En Iran, la police veut user de «toute sa force» contre les manifestants

Des manifestants devant l'ambassade d'Iran à Madrid, le 28 septembre 2022, suite au décès d'une Iranienne après son arrestation par la police des mœurs du pays à Téhéran. (AFP)
Des manifestants devant l'ambassade d'Iran à Madrid, le 28 septembre 2022, suite au décès d'une Iranienne après son arrestation par la police des mœurs du pays à Téhéran. (AFP)
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Publié le Mercredi 28 septembre 2022

En Iran, la police veut user de «toute sa force» contre les manifestants

  • Malgré les appels internationaux à cesser le recours à la force contre les manifestations qui se poursuivent depuis 12 jours, le pouvoir est resté ferme
  • Ces derniers jours, le président Ebrahim Raïssi a appelé les forces de l'ordre à agir «fermement» contre les «émeutiers» et le chef du pouvoir judiciaire a exclu toute «indulgence» envers eux

PARIS: La police en Iran a averti mercredi qu'elle agirait avec "toute sa force" face aux manifestations déclenchées par la mort d'une jeune femme en détention, une nouvelle démonstration de la fermeté du pouvoir malgré la mort de dizaines de personnes dans la répression.

De nouvelles manifestations ont eu lieu mardi soir contre la mort le 16 septembre à l'hôpital de Mahsa Amini, une Iranienne de 22 ans arrêtée trois jours auparavant par la police des moeurs à Téhéran pour non respect du code vestimentaire strict pour les femmes en République islamique d'Iran.

"Aujourd'hui, les ennemis de la République islamique d'Iran et certains émeutiers cherchent à perturber l'ordre et la sécurité de la nation en utilisant tous les prétextes", a affirmé le commandement de la police dans un communiqué.

"Les personnels de police s'opposeront de toute leur force aux conspirations des contre-révolutionnaires et des éléments hostiles et agiront fermement contre ceux qui perturbent l'ordre public et la sécurité partout dans le pays", a-t-il poursuivi, cité par l'agence de presse Fars.

Malgré les appels internationaux à cesser le recours à la force contre les manifestations qui se poursuivent depuis 12 jours, le pouvoir est resté ferme.

Ces derniers jours, le président Ebrahim Raïssi a appelé les forces de l'ordre à agir "fermement" contre les "émeutiers" et le chef du pouvoir judiciaire, Gholamhossein Mohseni Ejei, a exclu toute "indulgence" envers eux.

Les autorités nient toute implication dans le décès de la jeune femme, mais la famille affirme le contraire.

Selon Erfan Salih Mortezaee, un cousin de Mahsa Amini, rencontré au Kurdistan d'Irak, la jeune femme est décédée après "un violent coup à la tête" donné par la police des moeurs le jour de son arrestation le 13 septembre.

Les policiers l'ont "frappée" avant de l'emmener dans un van où "les coups se sont  poursuivis", d'après le récit de la mère de la jeune femme rapporté par M. Mortezaee. Elle a ensuite été transportée à l'hôpital, où elle est décédée après trois jours dans le coma.

Répression des manifestations en Iran: l'Espagne a convoqué l'ambassadeur iranien

Le gouvernement espagnol a convoqué mercredi l'ambassadeur d'Iran en Espagne afin de protester contre la répression des manifestations qui se tiennent depuis la mort d'une jeune femme arrêtée par la police des moeurs, a-t-on appris de source diplomatique.

"Le ministère des Affaires étrangères a convoqué l'ambassadeur d'Iran à Madrid pour protester contre la répression des manifestations et les atteintes aux droits des femmes", a indiqué cette source, en précisant que la réunion était en cours.

Dans un communiqué publié mardi soir, le ministère avait exprimé "sa plus ferme condamnation de la violence exercée contre des manifestants pacifiques" en Iran et "son rejet de la violence exercée contre les femmes iraniennes et leurs droits".

Il avait en outre appelé Téhéran à "mener une enquête indépendante" sur la mort de Mahsa Amini, qui a entraîné cette vague de protestations à travers l'Iran.

Des manifestations ont lieu tous les soirs en Iran depuis le 16 septembre, date à laquelle cette Iranienne de 22 ans est morte à l'hôpital, trois jours après son arrestation à Téhéran pour non respect du code vestimentaire strict pour les femmes en République islamique d'Iran, qui doivent se couvrir les cheveux en public.

Lundi, le gouvernement allemand avait lui aussi convoqué l'ambassadeur iranien à Berlin pour demander la fin des violences.

«Rôle d'organisateur»

Selon des médias d'opposition basés à l'étranger, comme tous les soirs depuis le 16 septembre, des manifestations se sont déroulées mardi soir dans différentes villes. Mais des militants ont affirmé que les perturbations des connexions Internet rendaient de plus en plus difficile la transmission des images.

Mercredi, le ministre des Télécommunications Issa Zarépour a déclaré que des "restrictions ont été appliquées à certaines plateformes, notamment américaines" qui "ont joué un rôle d'organisateur des émeutes". "La levée des restrictions sur Internet dépend d'une décision des autorités."

Selon un dernier bilan donné mardi par l'agence de presse iranienne Fars, "environ 60 personnes ont été tuées" depuis le 16 septembre. La police a fait état de 10 policiers morts mais il n'était pas clair si ceux-ci figuraient parmi les 60 morts.

L'ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo, a elle parlé lundi d'"au moins 76 morts".

En outre les autorités ont fait état de l'arrestation de plus de 1.200 manifestants depuis le 16 septembre.

Des militants, des avocats et des journalistes ont également été arrêtés, d'après des ONG. Mardi, Faezeh Hachemi, la fille de l'ex-président Akbar Hachemi Rafsandjani, a été arrêtée à Téhéran pour "avoir incité des émeutiers à manifester".

«Complots»

Les femmes sont à l'avant-garde des protestations en Iran. Elles sont soutenues par plusieurs manifestations à l'étranger.

Depuis le 16 septembre, les protestataires ont crié des slogans contre le pouvoir, déchiré des photos du guide suprême Ali Khamenei et de l'imam Khomeiny, fondateur de la République islamique, ou encore lancé des pierres contre les forces de sécurité, incendié des voitures de police et mis le feu à des bâtiments publics, selon des vidéos.

Les autorités dénoncent des "complots étrangers", pointant du doigt les Etats-Unis, leur ennemi juré.

D'après des défenseurs des droits humains, la police a tiré des plombs et à balles réelles sur les protestataires.

Comme l'ont déjà plusieurs pays européens, l'Espagne a convoqué mercredi l'ambassadeur d'Iran afin de protester contre la répression des manifestations.

Les protestations en Iran sont les plus importantes depuis celles de novembre 2019, provoquées par la hausse des prix de l'essence, qui avaient été sévèrement réprimées --230 morts selon un bilan officiel, plus de 300 selon Amnesty International.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.