De la Syrie à l'Ukraine, les enfants sont les premières victimes des déplacements forcés

Les conflits dans le monde ont entraîné une hausse de la malnutrition chez les enfants (Photo, AFP).
Les conflits dans le monde ont entraîné une hausse de la malnutrition chez les enfants (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 22 septembre 2022

De la Syrie à l'Ukraine, les enfants sont les premières victimes des déplacements forcés

  • Raouf Mazou, haut-commissaire adjoint aux opérations du HCR, appelle à une augmentation des contributions des donateurs
  • La situation des personnes déplacées de force est «très, très préoccupante», a-t-il déclaré à Arab News en marge de l'Assemblée générale des Nations unies

NEW YORK: Près de la moitié des personnes déplacées de force dans le monde sont des enfants de moins de 18 ans, selon des données publiées par l'agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) – soit 1,5 million de personnes de plus que la population entière de l'Arabie saoudite.

C'est un vieux problème, qui reste néanmoins d’actualité.

Selon les données du HCR, le nombre de personnes de tous âges, déplacées de force à cause de persécutions, de conflits, de violences, de violations des droits de l'homme ou d'événements troublant gravement l'ordre public, s’est élevé à 89,3 millions fin 2021. Ce chiffre est passé à 100 millions depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en mars.

«La situation des personnes déplacées de force est très, très préoccupante», a prévenu Raouf Mazou, haut-commissaire adjoint aux opérations du HCR, à Arab News en marge de l'Assemblée générale des Nations unies à New York.

«Cette année, nous avons atteint un nombre total d'environ 100 millions de personnes déplacées de force. Cela comprend les réfugiés et les personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays», a-t-il ajouté.

Mais même avec les chiffres publiés en juin, le pourcentage de 42% d'enfants forcés de quitter leur foyer équivaut à environ 37 506 000 individus.

Pour mettre les choses en perspective, cela représente 15 756 000 personnes de plus que la population totale du Caire, près de cinq fois le nombre d'habitants de Riyad et près de 28 millions de personnes de plus que Londres.

Raouf Mazou, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés (Photo, capture d'écran).

En outre, le problème s'aggrave. Alors que de nombreux enfants et adultes – généralement des femmes – ont été contraints de quitter leur foyer en raison de la sécheresse, de l'insécurité alimentaire et des conflits armés, on compte également 1,5 million d'enfants nés réfugiés.

Annuellement, entre 2018 et 2021, cela équivaut à une moyenne de 350 000 à 400 000 enfants nés en tant que réfugiés chaque année. Qu'ils soient seuls ou en famille, tous sont confrontés à l'insécurité alimentaire, à la pauvreté et à des menaces pour leur sécurité.

«En revenant sur les dix dernières années, nous avons vu chaque année une augmentation de ces chiffres», a affirmé Mazou.

En retour, cela les expose à une vulnérabilité accrue et à des attaques, souvent des agressions sexuelles violentes. Les victimes vont des enfants aux adultes, les agresseurs agissent seuls ou en groupe.

Les viols collectifs deviennent de plus en plus courants au Sud-Soudan, alors que la trêve fragile se rapproche de l'échec total.

«C'est le résultat du conflit, du climat, et de plusieurs autres raisons. C'est une situation très préoccupante», a déclaré Mazou à Arab News.

Lundi, Martin Griffiths, le sous-secrétaire général des Nations unies aux affaires humanitaires et coordinateur des secours d'urgence, a indiqué au Conseil de sécurité que la faim était utilisée comme une «tactique de guerre», ce que les organisations humanitaires essayent de combattre par le biais de lignes de vie, en travaillant avec des groupes locaux qui sont les premiers, et parfois les seuls, «intervenants sur le terrain».

Il a averti que la présence de travailleurs humanitaires ne signifie pas la fin des souffrances pour les personnes déplacées.

Le Sud-Soudan est «l'un des endroits les plus dangereux pour les travailleurs humanitaires l'année dernière, avec 319 incidents violents visant le personnel et les biens humanitaires», a signalé Griffiths.

Il a affirmé que cinq travailleurs humanitaires ont été tués en 2021 – cinq autres sont morts depuis le début de cette année.

Un enfant déplacé, près d’une école du village d'Afdera, à 225 km de Semera, en Éthiopie (Photo, AFP).

Jusqu'à l'invasion de l'Ukraine par la Russie, la grande majorité des réfugiés – 69% du nombre total, pour être précis – provenaient de cinq pays seulement, notamment la Syrie, le Sud-Soudan et l'Afghanistan.

En Syrie, plus de 6,9 millions de personnes ont fui leur foyer à l'intérieur du pays, et plus de 6,5 millions restent en dehors de la Syrie, dont 5,7 millions sont des réfugiés dans la région, toujours accueillis par des pays voisins. Jusqu'à l'arrivée du conflit russo-ukrainien, la Syrie comptait le plus grand nombre de personnes déplacées.

À ce jour, 14,6 millions de personnes en Syrie dépendent de l'aide, soit 1,2 million de plus que l’année dernière. Plus de 90% des Syriens vivent dans la pauvreté.

Après onze ans de conflit, les personnes déplacées par la guerre en Syrie commencent à devenir une cause oubliée.

«Il y a toujours un élément de fatigue de l'asile», a signalé Mazou. «Parce qu'après un certain temps, les gens s'attendent à ce que le problème soit résolu. Il y a donc moins d'attention portée au sujet. Et puis vous voyez une réduction du financement.»

Selon lui, les événements de 2021, tels que la guerre en Ukraine et le changement violent de régime en Afghanistan, ont écarté encore plus la Syrie des feux de la rampe.

«Chacune de ces nouvelles situations nécessite un financement supplémentaire et réduit la disponibilité des fonds pour d'autres endroits», a expliqué Mazou.

Il a ajouté que l'effet d'entraînement a été une augmentation des besoins.

Un sauveteur porte un enfant migrant alors qu'ils débarquent de l'Abeille Languedoc après avoir été secourus par son équipage (Photo, AFP).

«Les ressources mobilisées n'augmentent pas aussi vite que le nombre de réfugiés et l'ampleur des besoins que nous avons», a-t-il souligné.

La violence sexiste et les risques pour les enfants, tous deux en augmentation, figurent parmi les problèmes auxquels sont confrontés les réfugiés.

Vient ensuite la crise de la sécurité alimentaire, qui a battu de nouveaux records avec 13,9 millions de personnes souffrant de la faim chaque jour, une situation qui s’aggrave davantage par le conflit en Ukraine.

«Nous avons environ 11 millions de réfugiés qui dépendent de l'aide alimentaire, répartis dans 42 pays», a révélé Mazou.

«Et ce que nous constatons aujourd'hui, c'est que dans un certain nombre de pays, nous n'avons pas assez de ressources.»

Il a affirmé que la crise du coût de la vie avait aggravé le problème, ce qui signifie que la quantité de nourriture disponible diminuait à mesure que les coûts augmentaient.

La situation est si mauvaise, selon Mazou, que certains réfugiés ne reçoivent que peu ou pas d'aide alimentaire.

Mais le problème ne se limite pas à la pénurie de nourriture. L'une des premières choses que les enfants réfugiés perdent est l'accès à l'éducation.

Selon les données du HCR, près d'un enfant syrien sur deux n'est pas scolarisé et est exposé au travail des enfants, aux mariages précoces et forcés, à la traite et au recrutement par des groupes armés.

Mazou a expliqué que seulement 37% de tous les enfants réfugiés ont accès à l'enseignement secondaire, tandis que ceux qui suivent un enseignement supérieur ne représentent que 6% de ceux qui en ont besoin.

Le nombre de réfugiés ukrainiens a atteint 4,2 millions, selon les Nations unies (Photo, AFP).

«Le problème, c'est qu'un accès réduit à l'éducation signifie que ces enfants sont moins préparés et moins prêts à faire partie du pays lorsqu'ils sont en mesure d'y retourner. On peut donc certainement parler d'une génération perdue», a-t-il précisé.

Mazou a signalé que le HCR est en discussion permanente avec les gouvernements pour s'assurer que les enfants réfugiés sont inclus dans les systèmes éducatifs existants.

Selon le rapport Data Finder du HCR, la grande majorité des personnes déplacées de force de leur foyer et de leur pays sont accueillies par des pays à revenu faible ou intermédiaire, et non par des pays occidentaux plus riches.

«Les pays à revenu faible et intermédiaire accueillent 83% des réfugiés dans le monde et des Vénézuéliens déplacés à l'étranger», a indiqué le rapport, qui a ajouté: «Les pays les moins développés offrent l'asile à 27% du total.»

De nombreux réfugiés syriens qui ont quitté le pays pendant la guerre se retrouvent aujourd'hui en Turquie, au Liban, en Jordanie, en Irak et en Égypte.

Il est bien connu que le Liban, un pays de la taille du comté britannique de Cornouailles et comptant quatre millions d'habitants, accueille environ deux millions de réfugiés connus.

Le Liban traverse une crise financière qui lui est propre et les banques refusent aux citoyens l'accès à leurs propres économies.

Il est clair que la crise du coût de la vie a considérablement affecté le financement des réfugiés au cours des trois dernières années, la pandémie et la prise de contrôle de l'Afghanistan par les Talibans ayant contraint des millions de personnes à fuir.

Dans son rapport d'impact sur les donateurs de 2021, le HCR a estimé que «2021 a été une autre année difficile.»

 «La crise économique, les conflits, le changement climatique et la pandémie actuelle de la Covid-19 ont exigé que nous nous adaptions à de nouveaux défis chaque jour.»

«Mais les épreuves et les tribulations de 2021 ont particulièrement touché certaines des personnes les plus vulnérables du monde, à savoir les plus de 84 millions de personnes contraintes de fuir leur foyer pour échapper à la guerre, aux persécutions et à d'autres situations mettant leur vie en danger».

En janvier 2022, l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (Unrwa) a annoncé qu'il demandait à la communauté internationale 1,63 milliard d’euros cette année.

La faim est devenue une «arme de guerre» dans des pays comme l'Éthiopie et l'Afghanistan, selon Martin Griffiths, responsable des secours de l'ONU (Photo, AFP).

L'Unrwa a été créé par l'Assemblée générale en 1949, avec pour mandat de fournir assistance et protection aux 5,7 millions de réfugiés palestiniens enregistrés auprès de l'agence dans ses cinq domaines d'opération.

La mission de l'Unrwa est d'«aider les réfugiés palestiniens en Jordanie, au Liban, en Syrie, en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est et dans la bande de Gaza, à atteindre leur plein potentiel de développement humain, en attendant une solution juste et durable à leur situation. Les services de l'Unrwa englobent l'éducation, les soins de santé, les secours et les services sociaux, l'amélioration de l'infrastructure dans les camps, la protection et la microfinance».

En janvier, Philippe Lazzarini, commissaire général de l'Unrwa, a déclaré que la communauté internationale reconnaissait le «rôle salvateur de l'Unrwa» et sa contribution à la stabilité au Moyen-Orient.

«En 2022, cette reconnaissance doit être soutenue par un niveau de financement adéquat afin de faire face à ce moment critique pour les réfugiés palestiniens», a-t-il jugé.

«Les déficits budgétaires chroniques de l'agence menacent les moyens de subsistance et le bien-être des réfugiés palestiniens que l'Unrwa sert et constituent une menace sérieuse pour la capacité de l'agence à maintenir ses services.»

Au début du mois de septembre, Lazzarini a conclu une visite officielle au Caire au cours de laquelle il a rencontré Ahmed Aboul Gheit, le secrétaire général de la Ligue arabe, et Sameh Choukry, le ministre égyptien des Affaires étrangères.

Félicitant l'Égypte et la Ligue arabe pour leur soutien politique, il a appelé à la poursuite de la solidarité arabe avec les réfugiés palestiniens, en particulier par leur soutien financier à l'Unrwa.

«Toutefois, l’agence requiert de ressources adéquates afin de mettre en œuvre le mandat que cette région, et la plupart du monde, lui confie», a indiqué Lazzarini. «Le soutien politique – sans ressources financières correspondantes – ne couvrira pas le coût de 700 écoles, de 140 centres de santé, de l'aide alimentaire et de l’aide en espèces pour plus de deux millions de réfugiés palestiniens pauvres et touchés par le conflit.»

Cela en va de même pour le HCR, a indiqué Mazou, qui a expliqué que si la pandémie a entraîné une augmentation des dons du secteur privé et des particuliers – probablement motivés par leurs propres difficultés – les besoins continuent de croître.

«Il y a des situations – au Yémen par exemple, où vous avez 5 millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays, en plus d’environ 100 000 réfugiés dans une situation où il y a un conflit depuis un certain temps», a déclaré Mazou à Arab News.

«Il est clair qu'un soutien financier, ainsi qu'un soutien pour traiter les causes profondes du conflit ayant comme impact et comme conséquence le déplacement, est nécessaire. Il est donc certain que davantage de ressources financières sont nécessaires.»

Mazou a fait l'éloge des États membres du CCG pour leurs contributions à la cause des réfugiés, mais a ajouté: «On ne peut jamais être satisfait du niveau des contributions que nous recevons pour le moment.»

Soulignant que le budget global du HCR est d'environ 10,19 milliards d’euros, Mazou a affirmé: «Nous recevons normalement la moitié de ce montant sous forme de contribution, ce qui fait que nous avons déjà un écart au niveau mondial.»

S'adressant aux pays du CCG, il a insisté: «Qu'il s'agisse des Émirats arabes unis, de l'Arabie saoudite ou du Qatar, ils ont apporté leur contribution. Mais bien sûr, ils doivent contribuer davantage.»

Il ne s'agit pas d'être ingrat, a expliqué Mazou. «C'est ce que nous demandons à tous nos donateurs, nous apprécions ce qu'ils font, mais nous demandons plus.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L’ancien Premier ministre australien à Netanyahu : « Restez en dehors de notre politique »

L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
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  • Turnbull s’en prend au Premier ministre israélien dans une interview sur Channel 4
  • Les tentatives de Netanyahu de lier le massacre de Bondi à la politique sur la Palestine jugées « contre-productives »

​​​​​​LONDRES : L’ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull a demandé à Benjamin Netanyahu de « rester en dehors de notre politique » après que le dirigeant israélien a établi un lien entre la reconnaissance de la Palestine et la fusillade de masse survenue à Bondi Beach.

Quinze personnes ont été tuées lorsqu’un père et son fils ont ouvert le feu sur des participants célébrant la fête juive de Hanoukka dimanche soir.

Netanyahu a affirmé que la décision de l’Australie de reconnaître l’État palestinien plus tôt cette année avait « jeté de l’huile sur le feu de l’antisémitisme » dans les semaines précédant l’attaque.

Interrogé sur ces propos lors du journal de Channel 4 News au Royaume-Uni, Turnbull a déclaré : « Je dirais respectueusement à “Bibi” Netanyahu : s’il vous plaît, restez en dehors de notre politique.

« Tenir ce type de discours n’aide en rien… et ce n’est pas approprié. »

Turnbull a soutenu la décision du gouvernement de l’actuel Premier ministre australien Anthony Albanese de reconnaître l’État palestinien en août — aux côtés de nombreux autres pays occidentaux — alors que la pression internationale s’intensifiait face à la guerre à Gaza.

Dans un discours prononcé après l’attaque de Bondi, Netanyahu a déclaré : « Il y a quelques mois, j’ai écrit au Premier ministre australien pour lui dire que sa politique jetait de l’huile sur le feu de l’antisémitisme. »

Il a ajouté : « L’antisémitisme est un cancer qui se propage lorsque les dirigeants se taisent. »

Turnbull a rappelé que la grande majorité des pays du monde reconnaissaient la Palestine comme un État et soutenaient une solution à deux États au conflit.

Il a souligné que l’Australie était une société multiculturelle très prospère qui ne pouvait permettre l’importation de conflits étrangers.

« Nous devons veiller à ce que les guerres du Moyen-Orient ou d’ailleurs ne soient pas menées ici », a-t-il déclaré.
« Chercher à les relier, comme l’a fait Netanyahu, n’est pas utile et va exactement à l’encontre de ce que nous voulons accomplir. »

Albanese a également rejeté les propos de Netanyahu lorsqu’on lui a demandé s’il existait un lien entre sa politique sur la Palestine et l’attaque de Bondi.

« L’écrasante majorité du monde considère qu’une solution à deux États est la voie à suivre au Moyen-Orient », a-t-il déclaré aux médias.

« C’est un moment d’unité nationale où nous devons nous rassembler… Nous devons entourer les membres de la communauté juive qui traversent une période extraordinairement difficile. »

Albanese s’est rendu à l’hôpital pour rendre visite à l’homme salué comme un héros pour avoir désarmé l’un des assaillants.

Ahmed Al-Ahmed, commerçant arrivé en Australie depuis la Syrie en 2006, est en convalescence après avoir maîtrisé le tireur.

Albanese a déclaré mardi que les assaillants, Sajid Akram et son fils Naveed, étaient animés par l’idéologie de Daesh.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Attentat de Sydney: le Premier ministre australien rend visite au «héros» de la plage de Bondi

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
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  • Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants
  • Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump

SYDNEY: Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies.

Dimanche soir, alors qu'une foule était rassemblée sur cette plage de Sydney pour la fête juive de Hanouka, un père et son fils ont ouvert le feu pendant une dizaine de minutes, tuant 15 personnes et en blessant 42 autres.

Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants. Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump.

"Il allait s'acheter un café et s’est retrouvé face à des gens qui se faisaient tirer dessus", raconte M. Albanese après une visite au chevet de M. Ahmed.

"Il a décidé d'agir, et son courage est une source d’inspiration pour tous les Australiens."

L'homme a été touché plusieurs fois à l'épaule après s'être battu avec l'un des assaillants. M. Albanese rapporte qu'il devra "subir une nouvelle intervention chirurgicale" mercredi.

"Au moment où nous avons été témoins d'actes maléfiques, il brille comme un exemple de la force de l'humanité", a salué le Premier ministre. "Nous sommes un pays courageux. Ahmed al Ahmed incarne ce que notre pays a de meilleur."

Alité, des tubes dans le nez, M. Ahmed a brièvement remercié en arabe les personnes le soutenant, dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux mardi matin.

"J'apprécie les efforts de chacun (...). Puisse Allah vous récompenser et vous accorder le bien être", a-t-il déclaré, selon une traduction (en anglais) fournie par la chaîne publique turque TRT World.

Ce père de deux enfants, originaire de Syrie, vit en Australie depuis plus de 10 ans, selon les médias locaux.

Sa mère a déclaré lundi au média australien ABC qu'elle n'avait cessé de "culpabiliser et de pleurer" lorsqu'elle a reçu l'appel lui annonçant que son fils avait été blessé par balle dans "un accident". "Nous prions pour que Dieu le sauve", dit-elle.

Une collecte de fonds en ligne a récolté plus de 1,9 million de dollars australiens (1,1 million d'euros) de dons pour couvrir les frais médicaux de M. Ahmed.


La CPI rejette un appel d'Israël contestant sa compétence

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
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  • Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas
  • Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a rejeté lundi une demande en appel d'Israël qui contestait sa compétence pour enquêter sur des crimes présumés dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas.

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.

Ils sont soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza. Famine, meurtre et persécution font partie des chefs d'accusation.

Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas.

Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties".

La Cour examine actuellement une autre contestation israélienne de sa compétence, en plus d'une demande de récusation du procureur Karim Khan.

Elle a dit non en juillet à une demande d'Israël de rejet des mandats d'arrêts, ainsi qu'à l'appel de cette décision en octobre.

Créée en 2002, la CPI poursuit des individus accusés des pires atrocités tels que les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide.

Israël n'adhère pas au traité de Rome ayant institué la CPI, ce qui ne les empêche pas d'introduire des contestations juridiques auprès de la Cour.

La Cour avait déjà statué en 2021 que sa compétence territoriale s'étendait à Gaza.

Les accusations de génocide commis par Israël envers les Palestiniens dans la bande de Gaza se sont multipliées depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, après l'attaque du Hamas contre Israël ayant coûté la vie à 1.221 personnes côté israélien, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont depuis fait plus de 70.000 morts, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, que l'ONU considère comme fiables.

Sous fortes pressions américaines, une trêve fragile est en vigueur depuis le 10 octobre.