L’accord de sécurité avec Israël mettra-t-il en péril l’image impartiale du Japon au Moyen-Orient?

Le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, à gauche, et son homologue japonais Yasukazu Hamada conviennent de renforcer la coopération en matière de défense lors d’une réunion à Tokyo. L’accord intervient au moment où le Japon cherche à consolider son rôle dans le processus de paix au Moyen-Orient. (AP)
Le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, à gauche, et son homologue japonais Yasukazu Hamada conviennent de renforcer la coopération en matière de défense lors d’une réunion à Tokyo. L’accord intervient au moment où le Japon cherche à consolider son rôle dans le processus de paix au Moyen-Orient. (AP)
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Publié le Dimanche 04 septembre 2022

L’accord de sécurité avec Israël mettra-t-il en péril l’image impartiale du Japon au Moyen-Orient?

  • Waleed Siam, l’ambassadeur de l’Autorité palestinienne à Tokyo, soutient que le Japon a toujours fourni un très grand soutien aux Palestiniens, par l’intermédiaire des nombreuses organisations des Nations unies
  • Certains observateurs pensent que les relations commerciales étroites entre Israël et la Chine pourraient être la raison pour laquelle le Japon a choisi de renforcer la coopération en matière de défense avec Israël

DUBAÏ: Yasukazu Hamada, ministre japonais de la Défense, a rencontré son homologue israélien Benjamin Gantz à Tokyo le 30 août, dans le cadre d’un effort continu pour renforcer la coopération en matière de défense entre les deux pays, notamment dans le domaine du matériel et de la technologie militaires.

Les deux dirigeants ont signé un accord sur les échanges en matière de défense et ont décidé de continuer à coopérer pour parvenir à la paix et à la stabilité sur le plan régional. Cependant, cette démarche remet en question la capacité de Tokyo à maintenir sa réputation d’impartialité face au conflit israélo-palestinien.

Le Japon a longtemps été considéré comme un médiateur impartial d’un futur accord entre Israël et les Palestiniens. En 2019, une enquête conjointe Arab News Japan-YouGov révèle que 56% des Arabes considèrent le Japon comme le candidat potentiel le plus crédible pour agir en tant qu’intermédiaire de paix au Moyen-Orient.

Lors de son voyage à Tokyo, M. Gantz a également rencontré Yoshimasa Hayashi, le ministre japonais des Affaires étrangères, qui a réitéré le soutien de son gouvernement à une solution à deux États pour résoudre le conflit vieux de plusieurs décennies entre Israël et les Palestiniens.

Cependant, l’analyste japonais Koichiro Tanaka, enseignant à l’université Keio de Tokyo, estime que l’expansion des accords d’Abraham – les accords de normalisation signés entre Israël et plusieurs États arabes en 2020 –, a soulagé le Japon de ce rôle de médiateur.

Des Palestiniens sont bloqués par les forces de sécurité israéliennes, alors qu’ils tentent de s’opposer à la démolition de leur maison, située dans la «zone C» de la Cisjordanie occupée. (AFP)
Des Palestiniens sont bloqués par les forces de sécurité israéliennes, alors qu’ils tentent de s’opposer à la démolition de leur maison, située dans la «zone C» de la Cisjordanie occupée. (AFP)

«Le Japon est soulagé de la pression qui découlait de sa tentative de trouver un certain équilibre entre sa politique au Moyen-Orient et sa sécurité énergétique», déclare M. Tanaka à Arab News Japan.

Dans l’optique de maintenir des alliés dans sa propre impasse avec la Chine, le principal objectif de la politique étrangère du Japon a été «d’apaiser Washington», dit M. Tanaka. Cela implique de «devenir ami» avec Israël.

«Le rôle de médiateur du Japon ne s’est jamais concrétisé en raison de la réticence des États-Unis et du rejet par Israël d’un tel rôle», poursuit M. Tanaka.

Les accords d’Abraham sont les premières expressions publiques de normalisation entre les États arabes et Israël depuis 1994. Lorsque les accords ont été annoncés pour la première fois, Tomoyuki Yoshida, l’ancien chef du service de presse étrangère du Japon, l’a qualifié de «développement positif» qui pourrait «apaiser les tensions et stabiliser la région».

Néanmoins, M. Yoshida a déclaré que le Japon continuait de soutenir une «solution à deux États» dans laquelle Israël et un futur État palestinien indépendant «vivraient côte à côte dans la paix et la sécurité».

Avec la signature de son nouvel accord de défense avec Israël, Tokyo est-il toujours en position de médiation neutre sur la question palestinienne ?

Waleed Siam, l’ambassadeur de l’Autorité palestinienne à Tokyo, confie à Arab News Japan que le gouvernement japonais «soutient globalement» les deux parties.

«Le Japon entretient des liens de longue date avec Israël, mais je pense que le pays pourrait toujours faire preuve de neutralité en aidant les deux parties à parvenir à des compromis», ajoute-t-il.

M. Siam soutient que les Palestiniens, et le monde arabe en général, ont un grand respect pour le Japon, notant que Tokyo «a toujours fourni un très grand soutien aux Palestiniens, par l’intermédiaire des nombreuses organisations des Nations unies».

«Le Japon s’est engagé à aider l’État de Palestine et a toujours respecté la résolution de l’ONU, ne reconnaissant ni les colonies illégales d’Israël ni Jérusalem-Est comme capitale d’Israël», souligne-t-il.

L’armée israélienne met le feu à la maison familiale de Diaa Hamarsha, un Palestinien qui a tué cinq personnes en mars lors d’une attaque à l’arme à feu à Bnei Brak, dans le village de Yabad près de la ville occupée de Jénine en Cisjordanie. (AFP)
L’armée israélienne met le feu à la maison familiale de Diaa Hamarsha, un Palestinien qui a tué cinq personnes en mars lors d’une attaque à l’arme à feu à Bnei Brak, dans le village de Yabad près de la ville occupée de Jénine en Cisjordanie. (AFP)

Lorsqu’on lui demande si le Japon aurait d’abord dû rassurer les Palestiniens sur sa neutralité actuelle avant de conclure son accord de sécurité avec Israël, M. Siam répond que Tokyo a le «droit de faire ce que bon lui semble».

«Le Japon n’a rien à garantir, puisqu’il reste très ferme sur sa position vis-à-vis de la communauté internationale et de la résolution de l’ONU», renchérit M. Siam. «Il soutient une solution à deux États et le droit des Palestiniens à l’indépendance.»

Il ajoute: «Même pendant le mandat de Donald Trump, lorsque l’ancien président américain faisait pression pour que  tout le monde reconnaisse Jérusalem comme capitale d’Israël, le Japon s’est montré fort à l’ONU et a voté contre.»

Cependant, M. Siam pense que tout pays qui signe un accord avec Israël devrait également mettre l’accent sur le respect du droit international et des droits de l’homme.

«J’appelle le Japon à utiliser ce genre d’amitié profonde avec Israël pour faire pression sur les Israéliens afin qu’ils se conforment au droit international», dit M. Siam. «Si la communauté internationale ne reste pas unie et ne fait pas pression sur Israël pour mettre en place une solution à deux États, il n’y aura jamais de paix.»

Israël a longtemps été le «plus grand obstacle» à la finalisation d’un grand parc agro-industriel et d’une initiative logistique à Jéricho, proposée par le Japon et appelée «Couloir pour la paix», poursuit-il. Le Japon pourrait utiliser ses relations solides avec Israël pour mener à bien ce projet.

Le Japon a réitéré son soutien à une solution à deux États pour mettre fin au conflit israélo-palestinien. (AFP/Force de défense australienne)
Le Japon a réitéré son soutien à une solution à deux États pour mettre fin au conflit israélo-palestinien. (AFP/Force de défense australienne)

Pendant la guerre de 11 jours à Gaza en mai 2021, le Japon a insisté pour que toutes les résolutions de l’ONU et les lois internationales soient respectées, réitérant sa position «claire et de soutien» vis-à-vis du conflit, déclare M. Siam.

Le Japon a longtemps été considéré comme le pays le plus apte à négocier un accord de paix entre Israël et les Palestiniens.

Dans un entretien accordé en 2019 à Arab News, Taro Kono, alors ministre des Affaires étrangères du Japon, affirme qu’il est vital pour Tokyo de «jouer un rôle politique plus important» dans la région, puisque «le Japon est très neutre sur les plans religieux et ethnique».

M. Kono précise que le Japon pourrait également servir de «médiateur honnête au Moyen-Orient, puisque nous n’avons pas d’histoire coloniale ou d’empreinte négative dans la région».

Abordant le soutien du Japon à la Palestine, M. Kono explique que le Japon avait «investi massivement en Cisjordanie», travaillant avec des Palestiniens, des Israéliens et des Jordaniens pour créer et développer un parc industriel à Jéricho.

Un manifestant masqué agite un drapeau palestinien près d’un pneu en feu lors d’affrontements avec les forces israéliennes, à la suite d’une manifestation pour dénoncer la marche nationaliste annuelle des drapeaux à travers Jérusalem. (AFP)
Un manifestant masqué agite un drapeau palestinien près d’un pneu en feu lors d’affrontements avec les forces israéliennes, à la suite d’une manifestation pour dénoncer la marche nationaliste annuelle des drapeaux à travers Jérusalem. (AFP)

«Je pense que nous devrions tous jouer un rôle pour faire avancer le processus de paix et nous serions très heureux d’être impliqués dans ce processus», indique M. Kono.

Compte tenu des tensions croissantes qui opposent le Japon à la Chine et à la Corée du Nord, le pays a étendu sa coopération militaire au-delà de son allié traditionnel – les États-Unis – pour inclure d’autres pays de la région de l’Asie-Pacifique et de l’Europe.

Il est particulièrement préoccupé par les actions militaires de Pékin dans les mers de Chine orientale et méridionale. Israël a déjà échangé des armes avec la Chine et est leur deuxième fournisseur d’armes étranger après la Russie.

La Chine a accumulé un vaste arsenal d’équipements et de technologies militaires de pointe. Les États-Unis se sont fermement opposés au commerce d’armes d’Israël avec la Chine. Cependant, Israël a largement ignoré les objections de Washington.

Certains observateurs pensent que les relations commerciales étroites entre Israël et la Chine pourraient être la raison pour laquelle le Japon a choisi de renforcer la coopération en matière de défense avec Israël.

En effet, les stratèges militaires japonais ont cherché des moyens d’assouplir leur dépendance défensive vis-à-vis des États-Unis, considérant potentiellement Israël comme une source d’armes et de technologie pour renforcer la puissance militaire de Tokyo dans la région.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


« La Syrie n’est pas condamnée » : les leçons d’un an de transition, selon Hakim Khaldi

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  • Parmi les scènes les plus marquantes, Khaldi se souvient d’une vieille dame de Homs qui, voyant les portraits d’Assad retirés des bâtiments officiels, murmure : « On peut respirer ? Est-ce que c’est vrai ? »
  • Mais ce soulagement intense laisse rapidement place à une inquiétude plus sourde : celle du vide

PARIS: La Syrie post-Assad, carnets de bord, de Hakim Khaldi, humanitaire chez Médecins sans frontières, publié chez L’Harmattan, n’est pas seulement un récit de témoins, mais une immersion dans la réalité d’un pays brisé mais pas vaincu, où la chute d’un pouvoir omnipotent n’a pas suffi à étouffer l’exigence de dignité.
Ce qu’il raconte, c’est l’envers des discours diplomatiques, la géographie vécue d’une société projetée brutalement hors d’un demi-siècle d’autoritarisme dans un vide politique, économique et moral.

Les premiers jours après la chute du régime de Bachar Al-Assad ressemblent, selon Khaldi, à un moment de bascule irréel.

Dans ses carnets, comme dans ses réponses à Arab News en français, revient une même conviction : la chute d’un régime ne signifie pas la naissance immédiate d’un pays. La Syrie, aujourd’hui, est entre les deux, « en état de transformation ».

Les premiers jours après la chute du régime de Bachar Al-Assad ressemblent, selon Khaldi, à un moment de bascule irréel : « On ne savait pas si c’était la fin d’une époque ou le début d’une autre tragédie », confie-t-il.
Dans les villes « libérées », les scènes oscillent entre euphorie et sidération ; la population découvre, sans y croire encore, la possibilité de parler librement, de respirer autrement.

Il raconte ces familles qui, pendant quarante ans, n’avaient jamais osé prononcer le mot « moukhabarat » (services secrets en arabe), ne serait-ce qu’à voix basse chez elles.
Et brusquement, les voilà qui se mettent à raconter : les disparitions, les tortures, les humiliations, et la peur devenue routine.
Des parents ressortent des photos d’adolescents morts sous la torture, des certificats de décès maquillés, des lettres écrites depuis la prison mais jamais envoyées.

Parmi les scènes les plus marquantes, Khaldi se souvient d’une vieille dame de Homs qui, voyant les portraits d’Assad retirés des bâtiments officiels, murmure : « On peut respirer ? Est-ce que c’est vrai ? »
Ce qui l’a le plus frappé, c’est « ce sentiment presque physique d’un poids qui tombe. C’est ce que j’ai le plus entendu », affirme-t-il.

Mais ce soulagement intense laisse rapidement place à une inquiétude plus sourde : celle du vide. En quelques jours, l’État s’est évaporé : plus de police, plus d’électricité, plus d’école, plus de justice.
Les anciens bourreaux disparaissent dans la nature, mais les réseaux de corruption se reconstituent, et les premières milices locales émergent, prêtes à occuper le terrain déserté par les institutions.

Pourtant, au fil de ses déplacements, Khaldi est frappé par la force de résilience et d’auto-organisation de la population : « Les Syriens n’ont jamais cessé d’exister comme société, même quand l’État les avait réduits au silence », assure-t-il.
Dans les villages, des comités improvisés se forment et organisent la distribution alimentaire, la remise en marche d’une station d’eau, la sécurité ou la scolarisation d’urgence.

Un an après la chute du régime (le 8 décembre 2024), la Syrie tente de se relever lentement, mais elle demeure une mosaïque de composants hybrides.

Cette responsabilité populaire est, pour Khaldi, l’un des rares points lumineux du paysage syrien, la preuve qu’une société peut exister en dehors de l’appareil répressif qui prétendait être l’État.

Un an après la chute du régime (le 8 décembre 2024), la Syrie tente de se relever lentement, mais elle demeure une mosaïque de composants hybrides, de milices rivales, de zones d’influence et d’ingérences étrangères. « Une mosaïque qui ne ressemble plus au pays d’avant », estime Khaldi.
Le territoire est éclaté entre forces locales, groupes armés (notamment les milices druzes à Soueida, au nord-est du pays), gouvernances provisoires ou structures étrangères. Les routes sont coupées, les administrations doublées ou contradictoires.

Avec des infrastructures détruites, une monnaie en chute libre et un secteur productif quasi paralysé, la survie quotidienne est devenue un exercice d’équilibriste.
Les Syriens ne nourrissent plus d’illusions sur l’arrivée immédiate d’un modèle démocratique idéal : il s’agit d’abord de survivre, de reconstruire, de retrouver un minimum de continuité.

Le traumatisme est profond, à cause des disparitions massives, de l’exil et des destructions psychologiques. Pourtant, affirme Khaldi, « jamais je n’ai entendu un Syrien regretter que la dictature soit tombée ».

De ses observations et des témoignages qu’il a collectés en arpentant le pays, Khaldi tire les priorités pour éviter que la Syrie ne devienne ni un conflit gelé ni un espace livré aux milices.
De son point de vue, la reconstruction politique ne peut se réduire à remplacer un gouvernement par un autre : il faut rebâtir les fondations, à savoir une justice indépendante, une police professionnelle et des administrations locales.

Des dizaines de groupes armés contrôlent aujourd’hui une partie du territoire, et une transition politique sérieuse est impensable sans un processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration, soutenu par une autorité légitime et par un cadre international solide.
Au-delà des aides internationales, la Syrie a besoin d’un cadre empêchant la capture des fonds par les anciens réseaux de corruption ou les factions armées.
Elle doit donner la priorité à la relance de l’agriculture, au rétablissement de l’électricité, des réseaux routiers et des petites industries, les seules capables à court terme de soutenir la vie quotidienne.

Le pays porte une blessure immense : celle des prisons secrètes, des fosses communes, des disparitions et des exactions documentées. « Sans justice, il n’y aura pas de paix durable », affirme Khaldi.
Il ne s’agit ni de vengeance ni de tribunaux-spectacle, mais de vérité et de reconnaissance, conditions indispensables à une réconciliation nationale.

De cet entretien se dégage une idée forte : malgré la faim, la peur, les ruines, malgré la fragmentation politique et l’ingérence étrangère, les Syriens n’ont pas renoncé à eux-mêmes.
Ils ouvrent des écoles improvisées, réparent des routes avec des moyens dérisoires, organisent l’entraide, résistent au chaos. « La Syrie n’est plus la Syrie d’avant, mais elle n’est pas condamnée pour autant », affirme Khaldi.
Son témoignage rappelle qu’un pays ne meurt pas quand un régime tombe ; il meurt lorsque plus personne ne croit possible de le reconstruire. Et les Syriens, eux, y croient encore.


Liban: Israël annonce des frappes dans le sud, appelle à des évacuations

L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région. (AFP)
L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région. (AFP)
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  • Les forces israéliennes vont "bientôt attaquer des infrastructures terroristes du Hezbollah à travers le sud du Liban afin de contrer ses tentatives illégales de rétablir ses activités dans la région"
  • Dans un "message urgent" en arabe, le colonel Adraee signale, cartes à l'appui, deux bâtiments dans les villages de Jbaa et Mahrouna, dont il appelle les riverains dans un rayon d'au moins 300 mètres à s'écarter

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région.

Cette annonce survient au lendemain d'une rencontre entre responsables civils libanais et israélien, lors d'une réunion de l'organisme de surveillance du cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an, présentée comme de premières discussions directes depuis plus de 40 ans entre les deux pays toujours techniquement en état de guerre.

Les forces israéliennes vont "bientôt attaquer des infrastructures terroristes du Hezbollah à travers le sud du Liban afin de contrer ses tentatives illégales de rétablir ses activités dans la région", a annoncé le colonel Avichay Adraee, porte-parole de l'armée israélienne pour le public arabophone.

Dans un "message urgent" en arabe, le colonel Adraee signale, cartes à l'appui, deux bâtiments dans les villages de Jbaa et Mahrouna, dont il appelle les riverains dans un rayon d'au moins 300 mètres à s'écarter.

Accusant le Hezbollah de se réarmer dans le sud du pays et de violer ainsi les termes de la trêve entrée en vigueur fin novembre 2024, l'armée israélienne a multiplié depuis plusieurs semaines les frappes aériennes dans le sud du Liban mais a marqué une pause dans ses attaques pendant la visite du pape Léon XIV cette semaine.

Israël a même frappé jusque dans la banlieue de Beyrouth le 23 novembre pour y éliminer le chef militaire du Hezbollah, Haitham Ali Tabatabai.

Le Liban dénonce ces attaques comme des violations patentes du cessez-le-feu.

Mais Israël, qui peut compter sur l'aval tacite des Etats-Unis pour ces frappes, affirme qu'il ne fait qu'appliquer la trêve en empêchant le Hezbollah, allié de la République islamique d'Iran, ennemie d'Israël, "de se reconstruire et de se réarmer".

Tout en déclarant que les discussions directes de mercredi avec le Liban s'étaient déroulées dans "une atmosphère positive", le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a rappelé mercredi soir que le désarmement du Hezbollah restait une exigence "incontournable" pour son pays.


Soudan: le chef des droits de l'homme de l'ONU appelle à cesser les combats «immédiatement»

Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a appelé jeudi les belligérants à "cesser immédiatement les combats" dans le sud du Soudan, affirmant craindre une nouvelle vague d'atrocités après les massacres d'El-Facher. (AFP)
Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a appelé jeudi les belligérants à "cesser immédiatement les combats" dans le sud du Soudan, affirmant craindre une nouvelle vague d'atrocités après les massacres d'El-Facher. (AFP)
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  • Depuis le 25 octobre, date à laquelle les FSR ont pris le contrôle de la ville de Bara, dans le Kordofan-Nord, le Haut-Commissariat a recensé "au moins 269 morts parmi les civils, victimes de frappes aériennes, de tirs d'artillerie et d'exécutions
  • "Il est véritablement choquant de voir l'histoire se répéter au Kordofan si peu de temps après les événements terrifiants d'El-Facher", a déclaré le Haut-Commissaire

GENEVE: Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a appelé jeudi les belligérants à "cesser immédiatement les combats" dans le sud du Soudan, affirmant craindre une nouvelle vague d'atrocités après les massacres d'El-Facher.

"Nous ne pouvons rester silencieux face à cette nouvelle catastrophe", a déclaré Volker Türk dans un communiqué. "Ces combats doivent cesser immédiatement et l’aide humanitaire vitale doit parvenir aux personnes menacées de famine".

Les combats se sont intensifiés cette semaine dans la région du Kordofan, dans le sud du Soudan riche en pétrole, l'armée cherchant à repousser les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) loin de l'axe routier vital reliant la capitale Khartoum au Darfour.

Depuis le 25 octobre, date à laquelle les FSR ont pris le contrôle de la ville de Bara, dans le Kordofan-Nord, le Haut-Commissariat a recensé "au moins 269 morts parmi les civils, victimes de frappes aériennes, de tirs d'artillerie et d'exécutions sommaires".

Et il affirme avoir relevé "des cas de représailles, de détentions arbitraires, d'enlèvements, de violences sexuelles et de recrutements forcés, y compris d'enfants".

"Il est véritablement choquant de voir l'histoire se répéter au Kordofan si peu de temps après les événements terrifiants d'El-Facher", a déclaré le Haut-Commissaire, en référence aux exactions commises par les FSR après la prise fin octobre de la dernière grande ville du Darfour (ouest) qui échappait à leur contrôle.

"Nous ne devons pas permettre que le Kordofan devienne un autre El-Facher", a insisté M. Türk.

Dans son communiqué, le Haut-Commissariat rapporte que le 3 novembre dernier, un drone des FSR avait frappé une tente où des personnes en deuil étaient rassemblées à El Obeid, dans le Kordofan du Nord, tuant 45 personnes, principalement des femmes.

Il indique aussi que le 29 novembre, une frappe aérienne des Forces armées soudanaises (SAF) à Kauda, dans le Kordofan du Sud, aurait fait au moins 48 morts, pour la plupart des civils.

Selon l'organisation, "de violents combats se poursuivent depuis dans les trois États du Kordofan". "La situation humanitaire est catastrophique : la famine est confirmée à Kadugli et un risque de famine persiste à Dilling", ajoute le Haut-Commissariat, affirmant que "toutes les parties entravent l’accès et les opérations humanitaires".

"Nous ne pouvons (...) laisser d’autres Soudanais devenir victimes de terribles violations des droits de l’homme. Nous devons agir", a insisté M. Türk.

Depuis avril 2023, les combats ont fait des dizaines de milliers de morts, forcé le déplacement de 12 millions de personnes et plongé le pays dans la plus grande crise humanitaire au monde, selon l'ONU.