Quand Mozart taquine Wagner pour «sauver des vies» en Ukraine

Des soldats ukrainiens sont assis sur des véhicules blindés à l'extérieur de la ville d'Izioum, le 24 septembre 2022 (Photo, AFP).
Des soldats ukrainiens sont assis sur des véhicules blindés à l'extérieur de la ville d'Izioum, le 24 septembre 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 25 septembre 2022

Quand Mozart taquine Wagner pour «sauver des vies» en Ukraine

  • La Russie est accusée d'utiliser des hommes du groupe paramilitaire Wagner, à la réputation sulfureuse, en Ukraine aux côtés de l'armée
  • La musique de Richard Wagner, réputé pour son antisémitisme, a été admirée par Adolf Hitler et reste boycotté en Israël

REGION DE DONETSK: Des anciens Marines américains veulent "sauver des vies" en Ukraine, en faisant de l'humanitaire et de la formation militaire avec le groupe Mozart, dont le nom est un "pied de nez" au groupe paramilitaire russe Wagner.

Talkie-walkie en main, Steve, 52 ans, dont 23 dans les Marines, conduit une Jeep remplie de sacs de denrées alimentaires fournis par l'ONG World Central Kitchen.

Dans un village proche du front dans la partie de la région de Donetsk sous contrôle ukrainien, il s'arrête devant le centre culturel, suivi d'un fourgon et d'une autre voiture remplis de sacs jusqu'au toit.

Au total, le groupe Mozart vient livrer ce jour-là 260 paquets qui sont entreposés sur la scène du théâtre, avant d'être distribués aux citoyens.

Jusqu'à présent selon Steve, qui n'a pas souhaité donner son nom de famille, "nous avons peut-être livré environ 12 tonnes de nourriture". "Ca parait peu, mais nous sommes une petite organisation", ajoute-t-il. L'homme estime que du fait de la taille modérée de ses équipes, Mozart est capable d'aller plus loin que "les grosses organisations".

"L'humanitaire nous aide beaucoup. Parce qu'avec ma retraite, je ne gagne pas beaucoup et c'est dur de survivre dans ces conditions-là (de guerre, ndlr)", dit Maksym, un homme d'une soixantaine d'années, une miche de pain à la main.

Pour ne pas revenir avec des véhicules "à vide" le petit groupe, qui compte entre 10 et 25 personnes selon les périodes de l'année, pratique aussi les évacuations de civils.

"Nous évacuons des civils, adultes, enfants et animaux domestiques", explique Steve qui se rend avec ses co-équipiers dans des zones proches du front, sous les bombardements. Ils les emmènent dans des lieux d'accueil gérés par le gouvernement ukrainien, dit-il.

«Un fusil pas une guitare»

Mozart organise aussi des formations pour les militaires ukrainiens, mais "en aucun cas nous ne conduisons des opérations militaires comme le groupe Wagner", affirme Steve en précisant qu'aucun d'eux n'est armé.

La Russie est accusée d'utiliser des hommes du groupe paramilitaire Wagner, à la réputation sulfureuse, en Ukraine aux côtés de l'armée.

Baptiser Mozart le groupe américain, c'était un "pied de nez" à Wagner, sourit Andy Bain, ancien officier de réserve des Marines, qui assure que tout ce qui est enseigné relève "du bon sens".

La musique de Richard Wagner, réputé pour son antisémitisme, a été admirée par Adolf Hitler et reste boycotté en Israël.

Quelque part dans la région de Donetsk, un groupe d'une vingtaine de soldats ukrainiens s'entraîne avec des instructeurs étrangers du groupe Mozart.

Dans un champ, les Ukrainiens avancent à découvert. "Contact! bang, bang, bang", hurle un instructeur à l'autre bout du champ. Les soldats se jettent dans l'herbe et crient à leur tour "bang, bang, bang".

Toute la séquence est ensuite décortiquée par les instructeurs qui essaient de corriger les erreurs des soldats.

"Regardez l'ennemi, bon sang visez-le!", vocifère en anglais un des formateurs. Par l'intermédiaire de l'interprète, il dit à un soldat: "tiens ton fusil comme ça, c'est un fusil pas une guitare!"

Sous couvert d'anonymat, un autre instructeur assure: "Ils sont bons, bien meilleurs qu'il y a deux jours".

"On améliore nos compétences grâce aux instructeurs", estime Gueorgiï, un officier de 32 ans qui suit la formation avec ses hommes. "Ce type de formation est très efficace parce que même quand on a l'expérience du feu, on apprend toujours des choses nouvelles", assure-t-il.

Mais nombre de ces soldats sont des novices.

"Beaucoup n'avaient jamais tiré avec une arme à feu avant. Les armes sont très dangereuses dans les mains de gens qui ne savent pas s'en servir", dit Martin Wetterauer, 55 ans, chef des opérations du groupe Mozart.

Selon cet ancien officier des Marines, les formations de Mozart tournent autour de "la survie sur le champ de bataille", grâce à un enseignement des connaissances "basiques": savoir porter correctement un gilet pare-balles, se protéger de l'artillerie ennemie en creusant des abris, ou encore prodiguer des soins médicaux.

"Nous avons un très petit impact stratégiquement sur le déroulement du conflit, on le sait", reconnait M. Wetterauer, mais "pour nous tout réside dans le fait de sauver des vies", par l'aide humanitaire et la formation militaire.


Le Soudan du Sud annonce un accord avec les belligérants soudanais sur un champ pétrolier frontalier

Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi. (AFP)
Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi. (AFP)
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  • Le Kordofan est devenue l'épicentre actuel des combats, après la prise de contrôle en octobre de la totalité de celle du Darfour, dans l'ouest du pays, par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui affrontent les Forces armées soudanaises
  • "Un accord tripartite a été conclu entre les SSPDF (Forces armées sud-soudanaises), les SAF et les FSR, accordant aux SSPDF la responsabilité principale de la sécurité du champ pétrolier de Heglig (...) dans un contexte de tensions croissantes"

JUBA: Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi.

Le site de Heglig, qui abrite la principale installation de traitement du pétrole sud-soudanais destiné à l'exportation via Port-Soudan, est situé à l'extrême sud de la région soudanaise méridionale du Kordofan, frontalière du Soudan du Sud.

Le Kordofan est devenue l'épicentre actuel des combats, après la prise de contrôle en octobre de la totalité de celle du Darfour, dans l'ouest du pays, par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui affrontent les Forces armées soudanaises (SAF) depuis 2023.

"Un accord tripartite a été conclu entre les SSPDF (Forces armées sud-soudanaises), les SAF et les FSR, accordant aux SSPDF la responsabilité principale de la sécurité du champ pétrolier de Heglig (...) dans un contexte de tensions croissantes", a déclaré le porte-parole du gouvernement du Soudan du Sud, Ateny Wek Ateny.

Le Soudan du Sud, préoccupé par l'insécurité croissante le long du champ pétrolier, a "toujours plaidé en faveur d'une solution pacifique et diplomatique", a souligné M. Ateny lors d'une conférence de presse, sans donner de détails supplémentaires sur le contenu de l'accord.

Importantes réserves pétrolières 

"La production pétrolière se poursuit", a assuré le porte-parole, assurant ne pas avoir d'informations sur des "dégâts importants ayant pu faire cesser la production".

L'AFP n'a pas pu vérifier ces informations.

Contactés par l'AFP, le RSF et l'armée soudanaise n'ont pas réagi dans l'immédiat sur l'accord.

Les FSR ont annoncé en début de semaine avoir pris le contrôle de Heglig "après la fuite de l'armée" soudanaise.

Selon Juba, quelque 1.650 sous-officiers et 60 officiers ayant abandonné leurs positions sur le site pétrolier et déposé leurs armes au Soudan du Sud devraient être rapatriés vers le Soudan.

Les FSR ont cette semaine accusé l'armée soudanaise d'avoir mené une attaque de drone contre le champ pétrolier, qui aurait tué "des dizaines" de personnes, dont des ouvriers et des ingénieurs.

Lors de son indépendance du Soudan en 2011, le Soudan du Sud a hérité de 75% des réserves pétrolières du Soudan pré-sécession, mais, enclavé, continue de dépendre des infrastructures soudanaises pour l'exporter.

Malgré l'exploitation de ce pétrole, le plus jeune pays du monde connaît depuis des années une grande instabilité et un très fort taux de pauvreté.

Au Soudan, la guerre entre l'armée et les paramilitaires a tué depuis deux ans et demi des dizaines de milliers de personnes et provoqué le déplacement de douze millions d'habitants, mais aussi dévasté les infrastructures du pays.


Le Premier ministre espagnol appelle à «élever la voix» pour ne pas «oublier» les Palestiniens

Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a appelé mercredi à "élever la voix" pour que "la situation dramatique" des Palestiniens ne soit pas oubliée, au cours d'une rencontre à Madrid avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. (AFP)
Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a appelé mercredi à "élever la voix" pour que "la situation dramatique" des Palestiniens ne soit pas oubliée, au cours d'une rencontre à Madrid avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. (AFP)
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  • Pedro Sánchez a également assuré de son "soutien" l'Autorité palestinienne, celle-ci devant "jouer un rôle central et fondamental dans la conception des mécanismes de gouvernance qui définiront l’avenir du peuple palestinien"
  • "Cette année 2025, qui touche à sa fin, a été terrible pour le peuple palestinien", a-t-il encore déclaré.

MADRID: Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a appelé mercredi à "élever la voix" pour que "la situation dramatique" des Palestiniens ne soit pas oubliée, au cours d'une rencontre à Madrid avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

Se prononçant une nouvelle fois à la mise en oeuvre d'une solution à deux Etats, "la seule solution possible" pour mettre fin au conflit opposant Israéliens et Palestiniens, le chef du gouvernement espagnol s'est engagé à la promouvoir en "élevant la voix pour que la situation dramatique dans laquelle se trouve le peuple palestinien ne tombe pas dans l'oubli".

"Oui, il y a eu un accord de cessez-le-feu mais cet accord doit être réel ; il ne peut pas être factice. C’est pourquoi nous ne nous reposerons pas tant que les attaques contre la population n'auront pas cessé et qu'il n'y aura, par conséquent, plus aucune victime", a-t-il poursuivi,

Pedro Sánchez a également assuré de son "soutien" l'Autorité palestinienne, celle-ci devant "jouer un rôle central et fondamental dans la conception des mécanismes de gouvernance qui définiront l’avenir du peuple palestinien".

"Cette année 2025, qui touche à sa fin, a été terrible pour le peuple palestinien", a-t-il encore déclaré.

"Pour reconstruire l'espoir, nous avons besoin d'une véritable paix et cette véritable paix doit reposer sur la justice. C’est pourquoi je veux être très clair : (...) les responsables de ce génocide devront rendre des comptes, tôt ou tard, afin que les victimes obtiennent justice, réparation et un certain apaisement", a-t-il ajouté.

A ses côtés, Mahmoud Abbas a quant à lui notamment remercié l'Espagne, qui avait reconnu l'Etat de Palestine en mai 2024, "pour son rôle moteur dans la création d’une coalition internationale visant à obtenir une reconnaissance plus large de notre pays", appelant également à "mettre fin à la violence sous toutes ses formes", dans la bande de Gaza mais aussi en Cisjordanie.

L'Espagne, où la cause palestinienne est très populaire, est en Europe l'un des critiques les plus véhéments de l'offensive militaire d'Israël dans la bande de Gaza déclenchée après les attaques du 7 octobre 2023 commises par le Hamas.


Ukraine: une proposition sur les concessions territoriales soumises à Trump (Merz)

Des délégués de pays européens assistent à une commémoration en l'honneur des défenseurs tombés au combat en Ukraine, dans un cimetière militaire à Lviv, en Ukraine. (AFP)
Des délégués de pays européens assistent à une commémoration en l'honneur des défenseurs tombés au combat en Ukraine, dans un cimetière militaire à Lviv, en Ukraine. (AFP)
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  • L’Allemagne a transmis à Washington une proposition portant sur de possibles concessions territoriales ukrainiennes, tout en soulignant que seules les autorités ukrainiennes peuvent en décider
  • Les Européens cherchent à influencer les négociations de paix sans céder aux exigences russes, tandis que Washington presse pour une avancée rapide dans les discussions

BERLIN: Une proposition concernant des concessions territoriales ukrainiennes dans le cadre d'un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine ont été soumises mercredi au président américain Donald Trump, a annoncé jeudi le chancelier allemand Friedrich Merz.

"Il existe une proposition dont (M. Trump) n'avait pas encore connaissance au moment où nous nous sommes entretenus au téléphone (mercredi), car elle n'avait pas encore été transmise aux Américains. Nous l'avons fait hier en fin d'après-midi. Il s'agit avant tout de (savoir) quelles concessions territoriales l'Ukraine est prête à faire", a déclaré M. Merz lors d'une conférence de presse à Berlin avec le secrétaire général de l'Otan, Mark Rutte.

Le chancelier n'a pas apporté de précisions, relevant que c'est "au président ukrainien et au peuple ukrainien" de répondre à cette question.

M. Merz, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keith Starmer se sont entretenus mercredi avec M. Trump.

Les Européens, qui font bloc autour de Kiev, tentent de peser sur les pourparlers visant à mettre fin à la guerre en Ukraine sans céder pour autant aux revendications maximalistes de la Russie.

Le président Trump s'est lui montré impatient, disant avoir eu des "mots assez forts" lors de l'entretien, et prévenant que les États-Unis ne voulaient "pas perdre (leur) temps".

M. Merz a, lui, décrit "un entretien téléphonique très constructif au cours duquel les positions respectives ont été clairement exposées et le respect mutuel exprimé".

Selon de hauts responsables ukrainiens interrogés par l'AFP mercredi, l'Ukraine a envoyé à Washington une nouvelle version du plan de sortie du conflit, sans en divulguer les détails.

La proposition américaine initiale était jugée bien trop favorable à Moscou, celle-ci prévoyant notamment de céder à la Russie des territoires ukrainiens qu'elle n'a pas conquis.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a confirmé mardi que le plan en cours d'élaboration avait été divisée en trois documents: un accord-cadre en 20 points, un document sur la question des garanties de sécurité et un autre sur la reconstruction de l'Ukraine après la guerre.

Le chancelier allemand a, lui, relevé jeudi que le plan devant poursuivre trois objectifs: un cessez-le-feu, des garanties de sécurité "robustes" pour l'Ukraine et une solution négociée préservant les intérêts sécuritaires européens, Moscou étant considéré comme la menace continentale.