Ukraine: Erdogan propose sa médiation pour la centrale nucléaire de Zaporijjia, à nouveau déconnectée

Recep Tayyip Erdogan discutera en détail de l'évolution de la guerre lors de sa rencontre avec le Russe Vladimir Poutine à Samarkand, en Ouzbékistan, plus tard ce mois-ci. (Photo, AFP)
Recep Tayyip Erdogan discutera en détail de l'évolution de la guerre lors de sa rencontre avec le Russe Vladimir Poutine à Samarkand, en Ouzbékistan, plus tard ce mois-ci. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 04 septembre 2022

Ukraine: Erdogan propose sa médiation pour la centrale nucléaire de Zaporijjia, à nouveau déconnectée

Recep Tayyip Erdogan discutera en détail de l'évolution de la guerre lors de sa rencontre avec le Russe Vladimir Poutine à Samarkand, en Ouzbékistan, plus tard ce mois-ci. (Photo, AFP)
  • «Le président Erdogan a déclaré que la Turquie peut jouer un rôle de facilitation sur la centrale nucléaire de Zaporijjia, comme elle l'a fait pour l'accord sur les céréales», a indiqué la présidence turque
  • L'Ukraine a indiqué vendredi avoir frappé une base russe à Energodar (sud), non loin de la centrale, d'où elle accuse la Russie d'avoir retiré ses armements avant son inspection jeudi par une équipe de l'AIEA

KIEV : La centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, occupée par l'armée russe, a "de nouveau perdu la connexion" au réseau électrique samedi, quelques heures après une proposition de médiation du président turc à son homologue russe dans cette crise.

La déconnexion de la plus grande centrale nucléaire d'Europe, dans le sud de l'Ukraine, s'était déjà produite le 25 août. Elle est survenue "après de nouveaux bombardements dans la zone", selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), mais la centrale continue cependant à fonctionner "grâce à une ligne de secours" qui l'alimente, permettant ainsi le refroidissement du combustible nucléaire.

La dernière ligne encore en fonctionnement "a été endommagée", a expliqué l'AIEA, rappelant que les trois autres avaient été "perdues précédemment pendant le conflit".

"Du fait d'une capacité insuffisante pour deux réacteurs, le réacteur numéro 5 a été arrêté", a précisé l'opérateur ukrainien Energoatom dans un communiqué sur Telegram, imputant les frappes aux forces russes.

"Actuellement, le sixième réacteur marche", a-t-il ajouté. L'AIEA, dont six experts sont sur place, a confirmé: "Il produit de l'électricité pour le refroidissement (du combustible nucléaire) et d'autres fonctions de sécurité essentielles".

Une perte totale d'alimentation de la centrale - si le courant arrivant depuis l'extérieur est coupé et que les groupes électrogènes de secours ne fonctionnent pas - risquerait d'entraîner une surchauffe des installations, voire une fusion du coeur d'un réacteur, comme à Fukushima (Japon) en 2011.

Depuis des semaines, des bombardements visent régulièrement le site, dont s'accusent mutuellement la Russie et l'Ukraine, au risque d'une catastrophe nucléaire majeure.

Les frappes et les combats se sont également poursuivis ailleurs en Ukraine samedi.

Dans le Donbass (est) que convoite Moscou, principale ligne de front, "l'armée russe attaque dans les directions de Bakhmout et Avdiïvka", a indiqué l'armée ukrainienne dans un communiqué, faisant aussi état de "cinq frappes" de l'aviation ukrainienne près de Donetsk et Pivdenny.

Dans le centre, des frappes russes ont tué un garçon de neuf ans et blessé gravement 10 personnes à Zelenodolsk, dans la région de Dnipropetrovsk (centre), selon les autorités ukrainiennes, qui ont également signalé des "bombardements intenses dans la région de Novgorod-Siversk" (nord), près de la frontière russe, avec "plus de 50 explosions", sans victime.

Combats près de la centrale 

Plus tôt dans la journée, lors d'un entretien téléphonique,le président turc Recep Tayyip a déclaré à son homologue russe Vladimir Poutine "que la Turquie peut jouer un rôle de facilitation sur la centrale nucléaire de Zaporijjia, comme elle l'a fait pour l'accord sur les céréales" en juillet, a indiqué la présidence turque dans un communiqué.

Le Kremlin a confirmé une discussion entre MM. Poutine et Erdogan, indiquant qu'ils avaient confirmé vouloir "accroître leurs liens économiques et commerciaux", via "des projets stratégiques communs dans le domaine de l'énergie".

Le communiqué turc ne précise pas si Ankara a proposé formellement sa médiation à Kiev.

La Turquie veut présenter une proposition prévoyant, comme elle l'avait fait pour l'accord sur les céréales, la création à Istanbul d'un bureau dédié au dialogue entre des organisations internationales, la Russie et l'Ukraine pour trouver un point d'entente sur la question du contrôle technique et des inspections de la centrale.

La Turquie entretient de bonnes relations tant avec Moscou que Kiev.

En juillet, un accord entre la Russie et l'Ukraine obtenu après une médiation turque avait permis la reprise des exportations de blé ukrainiennes, entravées par le blocus maritime russe imposé à Kiev en mer Noire.

La situation de la centrale de Zaporijjia, tombée aux mains Russes en mars, peu après le lancement par Moscou de son invasion de l'Ukraine, inquiète de nombreux dirigeants internationaux.

Le ministère russe de la Défense a affirmé samedi que les troupes de Moscou avaient "repoussé" la veille une tentative d'assaut amphibie des forces ukrainiennes qui ont "encore une fois essayé de s'emparer" de la centrale.

Vendredi, Kiev avait indiqué avoir frappé une base russe à Energodar, ville voisine de la centrale, d'où elle accuse la Russie d'avoir retiré ses armements avant son inspection jeudi par une équipe de l'AIEA.

Après l'inspection, le directeur de l'AIEA, Rafael Grossi, avait dit jeudi que "l'intégrité physique" de la centrale avait été "violée à plusieurs reprises". C'est "quelque chose qui ne peut pas continuer à se produire", avait-il ajouté, sans nommer la partie responsable.

«Hiver de guerre»

Sur le dossier, également épineux, du gaz, après l'annonce vendredi soir par le groupe russe Gazprom de la prolongation de la suspension de ses exportations à destination de l'Europe via le gazoduc Nord Stream, l'Union européenne a affirmé samedi être prête à une coupure totale du gaz russe.

Dénonçant "l'utilisation extrême de l'arme du gaz par la Russie", le commissaire européen à l'Economie Paolo Gentiloni a indiqué que les stocks de gaz de l'UE sont actuellement abondés "à environ 80%".

Selon Gazprom, Nord Stream, qui relie la Russie au nord de l'Allemagne, doit être "complètement" arrêté jusqu'à la réparation d'une turbine. Le groupe russe n'a pas précisé de date de reprise.

L'annonce de Gazprom est tombée après la décision vendredi des pays du G7 de viser de plafonner le prix du pétrole russe.

Vendredi, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avait aussi estimé qu'"il serait temps" de plafonner le gaz russe.

Signe de la gravité de la situation, la Suède, appréhendant un "hiver de guerre", a indiqué samedi qu'elle allait fournir des garanties financières aux entreprises énergétiques des pays nordiques et baltes, pour un montant de plusieurs "milliards de dollars", afin d'éviter une crise financière déclenchée par la pénurie énergétique en Europe.

"Là où la Russie ne peut pas le faire par la force et les armes ordinaires, elle utilise l'arme de l'énergie", a commenté le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans son allocution du soir, appelant les Européens à "plus d'unité" et à renforcer les sanctions contre Moscou.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Short Url
  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Short Url
  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Short Url
  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.