Shawan Jabarin, le ténor des ONG palestiniennes, craint d'être écroué

Shawan Jabarin. (AFP).
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Publié le Jeudi 01 septembre 2022

Shawan Jabarin, le ténor des ONG palestiniennes, craint d'être écroué

  • Le 18 août dernier, l'armée israélienne a perquisitionné les bureaux de sept ONG palestiniennes, dont l'organisation al-Haq
  • Depuis octobre 2021, Israël considère certaines de ces ONG, dont al-Haq, comme des entités "terroristes", les accusant d'être liées au Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), un mouvement palestinien d'obédience marxiste

RAMALLAH: Dans ses bureaux du centre de Ramallah, l'activiste palestinien Shawan Jabarin jette un coup d'oeil furtif à la cage d'escalier comme s'il attendait l'arrivée imminente de soldats israéliens venus l'écrouer.

"Je ne veux pas aller en prison, mais si c'est le prix à payer pour continuer à défendre les droits humains et à prendre la parole en public, je suis prêt à le payer", lance à l'AFP l'homme de 62 ans, un doyen du monde des ONG en Territoires palestiniens.

Le 18 août dernier, l'armée israélienne a perquisitionné les bureaux de sept ONG palestiniennes, dont l'organisation al-Haq ("Le droit" en arabe) de M. Jabarin, accusées de "terrorisme" par l'Etat hébreu, une mesure aussitôt étrillée par des dirigeants palestiniens et condamnée par des chancelleries occidentales.

Depuis octobre 2021, Israël considère certaines de ces ONG, dont al-Haq, comme des entités "terroristes", les accusant d'être liées au Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), un mouvement palestinien d'obédience marxiste doté d'une branche armée, beaucoup plus faible que les groupes islamistes Hamas ou Jihad islamique.

Des accusations retoquées par ces ONG qui accusent plutôt Israël de vouloir "réduire au silence" des défendeurs des droits des Palestiniens.

« Moment de vérité »

Depuis le raid de son ONG, Shawan Jabarin dit avoir reçu de nombreux appels d'un officier du Shin Beth, les services de renseignement intérieur israélien, disant se prénommer "Fadi" et lui enjoignant de mettre fin à son travail pour une "organisation terroriste". Contacté par l'AFP, le Shin Beth n'a pas commenté ces informations dans l'immédiat.

"Ceci n'est pas un boulot, ce sont des convictions", assène M. Jabarin. "Nous sommes une organisation de défense des droits humains et du droit international et nous devons être à la hauteur des engagements. C'est un moment critique, sachant que peut-être nous allons en payer le prix à titre individuel".

Ce prix, Shawan Jabarin dit l'avoir déjà payé par le passé. Dans les années 1990, à ses débuts à titre de chercheur pour al-Haq, il a été placé à quelques reprises en "détention administrative", une mesure permettant à Israël d'incarcérer des suspects sans accusation.

Le confrère de M. Jabarin, le Franco-palestinien Salah Hamouri, avocat pour l'ONG palestinienne Addameer elle aussi accusée de "terrorisme", est d'ailleurs écroué depuis mars en vertu de cette disposition controversée.

Promu en 2006 à la tête d'al-Haq, Shawan Jabarin mène depuis des années une campagne pour qualifier "d'apartheid" la politique Israël à l'égard des Palestiniens, un terme d'ailleurs repris ces dernières années par des organisations internationales comme Human Rights Watch et Amnesty.

Avec ce terme, "nous avons franchi une ligne rouge", dit-il à l'AFP. "Mais Israël n'a pas réussi à nous fermer, à assécher nos ressources financières et c'est pourquoi ils ont poussé la chose jusqu'à nous qualifier de +terroristes+. Ils veulent nous discréditer, faire en sorte que nos partenaires et bailleurs aient peur de nous soutenir".

« Prix fort »

Des pays ont gelé leur soutien à six ONG palestiniennes, dont al-Haq, mais neuf Etats européens, dont la France, ont annoncé en juillet continuer à "coopérer" avec ces associations faute d'élément probant contre elles.

"(Les Israéliens) ne nous ont pas écoutés jusqu'à présent. Pourquoi écouteraient-ils aujourd'hui nos condamnations (des mesures contre ces ONG)?", souligne à l'AFP un diplomate européen requérant l'anonymat.

Si Shawan Jabarin est arrêté, les chancelleries occidentales "ne pourront pas simplement publier des communiqués de presse, elles devront agir", note Sahar Francis, directrice de l'ONG Addammeer, louant le legs de l'homme qui a accepté de payer "le prix fort" pour ses convictions.

Le principal intéressé, qui comme les autres responsables des ONG perquisitionnées a reçu le soutien de 45 ONG israéliennes, dit ne pas "avoir de plan B" dans la vie sinon que de poursuivre son opposition à l'occupation de la Cisjordanie, où vivent désormais plus de 475.000 Israéliens dans des colonies jugées illégales par le droit international.

Et d'assurer: "ce n'est pas mon choix (d'aller en prison, ndlr), mais si on me l'impose cela ne me dévastera pas".


Négociations de paix au Soudan: le chef de l'armée prêt à «collaborer» avec Trump

Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
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  • Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)"
  • Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise

PORT-SOUDAN: Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt.

Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)", a déclaré le ministère des Affaires étrangères pro-armée dans un communiqué publié à l'issue d'un déplacement officiel à Ryad, à l'invitation du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise.

Les négociations de paix menées par les Etats-Unis avec le groupe de médiateurs du Quad (réunissant Egypte, Arabe Saoudite et Emirats) sont à l'arrêt depuis que le général al-Burhane a affirmé que la dernière proposition de trêve transmise par M. Boulos était "inacceptable", sans préciser pourquoi.

Le militaire avait alors fustigé une médiation "partiale" et reproché à l'émissaire américain de reprendre les éléments de langage des Emirats, accusés d'armer les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Abou Dhabi nie régulièrement fournir des armes, des hommes et du carburant aux FSR, malgré des preuves fournies par des rapports internationaux et enquêtes indépendantes.

De leur côté, les FSR ont annoncé qu'ils acceptaient la proposition de trêve mais les attaques sur le terrain n'ont pas pour autant cessé au Kordofan, région au coeur de combats intenses.

Pour l'instant, aucune nouvelle date de négociations n'a été fixée, que ce soit au niveau des médiateurs du Quad ou de l'ONU qui essaie parallèlement d'organiser des discussions entre les deux camps.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle le nord et l'est du pays - aux FSR, dominantes dans l'ouest et certaines zones du sud.

Depuis la prise du dernier bastion de l'armée dans la vaste région voisine du Darfour, les combats se sont intensifiés dans le sud du pays, au Kordofan, région fertile, riche en pétrole et en or, charnière pour le ravitaillement et les mouvements de troupes.

Le conflit, entré dans sa troisième année, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné des millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".

 


Le prince héritier saoudien rencontre le chef du conseil de transition soudanais pour discuter de la sécurité et de la stabilité

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
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  • La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation
  • Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays

RIYADH : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a rencontré Abdel Fattah Al-Burhan à Riyad lundi pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à restaurer la sécurité et la stabilité dans le pays, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation.

Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays, a ajouté SPA.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid ben Salmane, le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, le ministre d'État et conseiller à la sécurité nationale, Musaed bin Mohammed Al-Aiban, le ministre des finances, Mohammed Al-Jadaan, et l'ambassadeur saoudien au Soudan, Ali Hassan Jaafar, ont également assisté à la réunion.


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

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  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.