Attentat contre Cristina Kirchner: ce que l'on sait

Un policier garde la résidence de la vice-présidente argentine Cristina Kirchner, décorée de pancartes laissées par ses partisans à Buenos Aires, le 5 septembre 2022. (Photo, AFP)
Un policier garde la résidence de la vice-présidente argentine Cristina Kirchner, décorée de pancartes laissées par ses partisans à Buenos Aires, le 5 septembre 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 06 septembre 2022

Attentat contre Cristina Kirchner: ce que l'on sait

Un policier garde la résidence de la vice-présidente argentine Cristina Kirchner, décorée de pancartes laissées par ses partisans à Buenos Aires, le 5 septembre 2022. (Photo, AFP)
  • L'assaillant a vu son bras repoussé, puis a été contenu par plusieurs témoins, avant d'être rapidement emmené dans un véhicule de patrouille par la police, tandis que Mme Kirchner était mise à l'écart avant de monter chez elle
  • Il n'a pas fait de déclaration depuis son arrestation

BUENOS AIRES: Cinq jours après l'attentat contre la vice-présidente argentine Cristina Kirchner et alors que les motivations de l'assaillant restent inconnues, les enquêteurs s'intéressent à l'entourage du couple après l'arrestation dimanche de sa compagne, et à l'analyse de données téléphoniques, informatiques et de video-surveillance. Voici ce que l'on sait à ce jour. 

Que s'est-il passé ? 

Peu après 21H jeudi, Cristina Kirchner, 69 ans, revenait du Sénat -dont elle est présidente- et se mêlait à des partisans qui l'attendaient devant chez elle pour lui exprimer leur soutien, dans le contexte de son procès pour corruption. 

Alors qu'elle serrait des mains et signait des copies de son livre "Sinceramente", un bras a surgi par-dessus des épaules, pointant un pistolet en direction de sa tête, à bout portant. Selon son avocat Gregorio Dalbon, Mme Kirchner "ne s'est pas rendue compte sur le moment de la présence d'une arme, et a continué à signer des livres". 

"Pour une raison qui n'a pas encore été confirmée techniquement, l'arme qui contenait cinq balles n'a pas fait feu bien qu'ayant été déclenchée", a indiqué peu après le chef de l'Etat Alberto Fernandez. Dysfonctionnement ou mauvaise manipulation du 7.65 Bersa ? Ce point reste à déterminer. L'arme était bien en état de marche, mais n'avait pas de balle dans la chambre. 

Aussitôt après, l'assaillant a vu son bras repoussé, puis a été contenu par plusieurs témoins, avant d'être rapidement emmené dans un véhicule de patrouille par la police, tandis que Mme Kirchner était mise à l'écart avant de monter chez elle. 

Qui est l'assaillant ? 

Fernando André Sabag Montiel, 35 ans, de nationalité brésilienne, fils d'une Argentine et d'un Chilien, vivait en Argentine depuis l'enfance. Il n'avait pas d'occupation formelle connue mais, selon le témoignage d'un voisin, avait travaillé comme chauffeur de taxi. En 2021, il avait été interpellé pour port d'un couteau de 35 cm. 

Sur son compte Instagram désormais fermé, il apparait sous des looks différents dans de multiples selfies: cheveux longs, courts, avec ou sans barbe, arborant maints tatouages dont certains -un soleil noir, une croix semblable à la Croix de fer- associés à une symbolique nazie. 

Il n'a pas fait de déclaration depuis son arrestation. 

Un dénommé "Mario" qui s'est présenté comme son ami depuis l'adolescence, l'a décrit à la télévision Telefe comme "un mythomane", un "marginal qui n'avait rien à perdre, particulièrement depuis la mort de sa mère". 

Selon cet ami, le suspect avait "subi du harcèlement" dans sa jeunesse, "cherchait à appartenir" à un groupe et sa conduite "a souvent été influencée par l'alcool". Il a assuré n'avoir pas revu Fernando Sabag depuis dix mois, époque à laquelle il disait chercher une arme. 

L'avocat de Mme Kirchner a estimé que l'agresseur "n'a pas agi seul", sans pour autant étayer cette thèse. Mais selon lui, s'il y a d'autres suspects, "ce ne sont pas des personnes publiques, ils sont comme ce garçon". Le chef de l'Agence fédérale de renseignement (AFI), Agustin Rossi, avait ce week-end estimé qu'on avait affaire "à un 'loup solitaire'" 

Où en est l'enquête ? 

La juge et le procureur co-chargés de l'enquête pour tentative d'homicide aggravé ont entendu plus d'une trentaine de témoins, dont Mme Kirchner à son domicile dès vendredi. Dans l'appartement où le suspect vivait seul, dans le quartier de San Martin, la police a saisi 100 munitions, ainsi qu'un ordinateur, en cours d'analyse. 

Une polémique a éclaté ce week-end autour de son téléphone portable, qui a changé de mains entre services d'enquête, et dont des données internes n'auraient à ce jour pu être atteintes, le téléphone se bloquant automatiquement. La carte SIM et la mémoire externe, extraites, sont cependant en cours d'analyse selon des sources judiciaires citées par l'agence officielle Telam. 

La compagne de Sabag Montiel, Brenda Uliarte, 23 ans, a été arrêtée dimanche soir dans une gare du quartier de Palermo. Son téléphone est aussi en cours d'analyse. 

Dans une interview donnée à Telefe suite à l'attentat, elle a exprimé sa surprise, assurant qu'elle n'aurait jamais pensé son ami, "quelqu'un de bien" mais qu'elle fréquentait depuis peu, capable d'un tel acte. Selon elle, s'il se plaignait "comme tout le monde" de l'économie, il n'avait jamais mentionné Mme Kirchner "avec agressivité". 

Elle a aussi indiqué ne pas l'avoir vu pendant les 48 heures précédant l'attentat. Or, des images de vidéo-surveillance l'ont montrée à proximité du domicile de Mme Kirchner le soir même, selon Télam, citant des sources proches de l'enquête. Quatre amis de Brenda Uliarte ont été entendus lundi comme témoins, et leurs téléphones saisis. 


A l'ONU, l'enquêtrice en chef sur Gaza a encore espoir que les dirigeants israéliens soient un jour jugés

Navi Pillay, la présidente de la commission d'enquête indépendante de l'ONU qui a accusé cette semaine Israël de commettre un génocide à Gaza, ne perd pas espoir que les dirigeants israéliens soient un jour jugés. (AFP)
Navi Pillay, la présidente de la commission d'enquête indépendante de l'ONU qui a accusé cette semaine Israël de commettre un génocide à Gaza, ne perd pas espoir que les dirigeants israéliens soient un jour jugés. (AFP)
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  • Selon les enquêteurs, le président israélien, Isaac Herzog, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, ont "incité à commettre un génocide"
  • Israël a "rejeté catégoriquement" ce "rapport biaisé et mensonger"

GENEVE: Navi Pillay, la présidente de la commission d'enquête indépendante de l'ONU qui a accusé cette semaine Israël de commettre un génocide à Gaza, ne perd pas espoir que les dirigeants israéliens soient un jour jugés.

"La justice est lente", a affirmé l'ancienne juge sud-africaine, dans un entretien à l'AFP.

Mais "comme l'a dit (Nelson) Mandela, cela semble toujours impossible, jusqu'à ce qu'on le fasse. Je considère qu'il n'est donc pas impossible qu'il y ait des arrestations et des procès" à l'avenir, a-t-elle ajouté.

La commission d'enquête, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, a établi qu'Israël commet un génocide à Gaza depuis le début de la guerre déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas du 7-Octobre.

Selon les enquêteurs, le président israélien, Isaac Herzog, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, ont "incité à commettre un génocide".

Israël a "rejeté catégoriquement" ce "rapport biaisé et mensonger".

La Cour pénale internationale (CPI) avait déjà émis des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant.

Mme Pillay reconnaît que la CPI dépend des Etats pour la mise en œuvre des mandats d'arrêt car elle n'a "ni shérif, ni forces de police".

Mais elle veut y croire, faisant une comparaison : "Je n'aurais jamais pensé que l'apartheid prendrait fin de mon vivant".

"Tellement douloureux" 

Jeune avocate d'origine indienne dans l'Afrique du Sud de l'apartheid, devenue juge et Haute-Commissaire aux droits de l'homme à l'ONU (2008-2014), Mme Pillay, 83 ans, a l'art de traiter des dossiers difficiles.

Sa carrière l'a menée des cours sud-africaines, où elle a défendu les activistes anti-apartheid et obtenu des droits cruciaux pour les prisonniers politiques, au Tribunal pénal international pour le Rwanda, en passant par la CPI.

Sa mission est des plus ardues depuis qu'elle préside, depuis sa création en 2021, la commission chargée par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU d'enquêter sur les atteintes aux droits dans les territoires palestiniens et en Israël.

Elle déplore d'avoir été qualifiée d'"antisémite" depuis et dénonce les appels sur les réseaux sociaux de ceux qui réclament que les Etats-Unis la sanctionnent, comme Washington l'a fait pour une rapporteure de l'ONU, des juges de la CPI et des ONG palestiniennes.

Mais le plus dur, pour elle et son équipe, est de visionner les vidéos provenant de Gaza.

"Nous nous inquiétons pour notre personnel. Nous les surmenons et c'est traumatisant ces vidéos", dit-elle, citant "des violences sexuelles contre les femmes" et "les médecins qui sont dénudés par l'armée".

"C'est tellement douloureux" à regarder même si "on ne peut pas comparer notre souffrance à celle de ceux qui l'ont vécue", poursuit-elle.

Alors qu'elle présidait le Tribunal pénal international pour le Rwanda, des vidéos de civils abattus ou torturés l'ont aussi "marqué à vie".

Selon elle, la comparaison entre le Rwanda et Gaza ne s'arrête pas là : "Je vois des similitudes. Ce sont les mêmes méthodes".

Du Rwanda à Gaza 

"Dans le cas du Rwanda, c'était le groupe des Tutsi qui était visé. Ici, tous les éléments de preuve montrent que c'est le groupe palestinien qui est visé", dit-elle.

Elle mentionne aussi les propos de dirigeants israéliens qui "déshumanisent" les Palestiniens en les comparant à des "animaux". Comme lors du génocide rwandais, lorsque les Tutsi étaient "traités de cafards", ce qui revient à dire qu'"il est acceptable de les tuer", dénonce-t-elle.

Mme Pillay a indiqué qu'à l'avenir la commission entendait se pencher aussi sur des crimes supposés commis par d'autres "individus", expliquant qu'une grande partie des preuves a été publiée par les soldats israéliens eux-mêmes sur les réseaux sociaux.

Elle déplore toutefois que, faute de financements, la commission n'ait pas pu encore examiner si certains Etats qui fournissent de l'armement à Israël pouvaient être considérés complices.

Un travail qu'elle laisse à son successeur. Elle quitte la commission le 3 novembre en raison de son âge et de problèmes de santé.

Avant cela, elle doit présenter un dernier rapport devant l'Assemblée générale de l'ONU à New York. "J'ai déjà un visa", confie-t-elle.


Gaza: Bruxelles propose de taxer des biens importés d'Israël dans l'UE et de sanctionner deux ministres

La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu.  "Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas. (AFP)
La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu. "Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas. (AFP)
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  • L'exécutif européen avait déjà proposé en août 2024 de sanctionner ces deux ministres. Une tentative vaine, faute d'accord au sein des 27 Etats membres
  • Ces sanctions pour être adoptées requièrent l'unanimité des pays de l'UE

BRUXELLES: La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu.

"Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas.

Les mesures commerciales devraient, si elles étaient adoptées par les pays de l'UE, renchérir de quelque 227 millions d'euros le coût de certaines importations israéliennes, principalement d'origine agricole.

La Commission européenne a également proposé de sanctionner deux ministres israéliens d'extrême droite, Itamar Ben-Gvir, chargé de la Sécurité nationale, et Bezalel Smotrich chargé des Finances, selon un responsable de l'UE.

L'exécutif européen avait déjà proposé en août 2024 de sanctionner ces deux ministres. Une tentative vaine, faute d'accord au sein des 27 Etats membres. Ces sanctions pour être adoptées requièrent l'unanimité des pays de l'UE.

"Tous les États membres conviennent que la situation à Gaza est intenable. La guerre doit cesser", a toutefois plaidé mercredi Mme Kallas. Ces propositions seront sur la table des représentants des 27 Etats membres dès mercredi.

Les sanctions dans le domaine commercial ne nécessitent que la majorité qualifiée des Etats membres. Mais là encore, un accord sera difficile à obtenir, jugent des diplomates à Bruxelles.

Des mesures beaucoup moins ambitieuses, également présentées par la Commission européenne il y a quelques semaines, n'avaient pas trouvé de majorité suffisante pour être adoptées. Avait notamment fait défaut le soutien de pays comme l’Allemagne ou l'Italie.

Les exportations israéliennes vers l'UE, son premier partenaire commercial, ont atteint l'an dernier 15,9 milliards d'euros.

Seuls 37% de ces importations seraient concernés par ces sanctions, si les 27 devaient donner leur feu vert, essentiellement dans le secteur agro-alimentaire.


Trump s'en prend à des magistrats après l'assassinat de Charlie Kirk

Cette capture d'écran provenant de la diffusion en direct du tribunal de l'Utah montre Tyler Robinson, suspect dans le meurtre du militant politique Charlie Kirk, assistant à une audience à distance depuis sa cellule de prison à Provo, dans l'Utah, le 16 septembre 2025. (AFP)
Cette capture d'écran provenant de la diffusion en direct du tribunal de l'Utah montre Tyler Robinson, suspect dans le meurtre du militant politique Charlie Kirk, assistant à une audience à distance depuis sa cellule de prison à Provo, dans l'Utah, le 16 septembre 2025. (AFP)
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  • Dans le viseur du locataire de la Maison Blanche, sur son réseau Truth, se trouvent deux de ses cibles privilégiées : l'ex-procureur spécial Jack Smith, et le juge Juan Merchan qui avait présidé son procès pour des paiements cachés à une star du X
  • Donald Trump reproche à Jack Smith d'avoir ouvert il y a quelques années une enquête sur Turning Point, le mouvement créé par l'influenceur ultraconservateur américain Charlie Kirk, assassiné le 10 septembre

WASHINGTON: Le président américain Donald Trump a de nouveau stigmatisé mercredi des magistrats qui l'avaient poursuivi et jugé durant le mandat de Joe Biden, prenant prétexte du récent assassinat de l'influenceur ultraconservateur Charlie Kirk.

Dans le viseur du locataire de la Maison Blanche, sur son réseau Truth, se trouvent deux de ses cibles privilégiées : l'ex-procureur spécial Jack Smith, et le juge Juan Merchan qui avait présidé son procès pour des paiements cachés à une star du X.

Donald Trump reproche à Jack Smith d'avoir ouvert il y a quelques années une enquête sur Turning Point, le mouvement créé par l'influenceur ultraconservateur américain Charlie Kirk, assassiné le 10 septembre.

"Pourquoi le merveilleux Turning Point a-t-il été mis sous ENQUÊTE par le +Dérangé+ Jack Smith et l'administration Biden Corrompue et Incompétente ?", s'interroge Donald Trump dans un message sur Truth.

"Ils ont essayé de forcer Charlie, ainsi que de nombreuses autres personnes et mouvements, à cesser leurs activités. Ils ont instrumentalisé le ministère de la Justice contre les opposants politiques de Joe Biden, y compris MOI!", s'offusque-t-il encore.

Jack Smith, lui-même visé par une enquête administrative depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, avait été nommé procureur spécial en 2022.

Il avait lancé des poursuites fédérales contre Donald Trump, pour tentatives illégales d'inverser les résultats de l'élection de 2020 et rétention de documents classifiés après son départ de la Maison Blanche.

Les poursuites avaient été abandonnées après la réélection de Trump, en vertu de la tradition consistant à ne pas poursuivre un président en exercice. Jack Smith avait ensuite démissionné du ministère de la Justice.

Sans jamais le citer nommément, le président Trump s'en prend également sur le réseau Truth à Juan Merchan, qui a présidé le procès Stormy Daniels. Le président avait été reconnu coupable de 34 chefs d'accusation, pour des paiements cachés de 130.000 dollars à l'ex-star du X.

Donald Trump exprime le souhait que le juge "corrompu" paie "un jour un prix très élevé pour ses actions illégales".

Depuis l'assassinat de Charlie Kirk, le camp républicain redouble de véhémence contre les démocrates et organisations progressistes, accusés de promouvoir la violence politique.

"La gauche radicale a causé des dégâts énormes au pays", a affirmé le président républicain mardi, avant son départ au Royaume-Uni. "Mais nous y remédions".

Selon le Washington Post, un élu républicain du Wisconsin a déposé une proposition de loi visant à bloquer les fonds fédéraux aux organisations employant des personnes "qui tolèrent et célèbrent la violence politique".

Le New York Times précise pour sa part que sont notamment dans le viseur l'Open Society Foundation du milliardaire George Soros ainsi que la Ford Foundation, qui toutes deux financent des organisations de gauche.