Hausse des crimes xénophobes contre les réfugiés syriens en Turquie

Une mère réfugiée syrienne met son bébé dans une poussette, au camp de réfugiés de Nizip, dans la province de Gaziantep, en Turquie, le 30 novembre 2016 (Photo, Reuters).
Une mère réfugiée syrienne met son bébé dans une poussette, au camp de réfugiés de Nizip, dans la province de Gaziantep, en Turquie, le 30 novembre 2016 (Photo, Reuters).
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Publié le Mardi 06 septembre 2022

Hausse des crimes xénophobes contre les réfugiés syriens en Turquie

  • La Turquie abrite environ 3,6 millions de réfugiés syriens enregistrés, soit la plus grande population de réfugiés au monde
  • L'inflation croissante et la hausse du coût de la vie ont alimenté les attitudes hostiles envers les étrangers.

ANKARA: Selon des experts, les réfugiés syriens, autrefois accueillis à bras ouverts en Turquie, vivent désormais dans la peur à cause de l'augmentation des crimes commis à leur encontre.

Beaucoup pensent qu'ils serviront de levier politique lors des prochaines élections turques prévues pour l'année prochaine.

Un  adolescent syrien, Fares Elali est l'une des dernières victimes de cette hostilité. Il a récemment été poignardé à mort dans la province de Hatay, au sud de la Turquie.

Le jeune garçon de 17 ans, qui a perdu son père pendant le conflit syrien en 2011, avait réussi à se faire accepter dans une université turque pour y étudier la médecine et souhaitait devenir médecin. Son corps sera transféré vers la province d'Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie.

Elali travaillait dans une usine de pâte de tomates. Il aurait été tué dans un acte de vengeance à la suite d'un désaccord avec une employée.

La Turquie abrite environ 3,6 millions de réfugiés syriens enregistrés, soit la plus grande population de réfugiés au monde. Les agressions raciales physiques et verbales à leur encontre n'ont cessé d'augmenter. En effet, l'inflation croissante et la hausse du coût de la vie ont alimenté les attitudes hostiles envers les étrangers.

En raison du ralentissement économique du pays, le taux d'inflation officiel a atteint 80,2% et le taux officieux plus de 181%.

À l'approche des élections législatives et présidentielles turques, la question du rapatriement d'un million de Syriens dans le nord de la Syrie suscite un vif intérêt dans la politique intérieure.

Certaines figures de l'opposition de droite ont profité de ce ressentiment croissant pour s'engager à renvoyer les Syriens dans leur pays.

Il n'existe pas de chiffres officiels concernant les attaques violentes perpétrées contre les réfugiés syriens en Turquie.

Mais en juin, deux jeunes Syriens – Sultan Abdel Basset Jabneh et Sherif Khaled al-Ahmad – auraient été tués par des émeutiers turcs lors de différents incidents survenus à Istanbul.

Le 30 mai, Leila Mohammed, une Syrienne âgée de 70 ans, a été frappée au visage par un homme dans la province de Gaziantep, dans le sud-est du pays. Par ailleurs, un étudiant syrien de 17 ans a récemment été verbalement agressé dans la rue par une foule turque en colère.

Interrogé par Arab News, Metin Corabatir, président du Centre de recherche sur l'asile et la migration (IGAM), un groupe de réflexion basé à Ankara, a indiqué que cette provocation accrue était orchestrée par certains cercles de l'élite en Turquie.

«Umit Ozdag, leader du parti d'extrême droite (parti de la Victoire) qui s'est engagé à renvoyer tous les réfugiés, utilise les Syriens comme moyen politique pour attiser les tensions contre les étrangers à l'approche des élections», dit-il.

«Des personnalités populaires dans les médias alimentent également ces tensions en diffusant des informations erronées sur les Syriens et en brossant un portrait idyllique mais irréaliste de leur niveau de vie en Turquie», poursuit-il.

Omar Kadkoy, analyste de la politique migratoire au sein du groupe de réflexion TEPAV basé à Ankara, a expliqué à Arab News que l'opinion publique turque devenait de plus en plus hostile aux étrangers.

«La haine est particulièrement forte à l'égard des Syriens et ce sentiment n'est pas nouveau. Avec une politique d'harmonisation ambiguë, plus la chute de l'économie est prononcée, plus la rancune et la colère des Turcs envers les Syriens augmentent», affirme-t-il.

Il a souligné que la mort d'Elali avait montré les conséquences des malentendus devenus incontrôlables.

«Le moyen de dissuasion ici est la règle de droit selon laquelle la peine est proportionnelle au crime. Faire des annonces d'expulsion de Syriens pour partage de vidéos sur les réseaux sociaux, par exemple, et ne pas informer le public de la sanction du ou des tueurs de Fares relève d'une justice biaisée», ajoute Kadkoy.

Bien que le ministre de l'Intérieur Suleyman Soylu ait présenté ses condoléances à la famille d'Elali, les partis politiques turcs n'ont que très peu condamné publiquement l'attaque.

Selon Corabatir, tous les groupes politiques devraient inclure dans leur programme électoral des propositions relatives à la gestion de la situation des réfugiés syriens, sachant qu'en vertu du droit international, la Turquie ne peut pas renvoyer les Syriens chez eux de manière unilatérale.

«À l'approche des élections, les partis politiques devraient exposer leurs propositions d'intégration alternative dans leur programme afin de convaincre les électeurs et de contribuer à la paix plutôt que de déclencher de nouvelles tensions», précise-t-il.

Des rapports récents ont fait allusion à la perspective d'une normalisation des relations entre la Turquie et le régime du président syrien Bachar al-Assad. Mais, d'après Kadkoy, de nombreux Syriens ne souhaitent pas rentrer chez eux tant qu'Assad est au pouvoir.

«Si la Turquie opte pour le rapprochement sans tenir compte de la possibilité du retour volontaire des Syriens, ces derniers se retrouveront entre le marteau et l'enclume. L'alternative ? Les rives de la mer Égée, une fois de plus», conclut-il.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les forces israéliennes tuent 13 personnes lors d'une opération dans le sud de la Syrie

Un homme assis sur des décombres dans un site endommagé à la suite d'un raid israélien vendredi à Beit Jinn, en Syrie. (Reuters)
Un homme assis sur des décombres dans un site endommagé à la suite d'un raid israélien vendredi à Beit Jinn, en Syrie. (Reuters)
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  • Des troupes israéliennes ont arrêté des membres présumés de ce que l’armée a appelé l’organisation Jemaah islamique lors d’une opération nocturne dans le village syrien de Beit Jinn
  • Au moins 10 personnes auraient été tuées lors du raid, selon la télévision d’État syrienne.

DUBAÏ : Au moins 13 personnes ont été tuées et 24 blessées par les forces israéliennes lors d’un raid nocturne sur le village de Beit Jinn, dans le sud de la Syrie, selon l’agence syrienne SANA.

Le ministère syrien des Affaires étrangères a condamné l’opération comme un « crime de guerre » et accusé Israël de vouloir « enflammer la région ».

« Nous dormions quand nous avons été réveillés à trois heures du matin par des tirs », a raconté le blessé Iyad Taher à l’AFP depuis l’hôpital Al-Mouwassat à Damas.

« Nous sommes sortis pour voir ce qui se passait et nous avons vu l’armée israélienne dans le village, des soldats et des chars. Puis ils se sont retirés, l’aviation est arrivée et les obus ont commencé à tomber. J’ai été touché au cou par des éclats. »

Un responsable local a indiqué à l’AFP que les forces israéliennes avaient fait irruption dans le village pour capturer trois hommes, déclenchant des affrontements.

« Après les affrontements, les forces d’occupation israéliennes ont bombardé la zone à l’artillerie et aux drones », a déclaré le responsable du village, Abdul Rahman Al-Hamrawi.

À l’hôpital, Ahmad Kamal a raconté à l’AFP que lui et d’autres « avaient ouvert le feu sur la patrouille israélienne pour se défendre et les empêcher de nous emmener. Mon frère a été tué et j’ai été blessé. »

Les troupes israéliennes affirment avoir arrêté des membres présumés de la Jamaa Islamiya, groupe basé au Liban et allié au Hamas palestinien, lors de l’opération nocturne.

Selon l’armée israélienne, les soldats ont essuyé des tirs et ont riposté avec un soutien aérien, faisant six blessés dans leurs rangs.

L’armée affirme que toutes les cibles recherchées ont été arrêtées et que plusieurs combattants ont été tués, ajoutant que des troupes restent déployées dans la zone.

Israël a mené de nombreuses frappes en Syrie en 2025, visant des secteurs autour de Damas et dans le sud du pays, affirmant vouloir contrer des menaces et protéger la communauté druze proche de la frontière.

Israël dit agir contre des groupes qu’il considère comme hostiles, tandis que les autorités syriennes affirment que les frappes ont tué des soldats.

Depuis la chute du président syrien Bachar Al-Assad en décembre 2024 et l’arrivée d’un nouveau leadership à Damas, Israël a mené des centaines de frappes en Syrie.

Israël a également envoyé des troupes dans la zone tampon patrouillée par l’ONU, qui sépare les forces israéliennes et syriennes sur le plateau du Golan depuis 1974.

Israël occupe le Golan syrien depuis 1967 et l’a annexé en 1981, une décision non reconnue par la communauté internationale.

Dans une résolution adoptée le 6 novembre, le Conseil de sécurité de l’ONU a réaffirmé son ferme soutien à la « souveraineté, l’indépendance, l’intégrité territoriale et l’unité nationale » de la Syrie.

Au cours de l’été, des contacts de haut niveau ont eu lieu entre responsables israéliens et syriens, avec l’aide de Paris et Washington.

L'envoyée spéciale adjointe de l’ONU pour la Syrie, Najat Rochdi, a condamné l’attaque israélienne, la qualifiant de « violation grave et inacceptable de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Syrie ».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le métro de Riyad bat le record Guinness du plus long réseau sans conducteur

Un métro arrive à la station King Saud University à Riyad, le 27 avril 2025. (AFP)
Un métro arrive à la station King Saud University à Riyad, le 27 avril 2025. (AFP)
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  • Le métro de Riyad comprend six lignes intégrées et 85 stations, et intègre des technologies de pointe
  • Le système de transports publics de Riyad, incluant le métro et les bus, soutient le trafic, l’économie, le développement urbain et la vie sociale de la ville

LONDRES : Le Guinness World Records a officiellement certifié le métro de Riyad comme le plus long réseau de métro sans conducteur au monde, avec 176 kilomètres, mettant en lumière les avancées rapides de l’Arabie saoudite dans le domaine des transports modernes.

Le métro de Riyad constitue un élément essentiel de l’initiative de transport public dans la capitale saoudienne. Il comporte six lignes intégrées, 85 stations, et fait appel à des technologies de pointe.

Le système fonctionne selon un modèle automatisé sans conducteur, géré par des salles de contrôle avancées garantissant des niveaux élevés de précision, de sécurité et de qualité, selon l’agence de presse saoudienne (SPA).

L'ouvrage de référence annuel indique que le métro de Riyad a été « conçu pour améliorer la mobilité urbaine, réduire les embouteillages et promouvoir la durabilité grâce à des solutions de transport respectueuses de l'environnement ».

Le réseau de transports publics de Riyad, incluant métro et bus, soutient le trafic de la ville, son économie, son développement urbain et sa vie sociale.

Cette réalisation met en avant les efforts de la Commission royale pour la ville de Riyad visant à adopter des concepts de transport urbain innovants et durables, démontrant son engagement en faveur d’infrastructures modernes qui améliorent la qualité de vie et soutiennent la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, ajoute la SPA.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Cisjordanie: des soldats israéliens tuent deux Palestiniens apparement en train de se rendre

Un homme marche dans la rue, devant un appartement détruit au lendemain d'une opération militaire israélienne au cours de laquelle un tireur palestinien a été tué, dans la ville de Naplouse, occupée par Israël, dans le nord de la Cisjordanie, le 25 novembre 2025. (AFP)
Un homme marche dans la rue, devant un appartement détruit au lendemain d'une opération militaire israélienne au cours de laquelle un tireur palestinien a été tué, dans la ville de Naplouse, occupée par Israël, dans le nord de la Cisjordanie, le 25 novembre 2025. (AFP)
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  • Deux Palestiniens ont été tués lors d’une opération israélienne à Jénine, une scène filmée sous plusieurs angles: l’Autorité palestinienne parle d’« exécution sommaire », tandis qu’Israël affirme que les forces ont agi face à une menace

Jénine, Territoires palestiniens: L'armée et la police israéliennes ont annoncé jeudi examiner les circonstances dans lesquelles deux Palestiniens ont été abattus lors d'une opération conjointe de leurs forces alors qu'ils étaient apparemment en train de se rendre à Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée.

La scène a été filmée sous plusieurs angles, notamment par un journaliste de l'AFP, dans cette ville bastion de groupes armés palestiniens.

L'Autorité palestinienne a identifié les Palestiniens tués comme Montasser Billah Mahmoud Abdullah, 26 ans, et Youssef Ali Assassa, 37 ans, dénoncé les faits comme une "exécution sommaire" et accusé les forces israéliennes de "crime de guerre documenté et complet".

Le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, figure de l'extrême droite, a dit apporter son "soutien total aux gardes-frontières et aux soldats de l'armée qui ont ouvert le feu sur des terroristes recherchés sortis d'un bâtiment à Jénine".

Des vidéos ayant largement circulé sur les médias sociaux montrent deux hommes sortir d'un bâtiment cerné par des soldats israéliens, les bras en l'air. On les voit ensuite se coucher à terre devant les soldats avant d'être redirigés vers l'intérieur du bâtiment. Des coups de feu retentissent. Les deux hommes gisent au sol.

Les images tournées par le JRI de l'AFP montrent les deux hommes sortir du bâtiment puis y rentrer avant les coups de feu. Un immeuble placé entre le journaliste et la scène obstrue une partie de l'image. On voit ensuite des soldats évacuer un cadavre.

- "Les terroristes doivent mourir !" -

Une fois la nuit tombée, un photographe de l'AFP a vu des Palestiniens nettoyer les lieux. Des flaques de sang maculaient encore le sol.

Dans un communiqué commun, l'armée et la police (dont dépend l'unité des gardes-frontières) indiquent que leurs forces ont procédé dans la soirée "à l'arrestation de deux individus recherchés pour des actes terroristes, notamment des jets d'explosifs et des tirs sur les forces de sécurité".

"Après leur sortie [du bâtiment où ils étaient cernés], des tirs ont été dirigés vers les suspects", ajoute l'armée, précisant que "l'incident est en cours d'examen".

Le mouvement islamiste palestinien Hamas a dénoncé dans un communiqué une "exécution de sang-froid".

"Les soldats ont agi exactement comme on l'attend", a estimé de son côté M. Ben Gvir. "Les terroristes doivent mourir!" a-t-il écrit sur son compte X.

Citant une source au sein des gardes-frontières, le journal de gauche Haaretz a indiqué qu'une enquête préliminaire mentionnait d'ores et déjà qu'un des deux hommes tués avait tenté de se relever après avoir été au sol et fait un "mouvement suspect", qui a décidé les policiers et les soldats à tirer.

- "Déshumanisation" -

"L'exécution documentée aujourd'hui est le résultat d'un processus accéléré de déshumanisation des Palestiniens et de l'abandon total de leurs droits par le régime israélien", a estimé B'Tselem, organisation israélienne de défense des droits de l'Homme dans les Territoires palestiniens occupés.

"Il est du devoir de la communauté internationale de mettre fin à l'impunité d'Israël et de traduire en justice les responsables de la planification et de l'exécution de sa politique criminelle contre le peuple palestinien", ajoute l'ONG.

Les violences ont explosé en Cisjordanie depuis le début de la guerre de Gaza, déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du Hamas sur le sud d'Israël.

Elles n'ont pas cessé avec la trêve fragile en vigueur à Gaza depuis le 10 octobre. Mercredi, l'armée israélienne a annoncé le lancement d'une nouvelle opération contre les groupes armés palestinien dans le nord de la Cisjordanie.

Depuis le 7-Octobre, plus d'un millier de Palestiniens, parmi lesquels de nombreux combattants, mais aussi beaucoup de civils, ont été tués en Cisjordanie par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 44 Israéliens, parmi lesquels des civils et des soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.