Sadr veut s'imposer comme la principale figure politique chiite d'Irak

Moqtada Sadr, prononce un discours appelant ses partisans à se retirer du quartier gouvernemental de la capitale, depuis sa maison de Najaf, en Irak, le mardi 30 août 2022 (Photo, AP).
Moqtada Sadr, prononce un discours appelant ses partisans à se retirer du quartier gouvernemental de la capitale, depuis sa maison de Najaf, en Irak, le mardi 30 août 2022 (Photo, AP).
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Publié le Jeudi 01 septembre 2022

Sadr veut s'imposer comme la principale figure politique chiite d'Irak

  • «Sadr cherche à devenir l'acteur chiite le plus puissant d'Irak», estime Renad Mansour du centre de réflexion Chatham House
  • L'Irak est gouverné selon un système de partage communautaire du pouvoir, dans un pays à majorité chiite qui compte également d'importantes minorités sunnite et kurde

BAGDAD : Le leader chiite irakien Moqtada Sadr a annoncé son "retrait définitif" de la vie politique mais ses intentions semblent être tout autres, estiment des experts, après les violences meurtrières déclenchées après sa décision.

"Sadr cherche à devenir l'acteur chiite le plus puissant d'Irak", estime Renad Mansour du centre de réflexion Chatham House. "Cela passerait par une déstabilisation du système politique mais surtout de la maison chiite pour la reconstruire avec lui au centre."

Depuis l'invasion américaine de 2003 et la fin du règne de Saddam Hussein, l'Irak est gouverné selon un système de partage communautaire du pouvoir, dans un pays à majorité chiite qui compte également d'importantes minorités sunnite et kurde.

Moqtada Sadr, dont le père était un religieux très respecté en Irak, est devenu au fil des années un acteur politique clé bénéficiant du soutien d'une base chiite qu'il sait mobiliser quand il en a besoin.

Ainsi, entre lundi et mardi, les Brigades de la paix de Moqtada Sadr ont affronté des unités de l'armée irakienne et des hommes du Hachd al-Chaabi, d'anciens paramilitaires pro-Iran intégrés aux troupes régulières.

Echec tactique

Ces violences, déclenchées lundi dès l'annonce par le leader chiite de son retrait de la politique, sont le point d'orgue de la crise que traverse l'Irak depuis les législatives d'octobre 2021, remportées par Moqtada Sadr.

Les barons de la politique ayant été incapables de s'accorder sur le nom d'un nouveau Premier ministre, le pays n'a ni nouveau gouvernement, ni nouveau président depuis le scrutin.

Preuve de l'autorité du leader chiite: dans la minute où il leur a ordonné de se retirer mardi, ses partisans ont déserté la Zone Verte, 24H après avoir envahi ce secteur ultra-protégé de la capitale, qui abrite ambassades et ministères, et des violences ayant fait 30 morts et près de 600 blessés dans les rangs des pro-Sadr.

"Ce n'est pas la première fois qu'il envoie des manifestants et leur demande ensuite de se retirer", explique M. Mansour. "Son objectif ultime est de devenir la principale force politique chiite en Irak".

Arrivé premier aux législatives avec 73 sièges (sur 329), il a tenté sans succès une série de manoeuvres pour "assurer sa domination (...) et exclure ses rivaux", explique Fanar Haddad, spécialiste de l'Irak à l'Université de Copenhague.

Il a échoué à former un gouvernement malgré ses tentatives de s'allier avec les camps sunnite et kurde.

En juin, il a fait démissionner ses 73 députés pour essayer de déstabiliser le Parlement, mais ce retrait a fait du Cadre de coordination la plus grande formation à l'Assemblée.

Fin juillet, il a dénoncé la candidature au poste de chef de gouvernement d'un ancien ministre proposée par le Cadre de coordination et ses partisans ont envahi le Parlement, réclamant de nouvelles élections et campant devant l'Assemblée.

Mais le Cadre de coordination, qui exige la nomination d'un Premier ministre avant tout scrutin, maintient sa position.

Les violences cette semaine représentent un nouvel échec tactique pour Moqtada Sadr, estime M. Haddad.

Lâché par son mentor

Car, "le Cadre de coordination n'a pas (...) fait de concession", après le retrait ordonné par Moqtada Sadr à ses partisans, explique-t-il.

"Cela pousse encore davantage tout le monde à camper sur ses positions (...), la possibilité de réconciliation semble s'amenuiser."

Moqtada Sadr est connu pour ses prises de position souvent changeantes et notamment concernant son retrait de la vie politique, promesse qu'il a déjà faite plusieurs fois.

Sa décision lundi est intervenue au lendemain d'une déclaration de l'ayatollah Kazem al-Haeri – considéré comme le mentor de Moqtada Sadr – qui a critiqué ce dernier et appelé ses partisans à se ranger derrière le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.

"Moqtada a toujours tenu à dire qu'il (...) bénéficiait de l'appui religieux" de Haeri, donc cette déclaration lui a porté un "coup", souligne le politologue Sajad Jiyad.

Moqtada Sadr, qui conteste l'influence iranienne dans son pays, a désormais peu d'options, selon M. Jiyad.

"Il pourrait relancer des manifestations (...) pour empêcher le Cadre de coordination de former un gouvernement ou continuer à réclamer la dissolution du Parlement et un nouveau scrutin, en tentant dans le même temps de paralyser le travail des ministères et des champs pétroliers", explique-t-il.

"Il pourrait aussi y avoir davantage d'escalade", dit-il.


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.


Un mort dans des frappes israéliennes au Liban (ministère)

Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
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  • Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé, Israël affirmant viser des membres du Hezbollah malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Sous pression internationale, le Liban s’est engagé à désarmer le Hezbollah au sud du Litani, mais Israël accuse le mouvement de se réarmer, une accusation relayée par le sénateur américain Lindsey Graham

BEYROUTH: Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé dimanche, a annoncé le ministère libanais de la Santé, tandis que l'armée israélienne a déclaré avoir visé des membres du Hezbollah.

Israël continue à mener régulièrement des frappes au Liban et affirme viser le mouvement islamiste soutenu par l'Iran, malgré un cessez-le-feu qui a mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an d'hostilités, en marge de la guerre dans la bande de Gaza.

Israël maintient également des troupes dans cinq positions frontalières du sud du Liban qu'il estime stratégiques.

Selon le ministère libanais de la Santé, deux frappes israéliennes ont touché dimanche un véhicule et une moto dans la ville de Yater, à environ cinq kilomètres de la frontière avec Israël, tuant une personne et en blessant une autre.

L'armée israélienne a déclaré avoir "frappé un terroriste du Hezbollah dans la zone de Yater" et ajouté peu après avoir "frappé un autre terroriste du Hezbollah" dans la même zone.

Dimanche également, l'armée libanaise a annoncé que des soldats avaient découvert et démantelé "un dispositif d'espionnage israélien" à Yaroun, une autre localité proche de la frontière.

Sous forte pression américaine et par crainte d'une intensification des frappes israéliennes, le Liban s'est engagé, comme prévu par l'accord de cessez-le-feu, à désarmer le Hezbollah et à démanteler d'ici la fin de l'année toutes ses structures militaires entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres plus au nord.

Israël a mis en doute l'efficacité de l'armée libanaise et accusé le Hezbollah de se réarmer, tandis que le mouvement chiite a rejeté les appels à abandonner ses armes.

En visite en Israël dimanche, le sénateur américain Lindsey Graham a lui aussi accusé le mouvement de se réarmer. "Mon impression est que le Hezbollah essaie de fabriquer davantage d'armes (...) Ce n'est pas un résultat acceptable", a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée par le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Plus de 340 personnes ont été tuées par des tirs israéliens au Liban depuis le cessez-le-feu, selon un bilan de l'AFP basé sur les chiffres du ministère libanais de la Santé.


Un sénateur américain réclame une action militaire contre le Hamas et le Hezbollah s'ils ne désarment pas

Le sénateur Lindsey Graham entre dans la salle du Sénat à Washington, DC, le 11 décembre 2025. (AFP)
Le sénateur Lindsey Graham entre dans la salle du Sénat à Washington, DC, le 11 décembre 2025. (AFP)
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  • Le sénateur américain Lindsey Graham appelle au désarmement du Hamas et du Hezbollah, menaçant d’une action militaire s’ils refusent, et conditionne toute paix durable à cette étape
  • Malgré des cessez-le-feu fragiles à Gaza (octobre) et avec le Hezbollah (novembre 2024), les tensions persistent, Israël poursuivant des frappes et les médiateurs poussant vers une phase 2 du plan de paix

Jérusalem: L'influent sénateur américain Lindsey Graham a réclamé dimanche une action militaire contre le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais si ces deux mouvements ne démantelaient pas leur arsenal.

Après deux années d'une guerre dévastatrice dans la bande de Gaza, un fragile cessez-le-feu entre Israël et le Hamas est observé depuis octobre dans le territoire palestinien, bien que les deux parties s'accusent mutuellement de le violer.

Une trêve avec le Hezbollah est également entrée en vigueur en novembre 2024, après deux mois d'une guerre ouverte. Mais Israël continue de mener des frappes en territoire libanais, disant cibler le mouvement islamiste.

Concernant ses deux ennemis, alliés de l'Iran, Israël fait du démantèlement de leur arsenal militaire l'une des principales conditions à toute paix durable.

"Il est impératif d'élaborer rapidement un plan, d'impartir un délai au Hamas pour atteindre l'objectif du désarmement", a affirmé le sénateur républicain lors d'une conférence de presse à Tel-Aviv.

Dans le cas contraire, "j'encouragerais le président (Donald) Trump à laisser Israël achever le Hamas", a-t-il dit.

"C'est une guerre longue et brutale, mais il n'y aura pas de succès où que ce soit dans la région, tant que le Hamas n'aura pas été écarté du futur de Gaza et tant qu'il n'aura pas été désarmé", a estimé M. Graham.

Depuis le cessez-le-feu entré en vigueur le 10 octobre à Gaza, les médiateurs appellent à accentuer les efforts pour passer à la prochaine phase d'un plan de paix américain.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

"La phase deux ne pourra pas réussir tant que le Hamas n'aura pas été désarmé", a martelé M. Graham.

- "Grand ami d'Israël" -

Tout en se disant "optimiste" sur la situation au Liban où le gouvernement s'est engagé à désarmer le Hezbollah, M. Graham a brandi la menace d'une "campagne militaire" contre le mouvement.

"Si le Hezbollah refuse d'abandonner son artillerie lourde, à terme nous devrions engager des opérations militaires", a-t-il estimé, allant jusqu'à évoquer, en coopération avec le Liban, une participation des Etats-Unis aux côtés d'Israël.

Plus tôt dimanche, le sénateur a été reçu par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a salué en lui "un grand ami d'Israël, un grand ami personnel".

Samedi, les Etats-Unis et les garants du cessez-le-feu --Egypte, Qatar et Turquie-- ont appelé Israël et le Hamas à "respecter leurs obligations" et à "faire preuve de retenue" à Gaza.

Le Hamas appelle de son côté à stopper les "violations" israéliennes du cessez-le-feu.

Vendredi, six personnes, dont deux enfants, ont péri dans un bombardement israélien sur une école servant d'abri à des déplacés, d'après la Défense civile à Gaza, un organisme de secours dépendant du Hamas.