En Irak, la réalité virtuelle pour plonger dans le Mossoul d'avant la guerre

Ayoub Thanoon Younes, fondateur du projet Mosul Heritage, enseigne aux visiteurs la technologie 3D utilisée pour visualiser des modèles reconstruits d'artefacts anciens détruits pendant l'occupation de Mossoul par les combattants du groupe État islamique (EI), au QAF Lab (représentant la lettre arabe 'qaf') Musée virtuel dans la ville du nord de l'Irak le 3 août 2022. (Photo, AFP)
Ayoub Thanoon Younes, fondateur du projet Mosul Heritage, enseigne aux visiteurs la technologie 3D utilisée pour visualiser des modèles reconstruits d'artefacts anciens détruits pendant l'occupation de Mossoul par les combattants du groupe État islamique (EI), au QAF Lab (représentant la lettre arabe 'qaf') Musée virtuel dans la ville du nord de l'Irak le 3 août 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 29 août 2022

En Irak, la réalité virtuelle pour plonger dans le Mossoul d'avant la guerre

Ayoub Thanoon Younes, fondateur du projet Mosul Heritage, enseigne aux visiteurs la technologie 3D utilisée pour visualiser des modèles reconstruits d'artefacts anciens détruits pendant l'occupation de Mossoul par les combattants du groupe État islamique (EI), au QAF Lab (représentant la lettre arabe 'qaf') Musée virtuel dans la ville du nord de l'Irak le 3 août 2022. (Photo, AFP)
  • L'expérience est proposée par la Maison du Patrimoine de Mossoul, musée privé inauguré à la mi-juin dans une bâtisse à l'élégante façade de marbre gris, au bord du Tigre
  • Dans les salles voutées soutenues par des piliers en marbre, une centaine de pièces sont également exposées dans les vitrines du musée: des amphores en terre cuite, des récipients en métal, une vieille radio

MOSSOUL: Casque de réalité virtuelle sur la tête, Mahiya Youssef pivote sur elle-même. Les images la « transportent » dans les vestiges de Mossoul d'avant la guerre contre les djihadistes, qui ont saccagé nombre de sites historiques dans la métropole irakienne, toujours marquée par le conflit. 

L'emblématique mosquée al-Nouri, avant qu'elle ne soit détruite à coup d'explosifs par le groupe Etat islamique (EI), mais aussi l'église al-Tahira, au détour des ruelles tortueuses de la vieille ville: à l'aide de milliers d'images, des ingénieurs de Mossoul ont donné une seconde vie -- virtuelle -- à cinq sites historiques de Mossoul et sa province de Ninive. 

L'expérience est proposée par la Maison du Patrimoine de Mossoul, musée privé inauguré à la mi-juin dans une bâtisse à l'élégante façade de marbre gris, au bord du Tigre. 

« Le musée m'a ramenée quarante ans en arrière », soupire Mahiya Youssef, retirant le casque noir vissé sur son hijab rose. 

« On est transporté dans un autre monde. J'aimerais tellement que ce soit ça le vrai Mossoul, pas un Mossoul virtuel », poursuit la quinquagénaire, un collier en or tombant sur sa tunique noire. 

« Le retour à la réalité est douloureux », lâche-t-elle. 

Cinq ans après la mise en déroute de l'EI et la reconquête de Mossoul par les forces irakiennes et une coalition internationale, la métropole du Nord reste un patchwork de bâtiments en ruines et d'immeubles en construction, comme autant de témoignages de la violence des combats. 

Les habitants sont revenus mais les sites historiques, mosquées et églises centenaires, sont encore en cours de restauration. Des pans entiers du vieux Mossoul ne sont que des océans de décombres. 

« Sauver la mémoire »  

Au premier mois de son inauguration, le musée a accueilli plus de 4 000 visiteurs, affirme son fondateur, Ayoub Younès. 

« Il est ouvert à tous les visiteurs qui n'ont pas vu le patrimoine de Mossoul détruit par la guerre », explique le jeune homme de 29 ans. 

Pour essayer l'unique casque de réalité virtuelle dont dispose l'institution, les curieux sont placés dans une pièce aux murs sombres. 

Ils peuvent parcourir virtuellement cinq sites, dont la mosquée al-Nouri, ou encore le site archéologique de Hatra. Cette cité vieille de plus de 2 000 ans, dans un désert à une centaine de kilomètres de Mossoul, a été saccagée à la pioche par les jihadistes qui ont occupé jusqu'à un tiers du territoire irakien en 2014. 

« De nombreux enfants n'ont jamais vu par exemple la mosquée al-Nouri et son minaret al-Hadba », dont seule la base subsiste aujourd'hui, reconnaît M. Younes. 

Les paysages virtuels ont été réalisés par les ingénieurs spécialisés de Qaf Lab, qui se présente comme un « hub d'innovation » et un incubateur soutenant les jeunes entrepreneurs. 

Sur son écran d'ordinateur, un membre de l'équipe, Abdallah Bachir, exhibe une réplique en 3D de la mosquée abritant la tombe du prophète Jonas (Nabi Younès), détruite par les jihadistes. 

« Nous avons utilisé des photos personnelles ou des clichés pris par des habitants. On a ainsi pu reconstituer la mosquée », dit-il. La principale difficulté: « le manque de photos des sites antiques. Il y avait très peu de photos avant 2014 ». 

Pour l'ingénieur, le projet est « une manière de sauver la mémoire de Mossoul ». 

« Reconstruction lente »  

Dans les salles voutées soutenues par des piliers en marbre, une centaine de pièces sont également exposées dans les vitrines du musée: des amphores en terre cuite, des récipients en métal, une vieille radio. 

Il y a aussi un samovar en argent, des lampes à huile, des tentures traditionnelles aux murs. Des objets du quotidien, datant le plus souvent du siècle passé, des donations effectuées par des familles mossouliotes. 

En fauteuil roulant, Mohamed Abdallah fait le tour des vitrines, après avoir tenté l'expérience de la réalité virtuelle. Pour lui aussi le contraste avec la réalité est douloureux. 

« La reconstruction est extrêmement lente, elle n'est pas à la hauteur des ravages », déplore le jeune homme. 

Il appelle à accélerer la restauration des sites du patrimoine, pour attirer les touristes mais aussi pour « insuffler la vie » aux quartiers environnants. 

Malgré le goût amer que lui laisse sa promenade en 3D, il n'a pas perdu espoir. « Un jour viendra où quand on fera cette balade dans la réalité, elle sera encore plus belle que le virtuel. » 


La princesse Rajwa éblouissante en Élie Saab et la reine Rania en robe Dior au mariage royal de Jordanie

Pour son mariage, la princesse Rajwa portait une robe blanche classique du couturier libanais Élie Saab, apprécié des célébrités. (Reuters)
Pour son mariage, la princesse Rajwa portait une robe blanche classique du couturier libanais Élie Saab, apprécié des célébrités. (Reuters)
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  • La mariée, rayonnante, est arrivée au palais de Zahran et a été accompagnée dans l'allée par le frère cadet du prince héritier, le prince Hashem
  • Le prince William portait un costume bleu marine classique avec une chemise blanche et une cravate bleue

DUBAÏ: Rajwa al-Saif d'Arabie saoudite, qui sera désormais connue sous le nom de princesse Rajwa al-Hussein, s'est mariée avec le prince héritier Hussein ben Abdallah II de Jordanie le 1er juin à Amman, lors d'un événement très médiatisé.

La mariée, rayonnante, est arrivée au palais de Zahran et a été accompagnée dans l'allée par le frère cadet du prince héritier, le prince Hashem.

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Rajwa al-Saif portait une robe blanche classique du célèbre couturier libanais Élie Saab. (Reuters)

Pour son mariage, la future reine de Jordanie portait une robe blanche classique du célèbre couturier libanais Élie Saab, apprécié des célébrités.

La robe simple à manches longues, plissée sur l'avant et au col asymétrique, comportait un splendide voile et une traîne de plusieurs mètres. 

Elle portait un superbe diadème et des boucles d'oreilles en diamant assorties, ainsi que des chaussures à lanières blanches, et tenait à la main un bouquet de fleurs blanches. Pour sa part, le prince héritier portait un costume inspiré de celui porté par le roi Abdallah II le jour de son mariage en 1993. Les manches du costume rappelaient le style privilégié par le roi Abdallah II et le roi Abdallah Ier.

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La reine Rania de Jordanie, toujours à la pointe de la mode, portait une robe de la marque française Dior. La robe brodée fait partie de la collection couture automne 2022 de cette marque de luxe.

Kate, princesse de Galles, et William, prince de Galles, figuraient parmi les invités royaux de haut rang à la cérémonie.

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Kate, princesse de Galles, et William, prince de Galles, figuraient parmi les invités royaux de haut rang à la cérémonie. (RHCJO)

Pour cette occasion très attendue, Kate a représenté le monde arabe dans une élégante robe Élie Saab de la collection couture Automne/Hiver 2017 de la marque.

La robe pastel comportait un col haut, des manches bouffantes ainsi que des broderies et des détails en dentelle. Elle l’a agrémentée d’une pochette métallique.

Le prince William portait un costume bleu marine classique avec une chemise blanche et une cravate bleue.

La mariée est restée fidèle à ses racines saoudiennes lors de sa soirée du henné du 22 mai en portant une robe de la créatrice saoudienne appréciée par les célébrités Honayda Serafi.

La créatrice s'est inspirée du thobe al-shaby de la région du Najd en Arabie saoudite, d'où est originaire la famille d'Al-Saif.

«Elle a dit qu'elle voulait porter quelque chose de très simple qui rappelle la culture saoudienne, mais avec une touche moderne. Elle voulait que la tenue soit très élégante et blanche», avait précédemment affirmé Honayda Serafi à Arab News.

Outre les références à l'héritage saoudien de Rajwa al-Saif, la robe comportait également des clins d'œil à la culture jordanienne.

Honayda Serafi a inclus l'étoile blanche à sept pointes qui est présente sur le drapeau national jordanien, symbolisant les sept versets de la sourate Al-Fatiha dans le Coran.

D'autres détails de la robe comprenaient des palmiers saoudiens, qui symbolisent la vie et la vitalité, ainsi qu'un vers du célèbre poète tunisien Aboul Qacem Echebbi, qui se traduit par «Quand mes yeux te voient, la vie prend son sens», apposé sur la robe en caractères arabes.

«Mon intention derrière la conception de cette robe était de documenter l'amour éternel et l'histoire du mariage royal. Naturellement, j'ai utilisé des fils traditionnels et tout est brodé à la main», a précisé Honayda Serafi.

«C'est un grand moment pour la marque de faire partie d'un événement historique. C'est un grand honneur, et je suis très, très fière de représenter les designers saoudiens ainsi que de montrer à la nouvelle génération comment non seulement faire honneur à l'identité et au patrimoine historiques de l'Arabie saoudite mais également l'exprimer de manière moderne», a-t-elle ajouté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Une exposition à Hayy Jamil aborde les questions du travail et des loisirs

L'exposition comprend des peintures, des photographies, des dessins et des vidéos, la sélection reflétant les diverses façons dont les artistes s'impliquent dans l'espace et le lieu pour analyser les questions d'identité, de mémoire, d'histoire, de technologie et de désir (Photo fournie)
L'exposition comprend des peintures, des photographies, des dessins et des vidéos, la sélection reflétant les diverses façons dont les artistes s'impliquent dans l'espace et le lieu pour analyser les questions d'identité, de mémoire, d'histoire, de technologie et de désir (Photo fournie)
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  • L'exposition Silent Hands présente un large éventail d'artistes d'Arabie saoudite, de Singapour, d'Inde, des Émirats arabes unis, des Philippines, du Yémen et du Canada
  • L’exposition, qui a été inaugurée mardi, se tient dans une galerie spéciale à Hayy Jamil jusqu'au 16 octobre

DJEDDAH: Hayy Jamil, la maison des arts de Djeddah, organise l'exposition Silent Hands, («Mains silencieuses») qui présente des créations uniques et des œuvres d'artistes de classe mondiale en présence de la communauté artistique, d'invités, et de représentants de diverses écoles d'art de la ville.

L'exposition, inaugurée mardi, aborde les questions du travail et des loisirs.

Présentant des œuvres de Pacita Abad, Hangama Amiri, Mohammed Kazem, Maha Mallouh, Khairoullah Rahim, Anhar Salem et Aarti Sunder, l'exposition s’implique dans les espaces de travail, physiques et virtuels, et leurs liens avec le genre, l'indépendance financière, la mobilité sociale, et les migrations.

Organisée par Rotana Shaker d'Art Jamil, aux côtés des commissaires invités Zain al-Saie et Jean Wong, l'exposition, qui vise à soutenir l’élaboration curatoriale, est un prélude à un nouvel appel annuel ouvert pour des projets curatoriaux.

«L'exposition présente un large éventail de disciplines artistiques, de la sculpture et de la peinture à des œuvres numériques et sculpturales», précise Rotana Shaker à Arab News. «Chaque artiste apporte une vision et une perspective uniques au concept d'espace et de lieu, créant une riche variété d'interprétations qui s’adressent à la complexité de notre monde.»

«Il s'agit de la façon dont nous travaillons et du lieu où nous travaillons. Ainsi, les artistes qui viennent d'horizons différents recherchent des idées axées sur le potentiel de l'espace lorsqu'ils travaillent hors de leur bureau», ajoute-t-il.

Rouba al-Swil, responsable de la communication à Art Jamil, indique que l'exposition présente un large éventail d'artistes d'Arabie saoudite, de Singapour, d'Inde, des Émirats arabes unis, des Philippines, du Yémen et du Canada.

L'exposition inclut des peintures, des photographies, des dessins et des vidéos, cette sélection reflétant les diverses façons dont les artistes s’impliquent dans l'espace et le lieu pour analyser les questions d'identité, de mémoire, d'histoire, de technologie et de désir.

Silent Hands se tient dans une galerie spéciale à Hayy Jamil jusqu'au 16 octobre.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


«Ce que la Palestine apporte au monde», une exposition événement à l’Institut du monde arabe

L'exposition «Les Palestiniens et les Palestiniennes en leurs musées» met en lumière les correspondances entre une sélection d’œuvres issues des collections du futur Musée de Jérusalem-Est et celles du musée de l’IMA. (Photo fournie)
L'exposition «Les Palestiniens et les Palestiniennes en leurs musées» met en lumière les correspondances entre une sélection d’œuvres issues des collections du futur Musée de Jérusalem-Est et celles du musée de l’IMA. (Photo fournie)
L'exposition «Les Palestiniens et les Palestiniennes en leurs musées» met en lumière les correspondances entre une sélection d’œuvres issues des collections du futur Musée de Jérusalem-Est et celles du musée de l’IMA. (Photo fournie)
L'exposition «Les Palestiniens et les Palestiniennes en leurs musées» met en lumière les correspondances entre une sélection d’œuvres issues des collections du futur Musée de Jérusalem-Est et celles du musée de l’IMA. (Photo fournie)
L'exposition «Les Palestiniens et les Palestiniennes en leurs musées» met en lumière les correspondances entre une sélection d’œuvres issues des collections du futur Musée de Jérusalem-Est et celles du musée de l’IMA. (Photo fournie)
L'exposition «Les Palestiniens et les Palestiniennes en leurs musées» met en lumière les correspondances entre une sélection d’œuvres issues des collections du futur Musée de Jérusalem-Est et celles du musée de l’IMA. (Photo fournie)
L'exposition «Les Palestiniens et les Palestiniennes en leurs musées» met en lumière les correspondances entre une sélection d’œuvres issues des collections du futur Musée de Jérusalem-Est et celles du musée de l’IMA. (Photo fournie)
L'exposition «Les Palestiniens et les Palestiniennes en leurs musées» met en lumière les correspondances entre une sélection d’œuvres issues des collections du futur Musée de Jérusalem-Est et celles du musée de l’IMA. (Photo fournie)
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  • «Cet événement est exceptionnel, tant par sa durée que par son ampleur. Il puise ses sources autant dans l’histoire que dans la vitalité de la scène contemporaine», indique Jack Lang
  • Depuis 2016, l’IMA abrite en ses murs la collection du futur Musée national d’art moderne et contemporain de la Palestine, qui devrait être mise en place un jour à Jérusalem-Est

PARIS: «Ce que la Palestine apporte au monde» est le titre d’une exposition qui porte sur la créativité artistique et culturelle palestinienne. Elle se tient à l’Institut du monde arabe (IMA) du 31 mai et au 19 novembre 2023. Initiée par Jack Lang, président de l’institution, cette manifestation est une première. Son objectif est «la mise en valeur l’ampleur et l’originalité de la créativité artistique et culturelle palestinienne». 

«Cet événement est exceptionnel, tant par sa durée que par son ampleur. Il puise ses sources autant dans l’histoire que dans la vitalité de la scène contemporaine», indique Jack Lang. Ce dernier précise que cette manifestation propose au public quatre expositions ainsi que l’édition d’un livre dans la collection Araborama, en partenariat avec les éditions du Seuil. L’ouvrage est consacré à la Palestine, à son peuple, à ses frontières et à son histoire. Il évoque l’organisation de diverses manifestations culturelles – qu’il s’agisse de musique, de littérature, de cinéma, de poésie ou de danse – autour de cette thématique. 

«Cette exposition, qui s’étend jusqu’à novembre 2023, est une manifestation fondamentale. Elle montre un visage qu’on n’a pas l’habitude de voir, qui est celui de l’obsession de la passion culturelle palestinienne», explique de son côté Elias Sanbar, écrivain, ambassadeur de la Palestine auprès de l’Unesco et commissaire général de l’exposition, à Arab News en français. 

Depuis 2016, l’IMA abrite en ses murs la collection du futur Musée national d’art moderne et contemporain de la Palestine, qui devrait être mise en place un jour à Jérusalem-Est. Lancée à l’initiative d’Elias Sanbar avec la collaboration de l'artiste Ernest Pignon-Ernest, la collection présente un ensemble de quatre cents œuvres – de l’art informel à l’hyperréalisme – réalisées par des artistes des cinq continents. 

L’exposition en trois parties

Selon les organisateurs, l'exposition «Les Palestiniens et les Palestiniennes en leurs musées» met en lumière les correspondances entre une sélection d’œuvres issues des collections du futur Musée de Jérusalem-Est et celles du musée de l’IMA. Proposant trois thèmes, l’exposition comprend une partie consacrée au projet Sahab («Nuage») porté par trois artistes, Mohamed Abusal à Gaza, Mohamed Bourouissa à Paris et Salman Nawati en Suède, ainsi que l’architecte Sondos al-Nakhala à Gaza. Sahab interroge sur la façon de traiter le passé, d’agir dans le présent et d’imaginer le futur en Palestine. 

La manifestation réserve un espace à Mahmoud Darwich, maître incontesté de la poésie palestinienne, dont les œuvres demeurent une référence pour les artistes et les mélomanes du monde arabe. Ses textes seront mis en regard avec les œuvres de l’artiste algérien Rachid Koraïchi.

Deux regards et deux approches 

L’espace donateurs accueillera un fonds inédit de photographies colorisées du XIXe siècle qui font partie d’une collection privée. «Les images seront exposées face aux œuvres de photographes palestiniens contemporaines, opposant deux regards, deux approches et deux conceptions de la Palestine», souligne le commissaire général de l’exposition. Les organisateurs précisent que le premier ensemble est composé d’une trentaine de clichés qui représentent des paysages, des scènes de genre et des portraits tirés selon le procédé photochrome, breveté en 1889 par le Suisse Orell Füssli. 

Le second ensemble, plus actuel, reflète la vitalité et l’énergie des artistes palestiniens des villes de Gaza, Jérusalem ou des territoires occupés. Ces derniers «se réapproprient l’espace public par le corps, qui l’habite tout autant qu’il le “performe”, faisant acte de résistance à la colonisation», soulignent les organisateurs de l’exposition. Ces derniers indiquent que la sélection rassemble des photographes nés entre les années 1960 et 1990; ils vivent et travaillent sur place ou dans la diaspora. Parmi eux, citons Shady al-Assar, Mohamed Abusal, Taysir Batniji, Rehaf al-Batniji, Raed Bawayah, Tanya Habjouqa, Rula Halawani, Maen Hammad, Safaa Khatib, Eman Mohamed, Nasser Amer, Steve Sabella ou Raeda Saadeh. 

«La première partie, qu’on a appelée “Terre habitée”, comprend une série de photographies contemporaines qui reflètent la réappropriation des territoires et interrogent sur les contraintes, la circulation, l’embargo sur Gaza et l’enfermement», nous explique Marion Slitine, anthropologue, chercheuse postdoctorale à l’École des hautes études en sciences sociales (Ehess), spécialiste de l’art contemporain palestinien et commissaire associée de l’exposition. Ces projets artistiques parlent des contraintes de la vie au quotidien sous occupation d’une manière décalée et alternative», montrant «ce qu’on n’a pas l’habitude de voir à travers les images médiatiques ou dominantes sur la Palestine», conclut-elle.