Le vainqueur olympique saoudien Tarek Hamdi continue d'écrire l'histoire

Tarek Hamdi qui représentait l'Arabie saoudite aux Jeux de la Solidarité islamique en Turquie a remporté la médaille d’or en karaté. (Fourni/SOPC)
Tarek Hamdi qui représentait l'Arabie saoudite aux Jeux de la Solidarité islamique en Turquie a remporté la médaille d’or en karaté. (Fourni/SOPC)
Short Url
Publié le Dimanche 21 août 2022

Le vainqueur olympique saoudien Tarek Hamdi continue d'écrire l'histoire

  • Ce triomphe est intervenu presque exactement un an après sa médaille d'argent à Tokyo 2020, où l'or ne lui a été refusé qu'après une disqualification controversée en finale contre l'Iranien Sajjad Ganjzadeh
  • Hamdi : « Notre objectif est de hisser le drapeau de l'Arabie saoudite encore plus haut lors des compétitions internationales »

DJEDDAH : Le vainqueur olympique saoudien Tarek Hamdi continue d'écrire l'histoire.

La semaine dernière, le champion de karaté a dominé un grand nombre d'adversaires et remporté la médaille d’or dans la compétition de kumite de 75 kg lors des cinquièmes Jeux de la Solidarité islamique à Konya, en Turquie.

Ce triomphe est intervenu presque exactement un an après sa médaille d'argent à Tokyo 2020, où l'or ne lui a été refusé qu'après une disqualification controversée en finale contre l'Iranien Sajjad Ganjzadeh.

Arab News a rencontré Hamdi pour discuter de sa dernière victoire et se remémorer ces jours déterminants pour sa carrière à Tokyo.

Félicitations Tarek, parlez-nous de votre réussite et du tournoi en général.

Dieu soit loué, j'ai obtenu une médaille d'or aux Jeux de la solidarité islamique en Turquie. C'est une grande réussite, et je suis certainement fier et honoré de représenter le Royaume dans ce tournoi, où je n'avais jamais gagné auparavant.

C'est la deuxième fois que je participe aux Jeux de la solidarité islamique. En 2017, j'ai concouru à Bakou, en Azerbaïdjan, sans succès, et cette fois, j'étais déterminé à remporter l'or. J'ai réussi à gagner dans la catégorie des 84 kg pour compléter la série de médailles aux compétitions internationales auxquelles j'ai participé.

Ce tournoi en général est très dur, surtout en karaté. Nous avions un objectif de cinq médailles d’or dans toutes les catégories de poids, mais nous n’en avons obtenu qu'une et deux bronzes. Je félicite mes frères Sultan Al-Zahrani et Saud Al-Bashir pour leur succès, et je souhaite la meilleure des chances à Faraj Al-Nashiri et Fahd Al-Khathami pour l'avenir.

Notre réussite est le fruit du travail acharné et d'équipe de tous les participants aux camps d'entraînement de la Fédération saoudienne de karaté et du Comité olympique et paralympique saoudien, et nous continuerons, si Dieu le veut, à en viser d'autres.

Il y a quelques jours, c'était l'anniversaire de votre médaille d'argent aux Jeux olympiques de Tokyo. Parlez-nous de vos préparatifs avant le tournoi.

Pour être honnête, avant les Jeux olympiques, j'étais nerveux, non pas à cause du tournoi lui-même, mais parce qu'après avoir terminé la compétition de qualification pour les Jeux à Paris, je ne m'étais pas entraîné pendant près d'une semaine voire 10 jours.

J'étais anxieux, ce qui est normal pour tout athlète. Vous êtes impatient de reprendre l'action, surtout lorsqu'un grand championnat est si proche. Je l'ai dit à l'entraîneur, et il m'a assuré : « Ne t'inquiète pas, je suis sûr que dans trois ou quatre jours maximum tu seras de nouveau en forme. »

Avant le tournoi, l'entraîneur, Mounir Afkir, et moi nous étions rencontrés pour planifier le camp d'entraînement pour les Jeux olympiques. J'ai dit à l'entraîneur que je me présenterai et que je donnerai tout ce que j'ai à l'entraînement. Pour le reste, comme la planification des exercices, les horaires et le choix des adversaires, je lui fais confiance.

Le Saoudien Tarek Hamdi en route pour la médaille d’or à Konya. (Fourni/SOPC)
Le Saoudien Tarek Hamdi en route pour la médaille d’or à Konya. (Fourni/SOPC)

Au départ, notre programme consistait en deux à trois heures d'exercices physiques chaque matin, puis tous les deux jours nous avions deux heures pour analyser nos neuf adversaires, étudier leur style, leurs forces et leurs faiblesses, ainsi que leurs plans de jeu. Nous travaillions sur des solutions pour toutes ces choses.

Après cela, nous passions aux exercices de karaté pendant environ deux heures et demie à trois heures. Au début du camp, je souffrais de fatigue, franchement. Je m'entraînais dur, et je me disais que cela en vaudrait la peine à la fin, que toute fatigue actuelle serait éventuellement bénéfique pour moi. Lorsque j'étais fatigué, je me sentais satisfait, ma confiance augmentait en même temps, sachant que mon objectif était de décrocher la médaille d’or olympique.

Une semaine avant d’aller au Japon, le coach Mounir m'a dit : « Je vois la médaille d'or. » Je lui ai répondu que je visais l'or depuis un moment et que j'avais confiance en mes capacités à l'atteindre, et que les mots de l'entraîneur avaient encore augmenté ma confiance pour y parvenir.

Comment vous êtes-vous senti la veille de votre participation aux Jeux olympiques ?

La nuit précédant la compétition olympique de karaté, le 6 août, j'ai à peine pu dormir. J'ai réussi à dormir environ deux heures, j'étais tellement fatigué que j'ai caché cela à l'entraîneur et j'ai bu beaucoup de café afin de retrouver mon énergie. Mais je n'y suis pas parvenu et j'ai plutôt eu mal à la tête le jour des matches. Il y avait aussi la possibilité que nous nous soyons mélangés à des joueurs qui avaient été testés positifs (au Covid-19). Ces soupçons se sont avérés infondés, mais la situation a été source de confusion pour moi, et nous avons été isolés dans une salle d'échauffement, à l'écart des autres athlètes. Mais nous avons surmonté ce problème, les exercices d'échauffement se sont avérés bons et notre niveau de confiance élevé.

Les matchs de groupe ont commencé de manière incongrue, comment vous êtes-vous senti à ce moment-là ?

Mon premier match était contre un combattant croate (Ivan Kvesic), et quand je suis allé sur le tapis, je ne sais littéralement pas ce qui s'est passé. Malgré ma stratégie impétueuse, le résultat a été de 2-1 en sa faveur. Je ne pouvais pas voir correctement, et après le combat, mon entraîneur m'a laissé à mes propres pensées. Je me sentais vraiment fatigué, mais je me suis dit : « Je ne suis pas venu ici pour perdre ».

Je me suis promis de revenir avec la médaille d'or, et j'ai transformé cette défaite en un point positif lors de mon match suivant (une victoire contre Brian Irr des États-Unis).

Ensuite, contre l'adversaire iranien (Ganjzadeh), le match s'est terminé par un match nul. Mon adversaire canadien (Daniel Gaysinsky) a alors été éliminé et je me suis qualifié au sein de mon groupe à la deuxième place pour affronter le japonais (Ryutaro Araga) en demi-finale.

Fourni/SOPC
Fourni/SOPC

Après la qualification en phase de groupe, quels étaient vos projets en tant que joueur et entraîneur ?

Avant la demi-finale, notre plan de jeu a changé. Nous avons commencé à nous préparer pour chaque adversaire de manière différente. Mounir n'arrêtait pas de dire que mes points forts étaient ma vitesse et mes pieds et que je devais en tirer parti. Les gens me demandaient si j'étais plus détendu maintenant que j'étais assuré d'une médaille, et ma réponse était « non ». En me battant contre Araga, je me disais : « Je suis plus près de mon rêve. » L'objectif était d'atteindre la finale, et Dieu merci, j'ai gagné et atteint cet objectif.

Parlez-nous de la finale.

Le match de la finale était complètement différent, j'étais dans un état étrange et très impulsif.

J'ai commencé le match en marquant trois points, puis j'en ai marqué un autre et je menais 4-0. (Ganjzadeh) a marqué un point et le score s’est transformé en 4-1.

Puis il y a eu ce coup de pied, et le joueur iranien est tombé - je n'ai même pas pensé que je serais disqualifié. J'ai même fait signe à mon entraîneur d'essayer de me calmer parce que j'étais déjà très énervé.

Plus il restait sur le tapis, plus je commençais à être nerveux, mais même après avoir été transporté sur une civière, je ne pensais pas que je serais disqualifié. Je pensais « c'est ma médaille d’or », mais quand j'ai vu les juges se rassembler, j'ai commencé à être pessimiste. Je me suis approché de mon entraîneur et j'ai vu l'inquiétude sur son visage. Les arbitres sont revenus et ont pris la décision de me disqualifier.

Je ne m'attendais pas du tout à cette décision et je me suis effondré mentalement. Mon entraîneur était désemparé, ma mère aussi ainsi que le peuple saoudien. Je suis sorti de l'arène et j'étais bien sûr en état de choc - l'entraîneur me parlait mais je ne retenais rien.

Je marchais en pleurant, puis j'ai rencontré le ministre des sports, le prince Abdelaziz ben Turki, et son adjoint.

Le Prince Abdulaziz m'a attrapé et m'a dit : « Pourquoi pleures-tu ? Tu as accompli une grande chose. Relève la tête, tu as été privé de ta médaille ».

Fourni/SOPC
Fourni/SOPC

Vous avez ensuite reçu un appel surprise du prince héritier Mohammed ben Salmane. Que vous a-t-il dit ?

J'étais encore triste et je pleurais parce que j’avais perdu la médaille d’or, lorsque le prince Abdelaziz m'a tendu son téléphone et m'a dit « le prince héritier veut te parler ».

Je ne comprenais pas ce qui se passait, et quand j'ai pris le téléphone, le prince héritier m'a dit : « Tu es un héros, félicitations. Garde la tête haute, tu as hissé le drapeau du Royaume, tu es le vainqueur, tu es l'or et tu ne dois pas pleurer. »

Il était très fier. Je lui ai dit que j'étais venu pour obtenir la médaille d’or, et sa réponse a été, littéralement : « Tu l’as gagnée. » Je ne peux pas décrire l’effet que m’ont fait les mots du prince héritier. »

Mais ces mots ne sont pas une surprise de la part du prince héritier Mohammed ben Salmane, et en tant qu'athlètes, nous avons beaucoup de chance de l'avoir comme dirigeant.

Le moment de la disqualification était affreux, mais tout ce qui s'est passé ensuite était magnifique. S'il n'y avait pas eu ce scénario, peut-être que la nouvelle de l'événement ne se serait pas répandue aussi largement.

Ce moment a également fait peser plus de responsabilités sur moi et mes collègues athlètes, et a augmenté les attentes et les ambitions. Notre objectif est de hisser le drapeau de l'Arabie saoudite encore plus haut lors des compétitions internationales. Comme l'a dit Son Altesse le prince héritier Mohammed ben Salmane, « le ciel est la limite de nos ambitions ».

Après le retour au pays, il y a eu une réception en votre honneur avec le prince héritier.

Lorsque nous sommes arrivés à Djeddah, l'accueil a été merveilleux, très spécial et festif, ce à quoi je ne m'attendais pas. Il y avait une grande foule dans le hall d'arrivée et j'ai reçu un nouveau prix du ministère des sports, qui avait été annoncé avant les Jeux olympiques.

J'étais extrêmement excité de rencontrer le prince héritier. Il m'a dit à ce moment-là « tu es en or à nos yeux » et bien d'autres belles paroles. Je l'ai remercié pour tout ce qu'il nous a donné et lui ai promis que nous continuerions à viser l'or et à hisser le drapeau du Royaume à chaque rencontre internationale, si Dieu le veut.

C'était une belle réunion et j'en suis très fier.

J'ai été très heureux de voir mes photos dans les rues et sur des affiches, et sur la Tour du Royaume à Riyad. L'estime du gouvernement et du peuple me rend si fier. C'est une grande responsabilité, et si Dieu le veut, je serai à la hauteur de cette responsabilité.

 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Liban: le chef de l'Etat demande à l'armée de «s'opposer à toute incursion israélienne»

Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Short Url
  • Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens"
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BERYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens".

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".


Liban: incursion israélienne dans un village frontalier, un employé municipal tué

Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
Short Url
  • En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BEYROUTH: Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien.

En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".

L'armée israélienne a confirmé avoir mené cette incursion, affirmant qu'elle intervenait dans le cadre de ses "activités visant à détruire une infrastructure terroriste" du Hezbollah.

Elle a ajouté que l'unité avait "repéré un suspect à l'intérieur du bâtiment" de la municipalité et ouvert le feu après avoir identifié "une menace directe" sur les soldats.

L'incident "fait l'objet d'une enquête", selon l'armée.

Dans un autre village frontalier, Adaissé, une unité israélienne a dynamité un bâtiment servant à abriter des cérémonies religieuses, selon l'Ani.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Mardi, le porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, Jeremy Laurence, a indiqué que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour qu'il livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

Le mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, qui regroupe outre le Liban et Israël, les Etats-Unis, la France et l'ONU, s'est réuni mercredi dans la localité frontalière de Naqoura, qui abrite le quartier général des forces de l'ONU.

L'émissaire américaine Morgan Ortagus a déclaré au cours de la réunion que "l'armée libanaise doit à présent exécuter entièrement son plan" visant à "placer toutes les armes sous le contrôle de l'Etat d'ici la fin de l'année".


Soudan: l'ONU appelle à mettre un terme au siège d'El-Facher après une tuerie dans une maternité

Short Url
  • Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée"
  • Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités"

PORT-SOUDAN: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé jeudi à mettre un terme à l'"escalade militaire" au Soudan, après le meurtre de plus de 460 personnes dans une maternité à El-Facher, ville clé prise par les forces paramilitaires.

Les informations se multiplient sur des exactions massives depuis que les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) ont pris dimanche, après 18 mois de siège, cette dernière grande ville qui échappait à leur contrôle dans la vaste région du Darfour, où "les massacres continuent" selon des images satellite analysées par le Humanitarian Research Lab (HRL) de l'université Yale.

Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée".

Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités".

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est dite "consternée par les informations faisant état du meurtre tragique de plus de 460 patients et accompagnateurs à la maternité saoudienne d'El-Facher". Selon l'institution, cette maternité était le seul hôpital encore partiellement opérationnel dans la ville.

Après la prise d'El-Facher à leurs rivaux, l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane, les FSR contrôlent désormais l'ensemble du Darfour, vaste région de l'ouest du Soudan couvrant le tiers du pays.

Les communications satellite restent coupées -sauf pour les FSR qui contrôlent le réseau Starlink-, les accès d'El-Facher restent bloqués malgré les appels à ouvrir des corridors humanitaires. Dans ce contexte, il est extrêmement compliqué de joindre des sources locales indépendantes.

Maîtres du Darfour 

"Plus de 2.000 civils ont été tués au cours de l'invasion de la milice (des FSR) à El-Facher, ciblant les mosquées et les volontaires du Croissant-Rouge", a pour sa part affirmé Mona Nour Al-Daem, chargée de l'aide humanitaire au gouvernement pro-armée.

A El-Facher, le comité de résistance local, qui documente les exactions depuis le début du conflit, a rapporté mercredi soir avoir entendu des tirs dans l'ouest de la ville, "où quelques soldats restants combattent avec (...) ténacité".

Depuis dimanche, plus de 36.000 personnes ont fui les violences, majoritairement vers la périphérie d'El-Facher et vers Tawila, cité située à 70 km plus à l'ouest et qui était déjà la plus importante zone d'accueil du Soudan, selon l'ONU, avec plus de 650.000 déplacés.

De rares images de l'AFP en provenance de Tawila montrent des déplacés portant leurs affaires sur leur dos ou sur leur tête. Certains montent des tentes, d'autres, parfois blessés, sont assis dans des conditions précaires.

Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a alerté sur le "risque croissant d'atrocités motivées par des considérations ethniques" en rappelant le passé du Darfour, ensanglanté au début des années 2000 par les massacres et les viols des milices arabes Janjawid, dont sont issues les FSR, contre les tribus locales Massalit, Four ou Zaghawa.

"Unité" 

Les FSR, qui ont installé au Darfour une administration parallèle, contrôlent désormais l'ouest du Soudan et certaines parties du sud, avec leurs alliés. L'armée contrôle le nord, l'est et le centre du troisième plus vaste pays d'Afrique, ravagé par plus de deux ans de guerre.

Des experts craignent une nouvelle partition du Soudan, après l'indépendance du Soudan du Sud en 2011. Mais le chef des FSR a affirmé mercredi que la prise complète du Darfour par ses forces favoriserait "l'unité" du pays.

"La libération d'El-Facher est une opportunité pour l'unité du Soudan et nous disons : l'unité du Soudan par la paix ou par la guerre", a déclaré M. Daglo mercredi.

Les pourparlers menés depuis plusieurs mois par le groupe dit du "Quad", qui réunit les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats arabes Unis et l'Arabie saoudite, sont restés dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.

Leurs propositions de trêve se heurtent, selon lui, "à l'obstructionnisme continu" du pouvoir de M. Burhane, qui a refusé en septembre une proposition prévoyant à la fois son exclusion et celle des FSR de la transition politique post-conflit.