En Syrie, on boit de l'eau polluée malgré le choléra

Cette vue aérienne montre une partie de l'Euphrate le 17 septembre 2022, une source majeure d'eau contaminée utilisée à la fois pour la boisson et l'irrigation, près de la ville d'Al-Kasrah, dans la province orientale de Deir Ezzor en Syrie. (AFP)
Cette vue aérienne montre une partie de l'Euphrate le 17 septembre 2022, une source majeure d'eau contaminée utilisée à la fois pour la boisson et l'irrigation, près de la ville d'Al-Kasrah, dans la province orientale de Deir Ezzor en Syrie. (AFP)
Short Url
Publié le Jeudi 22 septembre 2022

En Syrie, on boit de l'eau polluée malgré le choléra

  • Le gouvernement syrien a annoncé 23 décès et plus de 250 infections dans six provinces sous son contrôle dans le pays morcelé, la plupart des cas à Alep (nord)
  • En raison de la sécheresse, de la pollution et du déversement des eaux usées, le débit de l'Euphrate, qui irriguait dans le passé les régions parmi les plus fertiles de Syrie, a beaucoup baissé et plusieurs parties sont asséchées

AL KASRAH: Au milieu d'enfants en pleurs dans un hôpital bondé de l'est de la Syrie, Ahmad al-Mohammad se tord de douleur. Sa femme et lui sont atteints de choléra, une maladie qui a ressurgi dans le pays.

Depuis six jours, ce Syrien de 45 ans voit défiler d'autres patients à l'hôpital Al-Kasrah dans la province de Deir Ezzor, où l'eau du fleuve Euphrate, pollué, est utilisée par les habitants pour boire et pour irriguer les plantations.

"On a souffert de diarrhée, de vomissements et de douleurs (...) parce qu'on boit de l'eau directement de l'Euphrate", raconte à l'AFP Ahmad al-Mohammad qui parvient à peine à parler. "Cette eau est polluée mais on n'a pas d'autre choix."

A proximité, un homme berce son enfant sous perfusion.

Pour la première fois depuis 2009, le choléra, une infection diarrhéique aiguë, est réapparu début septembre en Syrie où environ deux tiers des usines de traitement d'eau, la moitié des stations de pompage et un tiers des châteaux d'eau ont été endommagés par onze ans de guerre, selon l'ONU.

Le gouvernement syrien a annoncé 23 décès et plus de 250 infections dans six provinces sous son contrôle dans le pays morcelé, la plupart des cas à Alep (nord).

Dans les régions aux mains de l'administration autonome kurde qui contrôle une grande partie du Nord-Est, seize décès et 78 cas, dont 43 dans l'ouest de Deir Ezzor, ont été recensés, selon Juan Mustafa, un responsable kurde de la Santé.

Les tests ont montré la présence de la bactérie responsable du choléra dans l'Euphrate, d'après lui.

«De toute urgence»

En raison de la sécheresse, de la pollution et du déversement des eaux usées, le débit de l'Euphrate, qui irriguait dans le passé les régions parmi les plus fertiles de Syrie, a beaucoup baissé et plusieurs parties sont asséchées.

Les Kurdes syriens accusent aussi la Turquie voisine, par laquelle passe l'Euphrate, de retenir plus d'eau que nécessaire dans ses barrages, réduisant le débit du fleuve côté syrien.

En Syrie, plus de cinq millions de personnes dépendent de l'Euphrate pour l'eau potable selon l'ONU.

Mais l'eau potable est devenue une denrée très rare. Et même l'eau achetée est souvent contaminée.

L'hôpital Al-Kasrah admet des dizaines de cas suspects chaque jour, selon son directeur Tarek Alaeddine.

"Tous les patients buvaient de l'eau livrée par des camions qui l'extraient directement de l'Euphrate, sans filtrage ni stérilisation", déclare M. Alaeddine. "Nous appelons les organisations internationales à agir de toute urgence."

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), la maladie s'est propagée dans l'ouest de la province de Deir Ezzor après que les autorités locales ont cessé de distribuer du chlore aux stations de pompage d'eau.

«Pas d'autre choix»

L'administration kurde a déclaré avoir repris la distribution de chlore après la réapparition de l'épidémie et fournir une aide aux établissements médicaux de la région pour éviter sa propagation.

Mais une solution risque d'être difficile.

L'agriculteur Ahmad Souleiman Al-Rachid, 55 ans, dit avoir irrigué ses champs avec l'eau de l'Euphrate, contaminant les cultures.

"Il n'y a pas de stations de filtrage de l'eau. On boit de l'eau non stérilisée et non chlorée, et on compte sur Dieu pour nous protéger", dit-il. "Que peut-on faire d'autre? Les autorités sont à blâmer."

Au même moment, un camion rouillé pompe de l'eau trouble de l'Euphrate.

"On sait que l'eau est polluée, mais on la boit quand même. On n'a pas d'autre choix", ajoute l'agriculteur.

Non loin, un jeune garçon s'asperge le visage d'eau fraîche du fleuve. A côté de lui, Sobha Hamid Ali, 60 ans, lave des feuilles d'épinards avec l'eau du fleuve.

"On est obligés de manger des légumes contaminés", se lamente-t-elle. "Il faut bien qu'on vive après tout."


Israël promet de frapper le Hamas partout après l'attaque au Qatar

Une photo prise à distance montre le bâtiment endommagé (à gauche) dans l'enceinte abritant les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas, qui a été pris pour cible la veille par une frappe israélienne à Doha, la capitale du Qatar, le 10 septembre 2025. (AFP)
Une photo prise à distance montre le bâtiment endommagé (à gauche) dans l'enceinte abritant les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas, qui a été pris pour cible la veille par une frappe israélienne à Doha, la capitale du Qatar, le 10 septembre 2025. (AFP)
Short Url
  • Ce n'est pas la première fois qu'Israël affirme qu'il éliminera les responsables du mouvement islamiste palestinien
  • Israël a annoncé avoir frappé mardi de "hauts responsables" de la direction du Hamas réunis à Doha. Les frappes ont fait six morts, mais les dirigeants visés ont survécu, a affirmé le mouvement palestinien

JERUSALEM: Israël a prévenu mercredi que ses ennemis avaient "nulle part" où se cacher, au lendemain de frappes israéliennes à Doha visant des responsables du Hamas, une attaque ayant suscité une rare réprimande du président américain Donald Trump.

Ce n'est pas la première fois qu'Israël affirme qu'il éliminera les responsables du mouvement islamiste palestinien, dont l'attaque sans précédent sur le sol israélien le 7 octobre 2023 a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.

Israël a annoncé avoir frappé mardi de "hauts responsables" de la direction du Hamas réunis à Doha. Les frappes ont fait six morts, mais les dirigeants visés ont survécu, a affirmé le mouvement palestinien.

Selon des sources proches du mouvement, six dirigeants du Hamas, parmi lesquels Khalil al-Hayya, négociateur en chef, Khaled Mechaal, ancien numéro un, et Zaher Jabarine, responsable du mouvement en Cisjordanie, étaient dans le bâtiment visé au moment de l'attaque. L'AFP n'est parvenu à joindre aucun d'eux depuis lors.

Le représentant permanent d'Israël au siège des Nations unies à New York, Danny Danon, a déclaré à la radio israélienne 103 FM qu'il était "trop tôt pour se prononcer sur le résultat" de la frappe.

"Où qu'ils soient" 

"La politique sécuritaire d'Israël est claire: son bras long agira contre ses ennemis, où qu'ils soient. Ils n'ont nulle part où se cacher", a déclaré mercredi le ministre israélien de la Défense Israël Katz sur X, après un avertissement similaire aux dirigeants du Hamas la semaine dernière.

"Si les meurtriers et les violeurs du Hamas n'acceptent pas les conditions posées par Israël pour mettre fin à la guerre, en premier lieu la libération de tous les otages, et leur désarmement, ils seront détruits et Gaza sera détruite", a-t-il ajouté.

Lors de l'attaque du 7-Octobre, 251 personnes ont été enlevées. Parmi elles, 47 sont toujours retenues dans le territoire palestinien, dont 25 sont décédées selon l'armée israélienne.

Défendant la décision de frapper les responsables du Hamas au Qatar, M. Danon a dit que son pays n'agissait "pas toujours selon les intérêts des Etats-Unis", grand allié d'Israël.

"Je suis très mécontent", avait dit mardi soir M. Trump après l'attaque.

Le Qatar, qui abrite une importante base militaire américaine, a condamné les frappes qui ont visé selon lui les domiciles de plusieurs membres du bureau politique du Hamas résidant dans l'émirat.

Il a dit qu'il se réservait le droit d'y répondre, tout en disant qu'il continuerait de jouer le rôle de médiateur dans les négociations en vue d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Un responsable du Hamas ayant requis l'anonymat a affirmé que l'attaque avait "ciblé une réunion des négociateurs du Hamas à Doha, où ils discutaient de la proposition du président Trump pour un cessez-le-feu".

Le mouvement palestinien a affirmé que "l'ennemi n'avait pas réussi à assassiner les membres de la délégation chargée des négociations" mais a fait état de six morts: le fils, trentenaire, de M. Hayya, le chef de son bureau et trois gardes du corps, ainsi qu'un policier qatari.

"Mauvais message" 

Malgré les pressions internationales face aux risques encourus par les civils, l'armée israélienne a poursuivi mercredi son offensive contre la ville de Gaza, considérée comme le dernier grand bastion du groupe armé, et frappé une nouvelle tour d'habitations, d'après un journaliste de l'AFP.

Le porte-parole arabophone de l'armée, Avichay Adraee, avait plus tôt émis un nouvel ordre d'évacuation aux habitants de la ville de Gaza, en particulier ceux habitant dans une tour et dans ses environs. L'armée a dit plus tard avoir frappé un grand immeuble, "utilisé par l'organisation terroriste Hamas".

Des images de l'AFP prises après la frappe montraient d'énormes colonnes de fumée s'élevant dans le ciel tandis que l'immeuble, situé dans l'ouest de Gaza, s'effondrait.

Des photos de l'AFP montraient également des Palestiniens fouillant les décombres à la recherche d'objets récupérables.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

L'offensive de représailles israéliennes a fait au moins 64.656 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas à Gaza, dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU. Elle a dévasté le territoire palestinien, dont les quelque deux millions d'habitants assiégés font face à une catastrophe humanitaire.

Face à la situation "inacceptable" à Gaza, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a proposé mercredi des sanctions contre les ministres "extrémistes" en Israël et une suspension partielle de l'accord d'association UE-Israël.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, lui a reproché d'envoyer "un mauvais message, qui renforce le Hamas".


Le Premier ministre du Qatar qualifie l’attaque israélienne de « moment charnière » pour la région

Short Url
  • L’émir du Qatar a assuré au président Trump que son pays prendrait toutes les mesures nécessaires pour protéger sa sécurité
  • Doha a nié avoir reçu un avertissement préalable des États-Unis concernant les frappes israéliennes

DOHA : Le Premier ministre du Qatar a averti que son pays se réservait le droit de répondre à l’attaque meurtrière d’Israël contre le Hamas à Doha, mardi, qualifiant l’événement de « moment charnière » pour la région.

« Le Qatar... se réserve le droit de répondre à cette attaque flagrante », a déclaré le Premier ministre Cheikh Mohammed ben Abderrahmane Al-Thani lors d’une conférence de presse mardi soir.

« Nous pensons qu’aujourd’hui, nous avons atteint un moment charnière. Il doit y avoir une réponse de toute la région face à de tels actes barbares », a-t-il ajouté.

Le chef du gouvernement a précisé que le Qatar poursuivra ses efforts de médiation en faveur d’un cessez-le-feu et de la libération des otages à Gaza, en dépit de l’attaque israélienne contre un complexe du Hamas à Doha.

« Rien ne nous dissuadera de poursuivre cette médiation dans la région », a affirmé Cheikh Mohammed aux journalistes.

L’émir du Qatar, Cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, a assuré au président américain Donald Trump, lors d’un appel téléphonique, que son pays prendrait toutes les mesures nécessaires pour protéger sa sécurité et préserver sa souveraineté.

Doha a nié avoir reçu un quelconque avertissement de la part des États-Unis concernant les frappes israéliennes, précisant que la notification n’est intervenue qu’après le début de l’attaque.

« Les affirmations selon lesquelles le Qatar aurait été informé à l’avance de l’attaque sont fausses. L’appel reçu d’un responsable américain est survenu alors que les explosions retentissaient déjà suite à l’attaque israélienne à Doha », a publié le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Majed Al-Ansari, sur X.

Le Qatar a adressé mardi une lettre au Conseil de sécurité de l’ONU, affirmant qu’il « ne tolérera pas ce comportement israélien irresponsable et les perturbations continues de la sécurité régionale », à la suite des frappes qualifiées par son ambassadrice auprès de l’ONU, Alya Ahmed Saif Al-Thani, d’« attaque criminelle lâche, constituant une violation flagrante de toutes les lois et normes internationales ».

« Une enquête est en cours au plus haut niveau, et des informations complémentaires seront communiquées dès qu’elles seront disponibles », a-t-elle ajouté dans sa lettre au Conseil.

Le ministre des Affaires étrangères a ensuite précisé qu’un responsable américain avait contacté le Qatar dix minutes après l’attaque.

« L’attaque a eu lieu à 3 h 46 », a-t-il déclaré, ajoutant : « Le premier appel d’un responsable américain est intervenu à 3 h 56 — soit dix minutes après l’attaque. »

Il a affirmé ne pas savoir quand les Américains avaient été informés de l’attaque, ni s’il y avait eu une quelconque coordination avec Israël.

« Ce que je sais aujourd’hui, c’est que les canaux officiels que nous avons avec les États-Unis ont été informés après l’attaque », a-t-il conclu.


Le prince Faisal copréside le comité saoudo-tunisien chargé de renforcer la coopération politique

Un mémorandum d'entente pour la coopération en matière de formation diplomatique a été signé entre les académies des deux pays. (SPA)
Un mémorandum d'entente pour la coopération en matière de formation diplomatique a été signé entre les académies des deux pays. (SPA)
Short Url
  • Signature d'un protocole d'accord entre l'Institut d'études diplomatiques Prince Saud Al Faisal et l'Académie diplomatique de Tunisie
  • Le Prince Faisal bin Farhan a rencontré le Président tunisien Kais Saied au Palais de Carthage

LONDRES: Le prince Faisal bin Farhan, ministre saoudien des Affaires étrangères, a coprésidé la quatrième session du Comité de suivi et de consultation politique saoudo-tunisien avec son homologue tunisien, Mohamed Ali Al-Nafti, mardi à Tunis, la capitale du pays.

La réunion a porté sur les relations et les questions communes entre Riyad et Tunis, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Les deux parties ont souligné la nécessité d'une collaboration et d'une coordination continues sur les principales questions régionales et internationales afin de promouvoir des solutions pacifiques et de renforcer la sécurité, la stabilité et la prospérité.

Un protocole d'accord pour la coopération en matière de formation diplomatique a été signé entre l'Institut d'études diplomatiques Prince Saud Al Faisal et l'Académie diplomatique de Tunisie par Abdulaziz Ali Al-Sager, l'ambassadeur saoudien en Tunisie, et Riadh Dridi, le directeur général de l'Académie.

Mardi, le prince Fayçal a rencontré le président tunisien Kais Saied au palais de Carthage. La discussion a porté sur les relations bilatérales et la coopération entre les deux pays, ainsi que sur leurs efforts conjoints pour renforcer la sécurité et la stabilité régionales, selon SPA.