Italie: l'alliance droite/extrême droite vers la victoire aux législatives

Tous les sondages prédisent la victoire aux législatives du 25 septembre de Giorgia Meloni, dirigeante de Fratelli d'Italia (FdI), qui pourrait devenir la première cheffe de gouvernement d'un des pays fondateurs de l'UE issue d'un parti post-fasciste. (AFP)
Tous les sondages prédisent la victoire aux législatives du 25 septembre de Giorgia Meloni, dirigeante de Fratelli d'Italia (FdI), qui pourrait devenir la première cheffe de gouvernement d'un des pays fondateurs de l'UE issue d'un parti post-fasciste. (AFP)
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Publié le Dimanche 11 septembre 2022

Italie: l'alliance droite/extrême droite vers la victoire aux législatives

  • En termes de sièges, les projections attribuent la majorité absolue aux droites coalisées dans les deux chambres, la chambre des députés et le Sénat
  • Et conformément à l'accord conclu entre ses trois formations, celle qui comptera le plus de suffrages imposera son candidat ou sa candidate au poste de Premier ministre

ROME: A deux semaines des législatives en Italie, l'extrême droite, alliée à Silvio Berlusconi, est donnée largement favorite face à une gauche qui se présente fragmentée, une perspective inquiétant le camp pro-européen dans la troisième puissance économique de la zone euro.

Tous les sondages prédisent la victoire aux législatives du 25 septembre de Giorgia Meloni, dirigeante de Fratelli d'Italia (FdI), qui pourrait devenir la première cheffe de gouvernement d'un des pays fondateurs de l'UE issue d'un parti post-fasciste.

La coalition des droites qui rassemble son parti, la Ligue (anti-immigration) de Matteo Salvini et Forza Italia de Silvio Berlusconi (droite libérale) caracole en tête des intentions de vote, à 45,9% contre 28,5% à la coalition de gauche menée par le Parti démocrate (PD, centre-gauche), selon le site d'information politique YouTrend qui a agrégé les dernières enquêtes des principaux instituts.

"Je voterai Meloni", confiait vendredi à Rome Bernardo, un avocat de 55 ans, qui reproche à la gauche de n'avoir fait campagne que sur l'opposition à l'extrême droite. "Il n'est plus acceptable que la gauche et le PD s'arrogent le monopole de la moralité".

Le Mouvement 5 Etoiles (M5S), auparavant anti-système, est loin derrière dans les sondages, avec 13,2%.

Au sein de la coalition de droite, FdI est crédité de 24,4%, la Ligue de 12,1% et Forza Italia de 7,8%.

Le PD d'Enrico Letta, qui n'est pas parvenu à rassembler les gauches ni à sceller un accord avec le M5S mais a conclu un pacte avec une modeste alliance de la gauche écologiste, est donné à 21,5%.

La victoire des droites "semble acquise", résume le Centre italien des études électorales (CISE) de l'université Luiss de Rome, dont les propres enquêtes donnent aussi un écart moindre mais toujours très confortable entre les droites (42%) et la coalition de Letta (31%).

Il s'agit des derniers sondages disponibles jusqu'au scrutin puisque la loi électorale italienne les interdit deux semaines avant.

En Italie, ces millions d'abstentionnistes malgré eux

Ils sont malades ou vivent loin de leur résidence habituelle: en Italie, des millions d'électeurs, abstentionnistes malgré eux, ne peuvent glisser leur bulletin dans l'urne, une anomalie démocratique due bien souvent à la proverbiale bureaucratie du pays.

Si la participation aux élections législatives reste élevée, elle a décru en moyenne de 92,4% à 74% entre 1944 et 2021, selon les chiffres officiels. Et l'institut Demopolis estime qu'elle devrait encore descendre - à 67% - aux législatives du 25 septembre.

La majorité des électeurs qui ne se déplacent pas disent se désintéresser de la politique ou ne pas se reconnaître dans l'offre.

Mais un peu moins de un électeur sur deux affirme ne pas pouvoir voter pour des raisons indépendantes de sa volonté, a révélé un "livre blanc" publié en mai par le gouvernement.

"L'abstention involontaire" touche d'abord les personnes âgées à mobilité réduite (2,8 millions de personnes), des malades, des personnes vivant avec un grave handicap.

Elle concerne également tous ceux qui se trouvent loin de leur résidence administrative pour motifs d'études, de travail ou de vacances, et qui sont estimés à 4,9 millions, soit 10,5% du corps électoral. Car en Italie, la domiciliation et la résidence sont deux choses distinctes et chacun vote là où il a déclaré sa résidence administrative.

Or le temps, la distance et les frais de transport représentent souvent une difficulté insurmontable. Beaucoup de jeunes, en particulier les étudiants, sont dans ce cas.

Mayla Bottaro, 24 ans, étudie à Bologne, mais sa résidence administrative est en Ligurie, sur la côte, à plus de trois heures de train en passant par Milan... "Pourquoi je devrais faire ce sacrifice quand l'Etat, lui, ne fait aucun effort pour que je puisse voter chez moi?", se demande-t-elle.

Billets à prix cassés 

Pour faciliter le retour des électeurs dans leur circonscription, les transporteurs offrent des rabais.

La compagnie aérienne ITA propose 50% de ristourne sur les vols domestiques. Les compagnies ferroviaires Trenitalia et Italo ainsi que les compagnies de ferry pour les insulaires ont également des tarifs soldés.

Mais cela ne suffit pas toujours.

Lorenzo Sangermano, 26 ans, étudie, lui, à Rome, mais vient de Bergame dans le nord, distante de 600 kilomètres. "A côté de mes études, je travaille dans la restauration. Le 25 [septembre], je travaille. Et évidemment, si je ne vais pas bosser, je ne suis pas payé", explique-t-il à l'AFP.

Certains abstentionnistes pourraient changer de résidence mais ne le font pas, soit parce que la démarche est fastidieuse, soit parce que les impôts sont plus avantageux dans leur province d'origine, soit parce qu'ils sont locataires et que le propriétaire de leur logement conserve sa propre résidence à l'adresse de la location.

Il ressort du livre blanc que la majorité de ces électeurs buissonniers ont leur résidence dans les régions du sud de l'Italie, les plus pauvres du pays, pourvoyeuses de main d'oeuvre dans le nord.

C'est le cas de Maria, agent d'entretien originaire de Calabre, à la pointe sud de la botte, qui travaille à Rome: "Je n'irai pas voter. Qui va me payer le voyage?".

Les immigrés sur la touche 

Alors quelles solutions?

Les experts italiens restent dubitatifs sur le vote par procuration car il ne garantit pas selon eux le caractère strictement privé du scrutin.

De même, ils ont écarté l'extension au territoire national du vote par correspondance, pourtant possible pour les Italiens de l'étranger. Quant au vote en ligne, il n'est même pas envisagé dans un pays où des millions de personnes n'ont toujours pas accès, ou dans des conditions médiocres, à une connexion internet.

Enfin, une autre forme d'abstentionnisme subi existe en Italie: les étrangers, présents sur le territoire depuis parfois des décennies, mais qui, du fait des montagnes qu'il faut franchir pour se faire naturaliser et obtenir le document d'identité, ne peuvent exercer leurs droits civiques.

Simohamed Kaabour, 40 ans, originaire du Maroc, est depuis juin conseiller municipal à Gênes. Arrivé en Italie en 1982, il n'a obtenu la nationalité qu'en 2009, à l'âge de 27 ans.

Or, souligne-t-il à l'AFP, "l'inclusion et l'intégration sont des processus qui nécessitent la participation active et la jouissance d'un droit comme celui de voter".

Un texte visant à réformer les conditions de vote devait arriver en commission au parlement le 24 juillet. Mais le lendemain, le gouvernement de Mario Draghi tombait.

victoire des droites «acquise»

En termes de sièges, les projections attribuent la majorité absolue aux droites coalisées dans les deux chambres, la chambre des députés et le Sénat. Et conformément à l'accord conclu entre ses trois formations, celle qui comptera le plus de suffrages imposera son candidat ou sa candidate au poste de Premier ministre. Lequel devrait donc revenir à Giorgia Meloni, militante dans sa jeunesse du Mouvement social italien (MSI) fondé en 1946 par des fidèles de Benito Mussolini, et qui a co-fondé Fratelli d'Italia fin 2012.

Cette quadra charismatique, brillante oratrice dont le credo est "Dieu, famille, patrie", défend dans les grands lignes la même politique que la Ligue: plus de sécurité, moins d'immigration, moins de taxes.

Elle s'est efforcée de dédiaboliser FdI et de prendre ses distances avec les "nostalgiques du fascisme" qui, à l'entendre, "n'ont pas leur place" dans son parti. Et si, favorable à une Europe des nations, elle souhaite revoir sa relation avec Bruxelles et les partenaires européens de l'Italie, elle assure qu'il n'y aura pas de rupture sèche alors que Rome est la principale bénéficiaire du plan de relance européen avec près de 200 milliards d'euros de fonds accordés pour maintenir à flots la troisième économie de la zone euro.

Sur le plan diplomatique, le front conservateur affiche pourtant de profondes divisions. Atlantiste, Giorgia Meloni défend l'aide militaire à l'Ukraine tandis que Matteo Salvini, admirateur de Vladimir Poutine, critique régulièrement la politique européenne dans cette crise.

Lors du Forum économique de Cernobbio (nord) la semaine dernière, M. Salvini s'est demandé si les "sanctions contre Moscou servent à nuire à ceux à qui elles sont imposées" ou aux Italiens qui supportent une inflation de près de 9% avec des prix alimentaires et énergétiques qui flambent.

Giorgia Meloni lui a vertement répondu: "Si demain notre pays tourne le dos à nos alliés pour regarder de l'autre côté, les sanctions resteront mais nous aurons perdu notre crédibilité".

Dans un entretien au quotidien catholique Avvenire, Silvio Berlusconi, ancien chef du gouvernement proche de Poutine, a mis les points sur les "i": "Nous ne pouvons pas nous permettre d'envoyer des signes de division face à l'agression russe en Ukraine".

Pour Enrico Letta, l'alliance conservatrice représente "un très grand risque" pour l'Union européenne. "Il n'y a jamais eu de grand pays européen dirigé par des forces politiques clairement opposées à l'idée communautaire de l'Europe et clairement favorables à l'idée d'une Europe des nations", prévenait-il fin août dans un entretien à l'AFP.

Une clé du scrutin sera le taux de participation, généralement élevé en Italie (près de 75%), et le comportement des indécis, estimés à 20% environ.


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.