Irak: 13 morts dans des frappes de Téhéran contre l'opposition kurde iranienne

Les forces terrestres des Gardiens de la Révolution ont déclenché une vague de frappes de drones et d'artillerie visant des positions kurdes (Photo, AFP).
Les forces terrestres des Gardiens de la Révolution ont déclenché une vague de frappes de drones et d'artillerie visant des positions kurdes (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Jeudi 29 septembre 2022

Irak: 13 morts dans des frappes de Téhéran contre l'opposition kurde iranienne

Les forces terrestres des Gardiens de la Révolution ont déclenché une vague de frappes de drones et d'artillerie visant des positions kurdes. (Photo, AFP)
  • Revendiqués par Téhéran, ces bombardements ont fait «13 morts – dont une femme enceinte – et 58 blessés, en majorité des civils»
  • Trois journalistes de la télévision kurde irakienne K24 ont également été blessés

ZARGWEZ: Au moins 13 personnes ont été tuées et une cinquantaine blessées, dont des femmes et des enfants, dans des frappes iraniennes ayant ciblé mercredi au Kurdistan d'Irak des groupes armés de l'opposition kurde iranienne, qui dénonce la répression des manifestations en République islamique.

Le gouvernement fédéral irakien et le pouvoir régional du Kurdistan autonome, dans le nord du pays, ont condamné plusieurs frappes de missiles et d'autres menées selon Bagdad par "20 drones chargés d'explosifs".

Revendiqués par Téhéran, ces bombardements ont fait "13 morts – dont une femme enceinte – et 58 blessés, en majorité des civils, dont des enfants de moins de dix ans", ont annoncé en début de soirée les services antiterroristes du Kurdistan d'Irak. Ils ont évoqué "plus de 70" bombardements, menés par des "missiles balistiques" et des "drones armés".

Dans un hôpital d'Erbil, capitale de la région autonome, un photographe de l'AFP a vu des hommes pour la plupart en treillis, transportés sur des civières après avoir été évacués dans des ambulances tâchées de sang.

"Des réfugiés iraniens, dont des femmes et des enfants", feraient partie des victimes, a déploré sur Twitter l'antenne en Irak du Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), évoquant un camp touché à Koysinjaq, à l'est d'Erbil. "L'attaque aurait touché une école primaire où se trouvaient des élèves", a déploré l'agence.

Trois journalistes de la télévision kurde irakienne K24 ont également été blessés.

Le Kurdistan d'Irak accueille plusieurs groupes d'opposition iraniens kurdes qui, historiquement, ont mené une insurrection armée contre Téhéran, même si ces dernières années leurs activités sont en recul.

Ils restent toutefois très critiques sur les réseaux sociaux sur la situation en Iran, partageant des vidéos sur le mouvement de protestation qui a éclaté mi-septembre dans la République islamique après la mort de Mahsa Amini, une jeune femme interpellée par la police des moeurs.

«Menace»

Avec des forces américaines déployées dans le cadre d'une coalition internationale antidjihadistes, le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom) a annoncé avoir abattu dans l'après-midi un drone iranien se dirigeant vers Erbil et qui "semblait être une menace pour les forces CENTCOM".

En Iran, la télévision d'Etat a affirmé que "les forces terrestres des Gardiens de la Révolution (l'armée idéologique de la République islamique, NDLR) ont ciblé plusieurs quartiers généraux de terroristes séparatistes dans le nord de l'Irak avec des missiles de précision et des drones destructeurs".

Ces derniers jours, des tirs d'artillerie iraniens avaient visé à plusieurs reprises des zones frontalières du Kurdistan d'Irak, sans faire de dommages notables.

Ces frappes interviennent dans un contexte tendu en Iran, où des manifestations nocturnes ont lieu quotidiennement depuis la mort de Mahsa Amini.

De hauts responsables à Téhéran ont d'ailleurs lié ces bombardements aux "émeutes" en Iran.

Cité mardi par l'agence de presse Tasnim, un haut responsable des Gardiens de la Révolution, le général Abbas Nilforoushan, évoquait des éléments "infiltrés" en Iran "pour semer le désordre".

"Ces éléments contre-révolutionnaires ont été arrêtés lors d'émeutes dans le nord-ouest, nous avons donc dû nous défendre, réagir et bombarder les environs de la bande frontalière", avait-il dit.

«Bombardements aveugles»

Les frappes de mercredi ont endommagé et détruit des bâtiments dans le secteur de Zargwez, à une quinzaine de km de Souleimaniyeh, où se trouvent des locaux de plusieurs partis d'opposition armés iraniens kurdes de gauche.

Un correspondant de l'AFP à Zargwez a vu des volutes de fumée blanche s'élever d'un des sites touchés par les frappes, où des ambulances ont été dépêchées.

La région de Sherawa, au sud d'Erbil, a également été visée par des bombardements. "Des locaux du Parti de la Liberté du Kurdistan ont été visés par des bombardements iraniens", a indiqué à l'AFP un responsable de ce parti d'opposition iranien, Hussein Yazdan.

Le Parti démocratique du Kurdistan d'Iran (PDKI), un des groupes visés par les bombardements sur la région de Koysinjaq, a également fait état de deux morts dans ses rangs.

"Nous condamnons fermement ces attaques continues qui entraînent la mort de civils", a déclaré le gouvernement du Kurdistan autonome.

Bagdad doit convoquer jeudi l'ambassadeur d'Iran pour protester contre ces attaques.

Washington a dénoncé des "attaques éhontées" contre la souveraineté de l'Irak alors que Londres a sommé Téhéran de "cesser ses bombardements aveugles" au Kurdistan. Berlin a qualifié cette escalade d'"inacceptable".

Et Paris a condamné une "violation flagrante de la souveraineté irakienne" par Téhéran.


Le chef de la diplomatie libanaise décline une invitation de l'Iran

Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
Short Url
  • Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a refusé une invitation à se rendre en Iran, évoquant des conditions inappropriées, et a proposé une rencontre dans un pays tiers neutre
  • Ce refus intervient sur fond de pressions américaines pour désarmer le Hezbollah, soutenu par l'Iran, alors que Beyrouth insiste sur la non-ingérence dans ses affaires internes

BEYROUTH: Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a décliné mercredi une invitation de son homologue à se rendre en Iran, qui soutient le Hezbollah islamiste, et proposé une rencontre dans un pays tiers.

Le gouvernement libanais est soumis à une intense pression des Etats-Unis pour désarmer le Hezbollah, affaibli par une guerre avec Israël, alors que l'Iran a affiché son opposition à cette mesure.

Début décembre, le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi avait invité M. Raggi à se rendre à Téhéran pour évoquer "les relations bilatérales" ainsi que les "développements régionaux et internationaux", selon le ministère iranien des Affaires étrangères.

En réponse à M. Araghchi, "j'ai déclaré que je ne pouvais pas accepter son invitation à me rendre à Téhéran dans les circonstances actuelles", a annoncé mercredi M. Raggi sur X.

"Cela ne signifie pas un refus d'engager le dialogue, mais plutôt que les conditions ne sont pas propices à cette visite", a-t-il ajouté.

Il a proposé à son homologue de s'entendre pour se rencontrer "dans un pays tiers neutre", soulignant que les relations entre le Liban et l'Iran devaient être basées sur le principe de "non ingérence dans les affaires internes" de chaque pays.

L'Iran arme et finance le puissant Hezbollah, qu'une guerre a opposé à Israël d'octobre 2023 à novembre 2024.

En août, le Liban avait signifié à un haut responsable iranien, Ali Larijani, en visite à Beyrouth, son refus catégorique de "toute ingérence" dans ses affaires internes, après des critiques par Téhéran de la décision du gouvernement de désarmer le Hezbollah.

Téhéran dénonce régulièrement les frappes israéliennes qui le visent. Les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, avaient appelé en novembre à "venger" l'assassinat par Israël au Liban du chef militaire du Hezbollah, Haitham Ali Tabatabai.


L'Arabie saoudite et l'Iran réaffirment leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin

Une réunion organisée par Téhéran a rassemblé mardi des responsables saoudiens, iraniens et chinois. (SPA)
Une réunion organisée par Téhéran a rassemblé mardi des responsables saoudiens, iraniens et chinois. (SPA)
Short Url
  • Le vice-ministre saoudien des Affaires étrangères, Waleed Al-Khureiji, a participé mardi à la troisième réunion du Comité tripartite conjoint

RIYAD : L’Arabie saoudite et l’Iran ont réaffirmé leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin lors d’une réunion tenue mardi à Téhéran.

Le vice-ministre saoudien des Affaires étrangères, Waleed Al-Khureiji, a assisté à la troisième réunion du Comité tripartite conjoint entre l’Arabie saoudite, l’Iran et la Chine.

Les parties saoudienne et iranienne « ont réaffirmé leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin dans son intégralité, ainsi que leur volonté de renforcer les relations de bon voisinage entre leurs pays, dans le respect de la Charte des Nations unies, de la Charte de l’Organisation de la coopération islamique et du droit international », a indiqué l’Agence de presse saoudienne dans un communiqué.

L’Arabie saoudite et l’Iran ont également salué le rôle positif continu joué par la Chine ainsi que son soutien constant à la mise en œuvre de l’Accord de Pékin.

De son côté, la Chine a réaffirmé sa disponibilité à poursuivre son soutien et à encourager les démarches entreprises par le Royaume et l’Iran pour développer leurs relations dans divers domaines.

Les trois pays ont salué les progrès continus dans les relations saoudo-iraniennes et les perspectives qu’ils offrent à tous les niveaux, a ajouté la SPA.

Les trois pays ont également appelé à une cessation immédiate des agressions israéliennes en Palestine, au Liban et en Syrie.

Ils ont en outre condamné tout acte portant atteinte à l’intégrité territoriale de l’Iran.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'armée israélienne dit avoir frappé des infrastructures du Hezbollah au Liban

Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
Short Url
  • L’armée israélienne affirme avoir frappé plusieurs infrastructures du Hezbollah dans le sud du Liban, dont un site de lancement, un complexe d’entraînement et des installations militaires, malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Le contexte reste tendu depuis l’assassinat de Hassan Nasrallah en 2024, tandis que Washington presse Beyrouth de désarmer le Hezbollah, une demande rejetée par le groupe et ses alliés

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé tôt mardi avoir frappé des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah pro-iranien dans le sud du Liban.

Les forces armées israéliennes ont indiqué "avoir frappé des infrastructures appartenant à l'organisation terroriste Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", dont un site de lancement utilisé pour des attaques contre Israël, dans un communiqué publié sur plusieurs réseaux sociaux.

Elles disent avoir ciblé également un complexe d'entraînement de la force al-Radwan, une unité d'élite, des champs de tir, des zones d'entraînement aux armes pour divers types d'armes et des structures militaires appartenant au Hezbollah.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe chiite pro-iranien, Israël continue de mener des attaques régulières le visant dans ses bastions libanais, et d'occuper cinq points frontaliers dans le sud du Liban.

Israël avait menacé début novembre d'intensifier ses attaques au Liban, accusant le mouvement de se "réarmer".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, un plan auquel le Hezbollah et ses alliés s'opposent en invoquant notamment la poursuite d'une présence israélienne sur le territoire libanais.