Somalie: Fin de l'occupation par des djihadistes d'un hôtel de Mogadiscio

Les combattants d'Al-Shabab ont été chassés de la capitale en 2011 par une force de l'Union africaine, mais le groupe contrôle toujours des pans entiers de la campagne. (AFP)
Les combattants d'Al-Shabab ont été chassés de la capitale en 2011 par une force de l'Union africaine, mais le groupe contrôle toujours des pans entiers de la campagne. (AFP)
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Publié le Dimanche 21 août 2022

Somalie: Fin de l'occupation par des djihadistes d'un hôtel de Mogadiscio

  • Les djihadistes ont pris d'assaut le populaire hôtel Hayat vendredi soir dans un échange de coups de feu et d'explosions avec les forces de sécurité
  • L'établissement a été détruit par un bombardement des forces de sécurité visant à éliminer les assaillants qui s'y étaient retranchés

MOGADISCIO: Les forces de sécurité somaliennes ont mis fin samedi à l'occupation par des djihadistes shebab d'un hôtel de la capitale Mogadiscio qui a duré une trentaine d'heures, a déclaré vers minuit à l'AFP un haut gradé somalien.

"Les forces de sécurité ont maintenant mis fin au siège et les hommes armés sont morts, nous n'avons pas eu de tirs depuis le bâtiment au cours de l'heure écoulée", a dit le responsable sous couvert d'anonymat.

Il n'a donné aucune information sur le nombre total des victimes de l'attaque de l'hôtel Hayat, ni sur celui des combattants shebab qui ont été tués, ajoutant que le gouvernement s'adresserait à la presse au sujet de cette sanglante attaque dimanche matin.

L'établissement a été détruit par un bombardement des forces de sécurité visant à éliminer les assaillants qui s'y étaient retranchés, mais le responsable a souligné qu'il devait désormais être débarrassé de tous les explosifs qui auraient pu y être placés.

Les djihadistes ont pris d'assaut le populaire hôtel Hayat vendredi soir, échangeant des coups de feu avec les forces de sécurité dans un fracas d'explosions, avant de se retrancher dans une chambre de l'établissement.

"Les forces de sécurité ont sauvé des dizaines de civils, y compris des enfants, qui étaient piégés dans le bâtiment", a affirmé M. Abdikadir, précisant que "la plupart des gens ont été secourus". Le nombre de personnes retenues au sein de l'établissement n'était pas connu.

Il s'agit de la plus importante attaque à Mogadiscio depuis que le nouveau président somalien, Hassan Sheikh Mohamud, a pris ses fonctions en juin.

Groupe islamiste lié à Al-Qaïda, les shebab, qui sont depuis 15 ans engagés dans une insurrection contre le gouvernement fédéral somalien, ont revendiqué la responsabilité de l'attaque.

"Un groupe d'assaillants shebab est entré de force dans l'hôtel Hayat à Mogadiscio, les combattants procèdent à des tirs au hasard à l'intérieur de l'hôtel", a confirmé le groupe dans un bref communiqué sur un site internet pro-shebab.

Le porte-parole des shebab, Abdiaziz Abu-Musab, a déclaré samedi sur leur station, Radio Andalus, que le groupe contrôlait toujours le bâtiment et qu'il avait "infligé de lourdes pertes" aux forces de sécurité.

Réactions internationales

Les alliés internationaux de la Somalie ont rejoint l'ONU et l'Union africaine dans leur condamnation de l'attaque meurtrière.

Voici quelques-unes des réactions les plus notables exprimées avant la fin de l'occupation, au cours de laquelle au moins 13 personnes ont été tuées:

Etats-Unis

"Les Etats-Unis condamnent fermement l'attaque des shebab contre l'hôtel Hayat à Mogadiscio", a déclaré le porte-parole du département d'Etat américain, Ned Price, dans un communiqué rappelant "le soutien inébranlable" de son pays "aux efforts de la Somalie et de l'Union africaine pour combattre le terrorisme".

Nations unies

"Le secrétaire général (des Nations unies) condamne fermement l'attaque terroriste contre l'hôtel Hayat à Mogadiscio le 19 août" et "renouvelle la solidarité des Nations unies avec le gouvernement et le peuple de Somalie dans leur combat contre le terrorisme et leur marche vers la paix", indique un communiqué de Farhan Haq, porte-parole adjoint du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

Union africaine

Créée en mars, la nouvelle "Mission de transition de l'Union africaine en Somalie (Atmis) condamne avec force l'attaque des terroristes shebab" et "exprime sa solidarité au gouvernement fédéral somalien" et "aux familles en deuil", dans un communiqué.

Royaume-Uni

"Le Royaume-Uni condamne fermement l'attaque des shebab contre l'hôtel Hayat. Nos pensées vont aux familles de ceux qui ont été tués. Le Royaume-Uni se tient aux côtés de la Somalie pour affronter ceux qui cherchent à détruire ce qui a été bâti", a tweeté l'ambassade du Royaume-Uni à Mogadiscio.

Turquie

"Nous condamnons ces attaques terroristes abominables dans les termes les plus forts et implorons la miséricorde d'Allah pour ceux qui ont perdu la vie. Nous présentons nos condoléances aux proches (des victimes) et au gouvernement ami et frère de Somalie et à son peuple", a déclaré le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué.

Igad

Le Centre d'excellence pour la prévention et la riposte à l'extrémisme violent (ICEPCVE) "condamne fermement l'attaque terroriste à l'hôtel Hayat (...) Nous applaudissons les forces somaliennes pour leur réaction rapide qui a sauvé des vies", indique un communiqué de cet organisme rattaché à l'organisation régionale Igad, qui regroupe sept pays est-africains dont la Somalie.

Norvège

"Horrifiés par les attaques terroristes brutales à Mogadiscio, dont l'hôtel Hayat. Nos pensées vont à tous ceux qui ont perdu des êtres chers et aux blessés", a écrit le ministère norvégien des Affaires étrangères sur Twitter.

Au moins 40 blessés

Selon une témoin, Hayat Ali, trois enfants d'une même famille, âgés de 4 à 7 ans, ont été retrouvés par les forces de sécurité, en état de choc, cachés dans les toilettes de l'hôtel.

"J'ai réussi à courir vers une porte de sortie proche, loin des hommes armés", a confié Hussein Ali, venu avec ses collègues dans l'établissement. "Les hommes armés ont commencé à tirer, j'ai pu entendre les coups de feu derrière moi, mais grâce à Dieu (...) nous avons réussi à nous échapper."

Mais "ceux qui ont préféré se cacher à l'intérieur du bâtiment, dont l'un de mes collègues, sont morts", a-t-il ajouté.

Une pluie d'obus s'est par ailleurs abattue samedi dans un autre quartier de la capitale, Hamar Jajab, situé en bord de mer, faisant 20 blessés dont des enfants, a déclaré à l'AFP le commissaire de district Mucawiye Muddey.

"Parmi les personnes grièvement blessées figurent une jeune mariée et son époux, ainsi qu'une famille" entière, les deux parents et leurs trois enfants, a-t-il précisé. L'attaque n'a pas été revendiquée dans l'immédiat.

Selon le directeur du principal hôpital de Mogadiscio, le Dr Mohamed Abdirahman Jama, au moins 40 personnes étaient soignées après avoir été blessées dans les deux attaques du week-end.

Les shebab ont été chassés des principales villes du pays, dont Mogadiscio en 2011, mais ils restent implantés dans de vastes zones rurales. Ces derniers mois, ils ont intensifié leurs attaques.

Mercredi, l'armée américaine avait annoncé avoir tué dans une frappe aérienne 13 miliciens shebab qui s'attaquaient à des soldats des forces régulières somaliennes dans une zone reculée de ce pays de la Corne de l'Afrique.

En mai, le président américain Joe Biden avait décidé de rétablir une présence militaire en Somalie pour y combattre les shebab, approuvant une demande du Pentagone qui jugeait trop risqué et peu efficace le système de rotations décidé par son prédécesseur Donald Trump à la fin de son mandat.

Le nouveau président somalien Hassan Cheikh Mohamoud a déclaré le mois dernier qu'une approche militaire est insuffisante pour mettre un terme à l'insurrection violente des shebab.

Début août, le Premier ministre Hamza Abdi Barre a annoncé la nomination d'un ancien dirigeant des islamistes radicaux shebab, devenu homme politique, comme ministre des Affaires religieuses. Muktar Robow, alias Abou Mansour, avait publiquement fait défection en août 2017 du mouvement qu'il avait contribué à fonder.


Le mouvement Hamas diffuse une vidéo de deux otages israéliens retenus à Gaza

La branche armée du Hamas a diffusé vendredi une vidéo de deux otages israéliens, enlevés lors de l'attaque sanglante menée par le mouvement islamiste palestinien le 7 octobre 2023 en Israël, qui a déclenché la guerre à Gaza. (AFP)
La branche armée du Hamas a diffusé vendredi une vidéo de deux otages israéliens, enlevés lors de l'attaque sanglante menée par le mouvement islamiste palestinien le 7 octobre 2023 en Israël, qui a déclenché la guerre à Gaza. (AFP)
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  • Selon les médias israéliens, l'homme qui s'exprime pendant la plus grande partie de la vidéo est Guy Gilboa-Dalal, âgé de 22 ans au moment de son enlèvement
  • Le mouvement Hamas diffuse une vidéo de deux otages israéliens retenus à Gaza

GAZA: La branche armée du Hamas a diffusé vendredi une vidéo de deux otages israéliens, enlevés lors de l'attaque sanglante menée par le mouvement islamiste palestinien le 7 octobre 2023 en Israël, qui a déclenché la guerre à Gaza.

La vidéo, de plus de trois minutes et demi, montre un otage, dans une voiture se déplaçant au milieu d'immeubles détruits, demandant en hébreu au Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, de ne pas mener l'offensive militaire israélienne prévue contre la ville de Gaza.

L'otage, filmé rencontrant un autre otage à la fin de la vidéo, dit se trouver dans la ville de Gaza et que la vidéo a été tournée le 28 août 2025.

L'AFP n'a pas pu vérifier l'authenticité de la vidéo, ni la date de son enregistrement.

Selon les médias israéliens, l'homme qui s'exprime pendant la plus grande partie de la vidéo est Guy Gilboa-Dalal, âgé de 22 ans au moment de son enlèvement.

Il était déjà apparu dans une vidéo publiée par le Hamas le 23 février, désespéré, assistant à la libération d'autres otages pendant la trêve alors en vigueur.

Guy Gilboa-Dalal a été enlevé le 7 octobre 2023 au festival de musique Nova, dans le sud d'Israël, à la lisière de la bande de Gaza.

La famille du deuxième otage apparaissant à la fin de la séquence n'a pas autorisé que son identité soit rendue publique.

Sur les 251 personnes enlevées le 7 octobre, 47 sont toujours retenues à Gaza, dont 25 sont décédées selon l'armée israélienne.

Depuis le 7-Octobre, plusieurs vidéos d'otages ont été diffusées par le Hamas et le Jihad islamique.

Une trêve du 19 janvier au 17 mars a permis le retour en Israël de 33 otages, incluant huit morts, en échange de la sortie d'environ 1.800 Palestiniens des prisons israéliennes, après un premier bref cessez-le-feu en novembre 2023 ayant permis la libération de nombreux otages.


La Défense civile à Gaza fait état de 19 morts dans des frappes israéliennes

L'aviation israélienne a frappé des immeubles et des tentes de personnes déplacées dans plusieurs quartiers de la ville de Gaza et de sa périphérie, a indiqué la Défense civile dans un communiqué transmis à l'AFP. (AFP)
L'aviation israélienne a frappé des immeubles et des tentes de personnes déplacées dans plusieurs quartiers de la ville de Gaza et de sa périphérie, a indiqué la Défense civile dans un communiqué transmis à l'AFP. (AFP)
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  • Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante le bilan de la Défense civile
  • Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne a dit ne pas être en mesure de commenter les informations sur ces dernières frappes sans leurs coordonnées précises

GAZA: La Défense civile dans la bande de Gaza a fait état de 19 morts dans des frappes aériennes israéliennes depuis l'aube vendredi dans le territoire palestinien en guerre.

L'aviation israélienne a frappé des immeubles et des tentes de personnes déplacées dans plusieurs quartiers de la ville de Gaza et de sa périphérie, a indiqué la Défense civile dans un communiqué transmis à l'AFP.

Cette organisation de premiers secours qui opère sous l'autorité du mouvement islamiste Hamas a fait état de 19 morts et au moins dix blessés dans ces bombardements.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante le bilan de la Défense civile.

Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne a dit ne pas être en mesure de commenter les informations sur ces dernières frappes sans leurs coordonnées précises.

Jeudi, le porte-parole de l'armée israélienne, Effie Defrin, avait indiqué que les troupes israéliennes contrôlaient 40% de la ville de Gaza.

Les autorités israéliennes ont annoncé leur intention de conquérir toute cette ville du nord de la bande de Gaza mais un porte-parole de l'armée israélienne, Nadav Shoshani, a dit que le début de cette opération ne serait pas annoncé pour "conserver l'effet de surprise".

Mercredi, un haut responsable militaire a déclaré qu'Israël s'attendait à ce qu'un million de personnes fuient vers le sud.

L'ONU estime que près d'un million de personnes vivent à Gaza-ville et dans ses environs, région frappée par la famine selon l'organisation, ce qu'a démenti Israël.

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles.

Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 47 restent otages à Gaza dont 25 sont décédées selon l'armée israélienne.

Les représailles militaires israéliennes ont depuis fait au moins 64.231 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon des chiffres du ministère de la Santé du Hamas, jugés fiables par l'ONU.


Le dernier refuge des familles de Gaza est désormais une «ville de la peur, de la fuite et des funérailles» où l'enfance ne peut pas survivre

Un homme réagit à côté d'un Palestinien tué lors d'une frappe israélienne à l'hôpital Al-Ahli Arab dans la ville de Gaza, le 4 septembre 2025. (Reuters)
Un homme réagit à côté d'un Palestinien tué lors d'une frappe israélienne à l'hôpital Al-Ahli Arab dans la ville de Gaza, le 4 septembre 2025. (Reuters)
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  • Après avoir passé 9 jours dans le territoire, une fonctionnaire de l'UNICEF met en garde contre les déplacements répétés, les enfants séparés de leurs parents, les mères pleurant leurs enfants morts de faim
  • Elle parle de jeunes mutilés par des éclats d'obus qu'elle a rencontrés dans les hôpitaux et met en garde : L'impensable n'est pas à venir, il est déjà là

NEW YORK : Autrefois refuge pour les familles, la ville de Gaza est aujourd'hui un endroit où "l'enfance ne peut pas survivre", a déclaré jeudi un haut responsable de l'UNICEF.

"C'est une ville de peur, de fuite et de funérailles ", a déclaré Tess Ingram, responsable de la communication de l'organisation pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, s'exprimant depuis Gaza.

"Le monde tire la sonnette d'alarme sur ce qu'une intensification de l'offensive militaire dans la ville de Gaza pourrait entraîner : une catastrophe pour près d'un million de personnes. Mais nous ne pouvons pas attendre que l'impensable se produise pour agir".

Après avoir passé neuf jours dans le territoire, M. Ingram a raconté des histoires de déplacements répétés, d'enfants séparés de leurs parents, de mères pleurant des enfants morts de faim et d'autres qui craignent que leurs enfants ne soient les prochains.

Elle a également parlé de jeunes mutilés par des éclats d'obus qu'elle a rencontrés dans des hôpitaux et a lancé un avertissement : "L'impensable n'est pas à venir, il est déjà là.

La montée en flèche de la malnutrition infantile est l'une des plus graves situations d'urgence à Gaza. Sur les 92 centres de nutrition ambulatoires de la ville de Gaza, soutenus par l'UNICEF, seuls 44 sont encore opérationnels.

"C'est à cela que ressemble la famine dans une zone de guerre", a déclaré Mme Ingram, décrivant des cliniques surchargées, remplies d'enfants affamés et de parents désespérés. Elle a raconté que de nombreuses familles survivent grâce à un seul bol quotidien de lentilles ou de riz, partagé entre tous les membres, les mères sautant des repas pour que leurs enfants puissent manger.

Elle a raconté en particulier l'histoire de Nesma, une mère qu'elle a rencontrée pour la première fois en avril 2024. La fille de Nesma, Jana, a été évacuée de Gaza pour recevoir un traitement médical contre la malnutrition et s'est rétablie. Mais après le bref cessez-le-feu à Gaza et le retour de la famille dans le nord du territoire, le blocus a repris. Le fils cadet de Nesma, Jouri, est mort le mois dernier de malnutrition, a indiqué M. Ingram, et Jana, à nouveau gravement malade, tient à peine le coup.

"Je suis anéantie après avoir élevé mon enfant et l'avoir perdu dans mes bras", a déclaré Nesma à Ingram. "Je supplie de ne pas perdre Jana aussi.

L'UNICEF continue d'opérer dans la bande de Gaza, apportant une aide vitale. Au cours des deux dernières semaines, il a fourni suffisamment d'aliments thérapeutiques pour 3 000 enfants souffrant de malnutrition sévère, des aliments complémentaires pour 1 400 nourrissons et des biscuits à haute teneur énergétique pour 4 600 femmes enceintes ou allaitantes. Mais les besoins de la population du territoire sont bien plus importants.

Les statistiques sont brutales. En février, 2 000 enfants ont été admis dans des centres de santé pour y être traités contre la faim. En juillet, ce chiffre est passé à 13 000. Au cours de la seule première quinzaine d'août, 7 200 autres ont été admis.

Pendant ce temps, l'accès à Gaza reste étroitement limité par les autorités israéliennes. En moyenne, seuls 41 camions d'aide entrent dans le territoire chaque jour, un nombre négligeable par rapport aux 6 000 à 8 500 camions nécessaires. Même les jours les plus favorables, seuls une centaine de camions parviennent à passer. Les barrières bureaucratiques et sécuritaires, associées au pillage, entravent encore davantage les efforts de distribution de l'aide.

L'UNICEF recherche 716 millions de dollars de financement auprès de la communauté internationale pour son intervention à Gaza, mais le financement n'est que de 39 %. Malgré les conditions de famine, l'aide nutritionnelle n'est financée qu'à hauteur de 17 %.

"Nous pourrions faire beaucoup plus et atteindre chaque enfant si nos opérations étaient mises en place à grande échelle et entièrement financées", a déclaré M. Ingram.

Des fournitures essentielles telles que des couches et du lait maternisé spécialisé sont livrées en quantités limitées, mais il en faut beaucoup plus. Selon M. Ingram, certaines fournitures sont pillées en cours de route, un problème qui pourrait être résolu si les volumes d'aide étaient suffisants pour répondre à la demande.

En plus de répondre aux besoins nutritionnels, l'UNICEF fournit également de l'eau potable, des salles de classe provisoires, des services de protection de l'enfance, un soutien en matière de santé mentale, du matériel hospitalier et une aide en espèces.

Mais les hôpitaux restent débordés. Sur les 11 qui fonctionnent encore partiellement dans la ville de Gaza, seuls cinq disposent d'unités de soins intensifs néonatals. Quarante couveuses, utilisées à 200 % de leur capacité, maintiennent en vie 80 nouveau-nés fragiles, mais dépendent d'une alimentation électrique irrégulière et en baisse.

Même les zones dites "sûres" sont devenues mortelles. Au cours d'une nuit récente, une jeune fille de 13 ans, Mona, a survécu à une frappe israélienne qui a tué sa mère, son frère de 2 ans et sa sœur de 8 ans. Elle est aujourd'hui allongée dans un lit d'hôpital après une opération de l'abdomen et l'amputation de sa jambe gauche.

"J'ai eu très mal", a déclaré Mona à M. Ingram. "Mais je ne suis pas triste pour ma jambe ; je suis triste d'avoir perdu ma mère.

Mme Ingram a exhorté les autorités israéliennes à revoir leurs règles d'engagement afin de mieux protéger les enfants, conformément aux principes du droit international humanitaire, et a appelé le Hamas et les autres groupes armés à libérer les otages. Elle a insisté sur la nécessité pour les deux parties au conflit de permettre un accès sûr et durable aux travailleurs humanitaires, de protéger les civils et les infrastructures essentielles, et de rétablir l'accord de cessez-le-feu.

"La vie des Palestiniens est en train d'être démantelée", a déclaré Mme Ingram. "À Gaza, l'impensable a déjà commencé. Le coût de l'inaction se mesurera en vies d'enfants ensevelis sous les décombres, anéantis par la faim et réduits au silence avant même d'avoir eu l'occasion de s'exprimer.