CIA: Les groupes de défense des droits palestiniens ne sont pas liés au terrorisme

Shawan Jabarin, directeur général d'Al-Haq, une organisation palestinienne de défense des droits humains en Cisjordanie, le 18 août 2022 à Ramallah (Photo AP).
Shawan Jabarin, directeur général d'Al-Haq, une organisation palestinienne de défense des droits humains en Cisjordanie, le 18 août 2022 à Ramallah (Photo AP).
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Publié le Mardi 23 août 2022

CIA: Les groupes de défense des droits palestiniens ne sont pas liés au terrorisme

  • Des soldats israéliens ont fait une descente dans les bureaux de six organisations de défense des droits humains dans un contexte de controverse sur le renseignement
  • Pour Human Rights Watch, «les États-Unis devraient très clairement demander au gouvernement israélien de changer ces dénominations»

LONDRES: La CIA n'a trouvé aucune preuve à l'appui de l'affirmation d'Israël selon laquelle six importants groupes de défense des droits des Palestiniens étaient des «organisations terroristes», affirment des sources du renseignement au Guardian.

En octobre dernier, le gouvernement israélien a qualifié les groupes suivants de terroristes: Addameer Prisoner Support and Human Rights Association, Al-Haq, Bisan Center for Research and Development, Defense for Children International- Palestine, the Union of Agricultural Work Committees et Union of Palestinian Women Committees.

Israël a affirmé que ces organisations étaient des façades du Front populaire pour la libération de la Palestine, un parti politique palestinien de gauche disposant d’une aile paramilitaire.

Deux sources ont déclaré au Guardian qu'Israël partageait des renseignements avec des partenaires américains sur la décision de désigner ces groupes comme liés au terrorisme, alors que dans ses propres évaluations, la CIA n'a trouvé aucune preuve à l'appui de la position israélienne.

Le rapport de la CIA «ne dit pas que les groupes sont coupables de quoi que ce soit», déclare au Guardian une source qui est au courant de l'évaluation de la CIA.

La seconde source a confirmé le fait que l'évaluation était classifiée à des niveaux élevés de protection de sécurité.

Les États-Unis n’ont pas publiquement critiqué l’évaluation d’Israël, mais l’appareil de sécurité de Washington n’a répertorié aucun des six groupes comme organisation terroriste. Aucun autre organisme occidental de renseignement n'a partagé l'évaluation d'Israël.

Omar Shakir, directeur de Human Rights Watch pour Israël et les Territoires palestiniens, affirme au Guardian que «les États-Unis devraient très clairement demander au gouvernement israélien de changer ces dénominations et de permettre à ces organisations de poursuivre leur travail indispensable».

«La réalité est que les États-Unis ont trop longtemps fermé les yeux, et ont même donné, dans certains cas, le feu vert à des abus très graves de la part du gouvernement israélien», ajoute-t-il.

«La position envers les organisations palestiniennes de défense des droits humains met en évidence un échec beaucoup plus important de la politique du gouvernement américain sur la question israélo-palestinienne, et met les États-Unis carrément en rupture avec le consensus du mouvement des droits humains.»

Le manque de soutien des gouvernements étrangers à sa dénomination n'a pas empêché Israël de continuer à cibler les six groupes.

Jeudi, l'armée israélienne a opéré une descente en Cisjordanie dans les bureaux de toutes les organisations désignées. Les soldats ont pris certains objets appartenant aux organisations caritatives et mis des scellés aux portes des bureaux.

Le porte-parole du département d'État américain, Ned Price, a confirmé après ces descentes que Washington avait évalué les preuves d'Israël pour les désignations.

«L'année dernière, le gouvernement israélien a classifié ces organisations, affirme-t-il. Nous n'avons donné suite à aucune classification et nous n'avons pas non plus modifié notre approche vis-à-vis de ces organisations.»

Price n'a pas répondu aux questions du Guardian concernant les évaluations de la CIA de la décision israélienne. La CIA n'a pas non plus répondu aux questions du journal.

Les commentaires des deux sources interviennent après que neuf pays de l'Union européenne ont publié le mois dernier une déclaration commune sur cette classification, affirmant qu’«aucune information importante n'a été reçue d'Israël qui justifierait de revoir notre politique envers les six ONG palestiniennes».

Le mois dernier également, 22 démocrates du Congrès américain ont envoyé une lettre au secrétaire d'État, Antony Blinken, et à Avril Haines, directrice du renseignement national, exhortant Washington à tenir tête à Israël au sujet du rapport.

«Le manque de preuves signalé à l'appui de cette décision fait craindre qu'il ne s'agisse d'une mesure profondément répressive, conçue pour criminaliser et réduire au silence des organisations palestiniennes de défense des droits humains importantes et essentielles», précisaient-ils alors.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Égypte coordonne avec la Grèce le retour des victimes du bateau de migrants et met en garde contre les itinéraires irréguliers

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
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  • Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine
  • Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux

DUBAI: Les mesures prises par l'Égypte ont reçu le soutien de la communauté internationale, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a demandé à l'ambassade égyptienne à Athènes de renforcer la coordination avec les autorités grecques, a rapporté Ahram Online mardi.

Cette mesure vise à soutenir les survivants et à accélérer le rapatriement des corps des victimes une fois les procédures légales achevées.

Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine.

Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux et réglementés.

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016, les responsables soulignant que le pays ne sera pas utilisé comme voie de transit vers l'Europe.

Les autorités affirment qu'aucun bateau de migrants n'a quitté les côtes égyptiennes depuis l'introduction de la stratégie, bien que l'Égypte accueille près de 10 millions de ressortissants étrangers, y compris des réfugiés, des demandeurs d'asile et des migrants de 133 pays.

L'approche a continué à évoluer au fil des ans, tout récemment avec l'adoption du plan d'action national 2024-2026 par le Comité national pour la lutte et la prévention de la migration illégale et de la traite des personnes.

Des initiatives antérieures ont également soutenu ces efforts, notamment le programme "Lifeboats" de 2019, qui a alloué 250 millions EGP pour créer des opportunités d'emploi dans les villages considérés comme les plus vulnérables à la migration irrégulière.

Les mesures prises par l'Égypte ont bénéficié d'un soutien international, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières, les capacités de recherche et de sauvetage et les efforts de lutte contre le trafic de migrants.


Explosion du port de Beyrouth: un juge libanais en Bulgarie pour l'enquête

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  • Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort
  • Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban"

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar s'est déplacé mercredi en Bulgarie pour interroger le propriétaire du navire lié à l'explosion meurtrière dans le port de Beyrouth en 2020, a indiqué un responsable judiciaire à l'AFP.

Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort.

M. Grechushkin est désigné par les autorités libanaises comme le propriétaire du Rhosus, le navire qui transportait le nitrate d'ammonium débarqué dans le port de Beyrouth dans un entrepôt, où il avait explosé suite à un incendie, faisant plus de 200 morts, des milliers de blessés et d'importants dégâts.

Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban, acte terroriste ayant entraîné la mort d'un grand nombre de personnes et désactivation de machines dans le but de faire couler un navire", selon le parquet bulgare.

"M. Bitar est parti pour Sofia mercredi" et doit interroger M. Grechushkin jeudi, a précisé sous couvert d'anonymat un responsable de la justice libanaise à l'AFP.

L'ambassade libanaise à Sofia s'est occupée de trouver un traducteur et un huissier chargé de prendre en note l'interrogatoire, qui se fera en présence d'autorités judiciaires bulgares, a précisé la même source.

La justice libanaise espère obtenir des informations sur la cargaison de nitrate d'ammonium et en particulier son commanditaire. Elle veut aussi savoir si Beyrouth était la destination finale du navire.

Le juge indépendant Tarek Bitar avait repris en début d'année l'enquête qu'il avait dû interrompre en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah qui l'accusait d'impartialité, avant d'être poursuivi pour insubordination.

Son enquête a pu reprendre après l'entrée en fonction du président Joseph Aoun et de son Premier ministre, qui ont promis de préserver l'indépendance de la justice, à la suite de la guerre entre Israël et le Hezbollah dont le mouvement chiite soutenu par l'Iran est sorti très affaibli à l'automne 2024.


«Des habitants meurent de froid»: Gaza frappé par de nouvelles intempéries

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
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  • "Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa)
  • "Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré

GAZA: De nouvelles pluies hivernales se sont abattues cette semaine sur la bande de Gaza, déjà ravagée par la guerre, faisant au moins 18 morts depuis le début des intempéries.

Des Palestiniens poussant une voiture dans une rue inondée, une charrette tirée par un âne progressant difficilement à travers les eaux, des tentes et des abris de fortune de déplacés inondés: la situation s'aggrave dans un territoire palestinien en ruines.

"Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa).

"Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre après deux années de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Nourrissons «en danger»

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs.

Trois enfants étaient décédés dans des conditions similaires la semaine dernière, d'après la Défense civile, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du mouvement islamiste.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Environ 1,3 million de personnes, sur une population de plus de deux millions d'habitants dans le territoire, ont actuellement besoin d'un hébergement d'urgence, selon les Nations unies, qui mettent en garde contre un risque croissant d'hypothermie.

Les nourrissons encourent particulièrement un "grand danger" avec les conditions hivernales, avertit l'organisation.

«Reconstruire le territoire»

La Défense civile de Gaza avait indiqué vendredi qu'au moins 16 personnes étaient mortes en 24 heures des suites de l'effondrement de bâtiments ou des effets du froid.

Outre le nourrisson, le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, a fait état mardi d'un autre décès après l'effondrement du toit d'un bâtiment à la suite de fortes pluies dans le nord-ouest de la ville de Gaza.

Il a précisé que la maison avait déjà été endommagée par des frappes aériennes pendant la guerre.

Des images de l'AFP montrent des secouristes extraire le corps d'un Palestinien des décombres d'un bâtiment. Non loin, des proches en deuil pleurent.

"Nous appelons le monde à résoudre nos problèmes et à reconstruire le territoire afin que nous puissions avoir des maisons au lieu (...) de vivre dans la rue", a déclaré Ahmed al-Hossari, qui a perdu un membre de sa famille.

La bande de Gaza connaît généralement un épisode de fortes pluies à la fin de l'automne et en hiver, mais l'état de dévastation du territoire, des conséquences de la guerre, a rendu ses habitants plus vulnérables.