, révèle que «les rapports du ministère du Travail montrent qu'environ 60% des Iraniens n'ont pas de revenus suffisants ni d'emplois appropriés». Il ajoute: «Environ un cinquième des Iraniens sont chauffeurs de taxi. Environ 35 à 40% des Iraniens sont locataires et quelque 20millions d'entre eux vivent dans des taudis, ce qui signifie qu'environ 25% de la population vit dans des bidonvilles et se trouve sans abri.»

La corruption de l'État atteint également un niveau record et, pour ne rien arranger, le régime continue d’effectuer des dépenses astronomiques pour ses projets nucléaires, de missiles balistiques et de drones.

 

L'inflation et la pauvreté croissantes ont fait que la méfiance du peuple iranien à l'égard de la République islamique a atteint un nouveau point culminant.

Dr Majid Rafizadeh

 

Au cours de sa présidence, les appels à la poursuite internationale de Raïssi se sont multipliés. L'actuel président aurait été l'un des quatre membres de la commission dite «de la mort» qui, en 1988, a ordonné l'exécution de plus de trente mille opposants politiques, pour la plupart des membres du principal groupe d'opposition, le Conseil national de la résistance iranienne. L'enquêteur des Nations unies sur les droits de l'homme en Iran, Javaid Rehman, a demandé à plusieurs reprises une enquête internationale sur le rôle de Raïssi dans ce massacre odieux. Ces meurtres ont été qualifiés de crime contre l'humanité, voire de génocide, par des experts en droits humains et des avocats respectés.

Après une année de présidence Raïssi, l'économie iranienne s'est à nouveau détériorée et la méfiance de la population à l'égard du régime s'est accrue, tandis que Téhéran a intensifié son aventurisme militaire et son comportement destructeur dans la région.

 

Le Dr Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain formé à Harvard. Twitter: @Dr_Rafizadeh

NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.