Vent de contestation dans les rangs de la police contre le projet de réforme de la PJ

Actuellement, chaque service rend des comptes à sa hiérarchie. Les enquêteurs de police judiciaire sont ainsi sous l'autorité du Directeur central de la police judiciaire (DCPJ). (Photo, AFP)
Actuellement, chaque service rend des comptes à sa hiérarchie. Les enquêteurs de police judiciaire sont ainsi sous l'autorité du Directeur central de la police judiciaire (DCPJ). (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 30 août 2022

Vent de contestation dans les rangs de la police contre le projet de réforme de la PJ

Actuellement, chaque service rend des comptes à sa hiérarchie. Les enquêteurs de police judiciaire sont ainsi sous l'autorité du Directeur central de la police judiciaire (DCPJ). (Photo, AFP)
  • Chez les héritiers des «Brigades du Tigre» créées par Georges Clemenceau en 1907, les téléphones ont chauffé tout l'été pour organiser la mobilisation
  • Les opposants à ce projet dénoncent le risque d'un «nivellement vers le bas» et un renforcement du poids du préfet dans les enquêtes

PARIS: « Casse organisée de l'investigation » ou maintien d'une véritable police judiciaire? Le projet de réforme gouvernemental de la prestigieuse PJ, chargée des crimes les plus graves, rencontre l'opposition de nombreux enquêteurs craignant la dilution de leur savoir-faire, voire l'abandon de certains territoires. 

Chez les héritiers des « Brigades du Tigre » créées par Georges Clemenceau en 1907, les téléphones ont chauffé tout l'été pour organiser la mobilisation. 

Il y a d'abord eu ce premier acte de protestation, du « jamais vu » de mémoire de policier: en juillet, ils sont plus d'un millier (sur 5 000 fonctionnaires de police judiciaire) à faire connaître à leur hiérarchie un « mal-être » face au projet de réforme, via un rapport sur les risques psycho-sociaux. 

Deuxième marque d'opposition, « inédite » là encore, le lancement le 17 août de l'Association nationale de la police judiciaire (ANPJ). « Apolitique » et « sans étiquette syndicale » dans une institution où ces derniers sont très puissants, elle rassemble des enquêteurs décidés à alerter sur les « conséquences désastreuses » de la réforme « pour la sécurité des citoyens et l'indépendance de la justice ». 

« La question c'est: est-ce que nos dirigeants veulent maintenir un haut niveau d'investigation? », dénonce l'un des vice-présidents de l'ANPJ, enquêteur « stups » dans le Sud de la France, requérant l'anonymat. 

Dans ce projet de réforme prévu pour 2023 et porté par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et le Directeur général de la police nationale Frédéric Veaux, tous les services de police à l'échelle du département - renseignement, sécurité publique, police aux frontières (PAF) et police judiciaire (PJ) - seront placés sous l'autorité d'un nouveau responsable unique, le Directeur départemental de la police nationale (DDPN), dépendant du préfet. 

Actuellement, chaque service rend des comptes à sa hiérarchie. Les enquêteurs de police judiciaire sont ainsi sous l'autorité du Directeur central de la police judiciaire (DCPJ). 

Le gouvernement prévoit de les intégrer à une filière investigation, aux côtés des enquêteurs de sécurité publique, en charge de la délinquance du quotidien. Objectif: désengorger les services d'investigation des commissariats et solutionner un fonctionnement de la police nationale en « tuyaux d'orgue ». 

Poids du préfet 

Les opposants à ce projet dénoncent le risque d'un « nivellement vers le bas » et un renforcement du poids du préfet dans les enquêtes. 

Une critique partagée par le monde judiciaire. L'Union syndicale des magistrats (USM) a adressé en juillet un courrier aux ministres de l'Intérieur et de la Justice, et les juges d'instruction de l'Association française des magistrats instructeurs (AFMI) ont également alerté sur les « dangers » de cette réorganisation. 

« Les enquêteurs de la PJ vont être absorbés par le traitement de la petite délinquance du quotidien », redoute Frédéric Macé, juge d'instruction à Caen et Secrétaire général de l'AFMI. Il s'inquiète en outre de voir les « longues et complexes » investigations menées par la PJ « sacrifiées » au profit des « priorités sécuritaires du moment ». 

Le juge craint aussi un risque accru d'ingérence voire de « fuites » dans les enquêtes en matière économiques et financières qui impliquent chefs d'entreprises ou élus locaux, sachant que « le DDPN devra faire des remontées régulières des affaires judiciaires sensibles sur son ressort ». 

Le policier du Sud de la France redoute également que sa participation aux enquêtes de sécurité publique ne nuise au reste de ses investigations sur des délinquants plus chevronnés: « dans mon domaine, les stupéfiants, si l'on doit faire des 'petites affaires' en allant par exemple arrêter le guetteur au coin de la rue, nous allons nous exposer. Nos visages seront connus, nos véhicules aussi ». 

Yann Bastière, délégué national du syndicat Unité-SGP-Police, craint pour sa part un « abandon de territoires à la criminalité organisée ». Par exemple dans le Sud de la France, la grande criminalité éco-financière ne sera plus traitée que de Marseille, explique le syndicaliste. « Mais qui fera demain 500 kilomètres pour mener une enquête de longue durée à Toulouse? », s'interroge-t-il. 

Dénonçant « l'opacité » dans laquelle est discuté le projet, il juge qu'« on est en train d'organiser la casse de l'investigation de la même manière » que « le renseignement dans les années 2000 ». 

Dans une interview au Parisien en juillet, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a assuré que cette réforme ne mettrait pas fin « à la police judiciaire, à l'existence d'antennes, d'offices centraux, qui sont intradépartementaux voire intrarégionaux ». 

Contacté, le ministère de l'Intérieur n'a pas souhaité s'exprimer avant une réunion prévue le 1er septembre entre M. Darmanin et des responsables de la PJ. Le DGPN doit pour sa part s'adresser aux personnels de police judiciaire dans les prochains jours.


Laurent Wauquiez dépose une proposition de loi pour interdire le voile aux mineures

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  • Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public
  • Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier

PARIS: Le chef des députés Les Républicains Laurent Wauquiez a déposé lundi une proposition de loi pour interdire aux mineures de porter le voile dans l'espace public, mais son examen rapide semble peu probable et sa constitutionnalité mise en doute par des juristes.

M. Wauquiez veut interdire "à tout parent d'imposer à sa fille mineure ou de l'autoriser à porter, dans l'espace public, une tenue destinée à dissimuler sa chevelure", selon l'article unique de sa proposition de loi.

Il s'appuie notamment sur un rapport sur les Frères musulmans commandé par le gouvernement et publié en mai dernier, relatant l'augmentation "massive et visible du nombre de petites filles portant le voile".

Il estime que "le voilement de jeunes filles" heurte les principes républicains "les plus fondamentaux", tels que la "protection de l'enfant", "la liberté de conscience" et "l'égalité entre les hommes et les femmes".

Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public.

Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier.

En outre, des professeurs de droit public interrogés par l'AFP émettent de sérieuses réserves quant à la conformité avec la Constitution de cette proposition déjà formulée, tout en la circonscrivant aux moins de 15 ans, par le patron des députés macronistes Gabriel Attal en mai - même si celui-ci n'avait pas déposé de texte.

Pour la constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina, elle n'a "aucune chance d'être conforme", rappelant que la loi sur la dissimulation du visage que son texte vient modifier a un motif de "sécurité à l'ordre public" et ne "vise aucune religion en particulier".

Or, M. Wauquiez cible très clairement le voile islamique dans l'espace public, contrevenant "au principe de liberté de religion", ajoute l'enseignante.

Jean-Philippe Derosier, professeur de droit public à l’Université de Lille, se dit également "très réservé".

Bien que le texte se heurte au principe de liberté religieuse, Laurent Wauquiez justifie sa démarche par la "préservation des droits de l’enfant", ce qui est "assez habile", reconnaît-il, mais insuffisant pour garantir sa conformité constitutionnelle.

Assimiler le port du voile par une mineure à "une forme d’asservissement" reste juridiquement fragile. "Incontestablement, une fillette de 9 ans pourrait le faire par mimétisme ou sous l'effet d’une instrumentalisation", observe-t-il. "Mais une adolescente de 16 ans peut davantage le porter par conviction personnelle."

Il rappelle par ailleurs que l’interdiction de dissimulation du visage est justifiée par des raisons de sécurité, avec la nécessité de pouvoir "identifier les personnes", un raisonnement difficilement transposable au fait de se couvrir la chevelure.


Quatre associations musulmanes portent plainte contre un sondage Ifop

Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
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  • Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop
  • Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021

PARIS: Quatre associations du culte musulman ont porté plainte lundi pour dénoncer le manque d'objectivité supposé d'un sondage Ifop sur le rapport des fidèles à l'islam, ont annoncé leurs avocats à l'AFP.

Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop "Etat des lieux du rapport à l'islam et à l'islamisme des musulmans de France".

Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021.

Ce sondage "viole le principe d'objectivité posé par la loi du 19 juillet 1977 relative à la publication et la diffusion des sondages d'opinion", se "fonde sur des questions orientées" et se "focalise sur des résultats minoritaires mis en avant à des fins polémiques", accusent les avocats Mes Raphaël Kempf et Romain Ruiz, dans un communiqué.

Selon eux, le sondage distille "le poison de la haine dans l'espace public", renforçant "les amalgames".

Contacté par téléphone, François Kraus, directeur du pôle politique/actualités de l'Ifop, a indiqué qu'il répondrait à l'AFP par écrit, ce qu'il n'avait pas fait dans l'après-midi.

Le CFCM avait déjà dans un communiqué vendredi déploré "une nouvelle mise à l’index des citoyens français de confession musulmane et de leurs pratiques religieuses", avec des analyses et données "contestables".

L'enquête Ifop, basée sur un échantillon de 1.005 personnes de religion musulmane, a été commandée par le média confidentiel "Ecran de veille", qui se présente comme "le mensuel pour résister aux fanatismes".

L'attention médiatique et politique s'est beaucoup focalisée sur le sous-échantillon des 15-24 ans, constitué de 291 personnes, et révélant une forte pratique (87% se considèrent religieux, 67% disent prier "au moins une fois par jour", 83% font le ramadan)

François Kraus écrit dans sa conclusion sur le site de l'Ifop que "cette enquête dessine très nettement le portrait d'une population musulmane traversée par un processus de réislamisation, structurée autour de normes religieuses rigoristes et tentée de plus en plus par un projet politique islamiste".

Le sondage a provoqué de vives réactions, l'extrême droite y voyant un signe d'"islamisation", tandis que des représentants de la communauté musulmane ont regretté "une stigmatisation".

"A mal poser les questions, on finit toujours par fabriquer les peurs qu’on prétend mesurer", affirmait dans son billet hebdomadaire le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz.

Le politiste Haouès Seniguer qualifie pour sa part de raccourci "grossier et réducteur" l'idée, sous-jacente selon lui au sondage, qu'une observance stricte de l'islam soit la porte d'entrée mécanique vers l'islamisme.


Macron invité de RTL mardi matin

 Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
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  • Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat Français a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine
  • Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire

PARIS: Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué.

Le président de la République sera notamment interrogé sur la situation internationale, alors qu'une nouvelle réunion de la "coalition des volontaires" au soutien de l'Ukraine est prévue mardi en visioconférence.

Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine.

M. Macron sera aussi interrogé sur "les menaces qui pèsent sur la France", selon le communiqué de RTL.

Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire.