Marque légendaire et florissante, Porsche promet d'électriser la Bourse

Volkswagen voit grand et lance Porsche jeudi en bourse, valorisant sa marque de bolides des dizaines de milliards d'euros dans l'une des plus grosses opérations boursières de la place de Francfort (Photo, AFP).
Volkswagen voit grand et lance Porsche jeudi en bourse, valorisant sa marque de bolides des dizaines de milliards d'euros dans l'une des plus grosses opérations boursières de la place de Francfort (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 26 septembre 2022

Marque légendaire et florissante, Porsche promet d'électriser la Bourse

  • Porsche est actuellement détenu à 100 % par le groupe Volkswagen, qui est lui-même contrôlé par la holding Porsche SE
  • Volkswagen va céder 25% du capital à Porsche SE qui disposera d'une minorité de blocage chez le constructeur de voitures de sport

FRANCFORT: En pleine morosité des marchés financiers, Volkswagen voit grand et lance Porsche jeudi en bourse, valorisant sa marque de bolides des dizaines de milliards d'euros dans l'une des plus grosses opérations boursières de la place de Francfort.

Pour séduire les investisseurs, le constructeur de la mythique 911 mise sur sa santé financière insolente, comme tout le secteur de l'automobile de luxe, et sur une histoire presque centenaire qui en a fait une référence des voitures de sport "made in Germany".

"Certains clients potentiels ne sont peut-être pas encore en mesure de s'offrir une Porsche, mais ils peuvent acheter des actions", notait récemment le directeur financier Lutz Meschke, confiant dans la puissance de la marque.

En termes de volume d'émission, il s'agira de la deuxième introduction en bourse en Allemagne après celle de Deutsche Telekom en 1996 et de la plus importante en Europe depuis 2011 avec le géant suisse des matières premières Glencore.

Si Volkswagen ne place pas plus de 12,5% du capital de sa pépite en Bourse, le deuxième groupe automobile mondial compte en tirer des milliards de liquidités à injecter dans sa coûteuse transition vers la voiture électrique et autonome.

Mega valorisation 

Volkswagen propose un total de 114 millions d'actions de "Porsche AG", à un prix unitaire compris entre 76,50 à 82,50 euros. Soit un volume d'émission entre 8,7 à 9,4 milliards d'euros et une valorisation stratosphérique d'environ 75 milliards d'euros.

Cette capitalisation dépasserait la valeur d'autres géants allemands tels que BMW (49 milliards d'euros) et Mercedes-Benz (61 milliards d'euros) qui vendent bien plus de voitures que la firme de Zuffenhausen, près de Stuttgart (sud).

L'opération est d'autant plus exceptionnelle que, ces derniers mois, les introductions en Bourse sont rares en Europe dans un environnement marqué par l'inflation, la hausse des taux et la guerre en Ukraine.

Mais l'arrivée de Porsche en Bourse suscite l'appétit : des titres s'échangeaient la semaine dernière à près de 94 euros sur le marché gris, selon Bloomberg.

Volkswagen a déjà confirmé avoir attiré des actionnaires de référence comme les fonds d'investissement publics du Qatar et d'Abu Dhabi, le fonds souverain norvégien et le gestionnaire d'actifs américain T. Rowe Price.

Ensemble, ils vont détenir près de 3,6 milliards d'euros d'actions préférentielles, le Qatar représentant la plus grande part.

Les perspectives florissantes de l'entreprise y sont pour beaucoup : le nombre d'unités vendues a franchi l'an dernier la barre symbolique des 300 000.

Pour cette année, Porsche a relevé son objectif de marge opérationnelle qui doit désormais atteindre entre 17 et 18 %. Le chiffre d'affaires est attendu en croissance de 11 à 14% par rapport à 2021.

Exception dans sur un marché automobile poussif, le secteur des voitures de luxe se porte au mieux, il "augmentera de 13 % par an à long terme, soit plus de trois fois plus vite que le segment du marché de masse", selon les analystes de Berenberg.

Le fabricant de bolides se convertit progressivement à l'électrique, avec le "Tycan" dont il a écoulé près de 20.000 exemplaires de janvier à juin, une nouvelle "Macan" électrique attendue en 2024 et le lancement d'un nouveau SUV au milieu de la décennie.

Influence des familles Porsche et Piëch 

Porsche est actuellement détenu à 100 % par le groupe Volkswagen, qui est lui-même contrôlé par la holding Porsche SE, trésor des familles Porsche et Piëch qui vont renforcer leur assise à travers cette IPO.

Outre les actions dites préférentielles - sans droit de vote - que vont s'arracher les investisseurs, Volkswagen va céder 25% du capital à Porsche SE qui disposera d'une minorité de blocage chez le constructeur de voitures de sport.

Volkswagen va au total encaisser une manne d'environ 19 milliards d'euros, dont la moitié servira aux investissements dans l'électrique, le groupe prévoyant de construire six usines de cellules de batteries en Europe et de muscler Cariad, la filiale qui développe les logiciels des voitures électriques et autonomes.

Volkswagen espère aussi que la cession partielle de Porsche va gonfler sa valeur en Bourse qui est d'environ 90 milliards d'euros, soit une fraction de la capitalisation boursière de son rival américain Tesla, valorisé environ 950 milliards de dollars


Taxe Zucman : «truc absurde», «jalousie à la française», selon le patron de Bpifrance

Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
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  • M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde"
  • Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier"

PARIS: Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française".

M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde", mais qui selon lui "n'arrivera pas".

Mais "ça panique les entrepreneurs : ils ont construit leur boîte et on vient leur expliquer qu'on va leur en prendre 2% tous les ans. Pourquoi pas 3? Pourquoi pas 4? C'est invraisemblable!", a-t-il déclaré.

Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier" : "Donc demain j'aurai 2% du capital de LVMH, dans 20 ans 20%, 20% du capital de Pinault-Printemps-Redoute (Kering, NDLR), 20% du capital de Free. C'est délirant, c'est communiste en réalité, comment est-ce qu'on peut encore sortir des énormités comme ça en France!?"

"Ces gens-là tirent la France. Il faut les aider (...) au lieu de leur dire qu'on va leur piquer 2% de leur fortune".

Il a observé que "si on pique la totalité de celle de Bernard Arnault, ça finance 10 mois d'assurance-maladie", mais qu'après "il n'y a plus d'Arnault".

"Il n'y a pas de trésor caché", a estimé M. Dufourcq, qui pense que cette taxe "n'arrivera jamais", et n'est évoquée que "pour hystériser le débat" politique.

Pour lui, il s'agit "d'une pure histoire de jalousie à la française, une haine du riche, qui est soi-disant le nouveau noble", rappelant les origines modestes de François Pinault ou Xavier Niel: "c'est la société française qui a réussi, on devrait leur dresser des statues".

"Il y a effectivement des fortunes qui passent dans leur holding des dépenses personnelles", a-t-il remarqué, "c'est ça qu'il faut traquer, et c'est ce sur quoi le ministère des Finances, je pense, travaille aujourd'hui".

Mais il y a aussi "beaucoup de Français qui passent en note de frais leurs dépenses personnelles", a-t-il observé. "Regardez le nombre qui demandent les tickets dans les restaus", pour se les faire rembourser.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".